RAPPELS D’AUTRES VOTES NOMINATIFS.
Je peux notamment souligner quel est le score record tous scrutins confondus et mettre en lumière quelques-uns des duels les plus remarquables.
Je n’ai pas voulu remonter avant 1976 car la personnalisation des scrutins s’est davantage manifestée dans une entité plus large, celle résultant de la fusion des communes.
EN 1976 : J.-P. GRAFE DEVANCE É. CLOSE QUI DEVIENT BOURGMESTRE.
En 1976 lors de la fusion des communes le match entre les candidats classés en tête des deux principales listes le P.S. (21 élus) et le P.S.C. (14 élus) tourna à l’avantage du second Jean-Pierre Grafé obtenant alors 15.568 voix de préférence et devançant Édouard Close 13.005. Suivaient les deux autres têtes de liste Jean Gol (R.W.) 7.307 et Hubert Pirotte (R.L.L. ou Rassemblement libéral liégeois) 4.077.
Cette personnalisation généralisée était sans précédent et renforçait les leaderships. Les écarts avec leurs colistiers étant importants (ainsi le deuxième chez les socialistes était un jeune échevin venant de Jupille Jean-Pierre Digneffe 1.734 votes nominatifs). Mais le phénomène le plus remarquable à cette date (et rarement confirmé à un tel niveau) fut l’usage du stemblok ou vote bloqué en faveur de plusieurs candidats pour lesquels un nombre significatif d’électrices et d’électeurs votaient préférentiellement en bloc (le nombre de votes nominatifs sur une seule liste n’étant pas limité pour chaque électrice ou électeur).
C’est ainsi que Jean-Pierre Grafé dont le score personnel avait dans une large mesure permis le résultat du P.S.C., ne vit élire à ses côtés que deux autres candidats de sa tendance (Hector Magotte et Simon Thiry tandis que Mademoiselle Huberte Hanquet de la tendance centriste dite chez les paroissiens catholiques des sans famille sociaux-chrétiens, organisait avec succès (sans y participer) les élections du trio William Ancion, Michel Firket et Jacques Marneffe soutenus par Mademoiselle Juliette Noël, Mesdames Marie Franssen épouse Frédérick, Antoinette Kraft de la Saulx épouse Begasse de Dhaem et Simone Gortz épouse Jacobs ainsi que par Messieurs Jacques Gramme et Alain de Seny, Paul Remouchamps étant lui, le seul élu démocrate-chrétien.
EN 1982 : MICHEL FORET DEVANCE ÉDOUARD CLOSE QUI RESTE BOURGMESTRE.
En 1982 la volonté d’envoyer le P.S. dans la minorité se manifesta et échoua à nouveau. En l’absence de Jean-Pierre Grafé au sujet duquel le Président de la Chambre Jean Defraigne avait reçu une demande de levée d’immunité parlementaire, la tête de liste d’un cartel P.S.C-P.R.L. fut proposée à Jean Gol qui devenu récemment Vice-Premier Ministre, la confia à son collaborateur Michel Foret entré au Conseil communal par la suppléance et devenu Échevin en remplacement de Madame Langevin ; William Ancion était deuxième de cette liste d’Union pour Liège dont Jean Gol occupait la dernière place. Édouard Close lui conduisait une liste socialiste élargie au Rassemblement Populaire Wallon de l’avocat Jean Mottard et du sénateur Charles Minet et au Rassemblement wallon du Président Henri Mordant. P.S. + R.W. et R.P.W. = R.P.S.W. soit Rassemblement des Progressistes et Socialistes Wallons.
Comme l’avait fait Jean-Pierre Grafé en 1976 Michel Foret en 1982 devança Édouard Close aux voix nominatives mais au total des votes valables le RPSW obtenait 48.330 voix (40,8%) et l’U.P.L. (PRL + PSC) 43.452 voix (36,5%) les nouveaux venus écologistes dont les cœurs penchaient à gauche complétaient les résultats 13.871 voix (11,7%). D’où le collège R.P.S.W. ÉCOLO.
Le quotidien Le Soir du 11 octobre 1982 en page 9 fournit le top onze des votes nominatifs en faveur des candidats R.P.S.W. et U.P.L.(les électrices et électeurs Écolo personnalisant moins leurs suffrages leurs élus n’apparaissent pas dans ce classement) :
- Michel Foret (tête de liste U.P.L./P.R.L.) 10.671,
- Édouard Close (tête de liste R.P.S.W./P.S.) 9.693,
- Jean Gol (dernier candidat de la liste U.P.L./P.R.L.) 4.976,
- William Ancion (2ème de la liste U.P.L./P.S.C.) 3.948,
- Jean-Maurice Dehousse (dernier candidat de la liste R.P.S.W./ P.S.) 3.825,
- Michel Firket (U.P.L./P.S.C.) 3.756,
- Albert Lonnoy (R.P.S.W./R.W.-D.C.) 3.591,
- Jacques Marneffe (U.P.L./P.S.C.) 2.796,
- Hubert Pirotte (U.P.L./P.R.L.) 2.654,
- Jean-Pierre Digneffe (R.P.S.W./P.S.) 2.467,
- Jules Borsu (U.P.L./P.R.L.) 2.248.
EN 1988 : DEUXIEME PLACE POUR MICHEL FAWAY ÉLIMINÉ PAR ANDRE COOLS
En 1988, pour retrouver des interlocuteurs aux autres niveaux de pouvoir, un préaccord P.S.- P.S.C. fut conclu et trente ans après restait d’actualité.
Les oppositions internes chez les socialistes entre Perronistes (Dehousse, Happart & C°) et groupe de Flémalle d’André Cools avait conduit à un compromis : le siège de Bourgmestre d’Édouard Close devant être transmis dans la seconde partie de la mandature au Président de l’Union socialiste communale Michel Faway qui finalement ne devait pas l’obtenir, André Cools l’accusant faussement d’avoir détourné un milliard de francs belges au détriment du C.P.A.S. dont il était Secrétaire général. D’aucuns s’attendaient à des stembloks chez les socialistes pour les Perronistes ou pour les coolsiens, les uns cherchant à éliminer les autres. Il n’en fut rien, Avec 40 % des votes valables et 23 sièges les socialistes partagèrent entre leurs deux tendances leurs élus
Voici les votes nominatifs recueillis alors, vingt-deux élus obtenant plus 1.000 suffrages préférentiels :
- Édouard Close 9.995,
- Michel Faway 6.506,
- Michel Foret 6.079,
- Jean-Maurice Dehousse 5.278,
- Jean Defraigne 4.628,
- Luc Toussaint 4.610,
- Jean-Pierre Grafé 4.226,
- Jacques Marneffe 3.393,
- Michel Firket 3.006,
- William Ancion 2.870,
- Brigitte Ernst de la Graete 2.551,
- Paul Peeters 2.343,
- Nicole Struvay 2.313,
- Jean-Pierre Digneffe 2.152,
- Didier Reynders 1.999,
- Hector Magotte 1.474,
- Maggy Yerna 1.448,
- Hubert Pirotte 1.236,
- Anne-Marie Hanquet 1.227,
- Nicole Anoul 1.202,
- Henri Schlitz 1.157,
- Charles Minet 1.072.
Un petit nouveau obtenait il y a trente ans 764 votes nominatifs. Son nom ? Willy Demeyer….
EN 1994 : POUR LE MAYORAT ENTRE LE BOURGMESTRE SORTANT ET LE CANDIDAT À SA SUCCESSION, IL N’Y EUT PAS BESOIN DE PHOTO POUR LES DÉPARTAGER.
Trois ans après l’assassinat d’André Cools, le Président du P.S. Philippe Busquin imposa une liste communale liégeoise où le Ministre fédéral de la politique scientifique Jean-Maurice Dehousse obtenait la première place tandis que le Bourgmestre sortant Henri Schlitz qui avait succédé à Édouard Close, domicilié à Aubel, après un an d’intérim confié, non à un socialiste mais au P.S.C William Ancion. Perronistes et Coolsiens cherchèrent à s’éliminer mutuellement mais les 18 sièges conservés par les socialistes se répartirent équitablement entre les deux camps. Par contre le classement des élus sur base de leurs voix nominatives se passe de commentaires.
Voici ce top 10 :
- Jean-Maurice Dehousse (P.S.) : 13.316,
- William Ancion : 6.985,
- Michel Foret (P.R.L.) : 5.479,
- Jean-Pierre Grafé (P.S.C.) : 4.787,
- Michel Firket (P.S.C.) 3.961,
- Didier Reynders (P.R.L.) 3.590,
- Jacky Morael (Écolo) : 2.423,
- Luc Toussaint (P.S.) : 2.303,
- Philippe Monfils (P.R.L.) 2.137,
- Henri Schlitz (P.S.) 1.258.
EN 2000 : DES ARABES D’ORIGINE REMPLACENT LES ÉLUS D’EXTRÊME–DROITE.
Le Soir a publié les voix de préférence suivantes suite au scrutin du 8 octobre 2000
- Willy Demeyer: 12.414,
- Didier Reynders: 10.481,
- William Ancion: 5.713,
- Jean-Pierre Grafé: 5.243,
- Jacques Marneffe: 3.538,
- Michel Firket: 3.476,
- José Happart: 3.157,
- Brigitte Ernst de la Graete: 2.665,
- Christine Defraigne: 2.477,
- Jacky Morael: 2.353,
- Claude Émonts: 2.102,
- Philippe Monfils: 1990,
- Michel de Lamotte: 1.768,
- Olivier Hamal: 1.406,
- Fouad Chamas : 1. 377,
- Hector Magotte: 1.285,
- Jean-Maurice Dehousse: 1.276.
Le score du Bourgmestre élu au scrutin précédent est tombé au niveau de celui dont il avait été le successeur (Dehousse 1276, Schlitz 1258).
Trois nouveaux élus pour la première fois d’origine arabe (Fouad Chamas candidat d’ ouverture sur la liste P.S., d’origine libanaise), Messaouda Barkat, Écolo, d’origine sarahouie et Fatima Shaban, P.S., d’origine palestinienne) remplacèrent les conseillers du Front national et d’Agir qui n’obtinrent donc pas leur réélection après six ans passés aux côtés de 45 autres élus et de journalistes qui les ignorèrent.
EN 2006 : RECORD POUR DEMEYER: IL DEVANCE REYNDERS QUI PARTIRA À UCCLE.
Le scrutin communal liégeois de 2006 se bi-poralisa, le Vice-Premier ministre Didier Reynders jouant son va-tout communal liégeois en se présentant comme votre Bourgmestre face au Bourgmestre en fonction Willy Demeyer. Plus d’un tiers des électrices et des électeurs (36.249 votes nominatifs sur les 106.941 votes valables) concentrèrent leurs voix sur ces deux têtes de liste. Willy Demeyer établit dans ce contexte le score record des voix de préférence obtenues lors d’élections communales à Liège en obtenant 18.999 votes nominatifs soit 46,8 % des voix des électrices et électeurs du P.S. et en devançant 1.749 voix son concurrent Didier Reynders qui réussit un résultat au moins aussi remarquable puisqu’avec 17.250 votes nominatifs c’est 61,9 % des 27.873 voix libérales liégeoises qu’il obtint. Des taux de pénétration (votes nominatifs divisés par le total des votes valables) respectivement de 17,8 % et 16,1 %, sans précédent.
Le top dix des plus de 2.000 votes nominatifs en 2006 :
- Willy Demeyer (P.S.) 18.999,
- Didier Reynders (M.R.) 17.250,
- Michel Firket (CdH) 4.649,
- Christine Defraigne (M.R.) 3.992,
- Maggy Yerna (P.S.) 3.674,
- Bénédicte Heindrichs (Ecolo) 3.511,
- Jean-Pierre Grafé (CdH) 2.754,
- Jean-Claude Marcourt (P.S.) 2.294,
- Fouad Chamas (ouverture P.S.) 2.125,
- Nicole Struvay (P.S.) 2.002.
En fin de mandature, Didier Reynders choisissait de quitter Liège et la Wallonie pour Uccle et la Région bruxelloise où (en plus des Affaires étrangères) le Vice-Premier ministre supervise notamment la gestion des institutions culturelles fédérales.
DANS LES LIMITES DE LA VILLE DE LIÈGE, D’AUTRES VOTES NOMINATIFS.
Un double record a été établi par José Happart, lorsqu’il obtint plus de 234 et de 308 mille voix lors des scrutins européens de 1984 et de 1989 avec sur le territoire de la Ville 21.536 puis 23.899 suffrages préférentiels. Ces résultats hors norme de l’ancien et éphémère Bourgmestre des Fourons sont d’autant plus remarquables qu’il n’était pas tête de liste du P.S. (place accordée à Ernest Glinne en 1984 et à Raymonde Dury en 1989). Tous scrutins confondus José Happart occupe les deux premières places du podium que Willy Demeyer complète.
L’affirmation selon laquelle Michel Daerden aurait pulvérisé tous les records lors de l’élection du Parlement wallon en juin 2009 n’est pas fondée au niveau de la Ville de Liège puisqu’il y avait obtenu 15.415 votes nominatifs).
Autre scrutin qui a retenu l’attention : celui qui a suivi en novembre pour la Chambre l’assassinat d’André Cools le 18 Juillet 1991. De la première place au Sénat Jean-Maurice Dehousse avait été relégué à la septième place (en principe non éligible) sur la liste P.S. pour la Chambre. Avec un seul mot d’ordre trouvé par Roger Dehaybe (Résister), Dehousse obtint 14.190 voix à Liège (38.827 dans l’arrondissement) devenant le premier élu socialiste à la Chambre en sautant Laurette Onkelinx et ses 3.690 voix de préférence à Liège et 19.266 dans l’arrondissement soit à peine plus de la moitié du septième candidat. Là aussi il y eut déménagement vers Bruxelles….
Les écarts en votes nominatifs entre le Bourgmestre Demeyer et le Ministre Marcourt aux deux derniers scrutins communaux étaient considérables (16.705 en 2006 avec 18.999 votes pour le premier et 2.294 pour le second et encore en 2012, 9.704 voix d’écart avec 13.067 voix de préférence pour le Bourgmestre et 3.363 pour le Ministre). Depuis la situation a évolué car quand les deux furent têtes de liste le premier pour la Chambre des Représentants et le second pour le Parlement wallon, l’écart au niveau de la Ville n’était plus que de 717 votes (12.712 pour le Bourgmestre, 11.995 pour le Ministre).
Ajoutons que la roche tarpéienne cette crête rocheuse du Capitole d’où l’on précipitait dans le vide ceux dont Rome, sous l’antiquité, voulait se débarrasser reste toujours aussi proche de la plus sacrée des sept collines où se trouvait le cœur des institutions religieuses et politiques du monde latin. Ainsi à Liège, aux communales de 2006, la liste du P.S. connut quelques surprises. L’Échevin Miguel Mévis obtint 1.132 voix de préférence ce qui le classa 22ème candidat du P.S. qui eut 21 élus, le dernier siège étant octroyé à un nouveau venu, un Rocourtois du nom de Roland Léonard qui allait devenir Échevin mais qui l’avait alors emporté de deux voix : 1.134.
Jean-Maurice Dehousse qui ne manquait pas de moyens notamment dans le cadre de l’I.G.I.L. (Intercommunale de gestion immobilière liégeoise) avait obtenu la présidence du Palais des Congrès et un secrétariat mais son mandat primaire de conseiller communal disparut avec ses 1052 votes nominatifs alors qu’il avait reçu la place plus confortable de la liste, la dernière. Et pour José Happart, ses 1.630 voix de préférence l’incitèrent à ne plus guère se présenter à l’élection du Conseil.
LE TOP CINQ DE 2012 SERA-T-IL CONFIRMÉ DANS LE DÉSORDRE EN 2018 ?
Après avoir souligné le stemblok efficace de trois échevins des sections socialistes des anciennes communes de la périphérie liégeoise – ce n’est, en effet, pas par hasard si Hupkens, Léonard et Fernandez de Bressoux, Rocourt et Wandre obtinrent respectivement 2.839, 2.838 et 2.801 votes nominatifs – nous vous renvoyons au paragraphe sur les préférences actuelles et à notre question : en 2018, dans le désordre, le top cinq (Willy Demeyer, Christine Defraigne, Raoul Hedebouw, Gilles Foret, Jean-Claude Marcourt) sera-t-il très différent ?
Jean-Marie ROBERTI
Illustration Michel Foret (à suivre)