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Incontestablement, Noms de dieux a été, à la RTBF, une émission-culte. Elle s’est appuyée sur cinq piliers : le titre, l’image, la phrase, le symbole, le pari. En vingt-quatre ans, aucune des personnalités invitées ne s’est dérobée à ces canons. En sorte d’obtenir une unité composée de la diversité plurielle de ces personnalités.
Jean Olivier – un téléspectateur nomdedieulâtre – s’est livré à un travail de bénédictin sitôt le mot fin est apparu sur le deux-centième numéro. Il vient de publier un ouvrage À la recherche de sens (1). On y trouve tout y compris le patronyme et prénom de tous ceux ou celles qui ont participé à l’équipe de production, même pour une seule émission. À vue de nez, sauf erreurs ou omissions, ce sont trois cent septante personnes qui peuvent revendiquer l’honneur d’avoir contribué à l’érection de l’œuvre collective noms de dieux. On y trouve tout y compris la biographie des deux cents personnalités invitées, complétée d’une phrase de la réponse aux cinq piliers. Jean Olivier a même établi un glossaire allant de Advaita à Zoroastrisme en passant par des termes aussi peu courant dans une conversation que Hésychasme, Philocalie ou Sikhisme.
Spécialiste de l’étude du coma, Steven Laureys, professeur ULiège, préface l’ouvrage de Jean Olivier, cet essai est un hommage rendu à une œuvre culturelle majeure. L’auteur cherche un lien entre, conscience et matière (sur base de nos connaissances actuelles), d’où la question centrale de son opuscule : « l’univers pourrait-il avoir une conscience ? ». C’est la question qu’il m’a posée !
Fidèle à l’esprit de noms de dieux, Jean Olivier a réalisé (pages 58 à 65) ce que l’on peut appeler la deux-cent-unième émission en s’appuyant sur les cinq piliers. Son titre : noms de Dieu, son image : Varsovie, 7 décembre 1970, photo de Willy Brandt à genoux au mémorial du ghetto, sa phrase : le plus à percevoir est l’évidence (Edgar Morin), son symbole : une inclusion fluide, son pari ; la plus grande menace, n’est-elle pas d’y réintroduire les Dieux ? Est-ce vraiment la tâche du prochain siècle ? Dans sa recherche de sens, l’auteur s’explique sur les divers piliers. Il invite chacune de ses lectrices, chacun de ses lecteurs à faire leur deux-cent-unième émission (2). De quoi constituer des noms de dieux populaires qui ont leur place à côté de la série réalisée par Edmond Blattchen et Jacques Dochamps.
Edmond Blattchen et Jean Olivier
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(1)À la recherche de sens : 200 noms de dieux – Jean Oelivier – Édition edipro – 496 pages – 24 € – www.recherchedesens.beMaximum
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(2) Dix pages A4 dactylographiées à adresser à la Bibliothèque Ulysse Capitaine, Fonds patrimoniaux (noms de dieux), En Féronstrée 120, 4000 Liège (Belgique)
Catégorie : Spiritualité
Le journaliste professionnel Edmond Blattchen, Chevalier de l’Ordre de la Couronne.
©SPF Affaires étrangères & Jean-Pol Schrauwen
Dix concitoyennes et concitoyens recoivent le titre de Citoyenne et Citoyen d’honneur de la Ville de Liège.
Al bone franquète al Violète, cinq mots pour résumer l’ambiance régnant en la salle des pas perdus de l’Hôtel de Ville à l’occasion de la remise de la distinction Citoyenne et Citoyen d’honneur de la Ville de Liège. La barre des cent récipiendaires a été franchie depuis la date – 2009 – à laquelle cette nouvelle appellation vu le jour. Auparavant, le Collège décernait la médaille de reconnaissance de la Ville de Liège à celles et à ceux qui – comme les Citoye(ne)s d’honneur aujourd’hui – ont contribué, amplifié ou redynamisé la réputation de la cité ardente, à la force de leur talent et de leur travail. Aujourd’hui le site officiel de Liège place dans la même rubrique Les citoyens d’honneur celles ou ceux d’avant ou d’après 2009. Parmi ceux-ci, David Goffin (2012), Nafissatou Thiam Charline, Van Snick (2013). Innovation cette année dans l’attribution de ces récompenses, cette cérémonie de distinction sera désormais paritaire homme-femme. Le bourgmestre Willy Demeyer de mentionner, sans les hiérarchiser, les mérites des divers(e)s récipiendaires de la promotion 2016.
Une promotion qui fait la part belle aux consœur et confrères. Trois journalistes – Mamine Pirotte, Charles Ledent et Edmond Blattchen – reçoivent le titre de Citoyen(ne)s d’honneur. Jusqu’à présent, une seule journaliste Hadja Lahbib a été sacrée citoyenne d’honneur en 2011 tandis qu’en 2002 Jean-Marie Peterken a reçu la médaille de reconnaissance de la Ville de Liège.
Le bourgmestre de déclarer : Femme de caractère, femme jusqu’au bout des ongles et des convictions, Mamine Pirotte incarne une part de la renommée médiatique de Liège. L’édile qui souhaite voir débarquer dans sa ville Dimitri Boizot pour y mener une enquête racontée par Patrick Philippart, nom de romancier de Charles Ledent, constate que l’obstination et la passion sont les 2 qualités qui ont permis à Charles Ledent d’écrire plus d’une dizaine de romans en 15 ans tandis que les vertus d’Edmond Blattchen sont : Expliquer, décoder, transmettre, le monde et ses enjeux, représentent pour lui, une mission qui va bien au-delà de la mission de service public, c’est une œuvre personnelle. Pour ce faire, il a toujours préparé ses émissions avec minutie, curiosité et exhaustivité et cela va sans dire, probablement une certaine dose d’angoisse.
Les sept autres récipiendaires ont eu droit également à une présentation maïorale personnalisée. À l’octogénaire Annie Massay qui s’initie dès son adolescence à l’athéisme, au socialisme et au féminisme. Trois valeurs qui marqueront profondément sa future carrière le bourgmestre évoque les luttes syndicales dont la grève des femmes de la FN en 1966 auxquelles elle a participé.
Au quintuple papa – il contribue à lui seul à accroître la population liégeoise – Gaëtan Servais qui avec Fabrice Lamproye a lancé Les Ardentes en 2006, Willy Demeyer souligne que celles-ci ont amené, de manière cumulative près de 700.000 personnes à Coronmeuse (…) situer Liège surla carte des festivals d’été. C’est aujourd’hui chose faite ! Pour les jeunes liégeoises et les jeunes liégeois, nés après 1990, on peut même parler de « génération Ardentes ».
Ancienne élève du Lycée Léonie de Waha, Caroline Pholien exerce en tant qu’indépendante les métiers de peintre en décor du patrimoine et de doreur. Le maïeur cite quelques restaurations pour illustrer le talent de cette liégeoise : le Grand Foyer de l’Opéra Royal de Wallonie, les dorures du Palais du Gouverneur de Liège ou encore la restauration au Château de Versailles (dorures de la salle à manger de chasse et de l’antichambre des chiens) sans oublier que femme passionnée et passionnante, en 2011, elle ouvre une galerie d’arts « la Galerie Isabeau » où elle présente ses créations contemporaines.
Chantal Van Laer est la troisième génération à la tête d’un magasin bien connu de nombre de Liégeois puisqu’il existe depuis 93 ans ! Installée au cœur du quartier d’Outremeuse depuis 1923, la Maison Van Laer, fut tout d’abord, sous l’égide de Florence, une confiserie. Avant que son mari, Henri Van Laer, n’y ajoute aussi du vin. Rapidement, l’enseigne s’est spécialisée dans le vin. Son fils José y ajoute une expertise du rhum et du whisky tandis que sa fille Chantal Van Laer va peu à peu, apprendre et partager la passion familiale avec cet objectif, retrouver le meilleur du terroir, la finesse des tanins.(…) Sa passion, elle la partage aujourd’hui avec ses clients au travers notamment des dégustations tant de vin que d’alcool. Goûter et conseiller avec la convivialité liégeoise représentent une belle manière de convaincre ceux-ci d’étoffer leur cave.
Spécialiste du droit du travail, l’avocat Jean-Paul Lacomble est à la tête du Royal Football Club Liégeois – matricule 4 créé en 1892 – en 5 ans à peine, avec d’autres administrateurs liégeois autour de lui, Jean-Paul a réussi à assurer la viabilité financière du Club, accroître le nombre de ses spectateurs, recréer un esprit « Rouge et Bleu », progresser d’un échelon au niveau sportif et faire revenir, après 20 ans d’attente, le RFCL à Rocourt. Excusez du peu ! En un mot, le club a retrouvé sa crédibilité et ses racines. Et Jean-Paul Lacomble a voulu donner un sens à cet investissement dans le foot en assignant au club un projet social qui a pour objectif, au-delà de former des footballeurs, de « fabriquer » des citoyens. Cet engagement se matérialise notamment par la création d’une école de devoirs.
Gaëtane Leroy est une amoureuse du cœur historique de Liège et ce, depuis ses études en Histoire de l’art à l’Université de Liège. (…) Cet embellissement de l’ancienne imprimerie Bassompierre, active au 18eme siècle, a été effectué avec respect afin de conserver l’âme du lieu. (…) Outre le caractère liégeois du bâtiment qui a été conservé, sa gérante propose des produits issus de la production et des commerces locaux ainsi que des séjours thématiques en collaboration avec ses nombreux voisins. Lorsqu’ils font le choix de séjourner dans cet hôtel, les touristes reçoivent ainsi un accueil personnalisé et effectuent une escale au plus près du cœur de la Ville.
En 1992, Guy Stockis a repris l’établissement créé quai sur Meuse par Julien Lequet. Y manger son premier boulet constitue une sorte de rituel de passage incontournable pour le néo-liégeois. Un rite savamment perpétué par les principautaires, un sourire de connivence aux lèvres, avec un plaisir encore accru si l’initié du jour ne présage rien de l’accueil à la liégeoise… Car le lieu doit beaucoup à la personnalité de son patron. Cabochard, grande gueule, il met autant de générosité dans ses apostrophes que dans sa cuisine. Bref, en prélude aux festivités mariales du 15 août, une sympathique cérémonie al bone franquète al Violète …
la photo, premier rang, de gauche à droite : Guy Stockis, Chantal Van Laer, Jean-Paul Lacomble, Mamine Pirotte, Gaëtan Servais, deuxième rang, de gauche à droite : Edmond Blattchen, Annie Massay, Caroline Pholien, Gaëtane Leroy, Charles Ledent.
Jeudi 10 décembre, 21h20, ultime « noms de dieux » suivi de la « Nuit de noms de dieux » !
Tout le monde descend ! Cette expression de wattman annonçant le terminus permet à Edmond Blattchen de signaler que noms de dieux mis sur rail en janvier 1992 en compagnie du philosophe Bernard-Henri Lévy est arrivé à terme en décembre 2015 avec le numéro 200 consacré à Latifa Ibn Ziaten, une mère courage (1).
Elle est la maman du parachutiste Imad, la première victime – le 11 mars 2012 du terroriste Mohammed Merah. Depuis, je suis une mère blessée, déchirée. Je reste debout pour défendre les valeurs de la République. Il nous faut absolument tendre la main à ces jeunes, ces enfants de la République. Il faut leur faire aimer la France comme je l’aime. L’ampleur du travail qui est à faire est énorme : c’est un travail de fourmi, de terrain, dans les écoles, les maisons d’arrêt, les mosquées, avec les parents… Le président Hollande lui remettant à titre de co-lauréate le prix 2015 pour la Prévention des conflits de la Fondation Jacques Chirac a dit d’elle vous incarnez aux yeux de tous nos compatriotes de quelque confession, de quelque origine, de quelque parcours, l’amour maternel dans ce qu’il a de plus fort et de plus poignant : la souffrance du deuil mais aussi la possibilité de puiser dans le chagrin les ressources pour aller vers la dignité.
À l’instar des cent nonante neuf invité(e)s qui l’ont précédé(e)s, Latifa Ibn Ziaten a suivi les cinq chapitres de noms de dieux. Le symbole : le béret rouge de parachutiste de son fils. Sans modifier quoique ce soit au concept, ni au décor – en ce compris la table, empruntée puis achetée auprès de la firme liégeoise Georgette Ballegeer -, Edmond Blattchen et le réalisateur Jacques Dochamps ont accompli durant plus de dix mille minutes une émission que seul le service public peut offrir.
La deux centième émission se prolonge par la rediffusion de huit noms de dieux tout au long de la nuit (2). Un événement de plus dans la vie de noms de dieux qui en compte déjà quelques-uns dont sa longévité, vingt-trois ans à l’antenne d’une télévision publique née il y a soixante-deux ans. Pour ses vingt ans, en 2012, noms de dieux a eu droit à une tranche horaire quotidienne durant toute la saison d’été tandis que la chaîne québécoise Canal Savoir l’a fait découvrir au public francophone américain.
Par ailleurs, un certain nombre d’émissions ont fait l’objet d’édition intégrale en livres. Edmond Blattchen – récipiendaire notamment, en 1982, du Prix Jeunes Talents de la Province de Liège – a amené sur le plateau de noms de dieux philosophes, théologiens, écrivains, sociologues, hommes et femmes politiques, scientifiques ou encore artistes dont les réflexions clarifient le monde. La deux centième ne marque pas la fin de noms de dieux car dans ce vivier, la RTBF ne va pas manquer, un jour ou l’autre, d’aller puiser comme elle l’a fait en rediffusant l’entretien d’Edmond Blattchen avec Henry Bauchau ou André Glucksmann et, déjà, bien d’autres.
- (1) Diffusion le jeudi 10 décembre 2015 vers 21h20 sur « la trois ». Rediffusion sur « la trois » le samedi 12 décembre vers 23h15. Sans oublier, la possibilité de voir l’émission durant une semaine sur le Net, en cliquant sur latrois.be/revoir
- (2) 22h20 Sa Sainteté le Dalaï Lama (1994), 23h15 Stéphane Hessel (2009), 00h15 L’abbé Pierre (1993), 01h10 Élie Wiesel (1995), 02h00 Sœur Emmanuelle (1993), 03h00 Albert Jacquard (1994), 03h55 Amélie Nothomb (2009), 04h45 Edgar Morin (1992).
Avant-dernier noms de dieux le 12 novembre : invitée, la théologienne espiègle Marion Muller-Colard
Née au vingtième siècle en bord de Méditerranée, Marion Muller-Colard n’aime pas choisir. C’est pour cela qu’elle s’appelle Muller et Colard. Qu’elle écrit pour les enfants et pour les adultes. Pour le spectacle vivant et pour l’édition. Des romans et des contes philosophiques. Des contes philosophiques pour ne pas choisir entre penser et écrire. Telle est définie par les petits Platons (1) l’invitée du pénultième noms de dieux, Marion Muller-Colard (2) qui vit dans les Vosges, avec son mari musicien, ses deux enfants et ses chèvres.
Marion Muller-Colard a fait ses études à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg dont, aux dires du doyen Remi Gounelle, nul ne sort indemne. Il s’en explique : on ne peut réfléchir sur l’homme, sur la société et ses valeurs, sur la vie des textes, des rites et des traditions, sur le rôle de la religion pour l’individu comme pour la collectivité, sans se remettre, d’une manière ou d’une autre, en question. Après Strasbourg, Marion Muller-Colard s’en va à Jérusalem, à l’institut Ratisbonne, se former un an au Centre Chrétien d’Études Juive et prépare ensuite son doctorat sur le Livre de Job.
Sa thèse, soutenue en 2006, s’intitule Le mal de justice : quelle justice peut rendre compte du mal ? Réponse de Job, des amis et de Dieu. Son directeur de thèse, Alfred Marx lui a donné le goût de l’enquête biblique qui débusque un sens inattendu, une espièglerie masquée ou des saveurs insoupçonnées derrière des versets à la première lecture arides.
Dans le même registre de théologienne, Marion Muriel-Colard est l’auteure de L’Autre Dieu. La Plainte, la Menace et la Grâce (Labor & Fides) à propos duquel Le Monde des Religions déclare : un livre poignant alliant réflexion, méditation, expériences personnelles et exégèse théologique autour de son « vieux frère » Job et de la question du mal (…) Un livre fort qui suscite l’apaisement.
Livre qui remporte en mars 2015, deux Prix littéraires, le vendredi 20, le Prix Écritures et Spiritualités dans la catégorie Essai – un Prix donné en 2006 à Christian Bobin, invité de noms de dieux en 2013 – et le lundi 23, le Prix Spiritualités d’aujourd’hui également attribué à Son visage et le tien (Albin Michel) de l’auteur Alexis Jenni.
Écrivaine, outre de nombreux articles, Marion Muriel-Colard a, à son actif, plusieurs livres tels Prunelle de mes yeux (Gallimard), Détails d’Évangile et Plume d’Ange (Passiflores), Le Professeur Freud parle aux poissons et Le petit théâtre de Hannah Arendt (Les petits Platons).
À l’image de Marion, selon Edmond Blattchen, l’émission est à la fois très sérieuse et très drôle. La fin est particulièrement loufoque. Notre invitée est une personnalité très intelligente, très sensible et pétillante !
(1) Les petits Platons : éditeur publiant des livres de philosophie pour enfants et adultes www.lespetitsplatons.com
(2) Diffusion le jeudi 12 novembre 2015 vers 21h20 sur « la trois ». Rediffusion sur « la trois » le samedi 14 novembre vers 23h15. Sans oublier, la possibilité de voir l’émission durant une semaine sur le Net, en cliquant sur www.latrois.be/revoir
Sur la Trois, à la RTBF, « noms de dieux » reçoit Jean-Michel HIRT
L’émission de service public noms de dieux cessera en décembre 2015 après la diffusion du numéro 200. Durant 24 ans, noms de dieux aura été à l’antenne de la RTBF. C’est un record de durée dans un paysage audiovisuel en constant changement.
Robert Stéphane – à l’époque Administrateur général de la RTBF – se souvient du jour où Edmond Blattchen lui a proposé son projet. Tentative folle… Mais structurée avec intelligence. L’esprit d’un bon service public est à mon sens de faire la pédagogie des enjeux par le spectacle. Clarifier le monde, le rendre compréhensible mais en utilisant le spectacle pour accrocher le spectateur. Noms de dieux décidait d’appliquer ce concept sur un des thèmes les plus importants : Qu’est- ce que le monde ? D’où vient-il ? Où va-t-il ? Quelles en sont les explications religieuses et philosophiques ? Mais Edmond Blattchen l’ a immédiatement conçu à travers un système de chapitres introduits par des concepts, des objets des textes, des images Cela lui a permis de relancer l’interlocuteur interviewé et de fixer le spectateur sur des sujets difficiles mais cruciaux.
Le premier invité, le 14 janvier 1992, le philosophe Bernard-Henri Lévy. Le mois suivant, le mardi 11, le nouvel évêque de Namur André-Mutien Léonard. Un départ en force qui s’est poursuivi (1) et se poursuit.
Pour son antépénultième édition (2), noms de dieux reçoit le psychanalyste Jean-Michel Hirt, professeur de psychopathologie à l’université de Paris 13. Spécialiste en psychologie clinique interculturelle c-à-d celle qui va prendre en compte la culture de l’autre. Comme l’autre est le patient, le malade – en psychiatrie, c’est plus souvent le malade – et bien au lieu de faire comme si une schizophrénie était la même chose à Liège qu’à Ouagadougou, il s’agit d’entendre d’où vient cet autre, d’avoir une réflexion sur quel réseau culturel il a été pris, éduqué, élevé, ainsi nous pouvons lui permettre de se retrouver et de ne pas être en terre étrangère, seul.
Jean-Michel Hirt est l’auteur de plusieurs ouvrages notamment : Le miroir du Prophète, Psychanalyse et Islam (Grasset), Paul, l’apôtre qui « respirait le crime » (Actes Sud), L’Insolence de l’amour, fictions de la vie sexuelle (Albin Michel), Le voyageur nocturne, lire à l’infini le Coran (Bayard).
(1) Liste des invités de noms de dieux https://fr.wikipedia.org/wiki/Noms_de_Dieux
(2) Diffusion le jeudi 1er octobre 2015 vers 21h25 sur « la trois ». Rediffusion sur « la trois » le samedi 3 octobre vers 23h25. Sans oublier, la possibilité de voir l’émission durant une semaine sur le Net, en cliquant sur www.latrois.be/revoir
NAOS ou l’art et le mystère des églises byzantines au Péloponnèse exposés à la Collégiale de Huy.
©Affiche Ph Roussel
Faute de main courante, à Huy, l’accès par le parvis Théoduin de Bavière à la Collégiale Notre-Dame et Saint Domitien – inscrite au Patrimoine exceptionnel de la Wallonie – est quelque peu malaisé pour tout qui éprouve des difficultés à se mouvoir. Cette absence de main courante est d’autant plus inexplicable que des travaux de restauration y sont en cours depuis des dizaines d’années. Un détail mais le diable s’y niche même dans une collégiale heureux mélange de gothique rayonnant du 14e siècle et flamboyant du 15e siècle comme l’est celle de Huy L’intérieur de cette église est remarquable. Cette vidéo – 1’33’’ – l’atteste www.tresordehuy.com en le présentant sous forme d’une visite aérienne inédite.
Dans ce cadre superbe, Robert Laffineur offre NAOS (1). Ce nom désigne un lieu de culte chrétien datant de la période byzantine allant de la partition de l’empire romain tout à la fin du IVème siècle à la prise de Constantinople, le 29 mai 1453. L’exposition se veut une découverte de la période médiévale de la culture grecque dans le Péloponnèse.
©R Laffineur
©R Laffineur
La maçonnerie des murs extérieurs fait toujours largement appel à la brique, même pour les éléments décoratifs, insérés entre les pierres suivant la technique dite du cloisonné. Elle inclut fréquemment des blocs de remploi, parfois sculptés ou inscrits, des spolia en provenance de bâtiments antiques des environs, dont la disposition est entièrement libre et produit des effets de patchwork souvent étonnants. A quelques exceptions près (…)- il s’agit d’architectures aux formes et à la décoration simples, aux dimensions modestes et à l’allure souvent campagnarde. (…) Cette sobriété et parfois cette rusticité s’harmonisent à merveille, il est vrai, avec la grandeur et l’austérité des paysages. Elles sont aussi plus expressives d’une spiritualité populaire et rurale qui persiste jusqu’à nos jours.
©R Laffineur
Autant la nudité externe des naoi est patente autant la décoration intérieure des édifices est plus généreuse, voire exubérante, avec des peintures couvrant toutes les surfaces murales (…) Le programme iconographique est dominé fréquemment, dans l’abside centrale, par la figure de la Théotokos, la Vierge mère de Dieu, et, sous la coupole centrale, par l’image du Pantocrator ou Christ en majesté, maître de toutes choses. Si elles obéissent foncièrement à des schémas et des canons imposés, ces représentations figurées des églises du Péloponnèse n’en expriment pas moins,(…) la sensibilité individuelle des artistes anonymes qui ont œuvré à l’expression d’une foi collective (…) Cette permanence des styles et cette fidélité à l’orthodoxie iconographique amèneront la poursuite des traditions décoratives byzantines pendant les siècles de la turcocratie, au même titre que l’étonnante persistance des formes de l’architecture religieuse jusqu’à aujourd’hui.
Aux yeux du Consul honoraire de la République hellénique à Liège pour la Wallonie cette exposition se veut un hommage à ces artistes anonymes et à cette pérennité de la culture grecque, un hommage à la Grèce éternelle, qui (…) a toujours su défendre les valeurs d’identité, de solidarité et de liberté, qui sont la marque des grandes nations.
©Trésor Huy
(1) NAOS – jusqu’au dimanche 27 septembre – Collégiale de Huy – du mardi au dimanche de 9h à 12h et de 13h à 18h –
Deux noms de dieux diffusés le même jour sur 2 continents, l’Amérique et l’Europe avec en invités, respectivement Jean-François Kahn et Jacques Vigne.
Il y a près de trente ans que Jacques Vigne, l’invité d’Edmond Blattchen à noms de dieux (1) a quitté la France. Ce psychiatre à l’âge de 30 ans est parti en Inde où il a suivi les enseignements de Swami Vijayananda, un disciple français de Ma Anandamayi, une des grandes figures spirituelles de l’hindouisme au 20ème siècle. Il y pratique la méditation et écrit des ouvrages tels Le Maître et le thérapeute et Le Mariage intérieur et la mystique du silence. Ses ouvrages publiés notamment chez Albin Michel ont un grand succès. En sorte que Jacques Vigne revient tous les deux ans en France et en Belgique. Il prononce des conférences et y anime des séminaires de méditation. Il facilite des passerelles entre les savoirs traditionnels de l’Orient et ceux, scientifiques, de l’ Occident.
Reçu à noms de dieux, il en a réécrit le titre nom de dieux et des déesses. Sa phrase est une citation de Confucius : Si on veut être heureux et rendre les autres heureux, on a besoin de deux qualités : l’attention et l’altruisme. Son pari est qu’un jour, les religions se fédèrent.
Le jour de la première diffusion de l’émission noms de dieux consacré à Jacques Vigne, à 23h00, sur un autre continent, l’Amérique, a lieu la rediffusion, à 10h30, sur CANAL SAVOIR de noms de dieux ayant en invité Jean-François Kahn. Les produits culturels de qualité de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont appréciés à l’extérieur et nous inscrivent sur la carte du monde (cfr Liège 28 du 3/8/2012). CANAL SAVOIR, une chaîne de TV formée par un consortium d’Universités et de Collèges du Québec, diffuse en 2015 au Canada et une partie des USA, des noms de dieux dont les invité(e)s sont Caroline Fourest, Thierry Janssen, Jacques Vergès, Fédérico Mayor, Michel Onfray, Henri Laborit, Clémentine Falk. Que du beau monde !
(1) Diffusion le samedi 28 mars 2015 sur « la deux » vers 23h00. Rediffusion sur « la deux » dans la boucle de nuit du mercredi 1er au jeudi 2 avril. Sans oublier, la possibilité de voir l’émission durant une semaine sur le Net, en cliquant sur www.ladeux.be/revoir
Le 28 février, à noms de dieux, Edmond Blattchen reçoit KARIMA BERGER.
Dans sa prochaine émission noms de dieux (1), Edmond Blattchen reçoit Karima Berger, présidente d’Écritures & Spiritualités. C’est le nouveau nom de l’Association des Écrivains croyants fondée en 1970 regroupant des auteur(e)s se réclamant d’une des trois religions monothéistes.
Dans son ouvrage Éclats d’islam : chroniques d’un itinéraire spirituel, Karima Berger écrit : Je suis arabe et française, orientale et occidentale, musulmane et laïque, femme et écrivain, et tant de choses encore qui ne se disent pas. Ces sources qui m’animent et inventent chaque jour, je veux encore et encore les faire travailler ensemble car c’est dans les méandres de leurs flux que je surprends parfois mon reflet, mes reflets.
Cette dualité de Karima Berger se retrouve dans les divers chapitres de noms de dieux dont elle est l’invitée. Le titre en arabe s’écrit Rabi El Alamine et en français Le Seigneur des mondes. Le chapitre image est un diptyque de la plasticienne libyenne Wafa Abouan signifiant la demande et l’octroi du pardon. Pour la phrase, Karima Berger a opté pour une, datant du VIIIème siècle, de la mystique musulmane Rabia al-Adawiyya , Ô mon Dieu ! Si je T’adore par crainte de l’enfer, brule-moi en enfer ; et si je T’adore dans l’espoir du paradis, exclus-moi du paradis ; mais si je T’adore pour Toi seul, ne me cache pas Ta beauté impérissable ! Quant au pari, il alterne entre espoir et peur. Cette émission noms de dieux se termine par une image surprenante.
Née à Tinès en Algérie, diplômée de l’Université d’Alger, Karima Berger vit en France depuis 1975 . Tous ses livres ont été édités en France, l’un – L’enfant des deux mondes – a été réédité, en français, à Alger aux Éditions El Ibriz. Aucun de ses livres n’a cependant connu une traduction en arabe.
Comme j’aimerais qu’ils soient traduits en arabe ! hélas ce n’est pas (encore) le cas, je l’espère un jour. pour l’instant au Maghreb et en particulier en Algérie déplore Karima Berger qui n’est la seule écrivaine algérienne à faire le même constat. Même Assia Djebar, membre de l’Académie française, n’a eu de son vivant aucune de ses œuvres traduites dans la langue de son pays natal. En janvier 2015, la ministre de la Culture, Nadia Labidi a déclaré : nous allons traduire les romans d’Assia Djebar.
Compte tenu des articles 2 et 3 de la Constitution stipulant L’Islam est la religion de l’Etat et L’Arabe est la langue nationale et officielle, le ministre des affaires religieuses, Mohamed Aïssa souhaite certainement que les ouvrages de Karima Berger le soient également. En effet, selon le quotidien El Watan, le ministre des affaires religieuses se présentant comme réformateur, M. Aïssa replace l’Algérie dans sa profondeur stratégique, la Méditerranée et la pensée philosophique qui vient de Cordoue, avec laquelle il veut renouer en posant sereinement les termes d’un débat sociétal.
(1) Diffusion le samedi 28 février 2015 sur « la deux » vers 22h45. Rediffusion dans la boucle de nuit sur « la deux » du 4 au 5 mars. Sans oublier, la possibilité de voir l’émission durant une semaine sur le Net, en cliquant sur www.ladeux.be/revoir
Blattchen reçoit dans noms de dieux du 31 janvier Lucien François, créateur du « jurème »
Diffusée ce samedi 31 janvier, l’émission noms de dieux a été enregistrée le mardi 2 décembre 2014 soit avant les événements de janvier. Plongés dans un actualité bouleversante, les propos tenus par l’invité d’Edmond Blattchen, Lucien François (1) n’en sont que davantage percutants.
Dès le titre qu’il écrit noms de dieux :noms de ?, au choix de l’image, une pièce monnaie du IIIème Reich avec la phrase Du bist nichts, dein volk ist alles (traduction : tu n’es rien, ton peuple est tout) ou la phrase il faut respecter les opinions de tous, Lucien François avec des mots simples dénonce les confusions et en appelle à la rigueur et à la responsabilité.
Né à Chênée, juriste, Lucien François enseigne, à l’ULg, le droit social, le droit pénal et l’évolution de la philosophie du droit à l’époque contemporaine. Magistrat, il siége au Conseil d’État et à la Cour constitutionnelle tout en conservant sa chaire de philosophie du droit. Dans une chronique parue en juin 1992 , le Journal des Tribunaux décrit ce cours où après avoir exposé scrupuleusement les idées de quelques grands penseurs, Lucien François joint les siennes, par souci d’honnêteté, pour que les étudiants soient au courant de ses préférences. Il les a consignées dans un volume relativement mince : « Le problème de la définition du droit » qui est et, heureusement, reste souvent dans les mains de tous les étudiants liégeois, même après qu’ils ont passé un examen redouté. Qui veut connaître Lucien François doit le lire …
Effectivement Lucien François a écrit mais pas à la-va-vite. Ainsi, il a consacré quinze ans à rédiger Le Cap des Tempêtes, essai de microscopie du droit (2). Considéré comme une œuvre de démystification du droit par le droit , cet ouvrage a enrichi la langue française d’un néologisme le jurème, qui se définit le plus petit élément spécifique du droit, sa particule élémentaire. Autre vertu du Cap des Tempêtes relevée par le professeur à l’École de droit de la Sorbonne, Pierre Mayer : , une œuvre d’une très grande qualité littéraire, où l’élégance du style, la rigueur de la pensée et un humour d’autant plus délectable qu’il ne se donne jamais pour tel se combinent harmonieusement.
Tout au long de ce noms de dieux, Lucien François se montre rationaliste rigoureux, agnostique sceptique, libre penseur pour qui le doute et l’esprit critique constituent les armes les plus sûres contre les dérives majeures qui menacent notre époque, et notamment le grégarisme et le fanatisme. Bref, tel son portait tracé par Edouard Delruelle : un perceur de masque qui dissout les fictions, démontre les artifices, afin d’atteindre le sous-sol des rapports de force véritables.
(1) Diffusion le samedi 31 janvier 2015 sur « la deux » vers 22h40. Rediffusion dans la boucle de nuit sur « la deux » du 3 février dès 01h40. Sans oublier, la possibilité de voir l’émission durant une semaine sur le Net, en cliquant sur www.ladeux.be/revoir
(2) Le cap des Tempêtes – Lucien François – Préface Pierre Mayer – Éditions Bruylant (Bruxelles) et LGDG (Paris) – 2ème édition – Paru en août 2012 – 334 pages – 58€