BYEBYEBYEBYE d’Antonin-Corto CAUWE à l’Espace jeunes artistes à la BOVERIE.

Depuis 2009, initié par la Ville de Liège le projet Espace jeunes artistes existe. Par jeune, le projet s’intéresse aux jeunes artistes mais aussi à ceux dont la démarche, indépendamment de l’âge, est récente/ nouvelle et qui n’ont pas ou peu proposé d’exposition à titre personnel. Un artiste octogénaire trouverait sa place dans l’espace jeunes artistes s’il respecte ces deux conditions. À ce jour, le jury d’experts chargé de la sélection d’artistes ayant des affinités avec la Province de Liège n’a pas eu à connaître d’octogénaire rêvant d’être jeune artiste. Pour 2022, le jury a choisi quatre artistes, trois femmes – Usha Lathuraz, Athanasia Vidali, Maria Vita Goral – et un homme – Antonin-Corto Cauwe.

Les œuvres doivent s’inscrire dans le domaine des arts plastiques : peinture, sculpture, arts graphiques, textiles, multimédia, installations, vidéo … et s’accorder aux priorités d’un musée d’art contemporain tel la Boverie qui, depuis 2016, abrite leur exposition. Le projet Espace jeunes artistes permet d’accroître la visibilité de leurs travaux mais aussi d’être confrontés aux contraintes de la mise en place d’une exposition dans un espace précisé. En plus, il met en avant des travaux originaux, novateurs constituant ainsi une pépinière d’artistes 

En mars 22, Usha Lathuraz dont la thématique de la mémoire a longtemps inspiré le travail, a occupé les cimaises à la Boverie : constituer des souvenirs, car ils sont les seuls à demeurer, à pouvoir rappeler le temps, l’étirer. Cela implique d’interroger le rapport que nous entretenons vis-à-vis de la réalité et surtout la manière dont nous intervenons sur cette dernière.

En avril et mai, Athanasia Vidali, une artiste grecque explique : lentement, les réponses que je cherchais germent de manière inattendue, à travers les fentes de ma propre perspective. De représentation visuelle, dernièrement, la nature semble émerger en tant que matière formant l’œuvre. Cette dernière, commence à ressembler à un organisme vivant, qui agit sur les questions de manière imprévue et vivante, évoquant des seuils qui vibrent de manière similaire aux tensions territoriales.

En juin et juillet, Maria Vita Goral, une artiste ukrainienne a présenté une installation sculpturale : ce projet invite à l’auto-chorégraphie pour transformer dans un langage intime et sensible les émotions qui sont vécues durant la vie et peut-être au-delà. L’expression des émotions permet de préciser les moments de la vérité personnelle dans un monde en pleine mutation.

Présentement et jusqu’au 2 octobre, le dessinateur et plasticien Antonin Corto Cauwe expose BYEBYEBYEBYE : mon travail se développe essentiellement sur un mode ironique, sous la forme d’une production qui emprunte à la culture populaire, aux loisirs, à l’architecture bourgeoise, ou encore à l’art contemporain. Ces agencements de sujets fonctionnent par analogie, rapport de sens, de formes ou encore de lien affectif afin de permettre des allers-retours entre plusieurs référents pour produire de nouvelles lignes de sens.

Mehmet Aydogdu, Échevin de la Culture, ou Pierre Paquet, directeur des musées de la Ville de Liège présentent les jeunes artistes lors de chaque vernissage.

Editions Noir Dessin : Le Livre officiel des Rues de Liège.

Depuis le 13 mars 1997 existe une convention entre le Collège communal de Liège et les Éditions Noir Dessin à charge pour elles de publier un nouveau dictionnaire des rues de Liège. En l’an 2000 paraît Le Livre des Rues de Liège qui, de la rue de l’Abarin à la rue Zabay, répertorie tout ce que Liège compte en avenue, boulevards, rues, impasses, chemins, allées et autres lieux et en narre l’histoire.

Ainsi Rue de l’ABARIN.  Rue en cul-de-sac donnant rue des Prés. L’abarin était le signal sonore, venant du fond de la mine, qui avertissait la surface que les mineurs cessaient le travail et allait remonter. L’expression « sonner l’abarin » était une altération du cri « n’abar’in », lancé aux abatteurs de charbon pour les prévenir que le travail de la journée se terminait. Anciennement, cette rue portait le nom de ‘rue de la Résistance »

Mais, comme l’a dit Michelet, Liège est une ville qui se défait, se refait sans jamais se lasser, dix ans plus tard, en 2010, Le Nouveau Livre des Rues de Liège avec l’ajout de dénominations neuves. La présentation change, chaque appellation est située à l’endroit antérieur à la fusion de commune. Une décennie plus tard, nouvel ouvrage comprenant notamment les 124 rues créées depuis 2010, Le Livre officiel des Rues de Liège.

Les Éditions Noir Dessin suivent la voie tracée par le fils d’un armurier analphabète, Théodore Gobert né en 1853. La Biographie nationale note à son propos : ses études primaires achevées, entre à douze ans, en 1865, au service du quotidien la Gazette de Liège. Il y gravit rapidement les échelons de la hiérarchie, jusqu’au poste de secrétaire de rédaction. Très tôt, il prend intérêt au passé de sa ville natale. Il commence à préparer des notices consacrées à chacune des rues de Liège et destinées à paraître dans la Gazette sous forme de feuilletons hebdomadaires. La première d’entre elles est publiée au cours de l’année 1884 ; les suivantes se succèdent plus ou moins régulièrement jusqu’en juin 1902. Au fur et à mesure de leur composition, ces notices sont tirées en fascicules qui, réunis, forment Les rues de Liége. Cet ouvrage en quatre volumes paraît en 1902 des presses de l’imprimerie Demarteau.

Le journalisme menant à tout, Théodore Gobert le quitte fin 1889, direction la Province. Il est archiviste provincial de1895 à 1920 – âge de la retraite. Le dimanche 30 mars 1930, la ville de Liège qui a financé la réédition des Rues de Liège sous le titre de Liège à travers les âges rend hommage à Théodore Gobert à l’occasion de la sortie de presse de cet ouvrage publié en six volumes par l’imprimeur Georges Thone.

Sauf erreur ou omission, Le Livre officiel des Rues de Liège comporte 1993 notices consacrées à l’ensemble des lieux liégeois. Ces 1993 notices se répartissent en 33 pour l’ancienne commune de Glain, 65 pour Rocourt, 69 pour Wandre, 88 pour Sclessin, portion de l’ancienne commune d’Ougrée, 90 pour Bressoux, 104 pour Chênée, 169 pour Jupille, 193 pour Grivegnée, 1000 pour Liège.

Ce chiffre symbolique de 1000 est obtenu par un subterfuge subtil. L’artère qui relie la rue Gérardrie à la place Saint-Denis, la rue Saint-Étienne se dédouble en rue Lambert Lombard, modification de la dénomination rue Saint-Étienne comprise entre la rue Gérardrie et la place Saint-Denis !   

Outre un chapitre relatif aux ponts, un autre est voué aux femmes et métiers « féminins » auxquels un nom de rue a été attribué. Pour savoir si une dénomination de rue est féminine ou masculine, rien ne vaut une indication de prénom dans l’intitulé. Ainsi, la rue Léopold se range incontestablement dans les dénominations masculines et de même, la rue de la Madeleine dans les dénominations féminines.

En 2010, Liège comptait 332 rues comportant un prénom masculin et 22 comportant un prénom féminin. L’écart était de 310.  En 2021, Liège compte 353 rues comportant un prénom masculin et 40 comportant un prénom féminin. L’écart est de 313.

Liège n’est pas la seule ville à se doter d’un ouvrage tel Le Livre officiel des Rues de Liège et comme elle veut se métamorphoser en « smart city », n’y-a-t’ il pas lieu de s’inspirer de l’exemple de La Marsa, ville tunisienne qui a été, durant un siècle et demi, la résidence d’été des beys de Tunis. Son maire, Moez Bouraoui, en s’appuyant sur une start-up tunisienne, a installé des plaques de rue intelligentes. Le journal La Presse explique comment les passants curieux et intéressés par l’histoire des noms de ses rues, inscrits sur ces plaques, peuvent scanner le code QR qui va leur permettre d’accéder à toutes les informations historiques sur les personnages qui ont été choisis pour baptiser ces rues.

En innovant de la sorte, Le Livre officiel des Rues de Liège passerait d’une version papier de 504 pages (30 €) à une version numérique qui permettrait à la population de la Cité ardente et aux touristes de connaître Liège à travers les siècles.

Souvenirs de Tchantchès …

Tchantchès est-il un roturier « né à Liège, de façon miraculeuse, le 25 août 760, entre deux pavés du quartier d’Outre-Meuse » ou a-t-il vu le jour dans le premier théâtre de marionnettes installé à la porte Grumselle par le toscan Alexandre Conti en 1854 ? 1854, année suivant le début des grands travaux de la Dérivation de la Meuse, selon les plans établis par Ulric-Nicolas Kümmer, l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées qui établissent en fin des travaux, en 1863, en gros la configuration actuelle d’Outre-Meuse. Si le théâtre de Conti suscite la création d’autres – on en compte près d’une trentaine à la fin du XIXème siècle – les Liégeois avaient déjà découvert, au XVIIIème, les marionnettes lors de foires telle celle qui se tenait le premier mai près de la chapelle du XIVème dédiée à Sainte-Balbine en haut de Pierreuse.

Les théâtres de marionnettes en Outre-Meuse attirent de nombreux étudiants et de multiples bourgeois de la rive gauche. Dans son ouvrage « Tchantchès et son évolution dans la tradition liégeoise » publié en 1950, le professeur Maurice Piron cite en annexe le récit de Célestin Demblon. Celui-ci avant d’être élu parlementaire le 14 octobre 1894 – jour des premières élections législatives au suffrage universel masculin tempéré d’un vote plural – a déjà connu son heure de gloire lorsque, à la demande de l’échevin libéral de l’instruction publique, il est révoqué par le conseil communal de Liège de son poste d’instituteur pour avoir prononcé le mot « socialisme » dans un de ses cours.

Célestin Demblon relate sa soirée du 10 décembre 1890 prévue pour « aller aux marionnettes » en groupe dans le vieux quartier d’Outre-Meuse. « Jamais fervent de ces représentations naïves ne rêva soirée plus joyeuse que celle à laquelle nous eûmes d’assister. Les artistes ne vont pas faire moisson de gaîté tous les jours dans nos minuscules théâtres populaires. Certains « directeurs » ont réalisé, ces dernières années, en matière de décors et de diction, des progrès qui enlèvent malheureusement à leurs représentations tout ce qui en fait la saveur : une confusion des langues qui explique clairement le miracle de la tour de Babel et celui de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres ; et quels ineffables anachronismes ! N’avons-nous pas entendu, à une représentation de la nativité de Jésus, un berger proposer qu’on télégraphiât l’heureuse nouvelle à Hérode ?

Vers neuf heures, nous entrions dans un exigu cabaret de la rue Petite-Bêche. Au fond, à côté du comptoir, une porte s’ouvre dans la salle de spectacle. Cette salle peut avoir sept à huit mètres carrés. Il n’y a, comme on pense bien, ni fauteuils d’orchestre, ni stalles, ni loges, ni baignoires. Toutes les places sont uniformes ; on s’assied sur de longues planches qui font l’office de bancs ; quelque chose comme un parquet primitif. Une trentaine d’enfants et d’adolescents, deux femmes et quatre hommes sont tassés là, bruyants et avides. Les grandes personnes nous saluent, se serrent davantage pour nous faire place. Le prix est fixé à deux centimes pour chaque pièce. On en représente souvent deux et même davantage par soirée. Il arrive aussi qu’on ne joue qu’une pièce très longue, si longue même qu’on ne peut parfois l’achever, et qu’on en remet la fin au lendemain : dans ce cas, le prix des places est de cinq centimes pour la soirée entière. »   

Peu importe, la pièce jouée, de « Tristan et Yseult » à « La Nativité » ou encore « Roland à Roncevaux », on y retrouve Tchantchès. « Tchantchès est le maître de la scène et, tout à la fois, le confident et le chœur de la tragédie antique et le clown du drame anglais. (…) Il a bien ses défauts : il boit et il est batailleur ; mais il est avant tout gai, un peu sceptique, libre et fort d’être son propre chef. (…) Tchantchès, est, en effet, un exemple admirable de Wallon liégeois.

Allemand, Autrichien, Français, Hollandais, Belge, il est resté, avant tout de Liège, et il a toujours subi, avec bonne humeur, les maîtres que les hasards lui donnèrent, sûr qu’il était de conserver tout chez lui, de n’abandonner rien de lui-même à ces maîtres. Toujours prêt à rire de ceux-ci, il garde cependant avec une fierté farouche, une passion de liberté si grande » ou encore « Pour un Liégeois, il n’est pas seulement le Liégeois du peuple ; il est ou tend à être le peuple wallon. »

Le 10 décembre 1890 pour « aller aux marionnettes », Célestin Demblon est accompagné de quelques amis dont certains comme lui collaborent à la revue « La Wallonie ». Fondée par Albert Mockel, cette revue est la première à utiliser le titre de « La Wallonie », ce néologisme créé par le namurois François-Joseph Grandgagnage dans « La Revue de Liège » du 4 septembre 1844. À la page 601, il écrit : « Mes chers wallons, par tous les Saints de la wallonie (sic), je vous en conjure, soyez donc vous-mêmes » !

Si les wallons sont eux-mêmes, il ne leur est pas interdit de trouver l’inspiration ailleurs. Telle l’érection à Paris au square Jules Ferry, en 1912, d’une statue de grisette, jeune personne coquette de condition modeste interpelle le journaliste liégeois Isi Collin. « Pourquoi chaque nation ou chaque ville ne dédie-t-elle pas un mémorial au type représentatif de son caractère ? À Liège, quelques gens de bonne volonté songèrent, peut-être, à tout cela, quand, il y a peu de jours, ils émirent le projet curieux d’élever une statue à leur fameuse marionnette Tchantchès. »

Le « projet curieux » est mis en veilleuse le temps d’un conflit qui a fait plus de 18 millions de morts dont près de 10 millions de militaire « chair à canon ». Mais en 1922, à la veille de ses trente ans, le « Vieux-Liège » lance un concours visant à édifier un monument à Tchantchès. Le projet du jeune sculpteur Justin Zomers est retenu. Il représente une hiercheuse – femme qui pousse les wagonnets au fond de la mine – brandissant un Tchantchès. Sur le piédestal une mention ; « À Tchantchès symbole de l’esprit wallon et la verve liégeoise ». Faute de sous, le monument ne voit pas le jour. Une souscription populaire en 1935 permet de rassembler quelque fonds en sorte que, le 27 septembre 1936, jour des fêtes de Wallonie, Georges Truffaut dévoile la statue tant attendue !

A Verviers, au Centre Touristique Laine et Mode, l’expo « Terre en Vue » fait un tabac!

À Verviers, capitale wallonne de l’eau, l’expo « Terre en Vue » se visite en une grosse heure et demi, au Centre Touristique Laine et Mode (CTLM).

Le CTLM (1) est installé dans un ancien château de l’industrie textile : la grosse demeure patronale adossée à la manufacture a le charme d’un calme urbain insolite. Au cœur de la ville, 600 mètres carrés de cour pavée et de jardin forment un havre de paix où, à la belle saison, vous dégustez une Ploquette.

Aujourd’hui, la Ploquette c’est la bière locale, mais, naguère, c’est le déchet de laine recueilli après la carbonisation. Emballé dans un cylindre de papier kraft, le déchet se mue en un échantillon que lu marchand d’ploquettes va présenter aux acquéreurs de gros volumes des laines traitées à Verviers. Les balles de laine de quelque 300 kilos chacune leur sont acheminées par route, par chemin de fer ou même par bateau.  

L’expo « Terre en vue » conçue par les équipes du CTLM est axée sur l’univers de la marine. Vous admirez des pièces splendides : cartes dressées par les géographes du XVème siècle, boussoles de la même époque, plantes exotiques ramenées des voyages des Grands Découvreurs, épices et onguents, mais vous voyez aussi des appendices moins glamour, comme les yeux factices destinés aux orbites détériorées des pirates. Vous restez songeur devant la panoplie d’armes que les corsaires et autres boucaniers affectionnent. Pris par l’ambiance, vous appareillez à bord d’une caravelle entièrement construite sur place par un « artiste freestyle » LGH. N’oubliez pas de jeter un cil aux cales…  elles sont bourrées d’or et de pierreries ! Vous échappez aux monstres marins et vous réfugiez sur l’île de la Tortue. Votre périple s’arrêtera après la chasse au Trésor … Tremblez Moussaillon !

Outre son côté franchement ludique, l’expo « Terre en Vue » a des vertus didactiques certaines. Des objets prêtés par de nombreux musées belges illustrent admirablement des thèmes tels que les invasions vikings, le commerce triangulaire, l’astronomie, la zoologie marine, la littérature maritime et bien d’autres.

En souvenir de « Terre en vue », on trouve à la billetterie du CTLM, des petits gadgets à bas coût et rigolos en plus de la Ploquette !

(1)    Centre Touristique Laine Mode – 30 rue de la Chapelle, 4800 Verviers – Tél. 087 30 79 20 – Expo « Terre en vue » : de 1 € 50 à 6 € – Visible du mardi au dimanche, de 10 à 17h, jusqu’au 31 mai 2021. L’illustration « Couloir des légendes » est une photo signée Claude Dael.

Toutânkhamon et l’égyptologue Jean Capart.

Dans sa présentation à la presse de Toutânkhamon à la découverte du pharaon oublié (1), Dimitri Laboury, maître de recherche FNRS, a évoqué incidemment le rôle de Liège dans cette exposition consacrée à la découverte par Howard Carter des premières marches du tombeau le 22 novembre 1922. À l’invitation de celui-ci et de Lord Carnarvon, financier des fouilles dans la Vallée des Rois, un professeur de l’Université de Liège, Jean Capart accompagné de la Reine Élisabeth et du Prince héritier, le duc de Brabant a participé le 18 février 1923 à l’ouverture de la chambre funéraire du Toutânkhamon, onzième pharaon de la XVIIIème dynastie.

Il faut savoir que dès la rentrée académique de 1902, il s’est ouvert à Liège un cours libre d’une nouvelle science, l’égyptologie. Dans un premier temps, ce cours libre ne donne accès à aucun diplôme. Il est confié à un chargé de cours, Jean Capart, auteur d’une thèse estudiantine sur le droit pénal égyptien ancien et qui, en 1900, s’est rendu en Égypte où il a participé à des fouilles. Premier séjour qui sera suivi de douze missions en ce pays. En 1924, le professeur Jean Capart devient président de l’Institut supérieur d’histoire et de littérature orientales de l’Université de Liège.

L’intérêt de la Reine Élisabeth pour l’égyptologie date d’un voyage en Égypte effectué adolescente en compagnie de sa marraine l’impératrice Élisabeth d’Autriche mieux connue sous le nom de Sissi. Au retour de la découverte du tombeau de Toutânkhamon, Jean Capart et la Reine Élisabeth décident la création de la Fondation égyptologique Reine Élisabeth (dénommée actuellement Association Égyptologique Reine Elisabeth). Fondation qui publie depuis 1925 la revue Chronique d’Égypte. En 1937, Jean Capart obtient la concession d’El Kab en Haute-Égypte dont Fondation égyptologique Reine Élisabeth et les Musées Royaux d’Art et d’Histoire assurent encore aujourd’hui les fouilles. Le site a été le centre du culte de la déesse Nekhet.

Avec sa longue barbe noire Jean Capart a été un personnage très connu à son époque au point que tant Edgard P. Jacobs que Hergé l’ont pris comme modèle dans leurs albums. Le professeur Hippolyte Bergamotte dans Les 7 boules de cristal et Le temple du soleil ressemble quasi trait pour trait à Jean Capart. De l’expo Tout Hergé organisée en 1991 à Welkenraedt à Toutânkhamon, René Schyns, commissaire général de l’exposition, est fidèle à Jean Capart !

  • Toutânkhamon à la découverte du pharaon oublié – Liège-Guillemins – du 14/12/2019 au 31/05/2020 – tickets en ligne www.europaexpo.be – réservation groupes et visites guidées : 04 224 49 38

La saison 2019-2020 au Théâtre de l’Étuve.

La nouvelle Étuve a choisi le jour de la Fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles – le 27 septembre – pour entamer sa saison 2019-2020. Quinze spectacles répartis sur cinquante-cinq jours de représentation pour accueillir quelques trois mille spectateurs dans la cave du 12 rue de l’ Étuve, ancien murissoir de bananes devenu théâtre il y a plus de soixante-cinq ans.

En matière d’abonnement, une formule inédite portant sur cinq spectacles est proposée au prix très intéressant de quarante-neuf euros. Cet abonnement laisse libre le choix du jour de la représentation. À l’affiche de ce quinté, suite de Toi c’est moi, Toi c’est nous suivi de Nos femmes avec John Grégoire, Pierre Meurant et Anthony Semirana, Bourvil, la tendresse un cabaret concocté par Philippe Dengis, Le Souper où Fouché et Talleyrand sont commensaux et enfin retour des Casse-pieds.

Premier spectacle, le 27 septembre : aux Trois Petits Cochons de Walt Disney, Jean Dufour – auteur et comédien – préfère L’histoire des quatre petits cochons, conte où ne compte que  le plaisir de se jouer des mots, des traditions et des idées toutes faites.

Dernier spectacle, le 23 mai 2020 : Musiques et textes de Guy Lukowski interprétés par Jacqueline Meunier. La guitare a connu au milieu du siècle dernier un tel regain qu’il est permis d’évoquer un phénomène social autant que musical. Symbole de liberté pour la jeunesse, la guitare a été source d’un vaste répertoire et de grands virtuoses. Le Liégeois Guy  Lukowski fait partie de ces virtuoses. Jacqueline Meunier est une interprète subtile et envoutante.

Entre ce premier et ce dernier spectacle, la programmation de la nouvelle Étuve est riche des cinq soirées proposées dans la formule abonnement et de huit autres dont deux avec le sommelier Éric Boschman dont l’une consacrée au vin Ni dieux ni maîtres, un vrai wine-man-show et l’autre consacrée à la bière. Il a un spectacle dédié à Barbara, un autre à la chute du Mur de Berlin, du Jazz manouche, un autobiographique d’un ancien chef étoilé, un voyage en accordéonie et Désolé, c’est monstrueux.

Pour davantage de détails, le plus simple est d’aller voir sur le site www.theatre-etuve.be, un site clair qui – originalité à noter – associe spectacle et gastronomie. À une cinquantaine de mètres de l’Étuve, il y a un excellent restaurant libanais Le Phénicien. Il est possible d’acquérir pour 32 € (29 € pour les senior.e.s) un billet combiné spectacle et dégustation au resto de mezzé et brochette, soit avant ou après le passage au 12 rue de l’Étuve. C’est la garantie d’un double plaisir obtenu en virant au BE27 7320 2709 4373.

Vif, ironique, l’essai engagé du réunioniste Louis Nisse.

 Comment peut-on penser qu’un peuple qui a inventé les histoires belges, pensant ainsi qu’il existe des gens plus cons que lui, ce qui le rassure, s’intéressera à votre livre ? Telle a été la réponse d’un éditeur parisien au liégeois Nisse, auteur de Ma blessure française (1). Pourtant, Louis Nisse croyait avoir frappé à la bonne porte puisqu’une collection de cet éditeur Paroles singulières est vouée à des récits de vie, représentatifs d’un pays ou d’une région. Parfait résumé de Ma blessure française qui présente Liège, la Wallonie à la France en un propos attachant, vif, ironique et souvent mordant, n’épargnant personne, tant les pédants, les cuistres, les affairistes, les politicards, les faux-culs que les salopards de l’avis de Max Chaleil, directeur des Éditions de Paris.

Réunioniste depuis toujours – une de ses premières élocutions, à l’âge de 16 ans, au collège Saint-Servais a pour thème le réunionisme -, Louis Nisse estime n’avoir aucune chance d’être publié par les maisons d’édition belges, la plupart sont bruxelloises et, partant, belgicaines. Dès lors, horresco referens, l’auteur – à contrecœur – recourt à des multinationales américaines pour publier en ligne, mais (…) aucune maison française n’a osé prendre le risque.

Essai engagé et polyphonique divisé en cent-quinze chapitres dont certains ont été rédigés il y a une dizaine d’années, Ma blessure française est l’œuvre d’un érudit qui trouve reposant le commerce de gens intelligents ! (.. .) Les imbéciles m’angoissent. Mes vains efforts pour les amender m’épuisent, m’irritent, me donnent envie de les fustiger, réveillent ma violence et intolérance enfouies.

Ces chapitres sont d’inégales longueurs. Une vingtaine de pages est consacrée à  Liège, née du chant, chapitre à la mémoire de Jacques Stiennon, un chantre érudit de Liège et de son histoire. Liège qui durant dix-sept mois, d’août 1789 à janvier 1791, le temps de la Binamèye revolucion a été un état sans monarque. Deux ans avant toi, France. Liège qui, le 17 février 1793, vote le rattachement à toi. Pas à la France des rois, mais à celle de Valmy.  Après la victoire de Fleurus, nous les Liégeois, Français d’adoption, allions de nouveau accueillir en libératrice ton armée, celle de Sambre-et-Meuse. Nous dûmes bientôt déchanter, car (…) la République se conduisait chez nous comme en terre étrangère (…) Page noire. (Lors de ta Joyeuse Entrée, France, tu feras bien de nous restituer quelques -uns de ces trésors ! Pourquoi pas La conversion de Saint-Paul de Bertholet Flémal (…), la dalle funéraire de Jean de Coronmeuse (…), quelques précieux manuscrit de l’abbaye de Saint-Laurent ?).

Né en 1944, Louis Nisse est le fils d’Yvonne, une Béarnaise et d’Amédée, un Liégeois qui se sont rencontrés à Pau, lors de l’exode en 1940. En chemin, le Liégeois a croisé Georges Simenon, haut-commissaire aux réfugiés belges pour la Charente-Inférieure ayant  une piètre opinion de ceux dont il avait la charge. D’où altercation terminée à l’adresse du romancier par un sonore Vos-èstez come li coucou. Vos-avez pus d’bètch qui d’cou !   

Sa maman, sa sœur, ses grands-pères, grand-mères, oncles, tantes, cousins, cousines figurent dans cette autobiographie  rénovée. Louis Nisse ne dissimule rien : Henriette (…) on lui dit la cuisse hospitalière. Par moment, c’est quasi un Dallas liégeois-palois et son univers impitoyable. Décidément, elle n’avait jamais pardonné à Yvonne de lui avoir volé Amédée (…) J’adressai à Jeanne une lettre où je l’assassinais avec déférence, l’éviscérais avec douceur. Quant à son père qui lui parla si peu, pour l’évoquer, il faut que je recoure à d’autres qui en parlèrent. Tel ce docteur Baillen de l’Académie Royale Liégeoise de Billard qui note que roux comme le chien de Saint-Roch (…) il n’en continua pas moins à appuyer parfois un peu fort sur l’apéritif et sur le digestif et … Mme Nisse vient alors lui rappeler gentiment et discrètement qu’il est, lui aussi, marié sous le régime dictatorial.  En dépit de cet environnement familial, Louis Nisse estime que la carence de fraternité, le manque de contacts, même physiques, avec des garçons de mon âge, plomba ma vie sociale. Et empoisonna ma vie amoureuse.

Soixante ans d’école qui vont d’élève à Saint-Paul à professeur  à l’École européenne de Luxembourg. De Saint-Paul, Louis Nisse a notamment conservé des rédactions, un bulletin où  son instituteur observe qu’il est bavard ! jouette ! et un bon point sur lequel est marqué Naître, souffrir et mourir, voilà toute la vie de l’homme. Puis le secondaire chez les Jésuites suivi par la philologie romane à l’Unif de Liège. Une formation à laquelle s’ajoute l’expérience menant tout droit à cette œuvre littéraire, jubilatoire et poétique.

Je suis né dans l’église désaffectée de Saint-Hubert, transformée en maison sous l’Empire. L’appartement  des Nisse se trouvait au premier étage de cette église du XIIIème siècle qui fut rasée en 1975. Le drame de ma maison natale est emblématique du traitement qui fut réservé à maints quartiers anciens de Liège. Amoureux des anciennes demeures à pans de bois, Louis Nisse – paysan de Liège car son quartier Saint-Hubert est un village à trois minutes du centre de la ville – a été initié à l’architecture civile liégeoise par Joseph Delaxhe, président du Vieux-Liège.

J’ai rempli des cahiers entiers de descriptions et d’analyses des saccages et des pillages de notre patrimoine immobilier et mobilier (…) Qu’un tel furieux – il se nomme Jean Lejeune – ait pu imposer ce diktat en dit long sur nos édiles (…) grand est le désintérêt de la plupart pour la culture. Tes citoyens mesurent mal, France, leur chance d’avoir eu beaucoup de représentants lettrés – en dépit de récentes exceptions. Louis Nisse a milité dans des commissions pour l’inscription dans un plan d’aménagement du périmètre de l’église Saint-Hubert comme zone d’intérêt historique et archéologique. En dépit des promesses, échec. Et sur cet enjeu si fort pour moi, je perdais (…) C’était la volonté d’un échevin de l’urbanisme et des finances, peu sensible à la protection du patrimoine architectural et archéologique (…) Note, France, que j’évite de trop charger ce cher Bill, car il t’aime et est rattachiste – « rattachiste de raison », dit-il.

Comme il y a davantage dans deux têtes que dans une, terminons cette recension de Ma blessure française par l’opinion de Valmy – le bien nommé en l’occurrence – Féaux, ancien ministre-président de la Communauté française de Belgique, sur cet ouvrage : J’ai pris grand plaisir et grand intérêt à vous lire. […] Le plaisir de la lecture, c’est aussi la qualité de votre plume […] et la richesse de votre vocabulaire […]. Même les phrases souvent longues rebondissent tel un ruisseau sur ses cailloux et redeviennent fluides. Et puis les allers et retours dans le récit de votre vie sont vivifiants.

( 1) Sur liseuse, Ma blessure française – Louis Nisse – ISBN ISBN: 9781719860932  – 929 pages – 10€ 14

Sur liseuse Kindle, Ma blessure française – Louis Nisse – ISBN ISBN: 9781719860932  – 929 pages – 9€90

Ma blessure française – Louis Nisse – 610 pages – ISBN ISBN: 9781719860932   – livre broché – 20 € 04 – Amazon https://www.amazon.fr/Ma-blessure-Française-Louis-Niss€e/dp/1719860939

 

Le Vieux-Liège a 125 ans.

À Liège, fin du XIXème siècle, le 20 février 1894, Charles-Jacques Comhaire fonde avec quelques amis Les Amis du Vieux-Liége connu aujourd’hui sous le nom de Vieux-Liège (1). Son objet social est l’étude du passé historique et artistique ainsi que des beautés naturelles du pays de Liège et leur sauvegarde, par des promenades, excursions et voyages, conférences, cours et toutes démarches éventuelles.

À l’époque, le nouvel hôpital de Bavière – inauguré en 1895 par Léopold II – est en construction sur les Prés-Saint-Denis. La question se pose ; que faire de l’ancien hôpital installé depuis 1603 dans la superbe maison en pierres construite au biez Saucy, en Outremeuse, par le banquier lombard Bernardin Porcini (Porquin),  maison acquise en 1584 par Ernest de Bavière, prince-évêque ? Les Amis du Vieux-Liége entendent sauver le patrimoine que représente la maison Porquin, les autorités communales au contraire veulent sa destruction. Dans leur lutte qui durera dix ans, ils seront soutenus par le député Henry Carton de Wiart. À la Chambre des représentants, le mercredi 23 mars 1904, celui-ci déplore le vote par le Conseil communal de la démolition prônée par l’échevin des Beaux-Arts, le libéral Alfred Micha. L’édilité liégeoise a voté pour la mort. C’est très regrettable, d’autant que Liège, ville jadis pittoresque par excellence, toute pleine de vieux pignons, d’amusantes ruelles, qui évoquaient un passé également pittoresque, peu à peu, perd ce qui lui reste de sa personnalité. On veut faire un « Vieux-Liége » en staff et en carton-pierre pour l’Exposition. C’est fort bien, mais comme il vaudrait mieux ne pas condamner d’anciens édifices! Le gouvernement n’interviendra-t-il pas, comme le souhaitent beaucoup de Liégeois, pour garder à l’antique cité de saint Lambert un des rares débris de son beau passé? En 1894, date de la création des Amis du Vieux-Liége, déjà, la chapelle attenante à la maison Porquin a été démolie et reconstruite à l’identique lors de l’édification du nouvel hôpital.

La première lutte des Amis du Vieux-Liége en faveur du sauvetage de la maison Porquin a été longue sans être couronnée de succès. Fort heureusement, cela ne les découragea point. Depuis 125 ans, ils mènent le combat en faveur de la sauvegarde d’un patrimoine architectural et archéologique en ayant comme devise Rien aymez s’il n’est connu, expression figurant sur une pierre encastrée dans un des murs de la vieille église de Saint-Étienne-au-Mont à Huy. En novembre 2019, une exposition retracera l’histoire du Vieux-Liège et ses actions en faveur du patrimoine tandis qu’au printemps 2019, plusieurs manifestations culturelles évoqueront ses luttes.

  • Société royale Le Vieux-Liège – 69 rue Hors-Château B-4000 Liège (Belgique) – site web www.levieux-liege.be – tél. 04 223 59 55

ÉTUVE : HOMMAGE À BARBARA PAR LILIANE GUISSET

La frontière est mince entre le poème et la chanson.  D’ailleurs, y en a-t-il une ?  Récemment, Gilles Vignault – 90 ans, ce 27 octobre – a rappelé qu’ayant écrit un poème les gens de mon pays, ses musiciens de lui dire : Ce n’est pas un poème, c’est le premier couplet d’une chanson. Il est donc tout naturel que l’écrivaine et pianiste liégeoise  Liliane Guisset qui se produira bientôt à l’Etuve (1) et dont les poèmes rencontrent un succès réjouissant lors de soirées privées ou publiques, ait été sensible à l’univers de Barbara.   Car chez la grande dame brune, les paroles épousent la musique dans une symbiose poétique parfaite.  Qu’il s’agisse de Göttingen, de Vienne, de Ma plus belle histoire d’amour c’est vous, de La solitude,  de Drouot, de Nantes, de L’aigle noir, de Si la photo est bonne, de Pierre …  (la liste est longue et ne connaît aucune faiblesse !), les chansons de Barbara honorent la splendeur de la langue française sous l’angle d’une poésie subtile et – bien sûr – mélancolique.

Que de poésie en effet dans ces quelques vers : Mais c’est bien joli tout de même, A Göttingen, à Göttingen / Il est si beau l’automne Et j’aimerais le vivre avec toi Que c’est beau Vienne Avec toi Vienne / Oui, je vous fus infidèle, Mais vous revenais quand même, Ma plus belle histoire d´amour, c´est vous / Allez, va t-en porter ailleurs Ta triste gueule de l’ennui. Je n’ai pas le goût du malheur. Va t-en voir ailleurs si j’y suis ! / Le marteau retomba sur sa voix suppliante Elle vit s’en aller, parmi quelques brocantes Le dernier souvenir de ses amours d’antan / Il voulait avant de mourir Se réchauffer à mon sourire Mais il mourut à la nuit même Sans un adieu, sans un « je t´aime » / Un beau jour, Ou peut-être une nuit Près d’un lac, je m’étais endormie Quand soudain, semblant crever le ciel Et venant de nulle part, Surgit un aigle noir / Qu’on m’amène ce jeune homme, Si la photo est bonne, Si la photo est bonne, Si la photo est bonne… / Quand Pierre rentrera, Il faut que je lui dise, Que le toit de la remise, A fui, Il faut qu’il rentre du bois, Car il commence à faire froid, Ici, Oh, Pierre, Mon Pierre, 

Le théâtre de l’Étuve est certainement l’endroit idéal pour savourer l’hommage à Barbara que Liliane Guisset déclinera sous la forme de quatre concerts piano-voix. Fondée début des années cinquante, l’Étuve ressemblait par bien des côtés aux boîtes à chansons parisiennes telles l’Échelle de Jacob ou l’Écluse. C’est d’ailleurs à l’Écluse que Barbara a entamé sa carrière en France après avoir débuté à Bruxelles.

(1)  9-10-16-17 novembre 2018 à 20h15 – 16/13 € – Réservation par SMS 0492 562910 ou réservationetuve@gmail.com

 

ARLEQUIN : bon appétit au dîner d’adieu!

La saison dernière, la Compagnie royale Théâtre Arlequin a présenté Je veux un Magritte, une pièce écrite à quatre mains, celles de José Brouwers et de Philippe Waxweiler. Ce fut un succès. Cette saison, elle récidive en faisant choix de Un dîner d’adieu, une pièce écrite à quatre mains, celles de Matthieu Delaporte et d’Alexandre de la Patellière.

Le thème de la pièce est l’amitié. Plus exactement, de ses contraintes tels les dîners en ville qui n’apportent rien, ni au point de vue gastronomique – toujours les mêmes menus -, ni au point de vue conversations – toujours les mêmes sujets. Pierre Lecoeur (Serge Swysen), un éditeur, quelque peu lâche, et son épouse Clotilde (Catherine Ledouble), une bourgeoise, quelque peu imprévisible, sont bien décidés à faire le ménage parmi leurs relations qui, d’après les calculs de Pierre, prennent jusqu’à  trente-cinq pour cent de son temps de dîner disponible. La méthode retenue est simple : inviter leurs ami.e.s à un dîner d’adieu dont ils garderont un souvenir impérissable. Un repas fastueux, un vin dont le millésime est celui de la naissance de l’invité, exhiber un objet rappel de l’amitié profonde. L’hôte de Pierre et Clotilde est Antoine Royer (Jean-Louis Maréchal), un vieil ami mais un fâcheux comme l’aurait écrit Molière.

Le metteur en scène Marcel Servan a su éviter le  piège d’en rajouter à cette comédie de mœurs. Comédiens et comédienne excellent dans un décor signé Philippe Waxweiler. Les costumes sont de Marie-Josée Delecour qui a soigné tout particulièrement pour ce repas d’adieu la chemise de Pierre, un cadeau de son ami Antoine. Les éclairages sont confiés à Alex Fontaine et Franco De Bartolomeo. En dépit de la cruauté perverse qui sous-tend un dîner d’adieu, on ne cesse de rire tout au long du spectacle. Et pourtant …