Canada : par un crédit d’impôt, l’Etat favorise les abonnements numériques à la presse.

Abonné notamment à la version numérique du quotidien montréalais Le Devoir, nous avons reçu cet avis : Chers abonnés, Grâce aux mesures de soutien au journalisme mises en place par le gouvernement du Canada, vous pouvez désormais obtenir un crédit d’impôt pour votre abonnement numérique au Devoir. Cette nouvelle mesure fiscale vous permet de bénéficier d’un crédit d’impôt personnel non remboursable de 15 % pour toute dépense liée à un abonnement aux nouvelles numériques* faite entre le 1er juillet et le 31 décembre 2020.

Evidemment, ce crédit d’impôt ne concerne que le contribuable canadien. Cette mesure fiscale de soutien à la presse, et bien d’autres, a été suggérée au gouvernement fédéral canadien par le Groupe indépendant d’experts sur le journalisme et la presse écrite. Dans son rapport, celui-ci note : Il est bien établi que l’industrie de la presse écrite est en crise. On estime que les médias numériques appartenant à des intérêts étrangers, comme Google et Facebook, priveront l’économie canadienne de sept milliards de dollars provenant de la publicité cette année. Les revenus publicitaires des quotidiens sont deux fois moins élevés qu’il y a une décennie. Selon des données recueillies dans le cadre du « Local News Research Project », plus de 250 organes de presse canadiens ont fermé leurs portes dans la dernière décennie. Le rapport Le Miroir éclaté du Forum des politiques publiques a établi qu’un tiers des emplois en journalisme ont disparu au Canada sur une période de six ans.   

Annonçant les diverses décisions prises en faveur de la presse, Bill Morneau, ministre des Finances a déclaré : Les médias d’information forts et indépendants sont essentiels au bon fonctionnement de la démocratie. Ces médias présentent aux citoyens les renseignements dont ils ont besoin pour prendre des décisions judicieuses sur des questions importantes. Le soutien que nous apportons au journalisme canadien aidera nos médias à s’adapter à l’évolution rapide du paysage de l’information qui devient de plus en plus numérique. Ce faisant, ils pourront continuer de fournir aux Canadiens des renseignements et des documents journalistiques fiables et fondés dans ce monde de plus en plus complexe et difficile. 

Si les abonnements numériques ont la cote pour certains journaux tel le New-York Times qui compte actuellement plus de sept millions d’abonnés dont neuf-cents mille pour la version papier, le crédit d’impôt canadien est un incitant à s’abonner à la version numérique d’un ou plusieurs médias. Le crédit d’impôt peut atteindre cinq-cents dollars.

En Belgique, les formes d’aide à la presse relèvent soit du gouvernement fédéral (tarifs postaux), soit des communautés (aide directe). En instaurant un crédit d’impôt pour les abonnements numériques à des médias qui respectent la déontologie de la presse, le fédéral aurait la garantie que nos concitoyens soient informés à bonne source et non par les réseaux sociaux véhiculant fausses informations et pareilles rumeurs.

La liberté d’expression mise à mal au Liban.

L’histoire se passe au Liban. Prenant connaissance de la programmation du Festival international de Byblos qui a invité, comme en 2010 et 2016, Mashrou’ Leila, un groupe rock libanais, le père Camille Moubarak, responsable de l’école doctorale de l’Université La Sagesse, invite, sur Facebook le 19 juillet,  les chrétiens fidèles à s’abstenir d’assister à ce concert prévu le 9 août.   Jbeil (NDLR nom actuel de Byblos), citadelle de la civilisation, n’est pas un endroit pour la perversion. Je demande aux habitants de Jbeil en particulier et aux Libanais en général de boycotter Mashrou’ Leila, le groupe qui va chanter à Jbeil pour répandre la dépravation, la corruption et le manque de respect envers les symboles religieux.

Mashrou’ Leila, fondé en juillet 2008 par des étudiants de l’American University of Beirut, est à présent un groupe phare du Moyen-Orient, avec ce mélange unique  de rock alternatif et de poésie arabe connu internationalement. Le chanteur du groupe, Hamed Sinno, affiche son homosexualité. Ce qui au Liban n’est certes plus un délit depuis l’an dernier mais est toujours répréhensible comme atteinte à la morale publique. Nous sommes quatre Libanais de différentes religions et milieux socioculturels. Notre objectif  est et a toujours été de nous épanouir en temps qu’artistes et d’utiliser les espaces qui nous sont offerts pour essayer de mettre la lumière sur les problèmes du monde qui nous entoure, tout en essayant de rendre les personnes autour de nous fières. Ni plus ni moins.

Le 20 juillet, sur Facebook, un cadre du Courant Patriotique Libre, le CPL parti du Président du Liban Michel Aoun, Nagy Hayek habitant Jbeil écrit : Cela n’est pas une mise en garde concernant le concert du 9 août à Jbeil. Il s’agit d’une menace directe envers ce groupe et envers tous ceux qui travaillent à promouvoir ses concerts à Jbeil. Nous empêcherons le concert par la force et je serai le premier à le faire. Celui qui porte atteinte à la Croix et au Christ n’a pas sa place à Jbeil. Ce texte retiré deux jours plus tard enflamme les réseaux sociaux, les partis politiques, les ecclésiastiques maronites dont l’archevêché de Jbeil et le Centre d’information catholique qui demandent l’interdiction du concert et le service de la Sécurité de l’État.

Ce service a interpellé deux musiciens du groupe de rock qui ont comparu devant la procureure du Mont-Liban, Ghada Aoun. Celle-ci a ordonné leur relaxe et n’a point demandé l’interdiction du concert. Deux partis chrétiens, les Forces Libanaise (FL) de Samir Géagéa et le CPL réclament l’interdiction à l’inverse du parti Kataëb de Samy Gemayel inquiet du danger qui plane sur les libertés dans le pays.

Mais que reproche-t-on à Mashrou’ Leila ? Réponse de Fifi Abou Dib, chroniqueuse au journal L’Orient-Le Jour : « un article partagé… en 2015, par le chanteur du groupe, Hamed Sinno, sur sa page Facebook, extrait du blog d’un intellectuel américain, activiste des droits de l’homme, diplômé de Harvard. Le blog s’appelle Paper Bird et son auteur signe ses papiers Scott Long. L’article en question est une étude sur les « Icônes », homosexuelles s’entend, et la manière dont la communauté gay, particulièrement vulnérable et isolée dans presque toutes les sociétés du monde, s’attache à des personnalités célèbres auxquelles elle s’identifie, qu’elle s’approprie comme une sorte de bouclier magique et qu’elle glorifie. Cet article est illustré d’une série de portraits de la star pop Madonna apposés sur une icône byzantine, d’un artiste inconnu qui pourrait être, selon certains, de par le style, l’artiste anonyme syrien Saint Hoax. Exhumée après un oubli de près de 5 ans, isolée de son contexte, l’image de Madonna en icône byzantine a été attribuée à Hamed Sinno et brandie par une bande d’allumés comme preuve que Sinno et son groupe incitent à la haine sectaire et insultent les symboles chrétiens. Pour ce qui est des chansons incriminées, l’album tout entier auquel elles appartiennent est inspiré des fêtes païennes de l’Antiquité. L’une d’elles est adressée à Aeode ou Aiode, fille de Zeus et l’une des muses béotiennes, muse de la voix et du chant. Certes, les paroles peuvent être jugées provocantes dans un contexte de susceptibilité  religieuse exacerbée : « Je vais noyer mon chagrin, oublier mon nom et me donner à la nuit/ baptiser mon foie dans le gin/danser pour exorciser les djinns/tremper mon foie dans le gin/au nom du père et du fils. » Dans cette incantation, le chanteur promet à la déesse de se débarrasser de ses démons (ses tourments et ses blocages, bien sûr) pour recevoir la grâce de l’inspiration.

Finalement, avec colère et tristesse, en accord avec les musiciens de Mashrou’ Leila, le  Festival international de Byblos a annoncé être obligé d’annuler le concert pour éviter une effusion de sang et préserver la sécurité et la stabilité. Décision entraînant une prise de position inhabituelle dans la presse, celle du quotidien L’Orient-Le Jour dont le PDG est Michel Eddé, ancien président de la Fondation et de la Ligue maronites, ancien ministre.  Après discussion au sein de la rédaction, il nous a semblé que pour tenter d’enrayer d’emblée un engrenage risquant, bien au-delà de cette affaire, de s’avérer fatal pour les valeurs défendues depuis toujours par ce journal, il nous fallait réagir autrement qu’à l’accoutumée. Cette réaction prend la forme d’un appel (adopté à une quasi-unanimité par la rédaction) à tirer pleinement les leçons de cette affaire, pour ne plus jamais laisser la peur triompher.

Intitulé Liberté d’expression : ne cédons pas face à la violence, l’article réaffirme sonattachement au pluralisme religieux et au respect de la foi de tout croyant, comme à la liberté de chacun de ne pas croire, dans une région où ces principes sont chaque jour un peu plus menacés. (…) nous ne pouvons qu’être indignés face à l’enchaînement des faits qui ont conduit à ce renoncement. () Il est de notre devoir à tous de veiller à ce que notre pays demeure fidèle à sa vocation, être « un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient comme pour l’Occident » (Jean-Paul II).

Réaction également de la Fondation Adyan rassemblant chrétiens et musulmans en vue de sortir du communautarisme qui modèle encore la société  libanaise. Dénonçant la crise d’hystérie engendrée autour de l’affaire Mashrou’ Leila, son directeur le père Fadi Daou, un prêtre maronite, estime que  cela ne justifie aucunement l’interdiction d’un concert. Ne l’oublions pas : la valeur ajoutée du Liban est qu’il est le berceau des libertés, avec à leur tête la liberté de croyance et la liberté d’expression. Ce sont les chrétiens en premier qui doivent les sauvegarder et les défendre.

Conclusion de l’affaire Mashrou’Leila, deux opinions tranchée de Libanais-es: Si tu as peur pour ta foi à cause d’une chanson, reconsidère ta foi, pas la chanson et On veut toujours nous amener, nous autres libanais, donc moyen-Orientaux à des normes occidentales, donc permissives à outrance, pour faire de nous de bons singes qui doivent savoir singer.

Cette atteinte à la liberté d’expression dont la presse internationale a brièvement rendu compte n’est pas la seule que le Liban a eue à connaître cet été au point qu’il est permis de dire que cette liberté essentielle est sérieusement menacée. Pas plus tard qu’en ce mois d’août, l’annulation d’une représentation du groupe satirique Ktir Salbeh Show dans un restaurant du Sud-Liban proche de Bint Jbeil, forteresse de la résistance aux dires du Hezbollah. Annulation due faute de clientèle assure le restaurateur. Version contestée par une journaliste Nada Ayoub qui affirme qu’une personne affiliée au Hezbollah a demandé au restaurant d’annuler le spectacle à cause de la tenue des actrices et des blagues à caractère sexuel qui ponctuent la représentation. Version plausible si l’on sait qu’à Bint Jbeil, ville de trente mille habitant.e.s, l’organisation chiite y interdit la vente d’alcool de même que la musique et les fêtes pour les mariages.

Toujours en ce mois d’août, à Nabatiyé, annulation d’une soirée d’hommage à Mahmoud Darwich, célèbre poète palestinien de confession sunnite décédé en 2008. La lecture de ses poèmes devait être accompagnée musicalement par un joueur de tabla. Une atteinte intolérable à la religion.  Tout comme la diffusion d’un cliché montrant une jeune fille, dos nu, devant un mur couvert de graffiti dont l’un en arabe, Dieu est passé par là a valu à son auteur Jad Ghorayeb une volée d’insultes sur les réseaux sociaux.

Elections présidentielles à Madagascar

Les résultats officieux du second tour des présidentielles de Madagascar qui s’est déroulé le 19  décembre sont connus. Résultats officieux puisqu’ils peuvent encore être contestés par le candidat évincé. Dans un délai de neuf jours, les résultats officiels seront proclamés par la Haute Cour Constitutionnelle.

Andry Rajoelina (44 ans) a obtenu 2 587 750 voix tandis que Marc Ravalomanana (69 ans) n’en recueille que 2 061 051. Le taux de participation se limite à 48,09% des 9 913 599 électeurs inscrits, un taux moindre qu’au premier tour où celui-ci se montait à 53,9%.

Caractéristique de ce second tour, les deux candidats ont déjà été Président. Président depuis 2002, Marc Ravalomanana est renversé en 2009 par Andry Rajoelina, maire d’Antanarive. C’est dire si les deux hommes s’apprécient. L’aîné est entrepreneur en agro-alimentaire, patron du groupe Tiko. Le cadet, ancien disc-jockey, se fait un spécialiste de l’événementiel. Tous deux s’intéressent activement aux médias tant audiovisuels qu’écrits.

Aux couleurs blanches – rappel discret du lait, élément phare du groupe Tiko – la campagne électorale de Ravalomanana a dénoncé le putschiste Rajoelina. Je ne travaille pas pour moi ou m’enrichir,  je ferai tout pour faire de Madagascar un pays développé. Tandis que sous la couleur  orange, Rajoelina réplique vieillard prend ta retraite pour aller traire tes vaches. Je serai un président du petit peuple qui protège les pauvres. Vaste programme. Quatre-vingt pour cent de la population  – 26 millions de Malgaches – vit avec moins de un euro soixante par jour. Madagascar occupe la quatrième place parmi les pays les plus pauvres.

Union africaine, Union européenne et Organisation internationale de la francophonie ont envoyé des observateurs. Ceux -ci, en parfaits diplomates, félicitent le pays et son peuple de ces élections et appellent les deux candidats et leurs partisans à respecter le résultat et s’abstenir de tout acte de nature à engendrer des troubles. Bref, comme l’a dit la conférence des évêques catholiques de Madagascar accueillir humblement le vrai choix du peuple. Présent dans les sept régions de Madagascar et dans plus de neuf mille bureaux de votes sur un total de 24852, l’observatoire indépendant Safidy est plus sévère. Ainsi, il a constaté des cas de distribution d’argent dans 10,4% des communes, dans la majorité des cas, elles ont été pratiquées par les groupes de soutien du candidat N°13 (82,8% des cas) par rapport à 17,2% des cas par les groupes de soutien du candidat N°25. Au premier tour des élections, le 7 novembre, chacun des 36 candidats avait reçu un numéro. Le N°13 désigne Rajoeline, le N°25 Ravalomanana.

Ce dernier se rebiffe. Il a déposé plainte et réclame l’annulation pure et simple de ce scrutin. Il appelle chacun de ses électeurs à ne pas se laisser voler son vote et les convie à manifester ce week-end sur l’emblématique place du 13 mai. Faute d’un plafonnement des dépenses électorales, le paradoxe de l’élection présidentielle malgache est qu’elle est la plus couteuse dans un des pays les plus pauvres du monde.

Capitale de la Résistance, Liège a attendu 70 ans « LE SILENCE DE LA MER’ de Vercors !

 

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     Chacun connait (ou devrait connaître) le thème du Silence de la mer. L’action se déroule en France occupée. Des Français, un oncle et sa nièce, doivent accueillir un officier allemand, Werner von Ebrennac. Ils se posent la question comment le supporter. La réponse est simple et claire  comme si cet officier n’existait pas. Comme s’il était muet et transparent. Tu verras, personne ne peut supporter longtemps d’être ignoré aussi longtemps. Tout au long de son séjour, Werner von Ebrennac soliloque : Il sortira de cette guerre de grandes choses pour l’Allemagne et pour la France. Je pense avec mon père que le soleil va briller sur l’Europe. Retour de permission, il réalise combien ses supérieurs l’ont berné d’où sa demande à être affecté au front. L’oncle lui cite Anatole France : Il est grand pour un soldat de désobéir à des ordres criminels. Werner s’en va au front. C’est une manière élégante de se suicider dans l’honneur pour un von Ebrennac.

     Chacun connaît (ou devrait connaître) la Compagnie Royale Théâtre Arlequin. Septante ans après la création parisienne, dans une mise en scène de Jean Mercure, de la pièce inspirée de la nouvelle Le Silence de la mer, Liège a, enfin, connu, des représentations (1), dans une mise en scène d’Alexandre Tirelier, de ce spectacle. Liège en a été privé pour deux raisons : les Galas Karsenty ne l’ont jamais programmé et feu le Gymnase a fait de même, en dépit de ses 36 pièces montés annuellement !

     Le rôle de Werner von Ebrennac est incarné par Fabian Nicolaï, un artiste qui vient de rejoindre talentueusement la troupe de l’Arlequin. José Brouwers et Camille Fernandez assument les rôles d’oncle et de nièce. Leur lecture et leur silence confèrent l’esprit de résistance qui rend muet l’amour de la musique que partagent au moins Werner et la jeune Française. Un spectacle remarquable à l’émotion intense.

     Mais qui est ce Vercors auquel le porte-parole du général De Gaulle, Maurice Schumann, en 1942, à la BBC s’adresse vous, Vercors, encore inconnu et déjà célèbre … ? Pour en savoir davantage, nous avons consulté le Maitron (2). Nathalie Gilbert, auteure de la notice de Jean Bruller dit Vercors précise qu’il effectue sa scolarité à l’Ecole alsacienne qui prolongeait les principes éducatifs des parents : soucieuse de donner à ses élèves une solide culture des sciences et des humanités, privilégiant les méthodes éducatives douces, cette école, de tradition protestante, entendait également former des hommes et des citoyens guidés par une morale intérieure rigoureuse. Cette conscience personnelle, qui doit au besoin se réformer par elle-même, incarne particulièrement l’homme que fut Jean Bruller.

     Diplôme d’ingénieur, service militaire à Tunis,  A son retour en 1926, il entreprit officiellement sa carrière de dessinateur. (…) il publia son premier album alliant texte et dessins, 21 Recettes de mort violente à l’usage des personnes découragées ou dégoûtées de la vie pour des raisons qui, en somme, ne nous regardent pas. Parallèlement, il continua à fournir des dessins pour divers journaux (Le Rire, Fantasio), il devint l’un des illustrateurs des Editions Nathan : la trilogie Pif et Paf.

     Dans les années trente le dessinateur fut donc en contact avec notamment André Gide, Romain Rolland, Roger Martin du Gard, Georges Duhamel, Jean Guéhenno, Charles Vildrac. Ce milieu de gauche, famille intellectuelle de Jean Bruller par héritage paternel, lui dessilla les yeux sur les méfaits du colonialisme (…) A partir de 1932, Jean Bruller entama son œuvre de la maturité préfacée par Jules Romains, La Danse des vivants. Cet album à la philosophie intemporelle inspirée des moralistes du Grand Siècle (…) La philosophie pessimiste du moraliste sur la nature humaine, dégagée des contingences du réel, fut ébranlée par l’Histoire. Elle proposa alors (…) les prémisses de l’évolution d’une pensée intégrant des éléments marxistes, toutefois dominée jusqu’à la fin de sa carrière par l’idéalisme.

     À l’armistice, décidé à ne rien publier sous le joug ennemi, il réside, au 31bis de la rue du Touarte, à Villiers-sur-Morin, petit village en Brie (600 habitants à l’époque) et travaille chez le menuisier. En 1941, il intégra le réseau de l’Intelligence Service, bientôt démantelé. Il entra alors en Résistance intellectuelle (…) Lescure et Bruller créèrent donc leur propre maison d’édition clandestine, Les Editions de Minuit, entreprise viable grâce au réseau des imprimeurs avec lequel le dessinateur avait travaillé dans l’entre-deux-guerres. Celui-ci publia son célèbre récit Le Silence de la mer le 20 février 1942 sous le pseudonyme de Vercors, du nom de cette montagne qui l’avait impressionné en 1939. Si la plume remplaça le crayon, il serait erroné de croire que l’écrivain ne serait pas né sans les contingences historiques. Jean Bruller aimait en effet à compléter ses albums de textes.

     Au lendemain de la guerre, symbole de la Résistance intellectuelle, auréolé d’une soudaine notoriété, Vercors fut nommé à la commission d’épuration de l’édition qu’il quitta dès janvier 1945, jugeant inacceptable les complaisances accordées aux éditeurs. Membre actif du Comité National des Ecrivains (CNE) chargé d’établir la « liste noire » des écrivains compromis, il se montra le plus intransigeant sur le sujet.

     Compagnon de route du Parti communiste, il rendit compte de ses rapports conflictuels avec le PCF dans Pour Prendre congé (PPC, 1957). Désormais, il se montra plus ou moins proche du Parti en fonction des événements et n’hésita plus à se rapprocher des gauches dissidentes pour certains combats comme la guerre d’Algérie. La torture pratiquée par la France dans ce conflit, lui fait refuser la Légion d’honneur en 1960. 

     Inventeur des callichromies, un dérivé de la sérigraphie, reproduction de tableaux à l’huile, il conserve son nom Jean Bruller pour ses œuvres d’artiste et adopte le nom de Vercors en tant qu’écrivain. Vercors s’impliqua pour certaines avancées sociétales. Ainsi il se prononça contre la peine de mort. Il soutint la loi d’autorisation de l’IVG dans Ce que je crois (1975). Dans ses lettres privées, il défendit le droit à mourir dans la dignité.

    Né le 26 avril 1902, jour anniversaire du centenaire de la naissance de Victor Hugo, il décède à 89 ans, à son domicile Quai des Orfèvres à Paris.

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(1)Compagnie Royale Théâtre Arlequin – vendredi 17, 31 mars et samedi 18, 25 mars, 1 avril à 20h 30 – rue Rutxhiel 3 Liège – tél. 04/222.15.43  info@theatrearlequin.be – réservation : billetterie du Forum & du Théâtre Arlequin, rue du Pont d’ Avroy 12 , tél. 04/223.18.18 et par internet www.theatrearlequin.be

(2) http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article178469, notice VERCORS [BRULLER Jean, dit] par Nathalie Gibert, version mise en ligne le 8 février 2016, dernière modification le 8 février 2016. Le printemps du Maitron – 22 mars 2017 une journée consacrée au Maitron se déroulera dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, de 14h à 22h, en présence de nombreux intervenants – pour assister à cette journée, merci de vous inscrire en envoyant vos Nom et Prénom par mail à l’adresse info@maitron.org

ACADÉMIE FRANÇAISE : le pluriel de proximité « exemple à suivre ».

    Le 10 septembre 1957, Andreï Makine nait à Krasnoïarsk, une ville de Sibérie située à quelques quatre mille cent kilomètres de Moscou. Sa langue maternelle est le russe mais dès l’âge de quatre ans, grâce à une dame française, il parle également français dont il se sert plus tard pour écrire des romans. À 30 ans, il gagne Paris en qualité de migrant clandestin avant d’obtenir le droit d’asile.

    En 1990, Gallimard publie La Fille d’un héros de l’Union soviétique, une démythification du régime, mais la rage et le désespoir au cœur (…) ce n’est pas parce que le collectivisme a fait faillite, que le capitalisme est la panacée. Ce roman est présenté comme traduit du russe par Françoise Bour. Makine l’a pourtant rédigé en français mais il a dû feindre de l’avoir écrit en russe, et il a paru comme étant traduit du russe par une inexistante Françoise Bour

    Cinq ans plus tard, Le Testament français obtient le prix Goncourt, le prix Goncourt des Lycéens et le prix Médicis. Andreï Makine est désormais un auteur français. La République lui accorde la nationalité française. En 2000, l’Académie française lui décerne la grande médaille de la francophonie obtenue l’année précédente par l’Algérienne  Assia Djebar. Le 3 mars 2016, Andreï Makine est élu au cinquième fauteuil de l’Académie française dont le premier titulaire a été le beau Ténébreux, le poète Jean Ogier de Gombauld. Assia Djebar a été la titulaire de ce fauteuil de 2005 à 2015. 

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    Lors de la cérémonie de réception à l’Académie française, à la mi-décembre de l’an dernier, Dominique Fernandez a déclaré  Cette sensibilité aux nuances de la langue française aura fait de vous l’écrivain qui la maîtrise admirablement. Il nous aura fallu du temps pour le reconnaître ! Vous nous rendiez jaloux (…) La critique ne désarmait pourtant pas. Ce n’est pas un métèque, s’écria-t-on, qui va nous apprendre à écrire en français. Vous êtes un amoureux de notre langue, vous avez ressuscité d’anciens mots oubliés (…) Vous avez même créé des néologismes, qui vont dans le droit fil de la langue, tel le plaisant mot, pour désigner un ivrogne invétéré qui braille et gesticule en public, de « scandaliste », terme qu’il faudrait songer à introduire dans notre Dictionnaire. 

    L’enthousiasme de Dominique Fernandez envers Andreï Mikane va croissant. Mieux encore : vous avez remis en honneur une forme syntaxique rare, dont certains réclament le retour, surtout certaines, qui luttent vaillamment contre ce qu’elles appellent la domination masculine dans la grammaire : le pluriel de proximité. Vous écrivez en effet, à propos des fioritures de l’Art nouveau : « Toutes les sinuosités, galbes et courbes de cette architecture, affaiblies, i, e, s, à moitié effacées, é, e, s, étaient parvenues, u, e, s, jusqu’aux profondeurs de la Russie. » Or, « galbes » étant du masculin, on nous a appris à accorder les trois noms au masculin. Vous, constatant que « courbes » est le dernier nommé, les accordez au féminin, à l’instar de Mme de La Fayette ou de Racine : « Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières » (Athalie, acte I). Exemple à suivre. 

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Dominique Fernandez et Andreï Makine

    Le retour à la règle de proximité d’application en grec ancien, en latin – les deux mamelles de la langue française – et en français ancien  est un exemple à suivre. Cette déclaration d’un académicien au XXIème siècle tranche avec les propos tenus à la fin du XXème par un autre académicien, Maurice Druon, pour qui ce retour apparaît telle une réforme bouleversante qui eût altéré le visage familier du français.  

    Il y a donc de l’espoir pour les signataires de la pétition  Que les hommes et les femmes soient belles ! en rébellion contre la règle le masculin l’emporte sur le féminin. La pétition estime que cette règle de grammaire apprise dès l’enfance sur les bancs de l’école façonne un monde de représentations dans lequel le masculin est considéré comme supérieur au féminin. Le retour à la règle de proximité est une manière d’en terminer avec une révolution sexiste opérée il y a trois cent cinquante ans. Les Éditions Cogito ergo sum installées à Rouen  exigent de leurs auteurs qu’ils respectent la règle grammaticale de proximité qui rétablit cette égalité dans la langue française.

    Fomentée sous le règne d’une monarchie absolue, la révolution sexiste grammaticale a utilisé des arguments qui ne sont plus de mise au XXIème siècle se réclamant de l’égalité femme-homme. Ainsi, selon le jésuite Dominique Bouhours (1628-1702), adversaire de la règle de proximité, lorsque deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte. Le même abbé Bouhours, le maître à penser et à écrire de sa génération, est également l’auteur de cette phrase bien dépassée à notre époque la connaissance des langues étrangères n’est pas beaucoup nécessaire à un François qui voyage. Où ne va-t-on point avec notre langue ? Ainsi, l’argument du grammairien Nicolas Beauzée (1717-1789), professeur à l’École militaire, est encore plus obsolète : le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle.

Janvier 2017, première ligne ferrée électrique d’Afrique opérationnelle de Djibouti à Addis-Abeba

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        En novembre, à Djibouti, deuxième étape de l’inauguration de la nouvelle voie ferrée reliant cette ville portuaire à Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie. La première étape de l’inauguration a eu lieu dans cette ville en début octobre. À en croire La Nation, journal djiboutien : la cérémonie inaugurale fut particulièrement longue. Il est vrai que cette ligne est historique. Il s’agit de la première voie ferrée électrique du continent africain. Elle sera opérationnelle dès janvier 2017. Son tracé est parallèle à l’ancienne ligne mise en service le 17 juin 1917 qui, au fil des ans, a dépéri au point qu’aujourd’hui, elle se limite à un tronçon de 207 kms entre Dire Dawa et Galilée, deux villes éthiopiennes.

        L’initiateur de cette nouvelle ligne a été Ismaïl Omar Guelleh, le Président de la République de Djibouti. Sa réalisation, prévue en quatre ans, est l’œuvre des Chinois qui l’ont accomplie avec six mois d’avance. Vingt ans ont été nécessaires pour construire la ligne de 1917 !  Le train de la Renaissance et de la prospérité – long de 752 kms 700 – a un coût – 230 milliards de yuans – financés par la Chine.

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        Le train de la Renaissance et de la prospérité est vu par certains comme le premier maillon d’une Transafricaine allant de Djibouti à Douala, sur la côte Ouest. Les chiffres parlent : un dénivelé de 2 400 mètres, altitude d’Addis-Abeba, et Djibouti ; 41 locomotives et 1171 wagons destinés au fret et aux passagers ; vitesse 90 km/heure pour des convois fret de 3 500 tonnes, 120 km/heure pour les trains de passagers tandis qu’il faut trois jours par la route ; un personnel de 2 000 personnes.

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         Le train de la Renaissance et de la prospérité va être exploité par les Chinois durant les cinq premières années, le temps de former le personnel. Les informations à bord sont trilingues : amharique, la langue de l’Éthiopie, anglais et chinois. Il est à noter qu’en dépit des multiples avatars connus  depuis 1917, la Compagnie ferroviaire, à l’origine CFE (Compagnie du chemin de fer franco-éthiopien),  a réussi à conserver, parmi son personnel, la langue française comme langue de travail. Ce qui est remarquable. La nouvelle Compagnie préfère substituer l’anglais au français et imposer le chinois. Qui paie les violons choisit la musique !

PHOTOS : 1- Ismaïl Omar Guelleh, Président de la République de Djibouti  2- Locomotive Éthiopian Railways 3- Ouvriers chinois

Oufti, quel Congrès … le XIVe Congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français

       

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        La préparation du XIVe Congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français a été longue, six ans. Tout d’abord, il y a le temps de la réflexion, Liège est-elle à même de relever le défi de faire aussi bien – sinon mieux – que Durban (3 millions 400 mille habitants), Paris (2 millions 300 mille), Tokyo (13 millions et demi) ? Fort de l’appui de l’Université, de la Province, de la Ville, Jean-Marie Klinkenberg présente, en 2012 à Durban, la candidature de Liège. Elle est acceptée et ce Congrès se déroule à Liège, du 14 au 21 juillet 2016, sur le thème Français langue ardente.

        Durant quatre ans, tout est mis en œuvre pour faire du Congrès une réussite. Ainsi, la Province de Liège met à la disposition  150 chambres des internats de Seraing et d’Herstal de l’enseignement provincial aussi bien des aides matérielles et logistiques. Ainsi, le service de la communication intervient lors des cérémonies d’ouverture et de clôture du Congrès de même que la collaboration de Fédération du tourisme a été précieuse dans la conception de l’offre culturelle et touristique  proposée aux congressistes sans oublier la réception officielle au Palais provincial des 1500 participants venus de 103 pays.   

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        Dans son message aux congressistes, la Secrétaire-générale de l’OIF (1), Michaëlle Jean déclare : Vous allez vous nourrir mutuellement de la diversité de vos perspectives qui sont riches et qui témoignent d’un investissement constant. Vous le ferez, en ayant bien à l’esprit le message de l’un des pères fondateurs de la Francophonie, Léopold Sédar Senghor: « S’enrichir de nos différences pour converger vers l’universel. » La Francophonie qui nous rassemble est un puissant maillage de réseaux institutionnels, professionnels et de la société civile. Parmi ces réseaux, la Fédération internationale des professeurs de français est l’un des plus emblématiques de la « Francophonie des solutions » – j’aime la nommer ainsi – qui trouve sa force dans des synergies fécondes. Consciente de ses atouts, de ses accomplissements dans tous les domaines, de ses bonnes pratiques à partager, des passerelles à renforcer ou à construire, cette Francophonie trouve dans la langue française un formidable levier.

        Plus de cinq cents communications allant de La culture d’évaluation des compétences au Kazakhstan à L’état du français dans l’empire ottoman et dans la Turquie nouvelle ou encore les Représentations sémantiques des mots « French (français) » et « Francophone (francophone) » chez les élèves et les étudiants du français au Botswana sans oublier D’une implantation de l’approche neurolinguistique (ANL) à Taïwan.

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        L’ensemble des communications vise à mieux encore enseigner le français. Obtient-on un meilleur résultat par L’argot, langage ardent ? Berry van de Wouw le croit : Ce langage coloré mérite donc qu’on en parle en classe. (…) Le matériel est prêt à l’emploi et sera distribué sur clé USB aux participants. Et pourquoi pas essayer les poèmes tels le limerick, le pantoum, le tanka et le haïku ? Ou encore l’humour depuis Philogelos jusqu’aux humoristes contemporains, chaque production comique peut constituer un élément déclencheur dans la démarche didactique en rafraichissant l’ambiance de la classe. L’épanouissement de l’humour en tant qu’outil éducatif est censé atteindre un noble but car « ridendo castigat mores » estime Raluca Ionescu. Un avis partagé par un autre collègue Greet Aelvoet – l’humour influence positivement non seulement notre épanouissement personnel mais également le processus d’enseignement et d’apprentissage – qui a décidé d’enseigner la langue française avec un sourire aux lèvres.

        C’est cool, ici ! C’est vraiment l’fun ! Le rôle des anglicismes en français de France et en français québécois, tel est le titre de la communication de Frédérique Grim de la Colorado State University (USA). Elle s’interroge : Quel mot enseigner dans un cours de français langue seconde ? Devrions-nous nous attacher au vocabulaire purement français ? Sans dévaloriser les langues qui influencent l’usage actuel, l’anglais semble fournir la majorité des néologismes dans la langue française. Entre le français parlé en France et le français dit « québécois », les différences lexicales se retrouvent non seulement au sein de la langue française, mais aussi dans le choix des mots anglais qui entrent dans chacune de ces variétés.

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        Un point de vue que ne partage point le Québécois Jean-Pierre Roy tanné de voir comment et pourquoi la langue anglaise s’infiltre avec autant d’aisance et d’ampleur… Son documentaire La LANGUE À TERRE, film pamphlétaire suit un parcours  politico-historique et s’indigne de l’anglicisation de nos cultures, pénétrées par une langue anglaise mondialisé qui s’impose partout et de plus en plus rapidement. L’impact de l’anglais ne se fait pas sentir qu’au Québec – Bernard Landry, Yves Beauchemin, Pierre Curzi, Louise Beaudoin, Yves Michaud et Victor-Lévy Beaulieu notamment ont conscience du problème – il en va de même ailleurs sur la planète. LA LANGUE À TERRE explore ainsi la place qu’occupe le « globish » en France, notre mère-patrie. Bernard Pivot, Cédric Klapisch, Jean-Pierre Raffarin et Patrice Leconte, entre autres, se questionnent sur les incidences de l’anglais sur la société française. Les Français sauront-ils protéger leur culture et conserver leur place de choix dans le monde ? En cette ère d’hypermondialisation, les nations pourront-elles résister à l’intrusion de l’anglais devenu lingua franca ?

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        Chaque délégation a élaboré un livre blanc sur la situation du français dans son pays en sorte que la synthèse des cent-trois livres blancs donne, à l’issue du Congrès, une vision claire de l’état de la langue française et de la diversité linguistique de la planète.

(1) OIF Organisation internationale de la Francophonie

Le président de l’Alliance française de Liège veut davantage de membres. Ils sont déjà 300 !

        Paradoxalement, Liège – ville francophile s’il en est – est restée jusqu’au 21ème siècle à l’écart de l’Alliance française, une association internationale créée en 1883, à l’initiative de Paul Cambon, avec des personnalités de grande envergure tels Ernest Renan, Jules Verne, Ferdinand de Lesseps ou Louis Pasteur.

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        Liège est la huitième Alliance française au Royaume de Belgique. Elle a été devancée notamment par Verviers, Huy, Gand. En 2011, William Ancion dépose la candidature de Liège auprès de la Fondation Alliance française qui l’accepte à l’unanimité. Son président Jean-Pierre de Launoit lui annonce la bonne nouvelle le 23 novembre (cfr Liège 28 du 23 novembre 2011).

        En janvier 2012, William Ancion assiste, à Paris, au Congrès de l’Alliance française dont l’invité d’honneur est Stéphane Hessel dialoguant avec Edmond Blattchen , un des dix-neuf membres fondateurs de la section liégeoise (cfr. Liège 28 du 27 janvier 2012). Officiellement, l’Alliance française de Liège est née le mercredi 22 février 2012 au Palais provincial en présence notamment de son Excellence l’ambassadeur de France Michèle Boccoz.

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        Fidèle aux trois missions dévolues à chacune des sections réparties dans le monde, l’Alliance française de Liège a trouvé son assise populaire en instaurant, en octobre 2014, les lundis de l’Alliance française, au Théâtre de Liège, à 18h. Si le premier lundi voué aux secrets du Quai d’Orsay n’en a guère révélé, en revanche, les autres ont mis en lumière les talents des invités Jean-Marie Piemme, Sacha Sprenger, Jacques Mercier, Philippe Claudel, Christian Lacroix.

         En 2015, les lundis de l’Alliance française de Liège ont fait fort en invitant Bernard Pivot puis Yves Winkin – originaire de Verviers-la-mal-aimée de l’avis de Télévesdre (1/12/2015) – qui mène une brillante carrière à Paris en qualité de directeur de la culture scientifique et technique du CNAM et directeur du Musée des Arts et Métiers. En janvier 2016 – le 18 – l’invité du lundi est Jean-Charles De Keyser qui chante Jacques Brel dont Quand on a que l’amour a marqué la cérémonie d’hommage de la France aux Invalides.

        Ce lundi, le président de l’Alliance française de Liège en présentation de l’orateur José Brouwers a changé de préambule. Au lieu d’exalter l’association dans son aspect universel, il a choisi d’évoquer la section liégeoise en lançant un appel aux adhésions.

        Actuellement, trois cents membres cotisent soit en qualité de sympathisant (20 €) ou d’adhérent (25 €). La qualité de membre donne accès gratuit aux manifestations de l’Alliance française de Liège et permet de profiter des avantages proposés par ses partenaires. Les membres adhérents sont conviés à l’assemblée générale – au printemps – au cours de laquelle le Bureau fait le bilan de la saison, expose les projets et entend les suggestions. Les avantages sont de plus en plus nombreux : réductions à divers spectacles, concert Berlioz, représentations à la Comédie royale du Théâtre Arlequin, etc, etc. Il est possible de réserver ses places aux lundis à la billetterie du Théâtre de la Place (tél. 04/342. 00.00) dont le directeur, Serge Rangoni, est un des fondateurs de la section liégeoise.

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        Les cotisations à Liège sont dérisoires si elles sont comparées, par exemple, à celles de l’Alliance française de Flandre-Orientale : – membre individuel: € 30,00 – avec conjoint: € 45,00 – tarif étudiant: € 15,00 – membre bienfaiteur: 50,00 € – membre bienfaiteur avec conjoint: 75,00 €.

        Comme faire de la pub dans la presse est hors de prix, William Ancion demande au public de la faire via Internet. Il signale que les cartes de membres ne sont pas envoyées par Bpost mais sont quérable lors des lundis et précise même que tout membre est chargé d’inscrire personnellement son nom! Tant de vertus d’économie font souvenir qu’au siècle dernier, il a été échevin des Finances en charge de redresser celles de la ville de Liège. Globalement, il y a réussi …

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© Yusuf AHMED, de l’Alliance française de Dacca  (Bangladesch), lauréat du 5e concours international de photo organisé par la Fondation Alliance française sur le thème « Climat, état d’urgence ». Exposition à Paris-Le Bourget (COP 21)


 
   

 

Liège compte une nouvelle rue : rue Jean Gol.

 

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        Vingt ans, jour pour jour, après son décès, le Ministre d’État Jean Gol a une rue à son nom à Liège. Ainsi en a décidé le 18 septembre 2015 le Collège communal, sur proposition de Julie Fernandez-Fernandez, estimant que Jean Gol est toujours resté attaché à la Ville de Liège, raison pour laquelle un hommage lui est rendu.

        Étudiant, Jean Gol a été actif au sein de diverses associations wallonnes de gauche où il milite notamment avec Guy Mathot, Roger Dehaybe, Jean-Marie Roberti, Urbain Destrée et d’autres. Co-fondateur du Parti wallon des travailleurs (1964), du Parti wallon (1965), du Rassemblement wallon (1968), du Parti des Réformes et de la Liberté de Wallonie (1976) qui prend nom en 1979, de Parti réformateur libéral dont il assume la présidence. Visionnaire d’une patrie francophone, il s’allie avec le FDF aux élections européennes de 1994. Le PRL-FDF a trois élus dont Jean Gol et Antoinette Spaak alors que le nombre de sièges à pourvoir a été réduit de onze à dix.

        Une déclaration de Jean Gol de janvier 1976 : au-delà de s’affirmer Wallon, il convient « d’agir wallon ». Le fédéralisme n’est pas une solution miracle (…) Les problèmes wallons ne seront résolus que grâce à une modification profonde des mentalités en Wallonie, (cfr p. 270 – Encyclopédie du Mouvement wallon – Tome IV)

        La vie de Jean Gol est avant tout une vie politique. Pour preuve, la réponse obtenue par l’historien Joseph Tordoir de Rosita Winkler et de Carine Lescot :il était quasiment impossible de différencier l’homme privé de l’homme public, tant la politique avait rythmé sa vie depuis son adolescence (cfr Liège 28 du 24/11/2005).

        La rue Jean Gol se situe dans le quartier des Guillemins. Elle constitue le prolongement de la rue Bovy et relie la rue de Sclessin à la rue de Fragnée, juste derrière la Tour des Finances. Ce qui ne manque pas d’humour si l’on se souvient que Jean Gol a inventé l’expression la rage taxatoire à l’encontre de tous les gouvernements dont son parti ne faisait pas partie.

       Dans le morceau du quartier des Guillemins dont la toponymie était consacrée à des libertés accordées à Liège par le prince-évêque Albert de Cuyck et des militaires qui les ont défendues en 14-18, on assiste à un glissement politique. La rue Auguste Buisseret, l’esplanade Pierre Clerdent, voici la rue Jean Gol, tous libéraux de qualité sous les yeux même du local du cdH, voisin d’un sex-shop, situé rue Paradis. En vue d’apporter un baume au cdH, disons que parmi les distinctions honorifiques de Jean Gol figure la grand-croix de l’ordre d’Isabelle la Catholique !

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La Côte d’Ivoire rend l’école gratuite obligatoire de 6 à 16 ans pour tous les enfants.

        Rentrée scolaire innovante en Côte d’Ivoire, cette année-ci, à partir de septembre, l’école devient obligatoire de 6 à 16 ans. L’enseignement se fait en français, langue officielle du pays.

         C’est un projet historique comme l’a qualifié la ministre de l’Éducation nationale et de l’enseignement technique, madame Kandia Camara. Douze mille classes ont été construites et trente-cinq mille enseignants ont été recrutés. Ce projet vise à donner les mêmes chances à tous les enfants ivoiriens quelque soit leur milieu d’origine. Il résout également la question du chômage en permettant aux jeunes d’être bien formés. Plus de 150 millions d’euros sont consacrés à ce projet d’école obligatoire que le Président Ouattara avait inscrit dans son programme électoral présidentiel.

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        La mise en œuvre de la scolarisation obligatoire se heurte pourtant à des réticences que la ministre s’efforce de lever en soulignant les avantages de l’école obligatoire pour les enfants aussi bien que pour les familles. Pour l’enfant, la scolarisation obligatoire permet de combattre l’analphabétisme et l’illettrisme, de lutter contre les pires formes de travail des enfants, d’assurer l’égalité des chances en faveur des enfants issus de milieux défavorisés et entre les enfants des deux sexes. Pour les familles, c’est la gratuité de la scolarisation des enfants. Cette décision du Président de la République est en leur faveur. Les familles sont heureuses parce que leurs enfants sont épanouis. Ils savent lire et écrire et ont du travail. Pour la nation, elle met à la disposition de l’État des ressources humaines bien formées pour réaliser le développement. 

        La scolarisation obligatoire est accompagnée de diverses mesures dont le retour du port de l’uniforme.

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