Crise sociale en Guyane : le journal local, France-Guyane, une tonalité différente de la presse hexagonale !

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     À 7 000 km de Paris, le département d’outre-mer de la Guyane connaît une crise sociale grave. La presse nationale et régionale française en rend compte, nos journaux en parlent. Mais pour se faire une religion, rien ne vaut mieux que de s’informer auprès du journal local France-Guyane (1). Les nouvelles technologies le permettent.

    L’image de la Guyane, en Europe occidentale a été, autrefois, les bagnes de Cayenne et, aujourd’hui, c’est Kourou et son centre spatial. La crise sociale grave nous offre une autre image. En feuilletant France-Guyane, l’accueil de la délégation interministérielle envoyé par Paris y est relaté. Cinq des 500 frères contre la délinquance dont Mickaël Mancée et Olivier Goudet président du collectif Tròp Violans – cagoulés – s’en viennent à la maison du préfet de Guyane dire au patron de la délégation, Jean-François Cordet nous voulons vous dire pourquoi nous ne voulons pas vous recevoir. Nous ne traiterons qu’avec un ministre. Ce face-à-face est sec et bref. Jean-François Cordet s’en explique à notre consœur Déborah Neuzi Nous sommes venus ici la main tendue, pour avoir un dialogue. On me demande une audience et je vois arriver des personnes qui ne montrent pas leur visages et profèrent quelque chose qui ressemblent à des menaces. C’est contre le sens de la République, qui veut un discours les yeux dans les yeux, avec la volonté de faire progresser les choses, ce que je n’ai pas ressenti ici.

     La veille, Ségolène Royal venue à Cayenne pour lancer l’Appel de la Guyane a vu les 500 frères contre la délinquance encagoulés s’inviter à la réunion de la Convention de Carthagène.  Les auteurs de cette intrusion la justifient : Pourquoi serait-ce à nous de ne pas mettre notre cagoule ? Les malfrats sévissent en cagoule et rien n’est fait. La cagoule, c’est notre emblème. Dès que nous serons en action, nous la mettrons. Nous voulons montrer les sentiments des victimes face aux agresseurs. Vendredi, lorsque nous sommes arrivés dans à l’auditorium de la CTG, il y a des gens qui ont eu peur, ils ont ressenti la douleur des victimes.  (…) Ceux qui n’ont jamais été séquestrés, ligotés, frappés, agressés pensent que cela ne peut arriver qu’aux autres. Ce sont aussi les premiers à critiquer la forme de nos actions. Nous sommes en état d’urgence en France, et les Guyanais ne sont pas protégés. C’est à l’État de nous protéger. Du coup, Ségolène Royal est rentrée à Paris bousculant son programme prévoyant l’inauguration à Saint-Georges du pont reliant la Guyane et le Brésil sur le fleuve Oyapock.

     La semaine du 20 au 26 est celle où il est, notamment, question des 500 frères. Quelle est l’origine du nom ? Réponse dans France-Guyane : Le nom des 500 Frères vient du film 300, de Zack Snyder, qui raconte la résistance de 300 soldats spartiates face à l’armée perse conduite par le roi Xerxès en personne. À Paris, la ministre des Outre-Mer, Êricka Bareigts, déclare ne se rendre en Guyane aussi longtemps qu’elle ne peut dialoguer avec les Guyanais les yeux dans les yeux.

     Le lundi 27 mars, grève générale  en Guyane. Paris s’attend à des incidents. France-Guyane titre, en deux couleurs, Ambiance solidaire. Dans le texte, il est écrit : un sentiment très fort d’appartenance et de solidarité se fait ressentir partout à Cayenne et ailleurs depuis de début du mouvement (…) la volonté d’avancer pour la Guyane est omniprésente. La bâtonnière Magali Robo-Cassildé déclare : les avocats sont prêts à apporter leur expertise pour ce qui est accordé et réalisé. Nous allons aider le collectif dans la compréhension juridique des protocoles avant les signatures. Il n’est pas question que l’on fasse avaler des couleuvres aux Guyanais après ce coup de force historique

     Paris annonce que d’ici la fin de la semaine, la ministre des Outre-Mer accompagné d’autres membres du gouvernement se rend en Guyane.

     France-Guyane relate minutieusement la première rencontre entre les deux ministres venus de Paris et les représentants des divers collectifs, des élus et la presse guyanaise, nul n’est encagoulé à l’intérieur de la Préfecture où les discussions ont lieu les yeux dans les yeux Extraits du journal local ; 11h30 : Les membres des collectifs qui ont quitté la réunion sont toujours devant la préfecture. Ils annoncent que si les médias ne sont toujours pas autorisés à assister aux débats dans la demi-heure, ils ouvriront les barrages pour permettre à la population de venir manifester devant la préfecture. (…) Après 45 minutes d’attente, Matthias Fekl et Ericka Bareigts arrivent enfin. Ils prennent tour à tour la parole mais le fond des discours est identique : les négociations ne peuvent se faire en présence des journalistes. « Aucune réunion ne s’est jamais tenue de cette manière, y compris en Guyane », insiste le ministre de l’Intérieur. (…) Les 500 Frères exigent aussi de la ministre des Outre-mer qu’elle présente des excuses aux Guyanais pour leur avoir manqué de respect. Après un discours d’introduction dans lequel elle rappelle l’urgence de trouver des solutions concrètes, Ericka Bareigts répond qu’elle ne s’excusera pas. Selon elle, il y a eu des « incompréhensions » 16 heures trente les représentants du collectif reviennent sur le balcon cette fois-ci accompagnés de la ministre des Outre-mer, Éricka Bareigts. Coup de théâtre. La ministre présente ses excuses en personne devant le peuple guyanais. Davy Rimane précisera, plus tard, qu’elle s’est excusée pour son comportement dans les médias nationaux. La foule crie de joie au moment des excuses de la ministre. La ministre dit également espérer que le débat sur l’égalité réelle se concrétise.

     Ce jeudi 6 avril, France-Guyane constate que l’intérêt médiatique s’estompe. Le journal local écrit Au lendemain de l’annonce de l’adoption du plan d’urgence pour la Guyane par le gouvernement, les quotidiens nationaux ont majoritairement relégué l’actualité du département en brève. Seuls Le Monde et L’Humanité continuent ce matin de proposer une large couverture au mouvement. Pourtant dans ce département à 7 000 km de Paris, la population demeure solidaire avec ses élus, ses collectifs. Le mouvement se durcit.

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Dix concitoyennes et concitoyens recoivent le titre de Citoyenne et Citoyen d’honneur de la Ville de Liège.

      

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         Al bone franquète al Violète, cinq mots pour résumer l’ambiance régnant en la salle des pas perdus de l’Hôtel de Ville à l’occasion de la remise de la distinction Citoyenne et Citoyen d’honneur de la Ville de Liège. La barre des cent récipiendaires a été franchie depuis la date – 2009 – à laquelle cette nouvelle appellation vu le jour. Auparavant, le Collège décernait la médaille de reconnaissance de la Ville de Liège à celles et à ceux qui – comme les Citoye(ne)s d’honneur aujourd’hui – ont contribué, amplifié ou redynamisé la réputation de la cité ardente, à la force de leur talent et de leur travail. Aujourd’hui le site officiel de Liège place dans la même rubrique Les citoyens d’honneur celles ou ceux d’avant ou d’après 2009. Parmi ceux-ci, David Goffin (2012),  Nafissatou Thiam Charline, Van Snick (2013). Innovation cette année dans l’attribution de ces récompenses, cette cérémonie de distinction sera désormais paritaire homme-femme. Le bourgmestre Willy Demeyer de mentionner, sans les hiérarchiser, les mérites des divers(e)s récipiendaires de la promotion 2016.  

        Une promotion qui fait la part belle aux consœur et confrères. Trois journalistes – Mamine Pirotte, Charles Ledent et Edmond Blattchen – reçoivent le titre de Citoyen(ne)s d’honneur. Jusqu’à présent, une seule journaliste Hadja Lahbib a été sacrée citoyenne d’honneur en 2011 tandis qu’en 2002 Jean-Marie Peterken a reçu la médaille de reconnaissance de la Ville de Liège. 

        Le bourgmestre de déclarer : Femme de caractère, femme jusqu’au bout des ongles et des convictions, Mamine Pirotte incarne une part de la renommée médiatique de Liège. L’édile qui souhaite voir débarquer dans sa ville Dimitri Boizot pour y mener une enquête racontée par Patrick Philippart, nom de romancier de Charles Ledent, constate que l’obstination et la passion sont les 2 qualités qui ont permis à Charles Ledent d’écrire plus d’une dizaine de romans en 15 ans tandis que les vertus d’Edmond Blattchen sont : Expliquer, décoder, transmettre, le monde et ses enjeux, représentent pour lui, une mission qui va bien au-delà de la mission de service public, c’est une œuvre personnelle. Pour ce faire, il a toujours préparé ses émissions avec minutie, curiosité et exhaustivité et cela va sans dire, probablement une certaine dose d’angoisse.

        Les sept autres récipiendaires ont eu droit également à une présentation maïorale personnalisée. À l’octogénaire Annie Massay qui s’initie dès son adolescence à l’athéisme, au socialisme et au féminisme. Trois valeurs qui marqueront profondément sa future carrière le bourgmestre évoque les luttes syndicales dont la grève des femmes de la FN en 1966 auxquelles elle a participé.

        Au quintuple papa – il contribue à lui seul à accroître la population liégeoiseGaëtan Servais qui avec Fabrice Lamproye a lancé Les Ardentes en 2006, Willy Demeyer souligne que celles-ci ont amené, de manière cumulative près de 700.000 personnes à Coronmeuse (…) situer Liège surla carte des festivals d’été. C’est aujourd’hui chose faite ! Pour les jeunes liégeoises et les jeunes liégeois, nés après  1990,  on  peut  même  parler  de  « génération Ardentes ».

        Ancienne élève du Lycée Léonie de Waha, Caroline Pholien exerce en tant qu’indépendante les métiers de peintre en décor du patrimoine et de doreur. Le maïeur cite quelques restaurations pour illustrer le talent de cette liégeoise : le Grand Foyer de l’Opéra Royal de Wallonie, les dorures du Palais du Gouverneur de Liège ou encore la restauration au Château de Versailles (dorures de la salle à manger de chasse et de l’antichambre des chiens) sans oublier que femme passionnée et passionnante, en 2011, elle ouvre une galerie d’arts « la Galerie Isabeau » où elle présente ses créations contemporaines.

        Chantal Van Laer est la troisième génération à la tête d’un magasin bien connu de nombre de Liégeois puisqu’il existe depuis 93 ans ! Installée au cœur du quartier d’Outremeuse depuis 1923, la Maison Van Laer, fut tout d’abord, sous l’égide de Florence, une confiserie. Avant que son mari, Henri Van Laer, n’y ajoute aussi du vin. Rapidement, l’enseigne s’est spécialisée dans le vin. Son fils José y ajoute une expertise du rhum et du whisky tandis que sa fille Chantal Van Laer va peu à peu, apprendre et partager la passion familiale avec cet objectif, retrouver le meilleur du terroir, la finesse des tanins.(…) Sa passion, elle la partage aujourd’hui avec ses clients au travers notamment des dégustations tant de vin que d’alcool. Goûter et conseiller avec la convivialité liégeoise représentent une belle manière de convaincre ceux-ci d’étoffer leur cave.

        Spécialiste du droit du travail, l’avocat Jean-Paul Lacomble est à la tête du Royal Football Club Liégeois – matricule 4 créé en 1892 – en 5 ans à peine, avec d’autres administrateurs liégeois autour de lui, Jean-Paul a réussi à assurer la viabilité financière du Club, accroître le nombre de ses spectateurs, recréer un esprit « Rouge et Bleu », progresser d’un échelon au niveau sportif et faire revenir, après 20 ans d’attente, le RFCL à Rocourt. Excusez du peu ! En un mot, le club a retrouvé sa crédibilité et ses racines. Et Jean-Paul Lacomble a voulu donner un sens à cet investissement dans le foot en assignant au club un projet social qui a pour objectif, au-delà de former des footballeurs, de « fabriquer » des citoyens. Cet engagement se matérialise notamment par la création d’une école de devoirs.

        Gaëtane Leroy est une amoureuse du cœur historique de Liège et ce, depuis ses études en Histoire de l’art à l’Université de Liège. (…) Cet embellissement de l’ancienne imprimerie Bassompierre, active au 18eme siècle, a été effectué avec respect afin de conserver l’âme du lieu. (…) Outre le caractère liégeois du bâtiment qui a été conservé, sa gérante propose des produits issus de la production et des commerces locaux ainsi que des séjours thématiques en collaboration avec ses nombreux voisins. Lorsqu’ils font le choix de séjourner dans cet hôtel, les touristes reçoivent ainsi un accueil personnalisé et effectuent une escale au plus près du cœur de la Ville.

           En 1992, Guy Stockis a repris l’établissement créé quai sur Meuse par Julien Lequet. Y manger son premier boulet constitue une sorte de rituel de passage incontournable pour le néo-liégeois. Un rite savamment perpétué par les principautaires, un sourire de connivence aux lèvres, avec un plaisir encore accru si l’initié du jour ne présage rien de l’accueil à la liégeoise… Car le lieu doit beaucoup à la personnalité de son patron. Cabochard, grande gueule, il met autant de générosité dans ses apostrophes que dans sa cuisine. Bref, en prélude aux festivités mariales du 15 août, une sympathique cérémonie al bone franquète al Violète

la photo, premier rang, de gauche à droite : Guy Stockis, Chantal Van Laer, Jean-Paul Lacomble, Mamine Pirotte, Gaëtan Servais,      deuxième rang, de gauche à droite : Edmond Blattchen, Annie Massay, Caroline Pholien, Gaëtane Leroy, Charles Ledent.

 

« SI J’AVAIS SU … » ou les confidences de Sandra Kim !

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        Il y trente ans, le 3 mai, Sandra Kim (13 ans) remporte l’Eurovision par 176 points devançant le second de 46 points. Ce n’était ni une petite victoire ni une réussite à l’arraché. C’était une victoire écrasante. Et j’allais devoir assurer (…) J’étais devenue Sandra Kim, porteuse de l’étendard belge. Ceci s’est passé à Bergen. en Norvège et non à Mons comme l’a cru un instant le premier ministre Wilfried Maertens recevant l’unique lauréate belge de ce concours international créé en 1956.

        Interprétant  à l’Eurovision  J’aime la vie, Sandra Caldarone, petite fille d’émigrés italiens du bassin sidérurgique de Liège, dans un livre Si j’avais su … (1) confie qu’au moment où les points s’accumulent et que la victoire se dessine, je n’ai vraiment pas bien vécu cet instant, je l’ai subi. C’est terrible de dire ça.  

        À l’âge de huit ans et demi, son parrain Joseph l’inscrit à La Voix de l’Avenir dans la salle du Capri, à Montegnée. Ce sont là ses débuts. Par deux fois, Sandra Caldarone est la Voix de l’Avenir, ensuite ce sont des soirées italiennes. Puis elle participe avec son band Mattino au Festival de la Chanson italienne. Un membre du jury, parolier de Frédéric François, trouve que le groupe surtout la petite chanteuse a du potentiel. Il en devient le producteur et inscrit, en 1985, Sandra à l’Ambrogino d’Oro diffusé sur la RAI. À Milan, Sandra est classée quatrième devant des dizaines de candidat(e)s parmi lesquels Vanessa Paradis. (…) On s’est côtoyées. Elle était timide.  

        Le producteur est ambitieux. Il demandera à mes musiciens de composer une chanson pour le prochain Eurovision. Il voulait un thème joyeux avec un texte optimiste. Il l’écrira lui-même. Qu’y a-t-il de plus gai que J’aime la vie ?(…) Il  y croyait à fond. La suite va lui donner raison. Première étape, être choisi par le public de la RTBF parmi les onze présélectionnés. Le directeur de la TV, Georges Konen annonce le résultat : La jeunesse l’a emporté !

        Le producteur, avant l’Eurovision, fait signer un contrat d’exclusivité. Il jouit de la confiance de la famille Caldarone. Ma famille est estimable. ( …) Leur principale qualité, c’est d’être droit, et d’accorder le même crédit d’honnêteté à tout le monde. Ils signent un contrat de type léonin d’une durée de sept ans excluant, notamment, tout droit pour l’interprétation. Un réel coup de poignard dans les conventions internationales sur le droit légitime d’interprétation ! Sandra Kim ne perçoit rien pour J’aime la vie qui s’est vendu à 360 000 disques en Belgique et à plus d’un million dans le monde. Sandra Kim ne perçoit rien pour les disques ultérieurs qu’elle enregistre ! Mes parents se sont tus. Moi aussi. Si j’avais su …

        Davantage qu’une biographie, le livre écrit à quatre mains par Sandra Kim et Claude Rappé est, à la fois, une thérapie et une descente dans le monde du show-business avec un producteur imposant ses goûts, refusant le dialogue. Mon image, il la façonnait. J’étais sa chose, son produit. (…) J’étais une voix et la tirelire où devait rentrer l’argent. Un monde impitoyable. Le monde du show-business est truffé de cas similaires. C’est un quart-monde où l’argent facile de quelques instants, la célébrité portée par toutes sortes de gens, l’amour de la chanson (…) peuvent aveugler un artiste et son entourage.

        Si la victoire de Sandra Kim en 1986 est accueillie avec joie à la RTBF, on sait aussi les devoirs que cette victoire entraine en 1987. Organiser le concours Eurovision n’est pas une sinécure d’autant que le ministre-président de l’Exécutif de la Communauté française – ce sont les termes de l’époque – a déposé à propos de la RTBF un projet de décret auquel son nom, espère-t-il, restera attaché. Organiser le concours Eurovision est dispendieux, les ressources de la RTBF sont limitées et le ministre-président entend encore les restreindre.

        En coulisse, ça discute ferme, les parlementaires avec leurs casquettes communautaires visitent le chantier Eurovision au Heysel. Ils sont convaincus que sans le recours à quatre sponsors – une première dans l’histoire du concours – il eut été impossible de conférer tout le rayonnement exigé par la manifestation. Avec sa chanson Hold me now, Johnny Logan remporte l’Eurovision 87. Contrairement à la tradition, Sandra Kim n’a pas l’occasion de chanter au Heysel J’aime la vie. Elle le regrette dans son livre Si j’avais su …

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(1) Si j’avais su … – Sandra Kim – Entretien avec Claude Rappé – Éditions La Boîte à Pandore – 217 pages – Prix TTC : 14,90 € – Date de parution Belgique : 20/04/2016

 

Trente-cinq ans déjà ! trois regards sur une métamorphose … BLEGNY-MINE

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        En octobre 1976, lors de la séance de rentrée du Conseil Provincial, le Gouverneur de la Province de Liège Gilbert Mottard exhorte les Liégeois(e)s à conserver un témoin majeur de l’activité charbonnière. Une industrie qui a pris racine –si on ose ce mot – chez nous dans tous les sens du terme dès le 11ème -12ème siècle. Lors de la découverte du charbon de terre, celui-ci est appelé houille, un mot qui vient du wallon hoye. Jean d’Outremeuse attribue la découverte de charbon de terre au forgeron de Plainevaux, Hullos. Les maîtres charbonniers et leurs ouvriers sont connus. La dynastie des Planchar a régné des siècles à Montegnée. Il y a eu l’Édit d’Ernest de Bavière sur les areines. Il y a eu la loi Mirabeau. Le bassin minier de Liège tout comme sa prestigieuse École des Mines est réputé à l’international. La bataille du charbon est gagnée chez nous. Puis à partir des années 60, au 20ème siècle le déclin de nos charbonnages commence.

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        L’appel du gouverneur Mottard est entendu. Deux projets sont en lice : Cheratte et Trembleur à Blegny. Il appartient au Ministre de la Culture, Jean-Maurice Dehousse, de trancher. Dehousse descend dans le fond de chaque charbonnage et décide de retenir le projet de Trembleur. Ce choix a été opéré fin 1978, seize mois avant la fermeture du site, ce qui a permis d’intégrer son réaménagement dans les travaux liés à la fermeture et d’éviter la vandalisation des infrastructures a rappelé le Président de Blegny-Mine, Abel Desmit, lors de l’inauguration de l’exposition de photos Trente-cinq ans déjà ! trois regards sur une métamorphose  (1).

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        La mine de Trembleur a été la dernière mine de la province de Liège à être fermée, le lundi 31 mars 1980. En juillet de la même année, le dimanche 6, dans le cadre des 150 ans de l’indépendance de la Belgique, le Roi Baudouin a inauguré le site de Blegny-Mine. Un des pionniers d’une discipline encore naissante, l’archéologie industrielle, et être le premier charbonnage du continent européen à s’ouvrir à la visite touristique via le puits d’origine.

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        En juillet 2012, Blegny-Mine a été inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce titre prestigieux a également été attribué aux sites miniers majeurs de Wallonie , Le Bois du Cazier, Bois-du-Luc et Grand-Hornu.

        L’exposition Trente-cinq ans déjà ! trois regards sur une métamorphose  est en quelque sorte une ode à la mine et aux hommes, femmes et enfants qui, durant huit siècles, ont consacré leur vie à l’exploitation des entrailles de la terre liégeoise. Des photos d’art, d’amour, de tendresse réalisées par trois photographes qui ont des attaches avec la mine. Alfred Janssen-Reul est un ancien mineur qui a arraché la houille au charbonnage du Trembleur. Paul Donnay est un des fondateurs de la Confrèrie des Maîsses Houyeûs dè Payis d’Lîdje et Théo Bellefroid, passionné de mines dès son enfance à Saint-Nicolas a légué à Blégny-Mine, sa très belle et riche collection de photos. Fait exceptionnel de cette exposition, pratiquement chaque visage de mineur porte un nom. En effet, le Gouverneur honoraire de Liège, Paul Bolland a mis son œil de lynx pour identifier des têtes qu’il a jadis bien connues !

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(1)   Trente-cinq ans déjà ! trois regards sur une métamorphose  – salles d’exposition de Blegny-Mine – Rue Lambert Marlet  23 Blegny – jusqu’au 31 août 2015 – 13h à 18h – Infos :  32 (0)4 387 43 33 www.blegnymine.be

RIO HAUTE COUTURE DU DESSIN AU DÉFILÉ, une expo au CTLM à Verviers.

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        Dans les pays d’Europe et d’Amérique de tradition chrétienne se célèbre le Carnaval, héritage en quelque sorte des saturnales romaines. Les festivités du Carnaval différent de régions et régions. Le plus populaire au monde – deux milliards de téléspectateurs – est celui de Rio de Janeiro qui attire des centaines de milliers de spectateurs.

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         Le Centre touristique de la Laine et de la Monde (CTLM) de Verviers a confié à Alain Taillard le soin de présenter les coulisses de ce Carnaval sous le titre RIO, haute couture, du dessin au défilé (1). Tombé en amour du Carnaval de Rio, Alain Taillard est, fait rare pour un Européen, devenu, depuis 2008, un des  destaques, personnages costumés, au sommet de l’un des chars de l’Escola de Samba de Mangueira.

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        Ces écoles – rien à voir avec celles de Jules Ferry ou Joëlle Milquet – sont des modèles sociaux où l’on s’amuse, chante, danse en vue du Carnaval. Celui de Rio est une compétition avec ses règles et ses classements. Ne sont admis à défiler, 62 à 85 minutes, sur l’Avenida Marquês de Sapucaí où, en 1984, l’architecte Oscar Niemeyer a édifié la Passarela do Samba (le Sambodrome)  que les meilleures écoles de la ville (plus de 12 millions d’habitants).

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         L’Escola de Samba de Mangueira et Escola de Samba Portela ont le record des titres de championnes du Carnaval, titre accordé par  les trente sis jurés de la LIESA (Liga Independente das Escolas de Samba do Rio de Janeiro) selon neuf critères tels les percussionnistes, la qualité de la samba, l’évolution du défilé, le thème, les costumes, la chorégraphie, la porte-drapeau.

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         Le Carnaval de Rio est une compétition et l’on s’y prépare sous la direction du carnavalesco qui choisit le thème, la musique, les personnes-clés. On crée, on taille, le tout dans le plus grand secret. Comme l’a souligné Michèle Corin, directrice du CTLM, à l’inauguration . la semaine du carnaval, ce sont aussi quelques jours durant lesquels chacun, riche ou exclu de la croissance, se plonge à corps perdu dans une fête qui suspend un temps les différences sociales et contribue à résoudre certains conflits sociaux. Tout au long de l’expo, l’équipe du CTLM a prévu une série d’animations qui vont notamment  de la soirée brésilienne à la création de costumes carnavalesques par les écoles et associations verviétoises.

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(1)   RIO, haute couture, du dessin au défilé Centre Touristique de la Laine et de la Mode (CTLM), rue de la Chapelle, 30 à 4800 Verviers  – du mardi au dimanche de 10h à 17h. jusqu’au 22 mai – Renseignements : 087 30 79 20 – www.aqualaine.be

       
 

 

 

Les jeunes potentiellement lésés par un loi entrant en vigueur le 1er octobre.

        Soucieux de mettre en conformité la législation belge avec la Convention n°189 de l’Organisation internationale du Travail sur le travail domestique, le Gouvernement Di Rupo a décidé qu’à partir du 1er octobre 2014,  tout citoyen qui recourt aux services d’une personne pour effectuer des travaux ménagers d’ordre manuel (lessiver, repasser, nettoyer, jardiner, …), est dorénavant considéré comme un employeur et cela indépendamment de la durée des prestations. D’un coup de sa baguette magique, Di Rupo accroît le nombre  de petits patrons dans le Royaume et assure – ce qui est un bien – une protection sociale aux gens de maison.

        Seule exception – à la condition de ne pas dépasser 8 heures/semaine – les activités occasionnelles de nature non-manuelles et non professionnelles. Rentre notamment dans cette catégorie, le baby-sitting. La limitation de durée par semaine risque de gêner les jeunes. Ceux-ci n’ont guère d’autres choix que le baby-sitting pour acquérir de quoi payer leurs études ou leurs voyages de formation. Une autre solution en vue de respecter la durée maximale de 8 heures est d’augmenter les tarifs. Mais cette solution ne fait point l’affaire des ménages ayant des enfants et dont les revenus sont modestes!

Un silence monacal brisé par un cygne … et deux pompiers morts.

       Le vendredi mai 9 à 6h29 PM  (en vieux français le 9 mai à 18 heures 29), nous avons reçu  un communiqué de presse relatif au Conflit des pompiers : Willy Demeyer fait des propositions. Fort aimablement, il est précisé : Merci de bien vouloir répercuter cette information dans vos médias. Ainsi est fait.

  Dans la perspective de la manifestation que j’ai autorisée ce samedi, Willy Demeyr (sic) s’exprimer quant à la situation vécue par le service public d’incendie depuis plusieurs mois.

Tout d’abord, il tient à préciser avec force tout l’attachement que la Ville de Liège porte à son service public des pompiers. En Belgique, c’est la ville de Liège qui paie le plus par habitant pour ses pompiers : 110 € / habitant / an. Les communes de l’Intercommunale contribuent elles aussi plus que la moyenne nationale qui est de 40€ / habitant / an.

Les centaines de milliers d’habitants desservis par la zone sont donc en droit de bénéficier d’un service d’incendie qui fonctionne de manière optimale.

Conscient qu’il faut aujourd’hui revenir au calme et trouver des solutions permettant l’issue du conflit, Willy Demeyer affirme : – qu’il est disponible pour rétablir, avec les parties, le climat de confiance, indispensable à toute reprise d’un dialogue constructif. – qu’il est disposé à mettre sur la table, avec l’ensemble des intervenants, l’évolution de la structure d’organisation du service des pompiers si celle-ci n’apparaît plus optimale, pour autant que le caractère public de la gestion soit préservé.

Ce communiqué montre une évolution de l’attitude mayorale. Le vendredi 2 mai. par communiqué il est dit   : le Bourgmestre ne s’exprimera plus à cet égard d’ici la prochaine réunion du Conseil communal, le 2 juin. Ce silence monacal se justifie face aux réactions suscitées par l’ordonnance de police prise le 30 avril interdisant aux pompiers – en grève administrative – de manifester en ville le jeudi 1er mai entre 00h01 et 23h59, même en tenue bourgeoise.

Une seule lettre les différencie et pourtant un monde les sépare. Solidaire ou solitaire ?

       Tout à l’ego semble être la devise de 2014. Pour ne prendre qu’un exemple, Yahoo  a modifié son ergonomie. Les courriels n’atterrissent plus dans notre boîte de réception à notre nom – un nom de poète de l’avis de Jenny, la patronne du Limousin, un beau souvenir de jeunesse. Désormais, tous les courriels  sont  adressés  À moi !

Verviers : quand Freddy Joris rencontre sa concitoyenne Marie Mineur.

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Freddy Joris, officier du Mérite wallon (2012)

        En novembre 2010, lors de l’Assemblée des Femmes de Wallonie, la féministe Jeanne Vercheval (1) brosse à larges traits l’histoire du féminisme en Belgique. L’histoire commence avec celle du Royaume. Dès 1832, Zoé de Gamond  prône l’émancipation de la femme par l’éducation. Elle crée une école en 1839. Sa fille Isabelle Gatti de Gamond lance en 1864, une école secondaire laïque pour filles. Un exemple suivi, en 1868, à Liège, par Léonie de Waha.

       Au 20ème siècle, le féminisme connaît dans les années 68-70,  une radicalisation nouvelle. Déjà, en 1966, les femmes-machines de la FN ont fait grève durant trois mois sur le thème À travail égal, salaire égal. À Anvers et en Hollande, les Dolle Minas dont l’appellation vient du surnom d’une militante ouvrière, Wilhelmina Drucker (née à Amsterdam le 30 septembre1843 – y décédée le 5 décembre  1925). luttent contre toute discrimination dont la femme est victime. Notre consœur Jacqueline Saroléa leur consacre un reportage radio dans le magazine F produit par le Centre RTB-Liège. Cela fait tilt chez Jeanne Vercheval qui, en liaison avec les Dolle Minas, fonde un groupe similaire à La Louvière. Les Dolle Minas nous avaient déjà trouvé un nom, Marie Mineur. C’est celui d’une ouvrière qui a fait partie de la Première Internationale.

       Mais qui est cette Marie Mineur ? La réponse est venue de l’Administrateur général de l’Institut du Patrimoine wallon, Freddy Joris, un Verviétois, historien et féministe. Marie Mineur, Marie rebelle (2) est le treizième ouvrage à son nom, lauréat du Prix Prince Alexandre de Belgique. Dédié à Jeanne Vercheval, ce livre raconte l’histoire d’une pionnière féministe en milieu ouvrier au XIXe siècle. Marie Mineur écrit Freddy Joris c’est une indignée dont le destin n’est désormais plus énigmatique, une pionnière du féminisme et de la laïcité durant trois décennies, une rebelle trop longtemps méconnue et pourtant héroïque dans ses engagements précurseurs.

       Le 19ème siècle est un âge d’or pour Verviers. Dès 1801, William Cockerill – le papa de John – y construit les premières machines mécaniques dans le textile. La richesse s’y affiche, petits châteaux d’industriels sur les grands boulevards ombragés au sud de la ville. Verviers compte trois gares dont l’une créée en 1843 comporte dix-sept voies. En 1884, un réseau de tramways sillonne la cité lainière. En 1894, le Verviétois Gérard Dasse est le premier constructeur d’automobiles en Belgique. Coté gastronomie, la tarte au riz, en dépit de la tradition qui la fait remonter au 17ème siècle, subit la concurrence du chocolat et du pain d’épices, spécialités de vingt-trois fabricants !

       C’est dans cette ville que naît, le 30 septembre 1831, Marie Mineur, fille de Pierre François et de Marie Rogister. Le papa de Marie Mineur meurt alors que la fillette a un peu plus de cinq ans. À huit ans, Marie entre à l’usine dont les portes s’ouvrent un peu avant cinq heures du matin. La première législation sociale belge date de … 1889. Elle règlemente le travail des femmes, des enfants et des adolescents. Le gouvernement unioniste présidé par le libéral Jean-Baptiste Nothomb a créé une Commission d’enquête sur le travail des femmes et des enfants en … 1843.

       Marie Mineur a été élevée dans la foi catholique. Mais, en 1876, lors de l’enterrement civil de sa maman, elle déclare : Après 50 ans de pénible labeur, tu as dû te réfugier dans une mansarde au quatrième étage, et accepter les secours du Bureau de bienfaisance, que l’homme en noir ne rougissait pas de te donner. Tu l’as reçu jusqu’au jour où ta fille a respiré l’ère nouvelle, l’ère de la justice et de la vérité ; c’est alors que ta fille a su te faire comprendre que ce n’était pas en priant que le pain vient sur la table, mais que c’était en priant qu’on nous tenait dans l’obscurité, que c’est en s’associant que l’on peut s’aider et se soulager.

       Marie Mineur a été de tous les combats. Pour les retracer, Freddy Joris a consulté bien des archives notamment les archives de la police y  compris celles de la Préfecture de police de Paris. Il a découvert sans pouvoir l’identifier qu’une taupe – qui signait N°1 – a suivi attentivement les diverses activités progressistes verviétoises. Au point qu’en 1878, un collaborateur de la Préfecture de police de Paris annote un rapport ce correspondant est, et depuis longtemps ; très au courant des agissements de l’internationale et des socialistes.

       Marie Mineur en 1888 avec l’aide de quelques militants rationalistes organise les premières Fêtes de la Jeunesse. Loin d’être un ouvrage hagiographique, Freddy Joris dépeint avec précision le climat social dans lequel a évolué Marie Mineur. Lorsque celle-ci meurt le 18 mai 1923, elle qui a tant donné au mouvement féministe et laïc, est enterré civilement, le 20 mai, dans l’indifférence.

       En annexe, Freddy Joris publie des écrits de Marie Mineur parus, entre 1872 et 1879, dans Le Mirabeau, l’organe des Francs Ouvriers, la section verviétoise de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT), autrement dit  la Première Internationale.

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(1)     Les femmes dans l’histoire de Belgique, depuis 1830 – Auteure Suzanne Van Rokeghem – Coordination Jeanne Vercheval et Jacqueline Aubenas –  Éditions Luc Pire – 2006 – 303 pages.

(2)     Marie Mineur Marie rebelle Auteur Freddy Joris – Éditions Avant-Propos – 2013 – 187 pages – 18 €