« Private views » à La Boverie? A voir évidemment !

Sous l’appellation de Private Views ou Collections privées d’art contemporain, Liège, deux cent quarante-huit œuvres en provenance de vingt et un collectionneurs liégeois dialoguant avec six trésors du Musée des Beaux-Arts sont exposées à La Boverie jusqu’au 13 août. Des artistes liégeois, Jacques Charlier, Jean-Pierre Ransonnet, Jacques Lizène, Léon Wuidar, Alain De Clercq, Selçuk Mutlu et d’autres se mêlent notamment avec Sol LeWitt, Daniel Buren, Omar-Victor Diop, Tadashi Kawamata, Chéry Samba, Moffat Takadiwa.

Collection de particuliers ou d’entreprises, chacune a son histoire. L’architecte Vandenhove intégrant dans ses réalisations des œuvres d’art a eu rapport particulier avec les artistes. Le collectionneur Leonardi l’est car  le travail des artistes l’interpelle. La première œuvre du collectionneur Henrion a été un tableau de Bouli Lanners bien avant sa carrière cinématographique. Quant à la collection de Cititizen D, c’est l’histoire d’un Liégeois émigré en Turquie où il a fait fortune revenant régulièrement au Pays de Liège enrichir ses collections d’artistes locaux.

Le commissariat de l’exposition a été confié à Yves Randaxhe, directeur pendant plus de vingt ans de la collection d’art contemporain de la Banque nationale. En compagnie d’un autre historien de l’art Thibault Wauthion, auteur d’une brève histoire artistique de Liège (1945-2022), Yves Randaxhe a réalisé le catalogue de Private Views dans lequel il évoque notamment les portraits de collectionneurs portraits de collections. Ce catalogue est bilingue – français anglais -, de quoi satisfaire la clientèle internationale venue, selon le titre de La Libre, découvrir comme un vrai musée d’art contemporain à Liège.

Le retour à Liège de Georges SIMENON.

En 1973, le professeur de Philologie et de Littérature française Maurice Piron a entrepris en quelque sorte le retour à Liège de Georges Simenon. Un retour qui passe par des cours à l’Université dont la vedette est l’enfant d’Outremeuse au cursus scolaire arrêté à l’aube de ses seize ans. Entre les deux hommes dont l’un a mis un terme l’année précédente à sa carrière de romancier, s’établissent des contacts exclusivement épistolaires d’où est née une profonde et sincère amitié. Au point qu’en 1976, Georges Simenon fait don à l’Université de Liège de l’ensemble de ses archives. À l’époque, c’est ce qu’on nomme le Centre d’Études Georges Simenon.

En 1986, pour les dix ans du Centre d’Études Georges Simenon a lieu un Festival Simenon et un Festival Polar (un terme qu’abhorre l’écrivain). En outre, le Ministère de la Communauté française de Belgique, la RTBF, la section belge de l’UIJPLF et l’Échevinat de la Culture de la Ville de Liège organisent un concours international intitulé Simenon d’après Simenon doté d’un quart de million de francs pour le premier prix.

Avant d’écrire un roman, Simenon en fixe le plan, à savoir lieux et personnages, sur une enveloppe jaune. Victor devait être le cent nonante quatrième roman signé Georges Simenon. Ce roman n’a jamais été écrit. C’est mon dernier plan et, le lendemain je décidai de prendre ma retraite. À partir de cette enveloppe jaune, les candidats doivent écrire en français soit un roman, soit une nouvelle. Beaucoup d’écrivains ont débuté par des contes et des nouvelles. Je vous signale cependant, ayant passé par cette école, que la nouvelle est un des genres littéraires les plus difficiles sinon le plus difficile. Je ne doute pas que ce concours révèle de nouveau talent. Le lauréat a été un jeune auteur bruxellois, Patrick Delperdange qui s’entend dire par Simenon félicitations vous avez réussi ce que je n’ai pu faire lors de l’émission Café liégeois d’Edmond Blattchen. À ce jour, le lauréat du Prix Simenon a déjà publié trente-six romans. La prédiction simenonienne est avérée !

En 2003, le centième anniversaire de la naissance de Georges Simenon a été célébré superbement à Liège d’autant que John Simenon, deuxième des quatre enfants de l’écrivain, s’est associé à la Ville et à l’Université tout comme il l’est en 2023 pour le printemps Simenon. Un printemps prolongé jusqu’à la fin de l’été par l’exposition au Curtius de cent cinquante photos illustrant les reportages de Simenon réalisés de 1931 à 1935. Un printemps Simenon se déroulant à Liège où le romancier a passé près d’un quart de sa vie. Je suis toujours surpris de voir avec quel sympathie les Liégeois se souviennent du petit garçon que j’ai été et qu’au fond je suis resté malgré mon âge.

La B.A. de Liège ; l’Échevinat du BÊA !

Naguère, à Liège, les matières relatives aux animaux se partageaient entre Bourgmestre et Échevins en fonction de leurs compétences. Depuis le 3 décembre 2018, date d’entrée du nouveau Conseil communal, le Bien-Être Animal – acronyme BÊA – se voit confié à un Échevinat dont Christine Defraigne (MR) est titulaire. Pour elle : Le Bien-Être animal est une valeur fondamentale de notre société qui symbolise le vivre ensemble, le respect et l’harmonie. Aujourd’hui, le Bien-Être animal est une compétence à part entière et mérite que les politiques s’y intéressent et instaurent des mesures visant à lutter contre la maltraitance et la négligence des animaux. Ils ne sont pas des objets, ils sont des êtres vivants dotés de sensibilité.

La création de l’Échevinat du BÊA intervient deux mois – jour pour jour – après l’adoption par le Parlement de la Wallonie du Code du Bien-Être animal (109 articles) qui soumet notamment la détention d’un animal à un permis dont chaque citoyen dispose automatiquement et sans formalité. Ce qui signifie que chacun peut détenir un animal sauf si une décision administrative ou judiciaire le lui interdit via le retrait de ce permis.

La Ville de Liège entend être un laboratoire des mesures qui visent à améliorer le bien-être animal en Wallonie. Elle se veut pionnière dans le développement de cette compétence. L’Échevinat du BÊA peut compter sur le vétérinaire communal, le Docteur Philippe Schutters et une cellule de la police communale composée d’un Inspecteur principal, de deux Inspecteurs et deux suppléants en charge des dossiers relatifs au bien-être animal. Qui peut le mieux porter aide et assistance à un animal victime qu’un vétérinaire, qui peut le mieux constater les infractions au Code du Bien-Être animal et recevoir des plaintes que la police constamment sur le terrain.

Si Liège veut le bien-être animal, en revanche les cas de maltraitance, négligence ou cruauté envers les animaux sont malheureusement nombreux à Liège. Outre les chats ou chiens comme animaux de compagnie, il y une recrudescence des NAC – nouveaux animaux de compagnie – qui ont des besoins spécifiques mal connus des néophytes les accueillant. Ainsi en est-il des  257 reptiles – sur les 11.000 espèces connues – qu’il est permis d’accueillir en qualité de NAC.

L’Échevinat du BÊA entend sensibiliser les enfants à l’importance du bien-être des animaux et ancrer dans leur esprit que tout animal est un être vivant doté de sensibilité qui a des droits, à l’instar de l’être humain. À cet effet, il réalise des petites capsules vidéo éducatives, envoyées aux écoles qui le souhaitent comme support pour un cours plus général.

Notre photo montre la trop petite cage où était enfermé Volt, un faisan. Pour éviter que Volt ne fonce dans les barreaux, son propriétaire avait placé un dispositif électrique sur batterie par-dessus la cage. Aujourd’hui, le calvaire de Volt est terminé grâce à l’action de l’Échevinat du BÊA.

Le Vieux-Liège a 125 ans.

À Liège, fin du XIXème siècle, le 20 février 1894, Charles-Jacques Comhaire fonde avec quelques amis Les Amis du Vieux-Liége connu aujourd’hui sous le nom de Vieux-Liège (1). Son objet social est l’étude du passé historique et artistique ainsi que des beautés naturelles du pays de Liège et leur sauvegarde, par des promenades, excursions et voyages, conférences, cours et toutes démarches éventuelles.

À l’époque, le nouvel hôpital de Bavière – inauguré en 1895 par Léopold II – est en construction sur les Prés-Saint-Denis. La question se pose ; que faire de l’ancien hôpital installé depuis 1603 dans la superbe maison en pierres construite au biez Saucy, en Outremeuse, par le banquier lombard Bernardin Porcini (Porquin),  maison acquise en 1584 par Ernest de Bavière, prince-évêque ? Les Amis du Vieux-Liége entendent sauver le patrimoine que représente la maison Porquin, les autorités communales au contraire veulent sa destruction. Dans leur lutte qui durera dix ans, ils seront soutenus par le député Henry Carton de Wiart. À la Chambre des représentants, le mercredi 23 mars 1904, celui-ci déplore le vote par le Conseil communal de la démolition prônée par l’échevin des Beaux-Arts, le libéral Alfred Micha. L’édilité liégeoise a voté pour la mort. C’est très regrettable, d’autant que Liège, ville jadis pittoresque par excellence, toute pleine de vieux pignons, d’amusantes ruelles, qui évoquaient un passé également pittoresque, peu à peu, perd ce qui lui reste de sa personnalité. On veut faire un « Vieux-Liége » en staff et en carton-pierre pour l’Exposition. C’est fort bien, mais comme il vaudrait mieux ne pas condamner d’anciens édifices! Le gouvernement n’interviendra-t-il pas, comme le souhaitent beaucoup de Liégeois, pour garder à l’antique cité de saint Lambert un des rares débris de son beau passé? En 1894, date de la création des Amis du Vieux-Liége, déjà, la chapelle attenante à la maison Porquin a été démolie et reconstruite à l’identique lors de l’édification du nouvel hôpital.

La première lutte des Amis du Vieux-Liége en faveur du sauvetage de la maison Porquin a été longue sans être couronnée de succès. Fort heureusement, cela ne les découragea point. Depuis 125 ans, ils mènent le combat en faveur de la sauvegarde d’un patrimoine architectural et archéologique en ayant comme devise Rien aymez s’il n’est connu, expression figurant sur une pierre encastrée dans un des murs de la vieille église de Saint-Étienne-au-Mont à Huy. En novembre 2019, une exposition retracera l’histoire du Vieux-Liège et ses actions en faveur du patrimoine tandis qu’au printemps 2019, plusieurs manifestations culturelles évoqueront ses luttes.

  • Société royale Le Vieux-Liège – 69 rue Hors-Château B-4000 Liège (Belgique) – site web www.levieux-liege.be – tél. 04 223 59 55

Revue « EVASION » au Trianon

À la mi-décembre, en compagnie de membres du Dernier Carré – le club des pensionnés de la RTBF-Liège -, nous avons assisté à une représentation de la revue Évasion au Théâtre du Trianon (1). Quel émerveillement, quel spectacle, quelle fantaisie, quel humour, quelle beauté – et que des beautés ! -, quel rythme. Nous avons été ravis, éblouis par tant de talents.

Nous faisons nôtre le final de la revue où l’ensemble de la troupe  déclare : C’est avec notre cœur / Et grand bonheur / Que nous vous accueillons / Les anges et les démons /Pour un plein d’émotions / Y a un paradis sur terre / Le monde entier vient s’y distraire / C’est coquin, câlin, bonheur, lutin / C’était vraiment divin / C’est avec notre humour / Que sans détour / Nous vous embarquions / Pour un paradis d’amour / Vous avez rêvé, dansé / Chanté, fêté, vibré et ris / C’était mieux qu’au paradis / Ce soir c’était la fête / On était tous en quête / D’évasion / Une soirée unique / Magique et féerique / Au Trianon / Les spectateurs sont heureux / Ont des étoiles plein les yeux / C’est canon ! / Des artistes de choc / Pour un show / D’évasions / C’est très chic.

  • Revue ÉVASION – samedi 5 et dimanche 6 janvier à 14 h 30 – au Trianon 20 rue Surlet, tél. 04 342 40 00 – Tarif unique 30 €, Groupes (minimum 10 personnes) 25 €

Un dernier coup d’œil sur les élections communales du 14 octobre.

Le 3 décembre à partir de 18h30, le Conseil communal de Liège issu des élections du 14 octobre sera mis en place tout comme le Collège communal. Les 49 membres dont 21 femmes sont là jusqu’au 2 décembre 2024, les prochaines élections ayant lieu le dimanche 13 octobre 2024. La séance du 3 décembre sera retransmise en direct sur YouTube, images et sons captés par RTC-Télé Liège.

Un dernier coup d’œil sur les élections du 14octobre. Douze listes ont été en lice, sept ont eu au moins un élu. Alors que le vote est obligatoire, 24895 électeurs inscrits se sont soustraits à cette obligation, constituant ainsi le parti des abstentionnistes. Seul le PS qui recueille 30289 votes fait mieux. Toutefois si au nombre des abstentions on ajoute le nombre de bulletins blancs et nuls, il est permis de déplorer que 33627 personnes – 25%44 – se désintéressent de l’avenir de leur ville. Une personne sur quatre en âge de voter ne le fait pas alors que c’est seulement depuis la loi du 15 avril 1920 que le droit de voter aux communales est accordé aux hommes et aux femmes qui ne sont ni prostituées, ni adultères. Pour obtenir le droit de vote aux élections législatives, les femmes devront attendre la loi du 27 mars 1948.

Par rapport au nombre d’électeurs inscrits (132164), le classement des 12 partis en lice est le suivant:

1- Parti Socialiste PS 22%92,

2- Mouvement Réformateur pour Liège MR 13%39,

3- Parti du Travail de Belgique PTB 12%17,

4- Vert Ardent 11%,

5- centre démocrate Humaniste cdH 5%04,

6- Vert Gauche VEGA 3%37,

7- Démocrate Fédéraliste Indépendant DéFI 2%69,

8- Parti Populaire PP 2%34,

9- Agir 1%11,

10- Wallonie Insoumise WI 0%21,

11- Partij Van Carnavalist PVC 0%16,

12- Mouvement Pour l’Éducation  MPE 0%16.

Les 12 partis en lice représentent 74%56 desélecteurs inscrits, le solde 25%44 est le lot des abstentionniste, des votes blancs et nuls.

Aux élections communales du 14 octobre 2012, 16 femmes ont été élues. En 2018, la marche vers la parité est en progrès sensible. En effet, 5 femmes de plus sont élues. Soit un total de 21 élues. Mieux encore, deux partis – le PTB et Vert Ardent – affichent davantage d’élues que d’élus. À Vert Ardent, sur huit élu.e.s cinq conseillères – Caroline Saal, Sarah Schlitz,Éléna Chane-Alune, Véronique Willemart, Laura Goffart – soit une formation politique affichant 62%50 de femmes.  Au PTB, sur neuf élu.e.s cinq conseillères – Sophie Lecron, Céline Fassotte, Louise Defawes, Léa Tuna, Anne Mercenier – soit une formation politique affichant 55%55 de femmes.

Au moment du vote, l’électrice, l’électeur a lechoix soit de se rallier à la liste des candidatures telle que l’ont défini les instances du parti par un vote en tête de liste, soit de personnaliser l’adhésion au parti en accordant un ou des votes préférentiels aux candidat.e.s. Le vote tête de liste équivaut à une adhésion totale au parti, le vote préférentiel marque certes une adhésion aux idées du parti mais en soutenant certaines tendances. À Liège, le record du vote préférentiel est détenu par le PS – 83%17 – suivi par le cdH – 78%06 -, Mouvement Pour l’Éducation– 76%19-, le MR – 75%42-, Wallonie Insoumise – 63%04 -, VEGA – 62%14 -, le PTB – 61%81 -, Vert Ardent – 59%12 -, Partij Van Carnavalist – 57%94 -, DéFI – 52%11 -, Agir – 51%20 -, Parti Populaire – 48%80.

Le retour du vote papier au détriment du vote électronique a changé quelque peu la donne électorale a Liège. Si comme dans toute la Wallonie, le vote papier a rassuré l’électorat mal à l’aise devant un écran, à Liège, la superficie des bulletins de vote à déplier dans un isoloir exigu a entraîné un phénomène qualifié de syndrome des dernières places. Ces places perdront de leurs charmes lors de l’élaboration des listes du prochain scrutin communal. Au PS, Michel Faway en 2012, avec ses 2071 votes préférentiels, est élu 9ème conseiller, en 2018, son score tombe à  1142 voix lui donnant la 11ème place de conseiller tandis que Jean-Claude Marcourt en 2012, avec ses 3363 votes préférentiels, est élu 4ème conseiller, en 2018, son score tombe à 2261 voix lui donnant la 6ème place de conseiller. Le dernier de liste MR, Pierre Gilissen en 2012, avec ses 1059 votes préférentiels était élu 8ème conseiller, en 2018, son score tombe à 583 voix et n’est plus élu.

 Le 24 août, Liège 28 a titré « Être tête deliste aux communales, une ambition bien ordinaire … », un article qui narrait les vagabondages d’une candidate – déçue de son parti – vers le titre convoité de tête de liste d’un autre parti. À l’aune de son résultat personnel, la comparaison avec les autres tête de liste siégeant au Conseil communal est un jeu qui ne manque pas de saveur. Ainsi le score de noss binamé Willy est de trois cent treize fois supérieur. Paraphrasant le titre d’une émission-culte de la RTBF, il y a tête de liste et tête de liste !

LE JOUR OÙ SIMENON FAILLI ÊTRE CANDIDAT CONSEILLER COMMUNAL.

Lorsque fin de l’année 1919, est fondé le journal La Wallonie socialiste – le mot socialiste disparaît en 1923 -,  Isi Delvigne entend recruter d’excellents  journalistes. Il a l’œil attiré par une jeune recrue embauchée par la Gazette de Liége dont la plume paraît excellente. Il l’invite à le rencontrer.

Quelques cinquante ans plus tard, la jeune recrue dont le nom est Georges Simenon s’en souvient comme si c’était hier. Voici ce qu’il a raconté à notre confrère Guy Fontaine qui eut l’occasion de l’interviewer  dans sa série Portrait wallon à la TV : Un jour, Isi Delvigne qui était le rédacteur en chef de la Wallonie, qui était, en même temps, un des chefs du Parti socialiste à Bruxelles, au Parlement, m’a fait venir et m’a demandé d’entrer à La Wallonie. Il m’offrait le double de ce que je touchais à la Gazette de Liège. Et en plus de çà, avec comme prime que deux ans après, aux élections municipales, je serais sur la liste socialiste. C’était très tentant mais ça voulait dire que je me destinerais à une carrière politique. Parce qu’après avoir été conseiller communal, vous savez comment ça va, on essaye la députation et ainsi de suite. Alors, j’ai refusé. Mais je suis resté très bon ami avec tous ceux de la Wallonie et ils ont toujours été très gentils avec moi.

Si Simenon avait accepté les propositions d’Isi Delvigne, le soir du 24 avril 1921, vraisemblablement élu, il aurait célébré l’accession du Parti Ouvrier Belge au rang de la première formation au sein du Conseil communal de Liège.  Un séisme aux yeux de la bourgeoisie liégeoise selon Jean-Marie Roberti.

Les politiques n’ont jamais été la tasse de thé de Georges Simenon :  Ils croient être importants mais ils ne le sont pas du tout. Pour la bonne raison que ceux qui dirigent le monde, ce ne sont pas les présidents ou n’importe quel ministre ou haut-fonctionnaire et ambassadeurs, etc. Ce sont les grandes sociétés internationales et les banques, les grandes banques. En réalité, le rôle même des chefs d’États est très faible.

Ville de Liège : si les élections communales nous étaient contées … (9/9)

ÉVOLUTION PAR LISTES DES POURCENTAGES DES VOTES VALABLES LORS DES DIX-SEPT ÉLECTIONS AU SUFFRAGE UNIVERSEL DES CONSEILS COMMUNAUX DE LA VILLE DE LIÈGE DE 1921 À 2012 – LISTES AYANT OBTENU DES SIÈGES

Année 21 26 32 38 46 52 58 64 70 71 76 82 88 94 2000 2006 2012
Socialistes 38 33 31 32 37 42 42 31 24 24 37 41 40 33 35 38 38
Chrétiens 31 35 32 23 36 28 34 19 19 23 25 37** 22 22 20 14 14
Libéraux 29 24 17 19 13 20 19 29 34* 30* 14 37** 18 20 21 28 21
COM/PTB 8 9 11 14 8 5 11 7 6 6           6
Écolo                       12 11 11 15 12 12

*Les élections de 1970 furent annulées et recommencée en 1971. En 1970 et en 1971, il y deux listes libérales : le PLP, 8% et 3% et la liste dissidente du Bourgmestre Destenay, 26 % et 27% ;

**En 82, les 37% des chrétiens et libéraux sont à diviser en deux. Leur liste d’Union pour Liège ayant obtenu 21 sièges, 11 chrétiens et 10 libéraux.

AUTRES POURCENTAGES DE LISTES AYANT EU DES ÉLUS

Extrême droite : 7% en 32 Parti national, 16% en 38 Rex, 5% en 94 et 4% en 06 FN, 6% en 94 Agir

Démocratie Chrétienne. 8 % en 64

Rassemblement Wallon. 15% en 70, 12% en 71, 14% en 76

RÉSULTATS DES ÉLECTIONS COMMUNALES À LIÈGE DE 1921 À 2012 L’ÉVOLUTION DE LA RÉPARTITION DES POURCENTAGES DES SIÈGES.

Pour pouvoir comparer l’évolution du nombre de sièges de chaque liste lors de 17 scrutins (quatre lors de l’entre-deux guerre, six autres avant la fusion des communes et sept depuis) répartissant au total 39 sièges lors des huit premiers scrutins, 41 sièges lors des élections de 1970 et de celles recommencées en 1971, 51 sièges à chacune des trois premières élections après la fusion des communes et 49 sièges dans le cadre des quatre dernières élections communales, il importe pour rendre les résultats comparables, de diviser le nombre de sièges obtenus par chaque liste par le total des sièges attribués lors du scrutin analysé.

L’évolution des pourcentages de sièges obtenus pendant plus de 90 ans au Conseil communal de la Ville de Liège n’avait jusqu’à présent pas été mise ainsi en lumière.

Année 21 26 32 38 46 52 58 64 70 71 76 82 88 94 2000 2006 2012
Socialistes 41 36 33 33 38 46 44 33 27 27 41 45 45 37 41 43 45
Chrétiens 31 36 36 36 38 28 36 18 20 27 27 20 20 24 20 14 14
Libéraux 28 23 18 18 10 21 18 33 34 32 14 22 24 20 22 24 22
PC/PTB 0 6 8 10 13 5 3 10 5 2 4 2 0 0 0 0 4
Ext-droite 0 0 5 15 0 0 0 0 0 0 0 0 0 8 0 2 0
DCL 0 0 0 0 0 0 0 5 0 0 0 0 0 0 0 0 0
RW 0 0 0 0 0 0 0 0 15 12 14 0 0 0 0 0 0
Écolo 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 12 12 10 16 12 14

MOYENNES SUR 17 SCRUTINS PS 39/ CHR. 26 / LIB 24 / AUTRES 12

Pendant ces neuf décennies sur cinq électrices ou électeurs de la Ville de Liège votant valablement aux scrutins communaux, près de deux ont voté socialiste, plus d’un chrétien et plus d’un libéral et moins d’un pour d’autres listes. Les bipartites contre les socialistes ne sont plus possibles depuis la fusion des communes ce qui a souvent permis au P.S. d’être maître du jeu des alliances même si des alternatives qui n’eurent pas lieu étaient arithmétiquement possibles en 1976 (PSC RLL RW) et en 1982 (UPL ECOLO) mais RLL puis ÉCOLO l’ont refusée.

Jean-Marie ROBERTI

Illustration Émile Digneffe

Ville de Liège : si les élections communales nous étaient contées … (8/9)

RAPPELS D’AUTRES VOTES NOMINATIFS.

Je peux notamment souligner quel est le score record tous scrutins confondus et mettre en lumière quelques-uns des duels les plus remarquables.

Je n’ai pas voulu remonter avant 1976 car la personnalisation des scrutins s’est davantage manifestée dans une entité plus large, celle résultant de la fusion des communes.

EN 1976 : J.-P. GRAFE DEVANCE É. CLOSE QUI DEVIENT BOURGMESTRE.

En 1976 lors de la fusion des communes le match entre les candidats classés en tête des deux principales listes le P.S. (21 élus) et le P.S.C. (14 élus) tourna à l’avantage du second Jean-Pierre Grafé obtenant alors 15.568 voix de préférence et devançant Édouard Close 13.005. Suivaient les deux autres têtes de liste Jean Gol (R.W.) 7.307 et Hubert Pirotte (R.L.L. ou Rassemblement libéral liégeois) 4.077.

Cette personnalisation généralisée était sans précédent et renforçait les leaderships. Les écarts avec leurs colistiers étant importants (ainsi le deuxième chez les socialistes était un jeune échevin venant de Jupille Jean-Pierre Digneffe 1.734 votes nominatifs). Mais le phénomène le plus remarquable à cette date (et rarement confirmé à un tel niveau) fut l’usage du stemblok ou vote bloqué en faveur de plusieurs candidats pour lesquels un nombre significatif d’électrices et d’électeurs votaient préférentiellement en bloc (le nombre de votes nominatifs sur une seule liste n’étant pas limité pour chaque électrice ou électeur).

C’est ainsi que Jean-Pierre Grafé dont le score personnel avait dans une large mesure permis le résultat du P.S.C., ne vit élire à ses côtés que deux autres candidats de sa tendance (Hector Magotte et Simon Thiry tandis que Mademoiselle Huberte Hanquet de la tendance centriste dite chez les paroissiens catholiques des sans famille sociaux-chrétiens, organisait avec succès (sans y participer) les élections du trio William Ancion, Michel Firket et Jacques Marneffe soutenus par Mademoiselle Juliette Noël, Mesdames Marie Franssen épouse Frédérick, Antoinette Kraft de la Saulx épouse Begasse de Dhaem et Simone Gortz épouse Jacobs ainsi que par Messieurs Jacques Gramme et Alain de Seny, Paul Remouchamps étant lui, le seul élu démocrate-chrétien.

EN 1982 : MICHEL FORET DEVANCE ÉDOUARD CLOSE QUI RESTE BOURGMESTRE.

En 1982 la volonté d’envoyer le P.S. dans la minorité se manifesta et échoua à nouveau. En l’absence de Jean-Pierre Grafé au sujet duquel le Président de la Chambre Jean Defraigne avait reçu une demande de levée d’immunité parlementaire, la tête de liste d’un cartel P.S.C-P.R.L. fut proposée à Jean Gol qui devenu récemment Vice-Premier Ministre, la confia à son collaborateur Michel Foret entré au Conseil communal par la suppléance et devenu Échevin en remplacement de Madame Langevin ; William Ancion était deuxième de cette liste d’Union pour Liège dont Jean Gol occupait la dernière place. Édouard Close lui conduisait une liste socialiste élargie au Rassemblement Populaire Wallon de l’avocat Jean Mottard et du sénateur Charles Minet et au Rassemblement wallon du Président Henri Mordant. P.S. + R.W. et R.P.W. = R.P.S.W. soit Rassemblement des Progressistes et Socialistes Wallons.

Comme l’avait fait Jean-Pierre Grafé en 1976 Michel Foret en 1982 devança Édouard Close aux voix nominatives mais au total des votes valables le RPSW obtenait 48.330 voix (40,8%) et l’U.P.L. (PRL + PSC) 43.452 voix (36,5%) les nouveaux venus écologistes dont les cœurs penchaient à gauche complétaient les résultats 13.871 voix (11,7%). D’où le collège R.P.S.W. ÉCOLO.

Le quotidien Le Soir du 11 octobre 1982 en page 9 fournit le top onze des votes nominatifs en faveur des candidats R.P.S.W. et U.P.L.(les électrices et électeurs Écolo personnalisant moins leurs suffrages leurs élus n’apparaissent pas dans ce classement) :

  1. Michel Foret (tête de liste U.P.L./P.R.L.) 10.671,
  2. Édouard Close (tête de liste R.P.S.W./P.S.) 9.693,
  3. Jean Gol (dernier candidat de la liste U.P.L./P.R.L.) 4.976,
  4. William Ancion (2ème de la liste U.P.L./P.S.C.) 3.948,
  5. Jean-Maurice Dehousse (dernier candidat de la liste R.P.S.W./ P.S.) 3.825,
  6. Michel Firket (U.P.L./P.S.C.) 3.756,
  7. Albert Lonnoy (R.P.S.W./R.W.-D.C.) 3.591,
  8. Jacques Marneffe (U.P.L./P.S.C.) 2.796,
  9. Hubert Pirotte (U.P.L./P.R.L.) 2.654,
  10. Jean-Pierre Digneffe (R.P.S.W./P.S.) 2.467,
  11. Jules Borsu (U.P.L./P.R.L.) 2.248.

EN 1988 : DEUXIEME PLACE POUR MICHEL FAWAY ÉLIMINÉ PAR ANDRE COOLS

En 1988, pour retrouver des interlocuteurs aux autres niveaux de pouvoir, un préaccord P.S.- P.S.C. fut conclu et trente ans après restait d’actualité.

Les oppositions internes chez les socialistes entre Perronistes (Dehousse, Happart & C°) et groupe de Flémalle d’André Cools avait conduit à un compromis : le siège de Bourgmestre d’Édouard Close devant être transmis dans la seconde partie de la mandature au Président de l’Union socialiste communale Michel Faway qui finalement ne devait pas l’obtenir, André Cools l’accusant faussement d’avoir détourné un milliard de francs belges au détriment du C.P.A.S. dont il était Secrétaire général. D’aucuns s’attendaient à des stembloks chez les socialistes pour les Perronistes ou pour les coolsiens, les uns cherchant à éliminer les autres. Il n’en fut rien, Avec 40 % des votes valables et 23 sièges les socialistes partagèrent entre leurs deux tendances leurs élus

Voici les votes nominatifs recueillis alors, vingt-deux élus obtenant plus 1.000 suffrages préférentiels :

  1. Édouard Close 9.995,
  2. Michel Faway 6.506,
  3. Michel Foret 6.079,
  4. Jean-Maurice Dehousse 5.278,
  5. Jean Defraigne 4.628,
  6. Luc Toussaint 4.610,
  7. Jean-Pierre Grafé 4.226,
  8. Jacques Marneffe 3.393,
  9. Michel Firket 3.006,
  10. William Ancion 2.870,
  11. Brigitte Ernst de la Graete 2.551,
  12. Paul Peeters 2.343,
  13. Nicole Struvay 2.313,
  14. Jean-Pierre Digneffe 2.152,
  15. Didier Reynders 1.999,
  16. Hector Magotte 1.474,
  17. Maggy Yerna 1.448,
  18. Hubert Pirotte 1.236,
  19. Anne-Marie Hanquet 1.227,
  20. Nicole Anoul 1.202,
  21. Henri Schlitz 1.157,
  22. Charles Minet 1.072.

Un petit nouveau obtenait il y a trente ans 764 votes nominatifs. Son nom ? Willy Demeyer….

EN 1994 : POUR LE MAYORAT ENTRE LE BOURGMESTRE SORTANT ET LE CANDIDAT À SA SUCCESSION, IL N’Y EUT PAS BESOIN DE PHOTO POUR LES DÉPARTAGER. 

Trois ans après l’assassinat d’André Cools, le Président du P.S. Philippe Busquin imposa une liste communale liégeoise où le Ministre fédéral de la politique scientifique Jean-Maurice Dehousse obtenait la première place tandis que le Bourgmestre sortant Henri Schlitz qui avait succédé à Édouard Close, domicilié à Aubel,  après un an d’intérim confié, non à un socialiste mais au P.S.C William Ancion. Perronistes et Coolsiens cherchèrent à s’éliminer mutuellement mais les 18 sièges conservés par les socialistes se répartirent équitablement entre les deux camps. Par contre le classement des élus sur base de leurs voix nominatives se passe de commentaires.

Voici ce top 10 :

  1. Jean-Maurice Dehousse (P.S.) : 13.316,
  2. William Ancion : 6.985,
  3. Michel Foret  (P.R.L.) : 5.479,
  4. Jean-Pierre Grafé (P.S.C.) : 4.787,
  5. Michel Firket (P.S.C.) 3.961,
  6. Didier Reynders (P.R.L.) 3.590,
  7. Jacky Morael (Écolo) : 2.423,
  8. Luc Toussaint (P.S.) : 2.303,
  9. Philippe Monfils (P.R.L.) 2.137,
  10. Henri Schlitz (P.S.) 1.258.

EN 2000 : DES ARABES D’ORIGINE REMPLACENT LES ÉLUS D’EXTRÊMEDROITE. 

Le Soir a publié les voix de préférence suivantes suite au scrutin du 8 octobre 2000

  1. Willy Demeyer: 12.414,
  2. Didier Reynders: 10.481,
  3. William Ancion: 5.713,
  4. Jean-Pierre Grafé: 5.243,
  5. Jacques Marneffe: 3.538,
  6. Michel Firket: 3.476,
  7. José Happart: 3.157,
  8. Brigitte Ernst de la Graete: 2.665,
  9. Christine Defraigne: 2.477,
  10. Jacky Morael: 2.353,
  11. Claude Émonts: 2.102,
  12. Philippe Monfils: 1990,
  13. Michel de Lamotte: 1.768,
  14. Olivier Hamal: 1.406,
  15. Fouad Chamas : 1. 377,
  16. Hector Magotte: 1.285,
  17. Jean-Maurice Dehousse: 1.276.

Le score du Bourgmestre élu au scrutin précédent est tombé au niveau de celui dont il avait été le successeur (Dehousse 1276, Schlitz 1258).

Trois nouveaux élus pour la première fois d’origine arabe (Fouad Chamas candidat d’ ouverture sur la liste P.S., d’origine libanaise), Messaouda Barkat, Écolo, d’origine sarahouie et Fatima Shaban, P.S., d’origine palestinienne) remplacèrent les conseillers du Front national et d’Agir qui n’obtinrent donc pas leur réélection après six ans passés aux côtés de 45 autres élus et de journalistes qui les ignorèrent.

EN 2006 : RECORD POUR DEMEYER: IL DEVANCE REYNDERS QUI PARTIRA À UCCLE.

Le scrutin communal liégeois de 2006 se bi-poralisa, le Vice-Premier ministre Didier Reynders jouant son va-tout communal liégeois en se présentant comme votre Bourgmestre face au Bourgmestre en fonction Willy Demeyer. Plus d’un tiers des électrices et des électeurs (36.249 votes nominatifs sur les 106.941 votes valables) concentrèrent leurs voix sur ces deux têtes de liste. Willy Demeyer établit dans ce contexte le score record des voix de préférence obtenues lors d’élections communales à Liège en obtenant 18.999 votes nominatifs soit 46,8 % des voix des électrices et électeurs du P.S. et en devançant 1.749 voix son concurrent Didier Reynders qui réussit un résultat au moins aussi remarquable puisqu’avec 17.250 votes nominatifs c’est 61,9 % des 27.873 voix libérales liégeoises qu’il obtint. Des taux de pénétration (votes nominatifs divisés par le total des votes valables) respectivement de 17,8 % et 16,1 %, sans précédent.

Le top dix des plus de 2.000 votes nominatifs en 2006 :

  1. Willy Demeyer (P.S.) 18.999,
  2. Didier Reynders (M.R.) 17.250,
  3. Michel Firket (CdH) 4.649,
  4. Christine Defraigne (M.R.) 3.992,
  5. Maggy Yerna (P.S.) 3.674,
  6. Bénédicte Heindrichs (Ecolo) 3.511,
  7. Jean-Pierre Grafé (CdH) 2.754,
  8. Jean-Claude Marcourt (P.S.) 2.294,
  9. Fouad Chamas (ouverture P.S.) 2.125,
  10. Nicole Struvay (P.S.) 2.002.

En fin de mandature, Didier Reynders choisissait de quitter Liège et la Wallonie pour Uccle et la Région bruxelloise où (en plus des Affaires étrangères) le Vice-Premier ministre supervise notamment la gestion des institutions culturelles fédérales.

DANS LES LIMITES DE LA VILLE DE LIÈGE, D’AUTRES VOTES NOMINATIFS. 

Un double record a été établi par José Happart, lorsqu’il obtint plus de 234 et de 308 mille voix lors des scrutins européens de 1984 et de 1989 avec sur le territoire de la Ville 21.536 puis 23.899 suffrages préférentiels. Ces résultats hors norme de l’ancien et éphémère Bourgmestre des Fourons sont d’autant plus remarquables qu’il n’était pas tête de liste du P.S. (place accordée à Ernest Glinne en 1984 et à Raymonde Dury en 1989). Tous scrutins confondus José Happart occupe les deux premières places du podium que Willy Demeyer complète.

L’affirmation selon laquelle Michel Daerden aurait pulvérisé tous les records lors de l’élection du Parlement wallon en juin 2009 n’est pas fondée au niveau de la Ville de Liège puisqu’il y avait obtenu 15.415 votes nominatifs).

Autre scrutin qui a retenu l’attention : celui qui a suivi en novembre pour la Chambre l’assassinat d’André Cools le 18 Juillet 1991. De la première place au Sénat Jean-Maurice Dehousse avait été relégué à la septième place (en principe non éligible) sur la liste P.S. pour la Chambre. Avec un seul mot d’ordre trouvé par Roger Dehaybe (Résister), Dehousse obtint 14.190 voix à Liège (38.827 dans l’arrondissement) devenant le premier élu socialiste à la Chambre en sautant Laurette Onkelinx et ses 3.690 voix de préférence à Liège et 19.266 dans l’arrondissement soit à peine plus de la moitié du septième candidat. Là aussi il y eut déménagement vers Bruxelles….

Les écarts en votes nominatifs entre le Bourgmestre Demeyer et le Ministre Marcourt aux deux derniers scrutins communaux étaient considérables (16.705 en 2006 avec 18.999 votes pour le premier et 2.294 pour le second et encore en 2012, 9.704 voix d’écart avec 13.067 voix de préférence pour le Bourgmestre et 3.363 pour le Ministre). Depuis la situation a évolué car quand les deux furent têtes de liste le premier pour la Chambre des Représentants et le second pour le Parlement wallon, l’écart au niveau de la Ville n’était plus que de 717 votes (12.712 pour le Bourgmestre, 11.995 pour le Ministre).

Ajoutons que la roche tarpéienne cette crête rocheuse du Capitole d’où l’on précipitait dans le vide ceux dont Rome, sous l’antiquité, voulait se débarrasser reste toujours aussi proche de la plus sacrée des sept collines où se trouvait le cœur des institutions religieuses et politiques du monde latin. Ainsi à Liège, aux communales de 2006, la liste du P.S. connut quelques surprises. L’Échevin Miguel Mévis obtint 1.132 voix de préférence ce qui le classa 22ème candidat du P.S. qui eut 21 élus, le dernier siège étant octroyé à un nouveau venu, un Rocourtois du nom de Roland Léonard qui allait devenir Échevin mais qui l’avait alors emporté de deux voix : 1.134.

Jean-Maurice Dehousse qui ne manquait pas de moyens notamment dans le cadre de l’I.G.I.L. (Intercommunale de gestion immobilière liégeoise) avait obtenu la présidence du Palais des Congrès et un secrétariat mais son mandat primaire de conseiller communal disparut avec ses 1052 votes nominatifs alors qu’il avait reçu la place plus confortable de la liste, la dernière. Et pour José Happart, ses 1.630 voix de préférence l’incitèrent à ne plus guère se présenter à l’élection du Conseil.

LE TOP CINQ DE 2012 SERA-T-IL CONFIRMÉ DANS LE DÉSORDRE EN 2018 ?

Après avoir souligné le stemblok efficace de trois échevins des sections socialistes des anciennes communes de la périphérie liégeoise – ce n’est, en effet, pas par hasard si Hupkens, Léonard et Fernandez de Bressoux, Rocourt et Wandre obtinrent respectivement 2.839, 2.838 et 2.801 votes nominatifs – nous vous renvoyons au paragraphe sur les préférences actuelles et à notre question : en 2018, dans le désordre, le top cinq (Willy Demeyer, Christine Defraigne, Raoul Hedebouw, Gilles Foret, Jean-Claude Marcourt) sera-t-il très différent ?

Jean-Marie ROBERTI

Illustration Michel Foret                                (à suivre)

Ville de Liège : si les élections communales nous étaient contées … (7/9)

Les votes nominatifs, dits de préférence, au niveau de la Ville de Liège de 1976 à 2014.

En Belgique, les votes qui s’expriment en faveur d’un(e) ou de plusieurs candidat(e)s d’une même liste servent à déterminer l’ordre des élu(e)s et des suppléant(e)s de ces listes. Précédemment cette répartition s’effectuait après que le pot des votes en case de tête de la liste ait été réparti (jusqu’au chiffre déterminant chaque élection des candidats les mieux classés).

Chez nous, en Région Wallonne, à l’avenir cet effet dévolutif de ces votes en case de tête sera supprimé.

Dès à présent, si la confrontation entre listes de candidats pour déterminer le nombre d’élus est importante ce qui le devient tout autant c’est la lutte interne entre celles et ceux des candidats de chaque liste qui veulent âtre élu(e)s. L’autorité des partis diminue et les candidats importants sont entourés de partisans comme si chacun(e) privilégiait son écurie électorale personnelle.

Bien entendu les résultats des un(e)s et des autres en votes nominatifs ne servent pas seulement à se faire élire mais déterminent en outre un certain rapport de forces entre principaux élus, certain(e)s pouvant apparaître de ce fait comme incontournables.

Le nombre de votes nominatifs dépend aussi du nombre de colistiers aux divers scrutins. Moins il y a de concurrence plus le score peut être élevé. De même certaines places sur la liste (en particulier surtout la première mais aussi la dernière place).

Dans le district électoral que forme la ville de Liège aux cinq scrutins actuels, le nombre de candidats pour chaque liste complète est le suivant :

Provinciales (2012) : 10

Européennes (2014) 14 : 8 effectifs et 6 suppléants

Chambre (fédérale) (2014) 24 : 15 effectifs et 9 suppléants

Parlement wallon (2014) 26 : 13 effectifs et 13 suppléants

Communales (2012) : 49

LES PRÉFÉRENCES ACTUELLES.

Voici un hit-parade des dix meilleurs scores en voix nominatives aux trois scrutins de 2014 au niveau de la Ville de Liège (E=Européennes, C= Chambre (fédérale) et W= Parlement wallon) :

  1. Willy Demeyer (C) 12.712
  2. Jean-Claude Marcourt (W) 11.995
  3. Marie Arena (E) : 10.278
  4. Louis Michel (E) 9.571
  5. Christine Defraigne (W) 8.143
  6. Daniel Bacquelaine (C) 7.010
  7. Frédérique Ries (E) 4.847
  8. Marie-Dominique Simonet (W) 4.691
  9. Julie Fernandez-Fernandez (C) 4.592
  10. Raoul Hedebouw (C) 4.449

Aux provinciales de 2012 sur le territoire de la Ville, le top dix était le suivant :

  1. Paul-Emile Mottard 7.884
  2. Katty Firquet 7.558
  3. Miguel Fernandez 4.479
  4. Marc Yerna 3.935
  5. Matthieu Content 3.340
  6. Dominique Drion 3.213
  7. Gérard Georges 2.569
  8. Jean-Denis Lejeune 2.551
  9. Valérie Derselle 2.306
  10. Nathalie Rutten 2.273

Enfin voici le classement aux communales liégeoises de 2012 des seize élus qui ont obtenu plus de 2.000 voix nominatives :

  1. Willy Demeyer 13.067
  2. Christine Defraigne 6.776
  3. Raoul Hedebouw 4.085
  4. Gilles Foret 3.425
  5. Jean-Claude Marcourt 3.363
  6. Anne Delvaux 3.361
  7. Maggy Yerna 3.140
  8. Michel Firket 3.089
  9. Jean-Pierre Hupkens 2.839
  10. Roland Léonard 2.838
  11. Julie Fernandez-Fernandez 2.801
  12. Bénédicte Heindrichs 2.795
  13. Fouad Chamas 2.504
  14. Benoit Drèze 2.452
  15. Hassan Bousetta 2.276
  16. Michel Faway 2.051.

Question : en 2018, dans le désordre, le top cinq sera-t-il très différent ?

Jean-Marie ROBERTI

Illustration Willy Demeyer                                              (à suivre)