Les faits se sont déroulés il y a plus de quatre-vingts ans mais dans ce village, on s’en souvient comme s’ils dataient de hier. À l’époque, en 1940, Haut-le-Wastia est une commune du Condroz occidental. Aujourd’hui, c’est un hameau de la commune d’Anhée, limitrophe de la ville de Dinant.
Les chars allemands soit la 5ème et la 7ème Panzer (quelques 500 véhicules), sous le commandement du généralmajor Erwin Rommel, sont parvenus à franchir la Meuse à la fin de la nuit du 12 au 13 mai, à hauteur de l’écluse de Houx et de Bouvignes. Vers midi, le lundi 13 mai, les troupes allemandes prennent possession de Haut-le-Wastia.
C’est sensiblement à la même heure, qu’un bataillon du 129ème Régiment d’Infanterie est envoyé de Bioul en direction de ce village. Les combats sont acharnés mais les Français ne parviennent pas à libérer le village. La suprématie allemande est due à leur contrôle du ciel. À quatre reprises, les Stukas interviennent. Un jeune pilote français, 24 ans, le sous-lieutenant Joseph Riss victime de la flotte allemande est obligé d’atterrir dans la campagne haut-le-wastiaise. Déçus, ayant éprouvés de multiples pertes, les Français ne s’avouent pas vaincus bien décidés à reprendre la lutte le mardi 14 mai.
Dans la soirée, à quelques kilomètres, à Sommières, une dizaine de chars Renault du 6e Bataillon des Chars de Combat et quelques chars Hotchkiss du 4ème Régiment d’Artillerie Motorisé parviennent à repousser les Allemands en direction de la Meuse. Mais, l’infanterie française exténuée ne parvient pas à contrôler le territoire reconquis.
Le mardi 14 mai, dès cinq heures trente du matin, avec l’aide d’éléments du 14ème Régiment des Dragons Portés et du 1er Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie la bataille de Haut-le-Wastia reprend. Elle dure une heure trente. C’est une victoire française. Le 14 mai, après une préparation de mortiers et de mitrailleuses le 2e bataillon du 14e Régiment de Dragons Portés s’est emparé d’un seul élan de la position de Haut-le-Wastia fortement occupée par l’ennemi, faisant 40 prisonniers dont un officier comme le note la citation à l’Ordre du jour des Armées. Victoire française qui a son prix ; plusieurs tués français dont le lieutenant Cherière et cent cinquante allemands morts.
Averti de la défaite subie, le généralleutnant Max von Hartlieb-Walsporn, homme au caractère faible, est pris d’une fureur inouïe. Il décide de se venger de cette victoire française en pilonnant la localité par des tirs d’artillerie drus.
Mais, à neuf heures, ordre est donné aux Dragons ainsi qu’au Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie de se replier derrière la Molignée pour échapper à des menaces d’encerclement. L’ordre de repli n’atteint pas, faute de liaison, les survivants du bataillon du 129ème Régiment d’Infanterie dirigés par le capitaine Patrick Fockedey. En tout début d’après-midi, des tanks allemands font leur apparition. Ils n’ont aucun mal à réduire les positions françaises. Le capitaine Fockedey ainsi que nombre de ses hommes perdent la vie.
Les soldats morts ont été inhumés dans deux cimetières. Les allemands au cimetière militaire du Mont-des-Houx sur la rive droite, le long de la grand-route Dinant-Namur, à proximité du lieu de franchissement de la Meuse, la nuit du 12 au 13 mai. Les tombes françaises ont été entretenues et parrainées par les haut-le-wastiaises. Ces cimetières ont disparu après le conflit. Les uns ont rejoint le cimetière militaire allemand de Lommel, les autres rapatriés en France.
Pour en garder la mémoire des journées des 13 et 14 mai 1940, en 1970, un Mémorial a été érigé par des maçons du village en l’honneur des combattants français du secteur de Haut le Wastia engagés les 13 et 14 mai auxquels l’adversaire lui-même a rendu hommage. Ils ont fait de Haut le Wastia un haut lieu de résistance.
Au début du 21ème siècle se crée le Musée du Souvenir installé dans une aile de l’école communale, Place des Français. Ouvert de mai à la mi-octobre, le week-end et les jours fériés (1), le Musée du Souvenir présente quantité de photos dont une de Rommel en compagnie de François von Bismarck à Dinant le dimanche 12 mai 1940, quantité d’objets dont un canot similaire à ceux utilisés par les allemands pour franchir la Meuse la nuit du 12 au 13 mai à Bouvignes, quantité de documents dont le brevet de commandeur de la Légion d’honneur du général Christian Bruneau qui a affronté avec ses 160 chars les 300 tanks de Rommel à Flavion le 15 mai 1940. Le Musée du Souvenir a notamment reconstitué à l’identique une des positions françaises avec son fusil mitrailleur. Sur demande, un guide du Musée du Souvenir peut conduire une visite des lieux où se sont déroulés les combats des 13 et 14 mai 40.
Aujourd’hui pour gagner Haut-le-Wastia, le plus simple est de prendre à Bouvignes, comme en 1940 sans GPS, la route vers Sommières et de tourner à droite avant d’entrer dans ce village. Bouvignes-Sommières est une voie sinueuse d’où dévala une trombe d’eau le 24 juillet 2021, comme naguère en 1977 et autrefois en 1839.
- ( 1) De 13h30 à 18h. Possibilité d’un jour différent via le 0475 53 04 01. www.museedusouvenirmai40.be Téléphone : 082/61 46 32 – 071/68 87 64 – 071/77 62 01