Voyage mémorable au coeur des Alpes.

En mars dernier, à l’occasion de leur assemblée générale – tenue en présence de S.A.S. la Princesse Isabelle de Liechtenstein – Liège 28 a présenté les Amis du Liechtenstein en Wallonie qui célèbre cette année, ses quarante ans d’existence. Parmi les objectifs de cette association fondée par notre confrère Charly Dodet de Vers l’Avenir – aujourd’hui L’Avenir – figure notamment celui de faire découvrir et apprécier la petite principauté de Liechtenstein.

Cet été pour la trente-cinquième fois, les Amis du Liechstenstein en Wallonie (1) se sont rendus en cette Principauté. Une Principauté bientôt trois fois centenaire puisque c’est le 23 janvier 1719 que l’Empereur Charles VI en a fait un État souverain dans le cadre du Saint-Empire romain de la nation teutonique. Il en a confié la direction à Antoine-Florian de Liechstenstein, son ancien Premier Ministre.

Charly Dodet évoque ce trente-cinquième voyage dans les Alpes : Quarante-cinq personnes, venant de toutes les provinces wallonnes et de Flandre, ont, au cours de ce voyage, été officiellement reçues au Palais du Gouvernement, à Vaduz, par le Premier ministre de la principauté, M. Adrian Hasler, puis à l’hôtel de ville de la capitale par le bourgmestre, M. Ewald Ospelt. Outre la découverte de nombreux reflets des onze communes du pays, une visite guidée du château Gutenberg, de la laiterie nationale et de la grande salle publique de Schaan figuraient au programme de ce voyage, tout comme une balade au Sareiser Joch, à plus de 2.000 mètres d’altitude. Là, un des administrateurs, M. André Vanoverschelde, de Baillonville, a évoqué la géologie des Alpes et identifié de nombreuses plantes et fleurs qui s’épanouissent sur les versants escarpés des montagnes de la principauté.

Au cours de ce voyage, les Wallons ont aussi rencontré le Dr Alexander Ospelt, qui, depuis avril de l’année dernière, est le Consul honoraire de Belgique au Liechtenstein. Le voyage s’est terminé par la réception du 40 e anniversaire au Parlement du Liechstenstein. Le président de celui-ci, M. Albert Frick, s’est réjoui de la présence d’amis belges dans son pays et a mis en exergue le rôle joué par cette association unique en son genre pour rapprocher les populations et favoriser échanges et relations amicales au-delà des frontières.

S’il ne fait pas partie de l’Union européenne, le Liechtenstein est membre de l’Espace économique européen (EEE), de l’Organisation des Nations-Unies, du Conseil de l’Europe, et de nombreuses autres institutions internationales. Le fait qu’il ait adhéré à l’Espace Schengen est aussi un atout important pour les visiteurs de notre pays.

  • Les Amis de Liechtenstein en Wallonie – secrétariat : Joseph Guiot, Quai de Compiègne 2/63 – 4500 Huy – Tél. 085/21 27 24. – www.amis-du-liechtenstein.be.

Bulletion du Vieux-Liège : Juliette Noël à l’assaut d’une légende relative à Marie Walewska !

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       Moins de trois ans avant la Révolution française, en Pologne, chez les Laczynski, une famille noble, naît Marie. Elle a pour précepteur un Français, Nicolas Chopin, futur papa de Frédéric avant d’être envoyée parfaire son éducation au couvent Notre-Dame de l’Assomption à Varsovie. Marie est intelligente et studieuse, avec une douceur de caractère qui l’a fait aimer par tous ici. De plus, elle est d’une grande beauté.

        Les propositions de mariage ne manquent pas. Parmi ceux qui lui font la cour, il y a un jeune homme beau, riche et charmant qui lui a plu tout de suite. Il a pourtant un gros défaut : il est russe et, de plus, appartient à la famille du terrible feld-maréchal Souvorov, ennemi juré de la Pologne que ses puissants voisins, la Russie, la Prusse et l’Autriche, s’étaient partagée. La famille de Marie s’oppose et lui impose le mariage, fin 1804, avec le comte Anastazy Colonna Walewski, ancien chambellan du dernier Roi de Pologne. Point beau, riche de propriétés obérées et vieux – 72 ans, elle 18 -, on comprend qu’avant les noces, elle avait pleuré longtemps et a continué à sangloter pendant la cérémonie.  

        En ayant terminé avec la campagne de Prusse, Napoléon entame la campagne de Pologne. Il arrive à Varsovie, le 18 décembre 1806, en libérateur. Des milliers de Polonais, les Légions polonaises de Dombrowski sont engagées depuis une dizaine d’années dans les armées françaises. Fin décembre 1806, dans un climat de Napoléonmania, l’empereur remarque, dans la foule, la jeune comtesse Walewska, lui parle. Le 1er janvier 1807, il lui écrit Marie, ma douce Marie, ma première pensée est pour toi, mon premier désir est de te revoir. Tu reviendras, n’est-ce pas ? Tu me l’as promis. Sinon l’aigle volerait vers toi. (…) Daigne donc accepter ce bouquet : qu’il devienne un lien mystérieux qui établisse entre nous un rapport secret au milieu de la foule qui nous environne. Exposés aux regards de la multitude, nous pourrons nous entendre. Quand ma main pressera mon cœur, tu sauras qu’il est tout occupé de toi et, pour répondre, tu presseras le bouquet ! Aime-moi, ma gentille Marie, et que ta main ne quitte jamais ton bouquet.

       Le 7 janvier 1807, elle participe au bal de carnaval dont La Gazette de Varsovie rend compte : Sa majesté l’Empereur a assisté à un bal chez le ministre des relations extérieures, le Prince de Bénévent, au cours duquel il a invité à une contredanse la femme du chambellan Anastase Walewski. Des patriotes polonais avec l’assentiment du mari imaginent que Marie est la personne la mieux placée pour convaincre Napoléon de ressusciter le Royaume de Pologne. C’est la période épouse polonaise qui voit l’Empereur et Marie filer le parfait amour au Château royal de Varsovie, au château de Finckenstein, à Paris dans le IXème arrondissement, au Palais impérial de Schönbrunn. Napoléon ne ressuscite pas le Royaume mais par l’accord de Tilsitt, en juillet 1807, crée le Duché de Varsovie où est en vigueur le Code Napoléon.

     Enceinte de Napoléon à Schönbrunn, Marie accouche chez son mari, le vendredi 4 mai 1810 d’Alexandre. L’Empereur est averti de l’heureux événement à Anvers. Soucieux de l’avenir de son fils, il comble la mère de rentes et propriétés diverses. Les générosités de l’Empereur se font moins sur sa cassette personnelle que sur les biens de l’Empire. Marie est devenue riche, surtout grâce aux donations que Napoléon a faites au petit Alexandre. Mais elle risque de ne plus l’être si son mari endetté se met à rembourser. Aussi Marie demande le divorce le 12 juillet 1812 et l’obtient … le 24 août, une rapidité digne de Reno (Nevada USA) !

       Catholique, Marie doit attendre la mort de son ex – le 20 janvier 1815 – avant de convoler en justes noces avec le bel Philippe-Auguste, comte d’Ornano qu’elle a connu à Varsovie en 1807. Jeune, beau, très chic, d’une famille corse liée à la famille Bonaparte, protégé de Laetitia, la mère de Napoléon, ce lieutenant-général participe aux Cent-Jours de Napoléon. Ce qui lui vaut d’être banni de France par la Seconde Restauration. Il se réfugie dans le Royaume des Pays-Bas et épouse, le 7 septembre 1816, Marie  en la collégiale Sainte-Gudule de Bruxelles. En compagnie des enfants de Marie, Antoine et Alexandre, les époux viennent s’établir à Liège d’abord rue Sœurs-de-Hasque puis rue de Fragnée, n° 876, quartier du Sud.

       Dans la dernière livraison du Bulletin de la Société royale LE VIEUX-LIÈGE (1), Juliette Noël relate les endroits où a vécu à Liège  Marie Walewska. C’est de la légende de son habitation rue Mandeville à la réalité. S’appuyant essentiellement sur des documents des Archives de l’État et de Ville de Liège, Juliette Noël retrace notamment l’endroit où est situé le 876, rue Fragnée. Il faut savoir que la numérotation, à l’époque, est continue. Il n’était pas question de donner des numéros pairs ou impairs selon le côté où on se trouvait. Il appert d’un document passé en l’étude du notaire royal Philippe Parmentier que le propriétaire Nicolas Bernimolin donne en location pour une durée d’un an, expirant le quinze mars 1818, l’immeuble et les terrains l’entourant. C’est alors un véritable domaine. Il se dénomme « Sans souci ». Situé à hauteur du numéro 20 de l’actuelle rue du Vieux-Mayeur qui, en ce temps-là, s’appelle ruelle du Vieux-Mayeur, l’immeuble loué a une longueur d’environ 22 mètres avoisinant des jardins de plus d’un hectare.

        Dans la partie finale de son article consacré à l’immeuble occupé par Marie Walewska à Liège, Juliette Noël s’attaque à une légende qui situe cette habitation rue Mandeville. Tâche ardue car l’auteur de la légende n’est autre que Théodore Gobert. Celui-ci a publié des notices sur  les rues de Liége en sa période de journaliste à La Gazette de Liège, notices rassemblées en 1891  en quatre volumes éponymes. Il n’est pas question dans cette première édition de Marie Walewska. Vient la seconde édition, en 1926, où Gobert écrit : Située au pied de la colline, cette demeure caractéristique étendait au loin ses superbes jardins plantés d’arbres touffus, qui en faisait l’une des plus agréables résidences rurales. Ici vint s’installer, après la chute de Napoléon 1er, une dame qui, à cette époque, a beaucoup fait parler d’elle. Il s’agit de la comtesse Walewska. Gobert l’a fait mourir le 15 décembre au lieu du 11. 

        Juliette Noël n’a pas d’explication sur cette affirmation erronée de Gobert ; J’opine à croire qu’il a fait un amalgame avec d’autres biens (…) Quoi qu’il en soit, Gobert sera suivi par les écrivains liégeois postérieurs (…) Les écrivains non-liégeois reprendront l’information. Pour eux, naturellement, la localisation correspondait à un endroit qui leur était inconnu.  Juliette Noël, une orfèvre de la précision !

      Dans ses Mémoires, le comte Alexandre évoque la période liégeoise après le mariage de sa maman : Mon frère aîné, qui avait 4 ans de plus que moi, Monsieur Carité, un vieux valet de chambre nommé André et moi nous partîmes de Paris en diligence pour aller retrouver ma mère aux Eaux de Chaudfontaine près de Liège. (…) Quelques mois après, nous étions établis dans une charmante maison de campagne à la porte de Liège où ma mère mit au jour au mois de juin 1817 un gros garçon qui fut baptisé sous le nom de Rodolphe. (…) j’accompagnais aussi quelquefois mon beau-père chez un libraire de Liège nommé Desoret (NDLR lire Desoer). Là, j’entendais parler politique sans y rien comprendre, cependant j’ai retenu quelques mots de ces conversations dont plus tard j’ai compris le sens. (…) La campagne que nous habitions était à une demi-lieue de la ville. (…) Le Général Ornano ayant obtenu son rappel, ma mère partit pour Paris au mois d’octobre 1817 avec le nouveau-né qu’elle nourrissait malgré les avertissements de son accoucheur de Varsovie le célèbre Czekieski, qui lui avait prédit que si jamais elle se décidait à nourrir elle le paierait de sa vie. Peu de jours après son départ, le Général Ornano, mon frère et moi, nous nous mîmes en route pour aller la rejoindre. Nous voyagions en poste dans une bonne berline lorsqu’au milieu de la nuit près de Namur, nous versâmes dans un fossé (…) Nous arrivâmes le lendemain à Paris à trois heures du matin nous rendant dans la chambre de ma mère. Elle se réveille pour nous embrasser. Quel doux réveil dit-elle mon mari et mes enfants, ce sont là les dernières paroles. Le lendemain, son état s’aggrave au point que ses enfants ne peuvent plus la voir. Elle expire le 11 décembre à six heures du soir d’un abcès au sein dont on n’avait reconnu l’existence que trop tard pour risquer une opération et de calculs rénaux.

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(1) Le Vieux-Liège fondé le 20 février 1894 – Devise Rien aymez s’il n’est cognu levieux-liege.be – Cotisations et abonnements aux publications trimestrielles, membres adhérents 25 €, membres de moins de 25 ans 15€ à verser au compte BE42 0000 3248 4054

Un souhait démocratique et républicain : que la France vote dimanche comme à Liège !

 

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       L’initiative de l’Alliance Wallonie-France (AWF) consistant à demander à la population de la Province de Liège de participer à un vote consultatif sur le deuxième tour des élections présidentielles en France a rencontré encore davantage de succès qu’au premier tour. Près du double des suffrages ont été recueillis.

     Le mouvement En Marche l’a emporté par 62% 84 des suffrages exprimés. La candidate du Front national est créditée de 37% 16 soit en écart de plus de 25%. Les démocrates quelques soient leurs convictions rêvent d’un pareil score le 7 mai.

      Le succès d’Emmanuel Macron est plus net encore dans la Ville de Liège où il obtient 80% 29 des votes. Un score proche de celui de Jacques Chirac laminant, en 2012, Jean-Marie Le Pen par un 82% 21 rassemblant sur son nom, grâce au Front Républicain, 25 537 894 voix. Le succès recueilli à Liège doit beaucoup à la Macronmania qui flotte sur le campus du Sart-Tilman. Le leader de En Marche  y recueille 94% 80. Il ne faut pas désespérer des jeunes. Ils sont l’avenir.

       Après Liège, la Ville de Verviers vote Macron à 70% 13 suivi par Visé à 67% 60, Waremme à 65% 67, Huy 64% 77, Amay 61% 64, Hannut 61% 06. Dans la tranche des plus de 50% en faveur d’Emmanuel Macron, nous trouvons Aywaille (55% 26), Bomal (53%23), Herstal (52% 22) et Fléron (51% 39).

      Par ailleurs, confirmant le vote du premier tour en faveur de l’extrême-droite,  Hamoir, Yvoz-Ramet et Comblain-au-Pont apportent leurs suffrages à Marine Le Pen respectivement à 87% 12, à 60% 76 et à 60% 34.

      Si ce vote consultatif de l’AWF n’a nulle prétention scientifique, il apporte notamment certains éléments susceptibles de jouer dans la préparation des élections communales le dimanche 14 octobre 2018.

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Un peu avant le 7 mai, Liégeoises et Liégeois feront choix entre un Président ou une Présidente de la République française.

 

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       Le résultat du premier tour des présidentielles françaises obtenu en province de Liège est identique à ceux des Régions socialement défavorisées de Guyane et La Réunion qui placent Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen en tête – Guyane JLM 24%72 MLP 24%29, La Réunion JLM 24%53 MLP 23%46 % . Initié par l’Alliance Wallonie-France (cfr Liège 28 du 14/4/2017), le vote consultatif liégeois place au second tour Jean-Luc Mélenchon avec 24%70 et Marine Le Pen 22%10. Il est à noter le score surprenant obtenu dans les régions rurales de Hamoir, Harzé, Ferrières et Comblain-au-Pont par Marine Le Pen 62%87. Ce résultat l’aurait été davantage si Spa, ville d’eaux, n’avait tempéré la ferveur marine !

      Les 22 et 23 avril, les Françaises et Français du monde entier ont qualifié pour la finale du 7 mai Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Du passé, faisons table rase et dès ce mardi 25 avril, les militants de l’Alliance Wallonie-France arpentent à nouveau la province afin de connaître le choix  liégeois entre un Président ou une Présidente. Le dépouillement a lieu le 3 mai. Il est également possible de voter sur le site www.participezauxpresidentielles.be. Les petits malins qui espèrent bourrer les urnes en multipliant les votes par voie électronique en sont pour leurs frais car les 3 commissaires chargés de contrôler le bon déroulement du vote tiennent à vous dire que tout vote répété plusieurs fois par la même personne annulera automatiquement le vote exprimé par cette personne. Un citoyen = Une voix.  

      Sans prétention scientifique, la consultation populaire de l’Alliance Wallonie-France c’est néanmoins du sérieux. La presse s’y intéresse davantage. Les résultats du premier tour ont fait l’objet d’une page entière dans les diverses éditions de La Meuse avec commentaire et analyse de Gaspard Grosjean, journaliste politique. Une équipe de RTC Télé Liège a inscrit à son programme le tournage d’une séquence de vote de ce second tour. Des journaux français ont manifesté leur intérêt pour l’initiative AWF.

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      Cerise sur le gâteau, à la Maison de la Presse et de la Communication, tout comme au 1er tour, les Amitiés françaises et la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Belgique organisent la nuit des élections françaises. Une occasion de discuter avec Michel Hermans, politologue.

CE QUE LE PAYS DE LIÈGE DOIT Á LA MEUSE …qui ne fut jamais un long fleuve tranquille

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        À l’âge de huit ans, Robert-Armand Planchard tombe en amour avec la Meuse. Sous la direction  des professeurs Alexandre Delmer – le père du canal Albert et Fernand Dehousse, sa thèse de fin d’études,  Le rôle de la Meuse dans la Communauté européenne du charbon et de l’acier a été, vu sa qualité, publié à grand tirage. En note infrapaginale, il est précisé que l’ouvrage, paru en 1955 aux Éditions Buteners, est complètement épuisé. L’auteur dispose encore d’une copie !

       Soixante et un ans plus tard, le directeur honoraire du port autonome de Liège ayant joué un certain rôle dans l’évolution des choses au plan fluvial européen et surtout belge a pensé, au soir de sa vie, à résumer tout ce qu’il a vécu, ressenti et perçu quant au rôle joué par la Meuse  à  Liège auquel Robert-Armand Planchar se sent viscéralement très attaché par sa famille de charbonniers, naguère maîtres de fosses au plantchî de Montegnée, d’où partit en 1716, la grand’route dite Branche Planchar construite par Pier Planchar (1657-1737) depuis Bolsée, Glain, Saint-Nicolas, Saint-Gilles et Ans vers le bas-port de Jemeppe-sur-Meuse (2). La boucle est bouclée.

        La Meuse est avec le Rhin et l’Escaut un des fleuves ayant réussi à inscrire leurs trouées Sud-Nord au travers des collines et des monts du massif schisteux rhénan. Dans ce combat qui a duré des millénaires, la Meuse s’est vue subtiliser la plupart de ses affluents au point que Georges Sand écrit La Meuse elle-même n’est ni large ni imposante et, cependant, elle coule dans une large vallée, beaucoup plus large qu’il faut. Le géographe Paul Vidal de La Blache évoque cette fille ruinée dans son palais démesuré.

        Le Pays de Liège y trouve trois avantages ; le premier, la vallée très large est susceptible d’accueillir les larges implantations de populations industrielles, le deuxième, la Meuse reste « haute » très longtemps d’où aujourd’hui, elle est réserve d’eau propre à la consommation alors qu’Escaut et Rhin deviendront des égouts aux eaux mortes, la troisième, sa pente hydraulique moyenne (0,48 m par km) a permis une « régularisation » facile pour éviter que, à l’étiage, la navigation mosane devienne difficile. Moralité, avec de telles grandes qualités, la Meuse devait tout naturellement engendrer à Liège un ensemble industriel et fluvial de très grande importance.

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      En quelques soixante pages, l’auteur résume l’évolution du leudicus vicus mosan en portus dès le VIème siècle, un modeste portus que Notger va transformer en opulente cité lacustre, en unissant par des ponts les nombreuses îles liégeoises et en doublant superficie et sécurité de la cité par l’érection d’une enceinte muraillée (…) Les accostages et bas-ports vont se développer rapidement au sein de cet archipel, unifié et protégé, pour en faire un portus aux mille et une possibilités de charger/décharger. Ce trafic fluvial va des matériaux de construction à la houille, au vin, au bois, aux céréales, au sel, aux armes, etc. La Meuse est la grande artère de ce pays, le courant vital de ce pays si magnifiquement varié. Il n’y a pas que le mercantile qui domine, le spirituel y a un rôle essentiel au point que Liège, capitale politico-religieuse, est surnommé l’Athènes du Nord.  

        Annexée de son plein gré à la France en 1795, la Principauté de Liège n’est point ressuscitée vingt ans plus tard par le Congrès de Vienne qui se charge pourtant de restaurer l’ordre ancien. Le Congrès de Vienne rattache la Principauté de Liège aux Pays-Bas. Elle tombait ainsi aux mains bataves dans une sorte de salmigondis voulu par les Anglais et voué, à terme, au démembrement et à lente putréfaction.

        La création de la Belgique, à partir de 1830, allait faire de la Meuse la modeste servante d’Anvers et de la Belgique et asservir le bassin liégeois aux objectifs anversois. On va voir comment. En cent cinquante pages, Robert-Armand Planchar  raconte les faits comme il les a vécu, ressenti et perçu.  Il y a eu des bourdes diplomatiques dont la première, et non la moindre, date de 1854. Elle est commise par un triple bourgmestre de Liège, Guillaume-Ferdinand  Piercot alors qu’il est ministre de l’Intérieur. Il y a eu les tenants du romantisme portuaire franco-belge, comme Jean-Maurice Dehousse, José Happart, des Liégeois, ou André Baudson, un Hennuyer, ce qui se comprend mieux, prêchaient, à ce temps, pour qu’Anvers et Rotterdam cédassent le pas à Dunkerque.

        Il y a eu des victoires comme, en 1937, la création du Port autonome de Liège voulu par Georges Truffaut.  En tout cas, créer le port, dès maintenant, c’est travailler pour l’avenir de la région déclare le conseiller communal Bounameau. Autre victoire, le Canal Albert en 1939 mais il a fallu attendre 2015 pour que soit érigée, à Lanaye, une quatrième écluse permettant le passage des bateaux de 9000 tonnes en provenance ou destination des pays de Nord et de l’Est de l’Europe.

        Le charme et le mérite de Robert-Armand Planchar est d’appeler un chat … un chat et de ne pas tourner autour du pot. C’est ce qui fait tout l’intérêt politico-stratégique de Ce que doit le pays de Liège doit à la Meuse … qui ne fut jamais un long fleuve tranquille.  Un franc-parler bien dans la ligne de son premier patron, Jean Rey, qui, en 1957, a déclaré : Chacun sait, ou devrait savoir, que la Belgique a toujours été bornée au Sud par la France et bernée au Nord par les Pays-Bas.

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(1) Ce que doit le pays de Liège doit à la Meuse … qui ne fut jamais un long fleuve tranquille – Robert-Armand Planchar – Édition Noir Dessin Production – 234 pages – 15€

(2) Les Planchar et l’introduction des « pompes à feu » de Thomas Newcomen en Principauté de Liège – Cfr Liège 28 du 6/12/2010

 

A Liège, l’Europe qualifiée d’ergoteuse le dimanche triomphe le mercredi au 21 rue La Boétie!

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        Après l’hommage rendu, dimanche 18, aux combattants liégeois des Événements de 1830  dont le dernier est décédé en 1900, la séance académique à l’Opéra pour les Fêtes de Wallonie a ressemblé partim à une remise de prix à la fin de l’année scolaire.

        Pour avoir suivi, avec succès attesté par l’Éveilleur Pierre-Henri Tomsin, une formation continuée en immersion « français-wallon », plusieurs centaines de Liégeoises et Liégeois ont reçu leur Diplôme de Liégeoiseries tandis que noss binamé Willy a notamment mis en valeur le travail de tous les membres de son Collège. Dame, les élections communales, c’est dans 758 jours, le 14 octobre 2018 !

        En revanche, évoquant le tram, noss binamé Willy n’a donné aucun bon point à l’Europe, l’Europe doit par exemple cesser d’ergoter sur des problèmes comptables. Mieux, il a fait siens les propos de Paul Magnette à Namur : c’est dans l’intérêt même de l’Union européenne que parfois il faut oser lui désobéir. Propos se rapprochant d’un euroscepticisme dont se délectent certains candidats à l’élection présidentielle en France et qui a mené au fâcheux Brexit en juin.

        Fort heureusement, trois jours plus tard, lors de la conférence de presse de l’expo 21, rue La Boétie, la nouvelle citoyenne d’honneur de la Ville de Liège, la journaliste Anne Sinclair a affirmé, avec force, ses convictions européennes au pays de Fernand Dehousse, fondateur de l’Institut d’Études juridiques européennes de l’Université de Liège, de Jean Rey, président de la Commission européenne de 1967 à 1970 et de ces jeunes Liégeoises et Liégeois qui, bien avant le Traité de Rome, s’en sont allés à Strasbourg, revendiquer la libre circulation des gens et des idées par la suppression des frontières européennes. Ces jeunes participent à cette manifestation internationale devant le Conseil de l’Europe  emmenés par Jean-Pierre Grafé, à l’époque président national des Étudiants en Droit.

 

Comment les compagnies aériennes à bas coût font-elles pour être 57% moins chères qu’une compagnie classique ?

        En Europe, la première compagnie aérienne à bas coût, Ryanair, est apparue il y a une trentaine d’années. Le succès a été au rendez-vous en sorte le bas coût – associé au bagout du patron de Ryanair, Michel O’Leary – s’est développé au point qu’il existe actuellement quelques vingt- cinq compagnies aériennes européennes à bas coût. Deux d’entre elles – Norwegian et Easy Jet – figurent dans les dix premières du classement mondial établi par Skytrax qui fait autorité dans la matière.

        Comment les compagnies à bas coût parviennent-elles à offrir des tarifs si avantageux ? Un des quinze administrateurs d’Air France-KLM, Louis Jobard – commandant de bord sur B777, titulaire d’une Licence de Sciences Economiques-Gestion des Entreprises de l’Université de Tours – estime que les compagnies à bas coût sont 57% moins chères que leurs concurrentes, les compagnies classiques. Autrement dit, quand pour celles-ci, un siège coûte cent euros, il ne coûte que quarante-trois euros chez un bas coût.

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        Louis Jobard dont les propos sont rapportés par le quotidien numérique PNC Contact détaille les économies dont tirent parti les compagnies à bas coût. Ainsi, sur cent euros dépensés par une compagnie classique, les bas coût en économisent 16 par la densité plus élevée de sièges dans les avions, 10 par la réduction des coûts d’escales – chez Easy Jet, une escale n’excède pas la demi-heure – et de handling, 6 par le choix d’aéroports moins chers en redevances et en taxes, 6 par l’absence de catering, 6 par l’inexistence des commissions versées aux agences de voyage, 3 grâce à une utilisation quotidienne accrue des avions – un Airbus d’Easy Jet  vole en moyenne, onze heures par jour -, 3 par la réduction des coûts de vente et de réservation, 3 par la réduction des coûts équipage, 2 par l’externalisation de la maintenance et le choix d’une flotte unique,  2 par la réduction des coûts des fonctions supports et administratives.

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        Le choix d’une flotte unique se caractérise chez Ryanair par trois cents Boeing 737-800 en exploitation (plus deux cent quatre-vingt-trois en commande), chez Easy Jet par deux cent cinquante-cinq Airbus répartis en cent quarante-quatre A319-200 et cent onze A320-200 en exploitation (plus cent soixante-huit dont cent trente A320neo en commande), chez Norwegian  par cent deux Boeing 737-800 en exploitation (plus  vingt-neuf en commande).

Le Corps Consulaire de Liège en voyage en Grèce.

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        Le Corps Consulaire de Liège et son Doyen Fernand Goffioul, consul honoraire d’Espagne, ont choisi la Grèce comme destination de leur voyage annuel. La préparation en a été confiée au consul honoraire de Grèce, Robert Laffineur, professeur émérite de l’Université de Liège en histoire de l’art et archéologie de l’antiquité classique. Considérant la Grèce comme son pays d’adoption, il a su, dans le programme réalisé, allier les mythes helléniques et les réalités grecques contemporaines.

        Première étape dans le monde hellénique, cela va de soi, l’Acropole – quand je vis l’Acropole, j’eus la révélation du divin … – ensuite visite des lieux de fouille de l’École française d’Athènes, le sanctuaire d’Apollon à Delphes ou de l’École belge d’Athènes à Thorikos avec son théâtre ancien si particulier et ses tombes à coupole mycéniennes. Sans oublier les musées et les temples qu’ils soient de Poseidon au Cap Sounion, d’Aphaia à l’île d’Égine ou encore de Zeus l’Olympien dans le parc public d’Hadrien à Athènes. Le tout commenté avec intelligence, humour par un consul (et professeur émérite) pour ses pairs.

        L’ambassadeur de Belgique en Grèce Luc Liebaut a tenu à recevoir  dans les jardins de sa résidence  le Corps Consulaire de Liège en compagnie notamment de membres du Belgian Business Club, une association où se retrouvent importateurs grecs de biens belges et investisseurs belges dans ce pays. Autre contact avec la société grecque, la réunion de travail avec les dirigeants d’Enterprise Greece a permis de mieux connaître la situation économique. Le président du Conseil d’Administration de l’AWEX, Dominique Godin pour sa part explique les atouts de la Wallonie. Dernier contact avec la réalité grecque, la relève de la garde des evzones auprès du Soldat inconnu grec et la visite du Parlement. À noter l’édification en 2000 dans sa cour ouest, d’une statue géante du premier ministre Charilos Trikoupis. Un hommage à celui qui a affronté, fin 19ème siècle, des difficultés présentant des similitudes  avec les problèmes d’aujourd’hui.

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        La cerise sur le gâteau du voyage a été la réception, au pied du stade où Pierre de Coubertin a lancé les Jeux olympiques modernes en 1896, par Dimitris Avramópoulos, pénultième consul de carrière en poste à Liège (1983-1987) et actuellement Commissaire européen en charge de la migration, des affaires intérieures et de la citoyenneté. Évoquant ces matières en off the record, Dimitris Avramópoulos se fait grave tandis qu’auparavant, il a échangé des souvenirs liégeois. Parmi ceux-ci, la création par le chargé de cours Laffineur, en 1986, des premières  Rencontres égéennes internationales auxquelles le consul Avramópoulos apporte son appui car elles marquent l’anniversaire  des sensationnelles  découvertes de Schliemann  à  Mycènes. Une collaboration initiale fructueuse puisque les Rencontres égéennes internationales en sont à leur 16ème édition.  

        Le programme du Corps Consulaire de Liège n’a pas fait l’impasse sur la cuisine grecque dont Archestratos a vanté les mérites dès 330 avant J-C. Des maisons de bouche (1) propices à exalter la variété de l’art culinaire et à souder un groupe. Quand, au Cookoovaya, Gérard Blaise se réjouit de la troisième victoire (Silverstone, Monza, Aragón) de son petit-fils Max Defourny en cinq courses de formule Renault 2.0, chacun(e) est un peu le papy ou la mammy du jeune Max (17 ans). À l’issue de ces repas, chacun(e) se connaît mieux !    

(1)    Agora Select, Ch. Mexi 8 – K. Ventiri 9 (la mention de deux noms de rues dans une adresse grecque indique que le lieu se trouve à l’angle des deux rues) 115 28 Athènes-quartier Ilisia, To Kafeneio, Loukianou 23, 106 74 Athènes-quartier Kolonaki, Akrogiali, Paralia Souniou (Sounion), Cookoovaya, Ch. Mexi 2, 115 28 Athènes-quartier Ilisia, Stamatopoulos Tavern, Lyssiou 26, 105 58 Athènes-quartier Plaka,  Restaurant Orizontes, Lofos Likavitou, 106 76 Athènes-colline du Lycabette.

Le cotè Janus de Jean-Michel Saive.

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        Les premiers Jeux européens se terminent ce soir à Bakou, capitale d’un pays asiatique, l’Azerbaïdjan, une des républiques qui ont formé jusqu’à 1991 l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Le pays organisateur a pris en charge tous les frais nécessités par cette première. Selon notre confrère Le Canard enchaîné  (24/6) : chaque comité olympique national a même reçu une obole de 55.000 euros sa participation.

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        Basée à Rome, l’Association des Comités olympiques européens (EOC) regroupe cinquante comités tous affiliés au Comité International Olympique (CIO) basé à Lausanne. Le CIO attribue notamment la responsabilité ses Jeux Olympiques dont les prochains se déroulent, en 2016, à Rio de Janeiro et ceux de 2024 à Paris peut-être… L’EOC a une vision relativement large de l’Europe en y incluant l’Arménie, l’Azerbaïdjan, Israël, la Turquie.

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        Le Wallon Jean-Michel Saive – 7 participations aux Jeux Olympiques – a pris part aux Jeux européens. Une présence très significative puisque double. Jean-Michel Saive, sportif pongiste est également membre du conseil exécutif de l’Association de l’EOC, au titre de la commission des athlètes, dont il est le président. Une situation assez comique comme il l’a confié à nos confrères de Francs Jeux (17/6). J’ai été très pris par mon rôle de membre du conseil exécutif de l’EOC. Réceptions, dîners… En costume, donc. (…) Puis j’ai basculé dans mon statut d’athlète pour m’entraîner et préparer mon match.

        Bon client pour la presse car il dit ce qu’il pense – et il a pensé avant de le dire – Jean-Michel a répondu sur une page entière de L’Écho (27/6) dans une rubrique intitulée Questions d’argent. D’emblée, il précise : ce n’est pas parce que je suis connu que je dois tout faire gratuitement. Il avoue ensuite : jadis, j’avais des Fortis (…) Pour ceux qui n’y connaissent pas grand-chose, pas facile de savoir à qui se fier ! À l’époque, j’achetais même L’Écho (…) Aujourd’hui, on me dit que j’ai un profil très défensif.

 

En mai 2015: le grand flop de la presse gavée de sondages, le top de la sénatrice Fabienne Keller

        Un des moments forts de ce mois de mai s’est passé au lendemain des élections britanniques du 7 mai. Les résultats – majorité absolue des conservateurs au Parlement de Westminster, quasi-totalité des sièges dévolus à l’Écosse (59) obtenus par le NSP Scottish National Party (56) – ont démenti tous les commentaires de la presse tant britannique qu’internationale. La presse a eu le grand tort de s’appuyer sur les multiples sondages qui ont affirmé tout au long un conflit coude-à-coude entre travaillistes et conservateurs. La presse n’a pas informé ses lecteurs.

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         En revanche, les sénateurs français ont bien été avisés en chargeant leur collègue UMP Fabienne Keller de rédiger un rapport d’information (1) sur la place du Royaume Uni dans l’Union européenne. En ayant interrogé dix-neuf personnalités, Fabienne Keller a pu, sans être une Madame Soleil, déclarer à ses collègues de la commission des affaires européennes, à la mi-avril : il apparaît maintenant probable que  le  SNP  pourrait gagner  56   des 59 circonscriptions écossaises le 7 mai prochain. En plein dans le mille trois semaines avant les élections !

        Évoquant, dans même rapport, le Brexit dont se gargarise les commentateurs, Fabienne Keller a noté : il nous a été précisé que l’euroscepticisme était un sentiment très répandu, mais qu’il n’entraînait pas pour autant le soutien à  un quelconque « Brexit » dont le nom seul témoignerait de l’inventivité maligne de la presse dans ce domaine. En somme, beaucoup de bruit pour rien autour d’un concept embryonnaire et, dans certains cas, seul le plaisir de faire peur serait à l’œuvre.

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(1)    Rapport d’information n° 420 – Sénat session 2014-2015 – enregistré à la Présidence du Sénat le 16 avril 2015

Photos : La Présidente du SNP, Nicola Sturgeon, entourée de ses 56 élu(e)s à Westminster, devant le pont d’Edimbourg, capitale de l’Ecosse  –  Fabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin