Coupe du Monde : vae victis

        Liège 28 a ses bureaux sur une avenue liégeoise. Ses voisins sont charmants. L’un d’eux a arboré au début du Mundial trois drapeaux ; un belge, un marqué du signe du diable et un portugais. Lors des précédents tournois tel l’Eurofoot, seul ce dernier orne sa fenêtre. Il demeure sa place tout au long de la compétition.

        Mais, à ce Mundial, le pavillon portugais a disparu dès avant-même que l’équipe lusitanienne ne soit éliminée. Les Diables rouges ont désormais un nouveau supporter exclusif !

Coupe du Monde : La mondialisation racontée par le ballon !

        Ce dimanche 22, à 18 h, tant dans le Royaume de Belgique qu’en République française et en bien d’autres pays, tous les habitants – ou quasi tous – vont avoir les yeux rivés sur les écrans, petits ou grands, de la TV. À la même heure, soit 13h, à Rio de Janeiro, dans le stade mythique Macarena, notre Reine Mathilde en compagnie de son mari va regarder le match au cours duquel les bons Diables Rouges de Marc Wilmots (ancien sénateur MR) vont s’efforcer de battre les joueurs russes du méchant Vladimir Poutine.

        L’hystérie qui entoure la deuxième Mundial se déroulant au Brésil – le premier s’y est tenu du 24 juin au 16 juillet 1950 en phase finale de la Question royale en Belgique – mérite d’être contée car elle met en cause deux Liégeois et un Brésilien d’origine belge. Un livre d’Antoine Dumini et François  Ruffin  Comment ils nous ont volé le football (1) narre cette aventure dont nous vous présentons quelques extraits.

        « …en 1990, lui joue au FC Liège et souhaite partir à Dunkerque, en deuxième division. Pas franchement le transfert du siècle. Mais son club s’y oppose. Le footballeur attaque alors devant la Cour de justice des communautés européennes. Cinq ans plus tard, le 15 décembre 1995, les juges condamnent la réglementation de l’UEFA comme « entravant les principes de libre circulation à l’intérieur de l’espace communautaire »… »

        Son avocat liégeois, maître Luc Misson dont la réputation internationale est désormais acquise, a justement argumenté pour faire triompher l’idéal de Jean-Marc Bosman « Je voulais la libre circulation des joueurs en Europe. Le football est une activité́ économique et pas une exception sportive comme l’UEFA et la Fifa se plaisent à le dire. Ce que j’ai offert avec cet arrêt c’est du travail pour tout le monde ».

        « L’Europe fait alors sauter une barrière protectionniste : les clubs peuvent, désormais, recruter autant de joueurs étrangers qu’ils le souhaitent. À condition qu’ils soient originaires d’un pays de la CEE. Même cette ultime restriction est contournée avec des procédures de double nationalisation, ou de lointaines ascendances nationales, ou des accords bilatéraux.(…) Sepp Blatter avait beau déclarer, en juin 1999, que « le football doit revenir à la situation antérieure à l’arrêt Bosman », aucun signe de changement à l’horizon.
Tout ça parce qu’un Belge rêvait de vivre à Dunkerque. »

        « (…) Depuis l’arrivée de João Havelange à la tête de la Fifa, lui qui fut, pour la libéralisation du ballon rond, l’équivalent d’une Thatcher ou d’un Reagan… (…) La Fifa adapte le football à la télé, prête à tout pour satisfaire les chaînes. Lors du Mondial 1986 au Mexique les joueurs, et à leur tête Maradona, se plaignent : les matches se jouent à midi sous un soleil de plomb. Le goal allemand, Harald Schumacher raconte : Je transpire. J’ai la gorge sèche. L’herbe est comme de la crotte sèche : dure, étrange et hostile. Le soleil tombe à pic sur le stade et éclate sur nos têtes. Nous n’avons pas d’ombres. Il paraît que c’est bon pour la télévision.  Avec le décalage horaire, midi à Mexico, c’est le prime time en Europe. « Qu’ils jouent et qu’ils la ferment », ordonne João Havelange, le président de la Fifa. Qui encaisse les gros chèques : les droits TV pour les Coupes du Monde flambent, de 30,5 millions d’euros en 1986, ils atteignent 907,8 millions en 2002 et 2 100 millions en 2010… Soit une hausse d’environ 6285 % en moins de quinze ans. »

        « (…) L’Afrique est un vivier de joueurs. C’est ici que se trouvent les futurs champions des clubs européens. » (2) » Comme n’importe quelle entreprise, l’industrie du football sait à l’occasion pratiquer la délocalisation du recrutement. « Car produire un footballeur coûte cher : il faut le nourrir, le loger, l’entraîner, pendant des années, un coût moyen de formation évalué à 114 619 € par an et par joueur, d’après un rapport du Sénat (3). Surtout, quel taux de déchets ! »

        Les prochaines Coupe du Monde de football vont avoir lieu en Russie en 2018 et au Qatar en 2022. Ce qui réjouit l’ancien journaliste Jérôme Valcke devenu secrétaire général de la Fifa. Comme le précise le livre Comment ils nous ont volé le football : « Un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde, déclare-t-il ainsi. Quand on a un homme fort à la tête d’un État qui peut décider, comme pourra peut-être le faire Poutine en 2018, c’est plus facile pour nous les organisateurs qu’avec un pays comme l’Allemagne où il faut négocier à plusieurs niveaux. »

 

(1)    Comment ils nous ont volé́ le football, de Antoine Dumini et François Ruffin, Fakir Éditions, 120 pages, 6 euros (+2€ de frais de port)

(2)    En 1957, le club liégeois du Standard acquiert le premier joueur noir en provenance du Congo belge, Paul Bonga-Bonga sur proposition d’un journaliste sportif. Dans un premier temps, les supporters le surnomment Blanchette puis rapidement Bopaul.

(3)    Rapport d’information n°484 (2013-2014) du 29 avril 2014 – par M. Stéphane Mazars, fait au nom de la Mission commune d’information sur le professionnel et les collectivités territoriales.

Coupe du Monde : les supporters algériens gardent le moral …

        A l’issue du match Belgique- Algérie, commentaire du journal algérien El Watan : Après la prestation d’hier, les Verts ont le droit de nourrir beaucoup de regrets. Il y avait de la place pour un exploit. Il n’est pas venu. Mais cela n’enlève en rien aux mérites des joueurs. Mention spéciale au gardien Rais M’bolhi, auteur d’une remarquable prestation… et pas devant n’importe qui : Hazard, Lukaku, De Bruuyne, Mertens et Fellaini ne sont pas les premiers venus. A présent, il faut battre la Corée du Sud le 22 juin pour rester dans la course à la qualification au tour suivant.

Coupe de Monde : 40 millions d’Algériens sont convaincus que leur équipe gagnera, 10 millions de Belges sont convaincus du contraire !

        Match en Coupe du Monde Belgique-Algérie à 17h (heure algérienne), à 18h (heure belge), à 13 h (heure de Belo Horizonte – Brésil). 

         Selon le journal algérien El Watan de ce mardi, c’est le grand jour pour les Verts. Cet après-midi, les camarades de Halliche affronteront l’une des meilleures équipes du tournoi, venue au Brésil avec l’ambition de coiffer au poteau les habitués de la compétition. (…) Ce qui est sûr, c’est que l’Algérie s’est toujours bien comportée face aux têtes de série à chacune de ses participations à la fête footballistique mondiale.

        Jamais l’équipe nationale n’a abordé un Mondial avec autant d’ambition. (…)  les cœurs de 40 millions d’Algériens battront uniquement pour les Verts. Les Algériens sont avides de voir leur équipe gagner un match, sachant que la dernière victoire des Fennecs remonte à… 32 ans, un certain Algérie-Chili (3-2) à Oviedo, au Mondial espagnol. (…)

        L’important, aujourd’hui, est de voir la sélection nationale passer cet écueil du premier tour qui est devenu presque une obsession. Vahid Halilhodzic, le sélectionneur national, est plus que jamais optimiste. Pour contrer la redoutable machine offensive des Diables rouges, le Bosnien devra renforcer son arrière-garde en défendant en bloc. C’est pour cette raison qu’il devra reconduire son système de jeu fétiche, le 4-1-2-3. (…) Vahid Halilhodzic estime qu’avec un tel schéma tactique, l’équipe peut imposer un rythme de jeu élevé et provoquer l’adversaire par des contres rapides. Lorsque l’on dispose de joueurs comme Mahrez, Feghouli et Soudani, alors que d’autres de même niveau (Brahimi, Ghilas et Slimani) se trouvent sur le banc des remplaçants, on peut dire que l’équipe nationale possède de réels atouts pour bousculer les meilleures défenses du monde.

Foot business : enquête sur une omerta, une émission de France 2 où il est (beaucoup) question du Royal Standard Liège.

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Elise Lucet 

       Ce vendredi 13 septembre à 2h15, tous les supporters du Royal Standard Liège – et les autres également – ont intérêt à se brancher sur France 2 pour assister à la rediffusion de l’émission Cash investigation titrée Foot business : enquête sur une omerta.

        En résumé, France 2 présente, en ces termes, la dite émission : Le football, sport le plus populaire au monde, est un marché des plus lucratifs. Dans l’économie française, il engendre cinq milliards d’euros de chiffre d’affaires, et jusqu’à 400 milliards d’euros par an au niveau mondial. Dans l’ombre, les agents de joueurs, des personnages plus discrets, empochent des commissions, sans réel contrôle. Quel rôle ces nouveaux acteurs du football jouent-ils ?

        Les supporters du Royal Standard Liège – et les autres également – retrouveront avec plaisir Eliaquim Mangala transféré au FC Porto et devenu propriété pour un tiers d’un groupe minier extracteur d’uranium et de cuivre. Ce groupe a investi  2.647.059 € pour acquérir les droits économiques du l’ancien Standardmen. Somme sur laquelle un Liégeois a perçu 10 % au travers d’une société britannique. L’équipe d’Élise Lucet a tenté de poser une question à ce Liégeois. Il en est résulté une course poursuite dans les rues du centre de notre ville. Une image ahurissante, tragique, comique. Rastapopoulos  poursuivi par Tintin…selon le Canard Enchaîné de cette semaine.

       Réactions de téléspectateurs à l’issue de la première diffusion  mercredi : Un vrai reportage avec de vrais journalistes. Un vrai sujet d’investigation avec de vraies réponses ou Chapeau à l’équipe pour ce super reportage qui ose nous montrer la face cachée du football !! Ou bien encore Excellent !!! Un reportage génialement bien fait qui démontre si certains en doutaient encore, que les instances footballistiques complètement vérolées par la cupidité de ses dirigeants des financiers et des vautours de tout poil, ont définitivement enterré la noblesse et l’esprit du sport. Et en plus traité avec cette pointe d’humour et d’impertinence qui fait qu’on vous en redemande. Ravi de payer ma redevance pour que de tels morceaux existent. Bravo à Elise Lucet et son équipe.

       Pour des questions de droits, Cash investigation n’est pas disponible dans notre Royaume sur Revoir de France 2. Alors, regardez et enregistrez … cette mine d’informations !

Etre supporter

        La sortie nationale de film Je suis supporter du standard  est prévue le 5 juin. Néanmoins, la presse internationale s’y intéresse déjà. Ainsi Le Canard enchaîné dans sa chronique Les films qu’on peut voir cette semaine est très positif.

       On peut notamment y lire : Cette sympathique comédie belge, écrite, réalisée et interprétée par Riton Liebman, repose en grande partie sur sa verve et son abattage. Mais sa vision du foot comme une addiction est savoureuse, d’autant qu’elle mène à la création des Footballistiques anonymes.  


Liège et les jésuites …

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       En 1534, Igato de Loyola fonde la création de la Confrèrie de Jésus. Moins de cinquante après, des jésuites donnent des cours à Liège. En 1586, une bulle papale autorise l’érection officielle d’un collège des jésuites wallons. Cela dure jusqu’en 1773. Cette année-là, le pape Clément XIV ordonne la suppression pure et simple des jésuites.

       Un petit saut dans l’histoire.  Nous sommes en 1828. Un prêtre séculier Robert Julliot installe une école au Fond Saint-Servais. Très naturellement, l’école s’appelle Ecole Saint-Servais d’autant plus naturellement que cet évêque de Tongres a choisi de s’installer à Maastricht, ville hollandaise tout comme Liège l’est en 1828.

       Dix ans plus tard, Liège a une nouvelle nationalité. Elle est Belge. Les jésuites sont de retour. Ils reprennent l’école Saint-Servais édifiée sur un terrain situé 92 rue Saint-Gilles. Il s’agit de la première institution liégeoise d’enseignement secondaire réservée aux garçons. La mixité fait son apparition quelques cent cinquante plus tard – le 1er septembre 1992 – par la création du Centre scolaire Saint-Benoît-Saint Servais, fruit du rapprochement de Saint-Servais et l’école abbatiale Paix Notre Dame. Cette école abbatiale, les Liégeoises (et les Liégeois… ) la connaissent mieux, depuis 1797, sous le nom les Béné !

       Ce week-end, les festivités du 175ème anniversaire de Saint-Servais commencent. Le programme complet se trouve www.arsbss.be . Parmi les faits marquants durant ces 175 ans, il y a eu en 1898, la création par les étudiants de Saint-Servais d’un club de football, le Standard.  Le dimanche 24 mars, à 17 h, est prévu une grande vente aux enchères de maillots dédicacés par des sportifs de renom dont des joueurs du Standard. Le bénéfice sera partagé entre les Iles de Paix et une association d’éducation argentine.    

Sages propos du député Christophe Lacroix à l’Université « La Sagesse » au Liban.

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        À trois jours d’abandonner sa charge de député provincial de Liège pour prêter serment de député fédéral, Christophe Lacroix a prononcé son dernier discours à l’Université  La Sagesse de Beyrouth. Une Université maronite  qui date de 1875 , fondée en suite d’un édit de la Sublime Porte accordé à Mgr. Youssef Debs, Archevêque de Beyrouth.

       Député provincial depuis 2006, Christophe Lacroix a fait le déplacement à Beyrouth pour représenter la Province de Liège aux Olympiades organisées par  l’Organisation Internationale des Médias. Après avoir suivi les diverses compétitions dans lesquelles ont excellé nombre de concitoyen(ne)s, le député provincial a participé, le lendemain, à la séance académique en clôture de ces Olympiades.

       Historien de formation, Christophe Lacroix après avoir évoqué la figure de Léon-Élie Halkin, professeur à l’ULg, déclare que à la liberté de presse doit correspondre la notion de responsabilité du journaliste. Sans nul chauvinisme, de l’avis de chacun, l’intervention de Christophe Lacroix, tel Chrysostome, a amené un podium supplémentaire aux athlètes wallons!

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Christophe Lacroix (à droite sur la photo) écoutant l’intervention de Son Excellence l’Ambassadeur d’Irak (deuxième à gauche sur la photo).

Le Standard ? Quelle épopée …

         En cliquant www.bon-a-tirer.com , le lecteur découvre une revue littéraire en ligne.Dans un numéro daté du 15 août 2010, Daniel Droixhe étudie les feuillets de Liége publiés dans les années 1934/1935 par le professeur de l’ULg , Fernand Desonay. Celui-ci évoque notamment  le Standard. Des propos qui étonnamment semblent sortis d’une bonne plume d’aujourd’hui.

    À Liége, nous avons le Standard. À Liége, ou plutôt à Sclessin. Dans ce cirque lépreux de corons, de terrils, quel Victor Hugo (…) chantera les exploits agonistiques de nos diables «roûches»?
   Un match au Standard est un «event» local, comme disent ces anglophiles de la tribune centrale.  (…) Et si les trams verts, de bourlinguante mémoire, viennent d’être remplacés par de confortables automotrices, c’est que les recettes bi-mensuelles sur le trajet «Place du Théâtre-Stade» autorisent tous les décaissements.
   Comme l’équipe du Standard est la seule qui «officie» (le terme est consacré) en division d’honneur, l’honneur wallon, l’honneur liégeois se trouve engagé dans la bagarre. (…) cet honneur est chatouilleux et un hidalgo de Castille, auprès d’un journaliste de la Fédération Liége-Luxembourg, n’est, révérence parler, qu’un Pédeloup.
   Cette équipe porte-drapeau — le drapeau au coq hardy — a ses vedettes, pour ne point dire ses tabous. L’affaire Capelle a divisé, divise encore l’opinion (…). Capelle est un charmant garçon, qui poursuit, fort brillamment, ma foi! ses études de droit.( …). Le futur avocat jouait du ballon rond, tout comme maître Tschoffen se joue du vocabulaire psychopathique. C’est pourquoi il avait porté, dans l’équipe nationale, l’écusson au lion de Belgique. Et le coq hardy de coqueriquer, haut et clair. La disgrâce est venue. Et elle est venue de Sclessin. Tant il est vrai que les meilleurs ne sont jamais honorés chez leurs proches. Mais le public liégeois n’a rien compris au déboulonnage de son idole. Le Standard sans Capelle, c’est, pour la masse des supporters, un corps sans âme, une dinde sans truffes, un bourgogne sans bouquet.
   Le chauvinisme des spectateurs sportifs est un mal nécessaire. Les Anglais, qui ont inventé le «fair play» — le mot, mais point la chose — en sont, sur le chapitre des applaudissements et des huées, au même point que nous.(…) À Sclessin, le Standard doit gagner. C’est une tradition (… ) Malheureusement, à cette règle de la suprématie locale, il arrive, une ou deux fois par saison, qu’une équipe «visiteuse» (autre terme consacré) inflige le plus cruel des démentis. Le public, un instant décontenancé, cherche l’explication, une excuse. L’excuse est toute trouvée : elle porte en général, culottes courtes et bas de sport : l’arbitre.
   L’arbitre joue sur les grounds de football, le rôle de commissaire au théâtre de Guignol. Le sifflet, dont il lui arrive de tirer de péremptoires injonctions, est bien l’insigne de son grade. Car onques cabotin, méchant pitre, nouveau Montfleury ne fut plus copieusement sifflé. D’ordinaire, au Standard, les manifestations en restent là. Le public est satisfait quand il a agrémenté ce concert sibilant d’épithètes variées qui vont à «arbitr’ di choucoulôt» à «mâssî Flamind». Mais voici que, par deux fois, la conduite de Grenoble qu’on fait à l’arbitre rentrant au vestiaire menace de dégénérer en une sorte d’émeute.(…))
   L’affaire de l’Antwerp a eu son dénouement de carnaval. Pour un accrochage assez sec, l’arbitre avait exclu, d’autorité, le nouveau capitaine de l’équipe wallonne. Comme le joueur anversois, victime du coup de pied, avait riposté illico par une maîtresse gifle, les spectateurs — logiquement, il faut en convenir — hurlèrent à l’arbitr…aire. Et ce fut, à partir de la vingtième minute de jeu, autour du ground enfiévré, le plus assourdissant des concerts. Dans cette tempête de cris, de vociférations, de sifflets rageurs, le malheureux arbitre perdit le peu de sang-froid qui pouvait lui rester.(…) Et le jeu avait à peine recommencé qu’il devint évident que nous étions en Amérique. De football, il n’en était plus questions. Les équipiers ne songeaient qu’à la bagarre; et les fautes les plus brutales étaient saluées d’applaudissements … ce qu’on appelle l’esprit sportif (…)
   Obstinés, forts en gueule, par centaines, par milliers peut-être, les partisans des «Rouches» assiégeaient les vestiaires. Au demeurant, la mansuétude de la foule a quelque chose de touchant. Et ce Monsieur Staelens (ainsi se nommait l’arbitre conspué) a manqué de psychologie, c’est-à-dire qu’il a manqué de cran. Au lieu de se terrer, comme un lapin de garenne, de se cacher, de plaider coupable, que ne sortait-il, tête haute, la fameuse orange à la main? Pas un Liégeois, j’en suis sûr, n’aurait frappé cet homme seul, seul contre tous. Mais nous avons, en wallon, une épithète un peu crue pour désigner les trembleurs et ce pleutre : «couyon, va!».
   Mais ce dénouement d’opérette? On ne fait pas mieux au vaudeville. Tremblant, suant de peur et pressé par l’heure du train, l’arbitre en fut réduit à endosser l’uniforme du commissaire de police. Sous le képi galonné d’argent, il n’avait plus un poil de sec. Les assiégeants, pour laisser passer Monsieur le Commissaire, firent la haie. Une excellente scène pour la prochaine revue du Trocadéro!
   Car c’est ainsi que nous sommes à Liége : chauvins et respectueux, mauvais caractère et bon cœur. Et ce Standard, magnifique et inconstant, qui collectionne les trophées et les vestes, imbattable aujourd’hui, demain objet de risée, équipe la plus fantasque et la plus sympathique, supportera les plus chauds et les plus prompts au découragement, le parfait thermomètre que voilà de la température de chez nous!

De quand date l’essor du foot allemand ?

       Si la chancelière allemande, Angéla Merkel et avec elle, un grand nombre d’Allemandes et Allemands ont été très déçus des prestations de la Mannschaft, il y a encore plus malheureux qu’elles ou eux. Il s’agit notamment des lecteurs de Passe-Partout – un toute-boîte du groupe flamand Corelio distribué en Wallonie – qui, au vu d’une pub, se sont rendus à Merzenich pour y vivre la demi-finale Allemagne-Italie. Le sauna-club Planet-Eden promet le match d’Allemagne gagner = un billet gratuit pour la visite prochaine. À Merzenich, la nouvelle direction a vu les choses en grand : écran géant et  plus de 40 girls sachant prendre du plaisir, ayant une apparence très soignée et déterminant toutes elles-mêmes le type et l’étendue des services ! Hélas, pour ces sybarites, l’Italien Super-Mario leur a ôté tout droit au rêve…

       Pourtant, le football allemand, c’est du solide. Prix Nobel de littérature en1999, Günter Grass dans Mein Jahrhundert (1) fait remonter cette tradition au 31 mai 1903, jour de la Pentecôte. Il précise même l’heure – vers 16h30 – et le lieu, Altona, à l’ouest de Hambourg. En finale du championnat, l’équipe de Leipzig l’emporte par 7 à 2. C’est de ce championnat à Altona  que date l’essor du football allemand, et il a été du pour une bonne part aux Polonais naturalisés, à leur amour du jeu et à leurs qualités de buteur.

(1) Mon Siècle traduit en français par Claude Porcell. Paris, Seuil, 1999