L’avis de ChatGPT sur le moratoire de l’IA.

Le moratoire de six mois sur le développement de l’intelligence artificielle (IA) demandé fin mars par la pétition de Future of Life Institute a reçu l’appui de quelques mille personnes dont le milliardaire américain Elon Musk et le chercheur montréalais Yoshua Bengio. Cette pause est le résultat du succès de ChatGPT qui en moins d’un mois compte plus de cent millions de comptes enregistrés.

Que pense ChatGPT de ce moratoire : 

Je suis une intelligence artificielle moi-même, donc je n’ai pas d’opinion personnelle sur le moratoire sur le développement de l’intelligence artificielle. Cependant, je peux vous fournir des informations sur la question.

Un moratoire sur le développement de l’intelligence artificielle est une proposition qui vise à suspendre temporairement le développement de cette technologie afin de mieux comprendre ses impacts sur la société, l’économie et l’environnement. Il y a des partisans et des opposants à cette idée.

Les partisans du moratoire estiment que l’intelligence artificielle présente des risques importants pour la société, notamment en ce qui concerne l’emploi, la vie privée, la sécurité, la discrimination et la prise de décision automatisée. Ils soutiennent que les gouvernements et les entreprises devraient être plus prudents dans leur utilisation de l’IA et prendre le temps de mieux comprendre les implications de cette technologie.

Les opposants au moratoire estiment que l’IA peut avoir des avantages considérables pour la société, notamment en améliorant les soins de santé, la sécurité, l’efficacité énergétique et la qualité de vie. Ils soutiennent que le développement de l’IA devrait être encouragé plutôt que retardé.

En fin de compte, la question de savoir s’il faut ou non instaurer un moratoire sur l’IA est complexe et il n’y a pas de réponse simple. Il est important de peser les avantages et les inconvénients de cette technologie et de trouver un équilibre entre l’innovation et la sécurité.

Hommages à Jean-Maurice DEHOUSSE.

Des hommages à Jean-Maurice Dehousse, Liège 28 a choisi d’en présenter deux dans leur intégralité. Leurs auteurs ont été membres des cabinets de Jean-Maurice Dehousse. Roger Dehaybe a notamment été chef de cabinet alors que le Ministre détenait la Culture. Philippe Destatte chef de cabinet adjoint alors que le Ministre détenait la Politique scientifique.

HOMMAGE DE PHILIPPE DESTATTE

Mon cher Jean-Maurice, tu honores ce drapeau qui te couvre. C’est pour t’entendre parler de droit constitutionnel que je t’ai rencontré pour la première fois, le 5 octobre 1981. Qui en serait surpris ? La conférence portait sur un artifice, une entourloupe : tu te demandais comment activer l’article 17 ancien de la Constitution pour transférer sans révision l’exercice de l’enseignement, alors encore national, vers la Communauté française.

Proche de France Truffaut depuis quelques années, j’avais l’impression de bien te connaître tant elle vantait tes mérites. J’avais déjà voté pour toi aux élections législatives du 17 décembre 1978, même si – ton parti me le pardonnera -, j’avais parallèlement coché la case de François Perin au Sénat. J’y trouvais une belle cohérence.

Fondation André Renard, Club Bastin-Yerna, Grand Liège, Institut Destrée, Club “Rencontres” avec Jean Mottard, Fondation Bologne-Lemaire : les lieux où nous croiser n’allaient pas manquer. Même pour moi qui me considérais comme un Spitaels-boy, puisque c’est l’attraction intellectuelle du professeur de sociologie qui m’avait fait adhérer au Parti socialiste quand il en est devenu président en mars 1981.

Tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Oui, je sais. Et je t’entends : Philippe, tu es un enfant.

Premier ministre de Wallonie, tu t’inscrivais sur une trajectoire personnelle qui endossait la pensée fédéraliste de Jules Destrée, celle de Georges Truffaut et surtout celle de Fernand Dehousse, de Jean Rey. Tu pratiquais aussi le volontarisme de hussard de ces “extrémistes du possible”, ces autres renardistes : Freddy Terwagne, J-J Merlot et aussi André Cools. De ce dernier tu me confiais en 1992 : André Cools m’a tout appris en politique. En particulier la cruauté.

Au-delà de l’affirmation du fédéralisme et des réformes de structure, ce qui frappe le plus chez toi, le premier des ministres-présidents de la Wallonie, que tu étais et que tu resteras, c’est assurément ton gaullisme. Je l’entends au sens d’une volonté nationale de dépasser les clivages politiques pour rechercher un intérêt commun. Et je ne dis pas commun par distraction à la place de “intérêt régional”. Même si tu accordais la primauté à la Wallonie, cher Jean-Maurice, tu n’étais ni le premier ni le dernier des régionalistes. D’ailleurs, tu n’étais pas régionaliste au sens où la presse l’entend aujourd’hui : celui qui voudrait transférer toutes les compétences communautaires aux Régions. Contrairement à ton “ami” Jean Gol – à qui tu aimais tant faire des farces -, tu ne voulais pas non plus l’absorption des Régions par la Communauté. Tu es resté fidèle aux travaux du Congrès des Socialistes wallons tenu à Ans en 1991 sous la présidence de Robert Collignon, comme tu avais été fidèle à celui de Verviers de 1967. Ainsi, tu as été le premier artisan de ces transferts lors de la réforme de la Constitution de 1993, en les permettant par la création de l’article 138 de la Constitution. De même, par l’autonomie constitutive et l’élection directe du Parlement de Wallonie, tu as voulu renforcer la Région.

Aujourd’hui, beaucoup semblent avoir oublié que vous étiez alors, ton homologue flamand Louis Tobback et toi, les ministres des Réformes institutionnelles dans le Gouvernement de Jean-Luc Dehaene. Nous travaillions avec un attelage surprenant de spécialistes : le jeune Christophe Legast, juriste que nous avait recommandé Jacky Morael, Jacques Brassinne de La Buissière et Pierre Joly, mon plus proche collaborateur, détaché de la Cour des Comptes. En interaction bien sûr avec Philippe Busquin et Marc Foccroulle. Et sous le regard toujours aiguisé et alerte de Jean-Marie Roberti, gardien du phare renardiste.

Au service de la Wallonie, tu restais néanmoins fondamentalement attaché à la Communauté française dont tu as été un grand ministre de la Culture. Et tu n’appelais pas à sa disparition.

Je t’entends bien, cher Jean-Maurice, me dire, jusqu’il y a peu : Philippe, “là-dessus, nous n’avons jamais été d’accord. Nous ne serons jamais d’accord“.

En effet.

Il n’empêche que, plus que quiconque, tu as su baliser l’avenir de la Wallonie. Sans jamais que ton discours ne signifie repli mais, au contraire, s’inscrive constamment, par intelligence stratégique plus que par curiosité, dans les géopolitiques et les géoéconomies de l’Europe et du monde.

Certes, casquette de prolétaire sur la tête, écharpe rouge autour du cou, dans les brumes de Val Duchesse, toi, Jean-Maurice, le Renardiste, tu faisais de l’anticapitalisme et tu restais, autant que faire se peut, connecté à l’Interrégionale wallonne de la FGTB et à ton ami de toujours, Urbain Destrée. C’est pourtant toi, le même Jean-Maurice, qui répétait en leitmotiv cette formule que rappelle si souvent ton ancien collaborateur Philippe Suinen : sans profit, pas d’entreprise, sans entreprise pas d’emploi.

Mais c’est François Perin qui t’inspirait lorsque, ministre-président, tu affirmais les six principes qui, selon toi, devaient déterminer l’avenir de la Wallonie. Je te cite : 

  1. La Wallonie n’appartient à aucun groupe politique. Pas même au Parti socialiste. Nul ne peut prétendre à ce monopole. Sinon tout dialogue devient impossible.
  2. La Wallonie, ce n’est pas un bassin : la volonté d’union doit prédominer.
  3. La Wallonie, ce n’est pas un secteur industriel. Tous les secteurs, depuis la sidérurgie jusqu’à l’agriculture, sont en situation de combat.
  4. Il faut en Wallonie un accord sur le concept de la soli­darité sociale.
  5. La Wallonie est une adhésion, et une adhésion libre. Un territoire [ou] une population, doit pouvoir décider d’y entrer ou d’en sortir. Librement.
  6. Bruxelles, partant du principe précédent, ne peut être “annexée”. La Région bruxelloise forme une entité spéci­fique, qui doit pouvoir décider de son destin. Mais il faut une solidarité Wallonie-Bruxelles. Pour l’organiser, il faut un dialogue, qui viendra, disais-tu, tôt ou tard. Et il s’agit de s’y préparer.

Anticiper ce dialogue intrafrancophone. Nul doute que tu l’as fait.

D’ailleurs, en 1993, te préparant à une interpellation difficile – c’était au Restaurant La Presse, près de la Chambre – tu me rappelais que tu avais beaucoup appris des Bruxellois. En particulier de ce cher François Persoons qui, disais-tu – n’avait pas son pareil pour choisir un bon vin. De ton côté, Jean-Maurice, tu m’as dit avoir enseigné à ton homologue de la Culture qu’il fallait respecter certaines règles pour maintenir une bonne relation entre francophones de Bruxelles et Wallons de Wallonie.

Les accords Dehousse-Persoons sont bien loin. Mais ils nous rappellent ce principe élémentaire, aujourd’hui oublié.

Mon cher Jean-Maurice,

Le drapeau wallon, marqué de la date de 1912, et que tu tiens de ta grand-maman, est aujourd’hui bien à sa place.

Ce drapeau trouve son origine dans le fait que, le 7 juillet 1912, un juriste, député et militant wallon, comme toi, est venu ici même, à Liège pour participer au Congrès organisé par la Ligue wallonne.

Comme tu l’as si souvent fait, face à des congressistes un peu animés, un peu indécis et un peu brouillons, ce député a rédigé, porté, défendu une courte résolution et l’a fait voter par le congrès. Ce petit texte appelait à l’indépendance de la Wallonie vis-à-vis du pouvoir central ainsi qu’à la création d’une Commission composée d’un membre par quarante mille habitants, à l’instar de la Chambre des Représentants.

Sa résolution votée, ce juriste, député et militant wallon, comme toi, a porté sur les fonts baptismaux l’Assemblée wallonne, premier Parlement de Wallonie, créé le 20 octobre 1912.

Ce député s’appelait Jules Destrée. Avec ses amis, dans ce Parlement fantôme, ils ont façonné ce drapeau qui te couvre aujourd’hui et symbolise, encore et toujours, notre forte autonomie.

Toi, Jean-Maurice, tu t’es placé sur ces traces fédéralistes. Aujourd’hui, c’est toi qui honores ce drapeau.

Car, tu aimais à le rappeler, ce sont les Parlements qui fondent la démocratie et qui structurent l’État.

Merci, mon cher Jean-Maurice, pour toutes ces leçons d’intelligence, de résistance, et d’amitié.

HOMMAGE DE ROGER DEHAYBE

Il est difficile pour moi d’évoquer en quelques lignes la mémoire d’un homme qui, en plus de son affection, m’a tant donné et m’a tout appris.

Jean-Maurice a été, un ami, un complice, un maître.

C’est en 1965, que j’ai croisé un jeune homme dans la maison familiale, rue Saint Pierre, quand sa mère, la professeure, Rita Lejeune, y donnait cours aux 3 étudiants de romane qui avaient choisi comme cours à option l’histoire de la littérature wallonne

Nous avions échangé quelques mots et je savais bien peu qu’un jour nous serions unis dans des combats communs.

En 1968, alors que j’étais fonctionnaire de l’université et au moment où, dans la salle académique occupée, les étudiants et le personnel scientifique exprimaient leurs revendications j’ai souhaité connaitre celui que le recteur Dubuisson appelait « le Cohn-Bendit liégeois »!

C’est à la suite de cette rencontre que Jean-Maurice m’a associé au petit groupe de militants qu’il avait mis en place.

Nos réunions ne poursuivaient pas le modeste objectif de changer le monde mais le projet ambitieux de conduire le parti socialiste à plus d’engagement à gauche et, surtout, à mener un vrai combat pour la défense de la Wallonie.

Notre petit groupe a continué à accompagner le Député élu en 1971.

En 1977, Jean-Maurice, alors ministre de la Culture me désigne comme son chef de cabinet. C’est cette nomination qui sera le tremplin de ma carrière professionnelle. Je n’oublie pas, par exemple qu’il m’avait associé à une réunion à Abidjan des instances de l’Agence de coopération dont je deviendrai 20 ans plus tard le dirigeant.

C’est sans doute cette fonction de ministre de la culture qui a révélé son esprit créatif et imaginatif et son caractère non conformiste.

Ceux qui le connaissaient n’étaient pas étonnés de la volonté du ministre d’imprimer des changements importants au département et de ne pas reculer devant les oppositions des conservateurs.

Lorsqu’il a donné instruction à l’administration que le budget consacré à l’achat d’œuvres réserve un pourcentage pour l’acquisition de planches originales de Bande Dessinée bien des fonctionnaires ont tenté de s’opposer à cette idée d’un ministre, qui, comme ils disaient, « veut qu’on achète des Mickeys ! »

Bien sûr il a tenu bon et, le fonds constitué est, à Liège, riche de plus de 100 planches originales.

Mais, surtout aujourd’hui, la BD est reconnue comme un art à part entière et l’administration, à l’époque si réticente, a mis en place des procédures d’aide aux jeunes créateurs.

La BD est, nous le savons, une bonne carte de visite pour présenter à l’étranger la créativité des francophones de Belgique et Jean-Maurice nous invitait à répéter que « le Capitaine Haddock, Lucky Lucke, Gaston Lagaffe sont, en fait, nos compatriotes » il nous invitait, bien sûr, à être plus discrets pour les frères Dalton !

Jean-Maurice était aussi un passionné de cinéma et le succès international de notre cinéma lui doit beaucoup car c’est sous son impulsion que le ministère mettra en place un soutien plus organisé et plus équitable d’aide à la création dans toutes ses étapes : écriture de scénarios, production réalisation, promotion…

Extérieur au cabinet, Hadelin Trinon était un conseiller précieux.

Avec sa collègue la ministre de la culture flamande, Rita De Bakker, il avait la tutelle de la cinémathèque de Belgique. C’est son soutien et la collaboration de son ami, le directeur Jacques Ledoux, qui permettra à notre cinémathèque de devenir la plus importante d’Europe avec ses 35.000 titres conservés.

Croyez-moi, je peux vous assurer que les centaines de cassettes de films enregistrés par Jean-Maurice n’avaient pas pour objectif de lui faire concurrence mais étaient bien destinés à son utilisation personnelle …    

C’est aussi le Ministre Dehousse qui a fait adopter le décret qui a fait de la RTB la RTBF mais surtout lui a assuré une réelle liberté d’information et un rôle accru pour les centres de production régionaux ; avec Robert Stéphane, le centre de Liège a bien utilisé cette faculté !  

Jean-Maurice voulait soutenir les artistes de Wallonie et de Bruxelles et leur assurer une présence à l’international. « Ce sont nos meilleurs ambassadeurs » disait-il. C’est lui qui a demandé à Folon, Alechinsky, Bury, Roulin, en 1977 pas encore aussi célèbres, de décorer le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris. Sans oublier son ami Hergé !                                    

Bien sûr, il était engagé dans une démarche de modernité, mais Jean-Maurice, en charge du patrimoine entendait aussi protéger des sites ainsi que les bâtiments et monuments témoins de notre histoire. C’est ce qui l’a conduit à entamer la procédure de classement comme site de la place de Bronckart et comme monument du Forum menacé d’un projet immobilier. Je peux vous dire qu’il a rencontré bien des oppositions y compris de ses amis politiques du Collège.

C’est surtout de la culture dont je peux témoigner car ce n’est que plus tard, après le départ de Georges Horevoets, que je rejoindrai le cabinet de Président du gouvernement de la Région Wallonne, aux côtés de son autre chef de cabinet René Delcominette.

Pour n’évoquer que quelques dossiers économiques liégeois, il faut rappeler son soutien au Val Saint Lambert. C’est aussi durant son mandat de Ministre de l’économie que se noueront les contacts avec Hainaut-Sambre du bassin de Charleroi qui donneront naissance au groupe « Cockerill-Sambre ».

Face aux restructurations des entreprises à la suite de crises, Jean-Maurice avait toujours comme double objectif le sauvetage du maximum d’emplois et la garantie que les mesures proposées permettraient de soutenir un réel avenir pour l’entreprise.

La tutelle sur les communes ayant été régionalisée, Jean-Maurice avait décidé de garder cette compétence au sein de son gouvernement.

Durant son mandat, plusieurs communes et Villes confrontées à des difficultés budgétaires devaient adopter des plans dits « d’assainissement ». Ses instructions aux négociateurs de son cabinet et de l’administration étaient claires : sauver le maximum d’emplois et s’assurer que le budget du CPAS donc de l’aide aux plus démunis, n’était pas réduit.

Le Ministre fédéral de la politique, tout en exerçant sa fonction dans le respect de toutes les institutions du Nord comme du Sud, sera particulièrement attentif à la situation des universités et centres scientifiques de Wallonie et ce n’est pas un hasard s’il choisit comme chef de cabinet-adjoint son ami, Philippe Destatte, un vrai gardien des institutions wallonnes ! André Gob assurera le lien permanent avec notre université.

Jean-Maurice estimait prioritaire le soutien aux institutions culturelles et scientifiques de la Wallonie car elles contribuent au dynamisme de cette Région centre de son combat permanent.

Homme d’action, Jean-Maurice était aussi attentif à l’histoire de sa famille qui, nous le savons, est tellement riche de personnalités politiques et culturelles et au sujet desquelles il y a tant à dire.

Je lui ai demandé un jour s’il, écrivait ses mémoires et il m’a répondu : « oui j’y travaille mais j’ai déjà 100 pages et je n’ai que 12 ans. ».

Un autre témoignage, à mes yeux, éclairant.

Ministre de la culture française et socialiste, Jean-Maurice rencontrait chaque lundi soir pour des concertations politiques le Ministre de l’Education nationale, le social-chrétien Joseph Michel.

De retour de sa réunion, souvent à 11 h du soir, horaire habituel pour le début de notre deuxième journée de travail, il nous donnait les résultats de sa rencontre.

A l’occasion d’une de ces réunions, un conseiller présent avait estimé que le ministre n’aurait pas dû marquer son accord sur un dossier.

La semaine suivante, préparant son nouveau-rendez-vous, le ministre demande où en sont les suites des différents dossiers.

Pour le celui approuvé par erreur selon le conseiller, le chef de cabinet adjoint dit au ministre : « comme tu n’aurais pas dû accepter la proposition, nous n’avons pas bougé. »

Réaction de Jean-Maurice :

« Sachez, une fois pour toutes que, quelles que soient les conditions de mon engagement, j’entends que cet engagement soit respecté ».

Cet exemple, parmi d’autres dont je pourrais témoigner est révélateur de l’éthique dont Jean-Maurice a toujours fait preuve dans toutes ses actions et négociations.

C’est sans doute une des raisons qui expliquent le respect de tous les partenaires, de tous les partis, de tous les milieux :  économiques, scientifiques, culturels

Mais aussi, tout simplement, de ses amis.

Jean-Maurice aimait rassembler ses amis, pour le travail, pour mobiliser, pour le plaisir.

Ainsi donc, à l’hôtel de Ville, une fois de plus, Jean-Maurice nous a réunis.

Pas pour le plaisir, car notre chagrin était grand et pas non plus pour le travail.

Mais je crois pouvoir être l’interprète de bien des amis présents pour attester que cette cérémonie du souvenir a représenté un nouveau chapitre de notre mobilisation.

Les collectionneuses ROTHSCHILD à la BOVERIE.

Jusqu’au 26 février, la Boverie en partenariat avec le Louvre présente Collectionneuses ROTHSCHILD. Une brochure Essentiel de l’exposition (1€) permet de mieux faire connaissance avec Charlotte, Adèle, Alice, Thérèse, Béatrice, Mathilde, Alix, Cécile, Liliane et de leurs collections respectives. Des sculptures de Camille Claudel dont l’une représente son frère Paul, auteur de son internement en 1913, des sculptures d’Auguste Rodin, des tableaux de maîtres italiens, d’Eugène Delacroix, de Paul Cézanne, d’Egon Schiele, d’Auguste Renoir, d’Alfred Sisley et d’autres sont à découvrir à la Boverie. Un régal !

Charlotte est la plus artiste de toutes ces collectionneuses au goût certain. Pianiste, elle a été l’élève de Frédéric Chopin qui lui a dédié deux œuvres (Valse op. 64 no 2 et celle en la-bémol majeur op. 69 no 1). Aquarelliste, elle a reçu les conseils de Nélie Jacquemart. Elle expose au Salon de Paris à partir de 1864 et à Londres à partir de 1879. Deux de ses œuvres sont présentes à Liège. Très mondaine, Charlotte a une rose qui porte son nom. Elle a été créée en 1881 par le rosiériste Jean-Claude Pernet.

Alice, au contraire de Charlotte, est peu portée sur les mondanités. Elle est davantage attirée par la création de jardins exotiques. Tout d’abord en Angleterre à Eythrope en bordure de la Tamise, ensuite en France, à Grasse, une ville réputée pour être accueillante notamment aux asthmatiques et rhumatisants, maux dont souffre Alice. Une centaine de jardiniers travaillent quotidiennement dans le domaine de 145 ha de la Villa Victoria. En 1891, du 25 mars au 28 avril, la Reine Victoria y séjourne. Au décès d’Alice, le domaine est acquis à bon prix par la ville de Grasse qui reçoit, en 1927, la collection d’Alice constituée de 400 pipes et d’une centaine de boîtes d’allumettes.   

 Béatrice  – née à Paris, au 2 rue Saint Florentin dans la résidence de Charles-Maurice de Talleyrand –  épouse, à 19 ans, Maurice Ephrussi, un milliardaire  russe d’Odessa. Elle en divorce une vingtaine d’année plus tard tout en gardant son nom. En 1905, elle acquiert sept hectares au Cap-Ferrat, mitoyen de la propriété du Roi Léopold II. Le terrain est situé dans la partie la plus étroite de la presqu’île. Elle y fait construire la villa de ses rêves. Voyant la mer des deux côtés, Béatrice peut s’imaginer à bord d’un bateau. En souvenir d’un voyage sur le paquebot Île de France, elle donne ce nom à la villa que d’aucun appelle Villa Ephrussi de Rothschild. Il se raconte que Béatrice oblige ses jardiniers à porter un béret de marine pour simuler l’équipage . . .

Cécile est la plus sportives. Elle est une des pionnières des femmes golfeuses professionnelles de France. Elle est membre durant une vingtaine d’années de l’équipe de France et remporte plusieurs trophées dont la coupe Vilmorin et la coupe Janine Gaveau. Philanthrope, elle achète, en 1947, Lady Alston, une œuvre datant de 1765 de Thomas Gainsborough et l’offre au musée du Louvre dont elle sera, quinze ans plus tard, la première femme élue au sein du conseil d’administration de la Société des amis du Louvre. Cécile est la compagne et l’amie de Greta Garbo, bisexuelle.

Liliane collectionne les œuvres d’art proches de femmes célèbres. C’est ainsi qu’elle a acquis quantité d’objets ayant appartenu à la Reine Marie-Antoinette. Philanthrope, elle en a fait don au château de Versailles et à de nombreux musées.

Le « Mois de la Francité » – Liège 1973 – à l’origine du Richelieu en Belgique.

Dans un an, il y aura un demi-siècle que Liège a organisé le Mois de la Francité à propos duquel Le Monde écrit : en donnant rendez-vous, du 13 septembre au 13 octobre, à l’ensemble du monde francophone, Liège n’a regardé ni à la dépense ni à l’imagination. Effectivement, les noms de rues sont débaptisés et portent l’appellation d’un pays francophone. Ainsi la rue Saint-Gilles s’appelle rue du Québec et le président du Comité de la rue porte un patronyme identique à l’homme politique québécois René Levesque ! Chaque jour, Liège reçoit un chef d’État ou de Gouvernement d’un pays francophone. La notoriété de Liège est maximale dans le monde francophone. L’occasion de ce Mois de la Francité en 1973 est la réunion dans la Cité ardente de la Conférence générale de l’Agence de Coopération culturelle et technique. Celle-ci a été fondée à Niamey, en 1970, à l’initiative des Présidents Léopold-Sédar Senghor (Sénégal), Habib Bourguiba (Tunisie), Hamani Diori (Niger) et du Prince Norodom Sihanouk (Cambodge).

 Que faire au lendemain du succès du Mois de la Francité ? Jacques Levaux, un avocat qui deviendra président du Grand-Liège en 1979 invite quelques amis dont Pierre Bertrand (ministre en 1977), Philippe Monfils (ministre en 1981), Michel Foret (ministre en 1999, gouverneur de la Province de Liège en 2004) à en discuter en la maison natale de Nicolas Bassenge, promoteur de la Révolution bienheureuse d’août 1789 et partisan du rattachement de la Principauté de Liège à la France. Il est décidé de s’affilier au Richelieu International. Service-club fondé à Ottawa le 21 février 1944 avec pour objectif d’aider les Canadiens-français à défendre leur langue, leur culture et leur foi dans le contexte majoritairement anglophone de la réalité canadienne. L’affiliation de Liège constitue une première en Belgique. En revanche, la France dispose, depuis 1969, de clubs Richelieu dont le premier a été celui de Rennes.

Tandis que Jacques Levaux entame en novembre 1973 les négociations en vue d’obtenir du Richelieu International la charte qui sera acquise le 13 décembre 1974, la mise en place du nouveau service-club a lieu. Choix d’un lieu pour se réunir. Ce sera rue Charles Morren, au local de réception du traiteur Jean-Marie. Recrutement des premiers membres dont Roger Dehaybe (Administrateur général de l’Agence de la Francophonie en 1998).  Le Richelieu-Liège n’est pas un service-club comme les autres. Ses préoccupations sont moins philanthropiques que politiques, culturelles et économiques a tenu à préciser le secrétaire Fernand Pierot dans son rapport d’activité de la première année du Richelieu-Liège. 

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Réponse du Ministre-Président Jeholet au député Dispa.

L’article de Liège 28 ayant trait aux œuvres mises en danger au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris a suscité une question parlementaire, celle du député Benoît Dispa. Inscrite à deux reprises sous forme de question orale à la séance QR de la Commission internationale bénéficiant d’une retransmission en vidéo et permettant un droit de réplique à la réponse du Ministre-Président, le député de Gembloux a finalement opté pour une question écrite.

Le Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles Pierre-Yves Jeholet donne réponse au regard des informations à ma disposition. Pour lui, le Centre s’appelle toujours officiellement le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris. L’appellation Centre d’arts dont s’est doté le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris depuis 2 ans est considéré comme une corde de plus à l’arc du Centre (. . .) Ce positionnement lui a notamment permis d’accéder à l’adhésion au réseau HACNUM. 

Créé le 12 mars 2020, HACNUM – le Réseau national des arts hybrides et cultures numériques – est une association loi 1901 dont l’objet est de structurer, organiser et développer les écosystèmes des arts hybrides et cultures numériques en France. Peuvent être membres adhérents de l’HACNUM, toutes personnes morales ou indépendant.es impliqués dans le champ des arts hybrides et cultures numériques, à jour de leur cotisation. Être membre d’HACNUM ne nécessite donc pas de modifier la dénomination publique en Centre d’arts au détriment de l’appellation officielle abandonnée !

Si le portrait d’André Delvaux sera raccroché à l’issue des travaux, le sort des fresques d’Alechinsky est incertain puisque l’option de les rapatrier dans le fonds de collections Fédération Wallonie-Bruxelles est envisagée pour les préserver au mieux.  Ces fresques sont sur place et en sécurité depuis plus de 40 ans. Quelle serait la raison de les déménager ? 

Le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris a pour mission de diffuser en France nos créateurs. Comment estimer tout naturel de choisir Bruxelles pour présenter l’exposition ‘Hors-Les-Murs’ du Centre, durant les travaux ? Le choix d’une autre ville française ou tout simplement la banlieue parisienne eut été plus judicieux et plus logique.

« Autour d’Auguste Bénard », la pub devient de l’art !

Du milieu du 16ème siècle à nos jours, Liège est terre d’imprimeurs. Gauthier Morberius est le premier à s’installer en 1558 à deux pas de la Cathédrale Notre Dame et Saint-Lambert, ensuite il y a la dynastie Streel, Bassompierre, Desoer, Plomteux, Dessain, Mardaga, Snel et tant d’autres. Plusieurs toiles de Léonard Defrance nous restituent l’atmosphère de ces imprimeries.

Il n’y rien d’étonnant à ce qu’un Parisien de vingt ans, Auguste Bénard, formé à la lithographie à Orléans, vienne à Liège trouver un emploi à l’imprimerie Dessain. Il y reste jusqu’en 1887 date à laquelle il fonde sa propre société d’imprimerie et d’édition. Tout d’abord au 12 de la rue du Jardin Botanique ensuite rue Lambert-le-Bègue 13-15. Il innove, utilise des papiers de couleur, améliore les techniques, se spécialise dans les affiches publicitaires. Ce qui est au départ un simple support publicitaire va atteindre le statut d’œuvre d’art comme l’écrit l’historien Paul Delforge. Auguste Bénard s’entoure d’artistes qui ont nom d’Auguste Donnay, Armand Rassenfosse, Émile Berchmans et Émile Dupuis. Il y en a eu d’autres par après tel Jacques Ochs.

Jusqu’au 30 novembre à l’îlot Saint-Georges, 86 en Féronstrée, se tient une exposition Autour d’Auguste Bénard. Pour les personnes à mobilité réduite, il est loisible d’accéder en ascenseur aux Fonds patrimoniaux via le 10 quai de la Batte. Une trentaine d’affiches imprimées chez Bénard sont exposées. Aucune n’est signée mais chacune porte les préférences de l’artiste. Ainsi Donnay se montre particulièrement sensible à l’atmosphère et à l’émotion tandis que Rassenfosse apprécie des demi-teintes cernées d’un trait tantôt souple tantôt vigoureux. Ces affiches publicitaires ont trait notamment à l’Exposition universelle de Liège en 1905, à une machine à laver le linge, à un spectacle à la Boverie au profit de l’expédition dans l’Antarctique dirigée par Adrien de Gerlache,  à une marque de vélo ou encore à la liaison Bruxelles-Kinshasa effectuée au cours d’un périple de 51 jours  en 1925 par Edmond Thieffry précédant de 10 ans la commercialisation de la ligne par Sabena.

L’exposition Autour d’Auguste Bénard fourmille de panneaux explicatifs dont ceux relatifs à la lithographie et à la chromolithographie, technique d’impression à plat permettant de reproduire un dessin tracé à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire. Ces techniques ont été utilisées notamment par Géricault, Delacroix, Manet, Degas, Renoir et plus spécialement par des affichistes dont parmi les plus talentueux sont les Liégeois Autour d’Auguste Bénard.

PARIS : ŒUVRES EN DANGER AU CENTRE CULTUREL WALLONIE-BRUXELLES.                                                                                                                                

En 1976, alors que sur le plateau de Beaubourg à Paris se poursuivait l’édification du Centre Pompidou, Henri-François van Aal, Ministre de la Culture française décidait d’acquérir, juste en face, un immeuble de 1000 mètres carrés. Ce bâtiment deviendra le premier Centre culturel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Son inauguration, le 26 septembre 1979, par le Ministre Michel Hansenne avait été précédée d’une commande par le Ministre Jean-Maurice Dehousse à de prestigieux artistes dont Felix Roulin, Jean-Michel Folon, Pol Bury, Pierre Alechinsky et Hergé. Celui-ci veilla personnellement, en décoration de l’escalier principal, à la réalisation d’une fresque comportant plus d’une vingtaine de personnages illustrant les aventures de Tintin.

Depuis plus de 40 ans le Centre culturel Wallonie-Bruxelles de Paris a constitué une formidable vitrine pour notre Communauté et nos Régions. Des compagnies théâtrales, des ballets, des chanteurs (Maurane y a fait ses débuts parisiens), des orchestres ont pu présenter leurs dernières créations. La presse française leur a souvent réservé le meilleur écho et les contacts noués à l’occasion des représentations ont été parfois à la base de tournées en France. Le Centre a été classé régulièrement dans le top-cinq des centres culturels étrangers à Paris. 

Depuis 2019, le Centre Wallonie-Bruxelles n’est plus un Centre culturel mais est devenu un Centre d’Art contemporain et se présente comme tel. Finies les représentations théâtrales, terminés les concerts, ou alors uniquement, sous forme de performances ou en version numérique et, pour rompre avec le passé, on a enlevé le portrait d’André Delvaux qui figurait à l’entrée de la salle qui portait son nom. De même, pourquoi cacher la fresque de Hergé présentant la plupart des personnages des aventures de Tintin.

Depuis cet été et jusqu’au printemps 2023, le Centre est en pleine rénovation et transformation en Centre d’Art contemporain. Ces travaux mettent en danger des œuvres importantes pourtant en excellent état. Exposer ailleurs définitivement les œuvres d’Alechinsky, c’est ne pas prendre en compte le fait que l’artiste s’est, bien évidemment, inspiré du lieu et des dimensions des murs pour créer son œuvre. Quel que soit l’objectif de transformation, la valeur de ces œuvres aurait exigé que les travaux en tiennent compte et respectent leur emplacement.

DE LA MAGIE EN CLÔTURE DU ROYAL FESTIVAL DE SPA.

Ce dimanche 28 août vers 22 heures 45’ les lumières se sont éteintes en la Salle des Fêtes du Centre culturel et ont mis fin au Royal Festival de Spa 2022.

Cette clôture d’une manifestation annuelle qui cette année présentait en douze jours et en huit lieux cinquante représentations de trente spectacles, outre bien des activités annexes, a une nouvelle fois attiré un public nombreux généralement très satisfait des programmes présentés. La grande diversité des représentations de ce Festival ouvert par des prestations circasiennes et clôturé par un spectacle de magie n’offre plus une majorité de pièces de théâtre. Nous préférerions que des compagnies professionnelles servent (sans s’en servir) de grands textes comme ce fut le cas avec le Théâtre National Populaire de Jean Villar en Avignon dès 1947 et pendant 20 ans, lors des années du National à Spa de 1959 à 1987, avec le Théâtre de la Cité de Roger Planchon à Lyon-Villeurbanne dès 1960, avec le Théâtre du Soleil d’Arianne Mnouchkine dès 1970, etc…     

Et où – par exemple – trouverait-on aujourd’hui la dizaine de comédiens capables d’interpréter avec justesse les 1.654 alexandrins des cinq actes du Phèdre de Racine ? Mais laissons-là ces considérations budgétairement irréalistes et jugées obsolètes par ceux qui n’ont pas eu la chance d’apprécier l’accueil enthousiaste que suscite entre autres une juste mise en scène d’une comédie ballet de Molière et Lully.

Dimanche soir à Spa, le magicien bruxellois Jack Cooper présenta avec la fréquente participation du public et le concours de sa sympathique assistante Jolijn Antonissen, les aspects classiques de son art depuis les anneaux qui s’attachent et se détachent jusqu’à la séparation en deux parties de sa comparse. Bien d’autres tours tout aussi incompréhensibles étonnèrent ou firent rire des spectateurs ravis d’une soirée leur rappelant des souvenirs d’enfance. Une réussite puisque l’illusion suscita l’émotion.

Avant cette séance de magie, nous avons assisté à, nous dit-on, un spectacle événement : L’amour vainqueur du théâtre chanté en alexandrins blancs (vers non rimés de douze syllabes) d’après un conte merveilleux allemand écrit en 1850 par les frères Wilhem et Jacob Grimm : la Demoiselle Maleen. Le texte, la mise en scène et la musique d’Olivier Py ont été interprétés par Clémentine Bourgoin, Pierre Lebon, Flannan Obé et Antoni Sikopoulos.

Directeur depuis près de dix ans du Festival d’Avignon Olivier Py n’est pas Jean Vilar. Ce n’est pas un scoop. J’ai pour ma part (contrairement à mon épouse et à la très grande majorité du public de la salle Jacques Huisman) détesté ce conte sans sens ni intérêt, où à l’aube d’une guerre une princesse amoureuse d’un prince est enfermée par son père dans une tour dont à la fin du récit elle sortira pour retrouver son amant. Les chants étaient souvent inaudibles et le jeu se révélait constamment excessif. Je reconnais cependant volontiers l’inventivité des décors mis cela ne me permet pas de devenir moins négatif.  En 1956 et 1957 nous allions un ami et moi en auto-stop (il n’y avait heureusement pas encore d’autoroute et nous pouvions lever le pouce le long de la Nationale 7) aux rencontres des jeunes qu’organisait le TNP en Avignon où nous vivions avec enthousiasme une semaine avec Jean Vilar, Gérard Phillipe, Georges Wilson, Marie Casarès, Geneviève Page, Maurice Jarre (et ses fanfares de Lorenzaccio) sans oublier dans de petits rôles Jean-Pierre Darras ou Philippe Noiret … Des moments que nous ne retrouverons plus …

Jean-Marie Roberti

À SPA, UN TRIO POLYPHONIQUE AU SERVICE DE L’IDENTITÉ WALLONNE. 

Ce vendredi soir nous sommes allés dans un vieux quartier de Spa où rue Deleau (qui tombait à verse à notre arrivée !) il y eut une glacière lors des années 1920. Cette glacière est devenue un lieu culturel aménagé pour offrir un accueil agréable.

Dans ce lieu, une demi des 48 pages (ce qui est peu) de la brochure de présentation du Royal Festival de Spa annonçait : La Crapaude.
Nous avons consulté le Dictionnaire du wallon liégeois où Jean Haust écrivait que la crapôde est une fille, une jeune fille (synonyme bâcèle) et aussi une bonne amie (si prominer avou s’crapôde).

Pour moi, ce mot évoque des souvenirs de la seconde guerre mondiale quand nous vivions à Villers-l’Évêque, village de ma grand-mère maternelle où ses frères Mathieu et Nicolas Fastré étaient fermiers. Les gamins que nous étions aimaient taquiner les plus grandes et les plus grands que nous en leur demandant : Où est ta crapaude ? ou bien « Dis-nous de qui tu es la crapaude ? »

À Spa, la crapaude fut vendredi un groupe de trois jeunes et belles filles qui interprétèrent des chants polyphoniques de Wallonie. Elles révélaient avec talent toute la richesse du patrimoine culturel et vocal wallon. Certes pour beaucoup de spectateurs comprendre chaque mot de leurs textes était impossible et elles présentaient donc le sens de leurs chansons lors d’une brève introduction en français.  Elles associèrent aussi le public à leurs chants ce qui créa une atmosphère très cordiale. Elles demandèrent en outre aux spectateurs de chanter des chansons wallonnes de leur choix et nous entendîmes notamment Li Ptit banc ou Li ptite gayôle plutôt que Leyi‘m plorer ou le Chant des Wallons.

Nous tenons à féliciter Caroline Durieux, Pascale Sépulchre et Lydie Thonnard qui par cette contribution à la renaissance des polyphonies vocales de notre région servent l’identité wallonne et démontrent que li wallon n’est nin mwert.

HOUBEN & COOPER

Avant d’aller à La Glacière nous avons vu et entendu en la Salle des Fêtes du Centre Culturel spadois un récital musical atypique avec Greg Houben, le fils de Steve, et Peggy Lee Cooper qui est le nom de scène d’une Sérésienne sans complexe. Le talent exceptionnel de trompettiste de Greg Houben poète à ses heures et la présence scénique débordante de Peggy Lee Cooper constituèrent un agréable apéritif de notre troisième soirée au Royal Festival de Spa.     

Jean Marie Roberti

À Spa, la plus grande Dame au service de l’Art dramatique en Belgique.

Une longue standing ovation a couronné mercredi soir au Royal Festival à Spa l’interprétation par Jacqueline Bir de la pièce A German Life.

Ce monologue d’une heure et demi a été joué avec une maîtrise exceptionnelle. Ce témoignage a été rendu avec une authenticité naturelle qui paraissait simple mais qui en réalité nécessitait une grande compétence professionnelle.

Une telle prestation requiert une parfaite mémoire et une performance physique non négligeable même si c’est le plus souvent assise que cette artiste nous conte cette vie d’une allemande qui vécut plus d’un siècle et se laissa séduire par le régime nazi. Après une telle interprétation qui pose la question troublante nous qu’aurions nous fait ?, il nous semble intéressant de rappeler qui est Jacqueline Bir et que fut Brunhilde Pomsel. 

Madame Jacqueline Bir est née le 23 novembre 1934 en Algérie de parents français, cultivateurs cultivés. Elle réussit brillamment ses études d’art dramatique aux Conservatoires d’Oran puis de Paris où elle rencontra et épousa Claude Volter (décédé en 2002). Avec celui-ci qui y fonda une Compagnie qui porta son nom, elle s’installa en 1957 en Belgique et interpréta une multitude de rôles importants.

Par exemple, il y a une trentaine d’années, elle vint à deux reprises au Festival de Théâtre de Spa à l’invitation d’André Debaar et de Billy Fasbinder. Elle interpréta avec grand succès les rôles-titres de La vie brève de Paul Willems en 1991 et de Charlotte ou la nuit mexicaine de Liliane Wouters en 1993.

Cette plus grande dame au service de l’art dramatique en Belgique qui en septante ans incarna plus de 200 rôles a accepté de s’engager dans une aventure scénique que constitue un monologue retraçant la vie d’une femme allemande Brunhilde Pomsel, née à Berlin le 11 janvier 1911 et décédée à Munich le 27 janvier 2017 à l’âge de 106 ans. En 2016, à partir de trente heures d’entretien avec cette centenaire, un documentaire intitulé Ein deutsches Leben a été présenté au festival international du film à Munich par Christian Krönes, Olaf Müller, Roland Schrotthofer et Florian Weigensamer.

Brunhide Pomsel a d’abord travaillé comme sténographe pour un avocat juif et pendant un moment simultanément comme dactylo pour l’extrême-droite nationaliste. Ayant, à vingt-deux ans, adhéré au parti national-socialiste, elle a été engagée comme secrétaire dans le service d’information de la radio du troisième Reich. Transférée en 1942 au ministère de l’éducation du peuple et de la propagande, elle fut choisie pour faire partie de l’équipe restreinte des secrétaires et sténographes au service de Joseph Goebbels. Elle était chargée de revoir à la baisse les statistiques des soldats allemands tombés au combat et à la hausse les viols des femmes allemande par l’armée soviétique.

Internée sur ordre du NKVD (la police politique stalinienne) dans les camps spéciaux instaurés dans la zone d’occupation soviétique à Buchenwald, Hohenschönhausen et Sachsenhausen elle y resta cinq ans. Libérée en 1950 elle retrouva pendant une vingtaine d’année (jusqu’à sa mise à la retraite en 1971) du travail comme secrétaire pour des radios SWF (Südwestfunk) à Baden-Baden puis à la direction des programmes de la télévision allemande à Munich. À la fin de sa vie elle s’exprima publiquement contre Goebbels qu’elle définissait comme un excellent acteur.

A German Life, la pièce publiée en 2019 par Christopher Hampton, a été adaptée par Dominique Hollier et mise en scène pour Jacqueline Bir par Simon Paco (assisté par Diana David dans une dramaturgie de Sarah Cuny) est une œuvre troublante qui pose la question de la responsabilité qui est la nôtre quant aux options qui déterminent notre existence. La docilité de la masse des exécutants avait elle pour beaucoup l’alternative de la résistance ? La misère de la crise, les horreurs de la guerre, les mirages de la croissance constituent un siècle tragique de la vie allemande qui fut celle de Brunhilde Pomsel interprétée avec l’authenticité qui caractérise le service exceptionnel que Madame Jacqueline Bir rend à l’art dramatique.

Du Music-Hall burlesque.

Ce mercredi soir en guise d’apéritif nous avons eu droit à un double spectacle sans parole agréablement distrayant. Tout d’abord nous avons apprécié une prestation musicale et comique intitulée De Concerto interprétée par Gaêl Michaux et Maxime Dautremont dans une mise en scène de Christophe Thélier. Les deux acteurs sont des mimes qui présentent des séquences musicales avec un humour porteur de dérision. Ce duo suscite l’amusement des spectateurs qui manifestèrent chaleureusement leur satisfaction.

La deuxième partie de cet apéritif musical nous a permis de découvrir le talent du magicien et marionnettiste français Etienne Saglo. Celui-ci incarne le grand magicien Kosmao et son assistante est la marionnette Goupil. Cet autre duo nous offre une prestation qui nous laisse souvent surpris car nous ne pouvons comprendre comment Goupil et son maître réussissent leurs sketchs burlesques. En bref une prestation digne d’un professionnel de grande qualité. Et un début de soirée meilleur que prévu.

Jean Marie Roberti

UN CONSEIL 

Profitez de la promotion relative aux dernières places accessibles au tarif réduit de huit euros pour les deux spectacles suivants : L’Amour vainqueur (le 20/8 à 21 h. et le 21/8 à 19 h.) et Carabistouille (le 21/8 à 18 h.30 et 21 h.).