Au Kinépolis, FESTIVAL DU FILM MAROCAIN, deuxième édition, les 9 et 10 mai.

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        Le samedi9 et dimanche 10 mai à Kinépolis-Rocourt va se dérouler le 2ème Festival du film marocain de Liège FFML (1). Hormis le réalisateur Kamal Kamal qui en est à son troisième long-métrage Sotto Voce, les cinq autres – Mohamed Amin Benamraoui, Rachid El Ouali, Mourad El Khaoudi, Othman Naciri, Abdeslam Kelai – n’ont jamais réalisé que des courts-métrage. Le FFML est assuré d’une vision sur l’avenir du cinéma marocain.

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        De par sa situation géographique et la variété de ses paysages, le Maroc peut se revendiquer Terre de cinéma. On y tourne, bon an, mal an, entre vingt et trente longs métrages : Orson Welles y a réalisé Othello en 1949 alors que le Maroc est sous Protectorat de la France. Le Protectorat français a créé dès 1944, le Centre Cinématographique Marocain (CCM). Le Maroc devenu en 1955 un Royaume indépendant conserve en l’état le CCM avant de le réformer en 1977 en lui confiant l’organisation et la promotion de l’industrie cinématographique au pays. Des studios de tournages sont créés, Mohamed VI inaugure ceux de Ouarzazate. Des écoles forment aux métiers du cinéma en partenariat avec des institutions étrangères dont l’INSAS de chez nous. Bien que Terre de cinéma, le Maroc n’est cependant pas encore connu pour une production typiquement marocaine.  

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        Le Festival du Film Marocain de Liège a l’ambition de contribuer à cette notoriété en présentant six films aux synopsis très variés. Ainsi Adios Carmen raconte l’histoire d’un enfant de dix ans qui vit seul avec son oncle, violent et buveur, depuis que sa mère, veuve, est partie se remarier en Belgique. Carmen, une réfugiée espagnole fuyant le franquisme lui fait découvrir le cinéma. Bientôt, les tensions entre le Maroc et l’Espagne se profilent … la suite au FFML. Ainsi Ymma narre comment un publicitaire de Casablanca s’en va à la recherche, en Corse, d’une femme mystérieuse croisée sur le Net … la suite au FFML. Ainsi Malak conte les mésaventures d’une jeune fille de dix-sept ans enceinte. Délaissée par le père de son enfant,  elle doit affronter sa famille, son entourage dans sa condition de mère célibataire … la suite au FFML. Ainsi Sotto Voce qui traite de la guerre de libération d’Algérie. La mère du réalisateur de ce film, à l’époque de ce conflit est une moudjahid algérienne qui doit trouver refuge au Maroc. La frontière marocco-algérienne est truffée de mines et gardée militairement. Le récit évoque Moussa, passeur marocain en charge d’un groupe de fuyards à travers les montagnes de l’Algérie vers le Maroc … la suite au FFML.

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   (1) Renseignements complémentaires : tél. 0470 33 12 41 ou  info@assala.org

Ce soir, le palmarès du 09e FIFPL, déjà un premier bilan … et en avant pour le Xe ! En addendum, Palmarès intégral.

        D’ici quelques heures, le palmarès du 09ème Festival international du film policier de Liège (FIFPL) va être dévoilé. Pour l’instant, seuls les neuf membres du Jury présidé par José Pinheiro gardent le secret. Lors du bilan tiré, ce dimanche matin,  avec la presse, le jury s’est montré ravi d’avoir découvert l’aspect convivial de l’esprit liégeois. Le nouvel ambassadeur de la Province, Enrico Macias a placé La Cantina sur le podium des restaurants liégeois sélectionnés par le FIFPL, un Enrico Macias qui rêve de créer un couscous au sirop de Liège !

        Un Jury ravi d’avoir eu la chance de visiter en compagnie de Christophe Maheu l’hôtel de Bocholtz, Maison Internationale de Liège, un bâtiment du XVIème siècle de style Renaissance mosane. Acquis récemment par François Fornieri, CEO Mithra, devenu un des sponsors du FIFPL: c’est un honneur pour nous de pouvoir accompagner pour la première fois le rendez-vous cinématographique majeur de Liège, qui met à l’honneur notre cité et contribue à son rayonnement international.  

        Le 09ème FIFPL a soigné sa réputation jusque dans les détails. Au moins deux limousines affectées au transport du Jury portent sur leurs plaques d’immatriculation les lettres GDC (j’ai décès). Il y a peut-être crime dans le coffre comme le montre une scène du film polonais Jeziorak, opus en compétition !

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ADDENDUM : PALMARÈS DU 09ème FIFPL

 

LES INSIGNES DE CRISTAL 2015

  • PRIX DU MEILLEUR FILM ( GRAND PRIX DU FESTIVAL) : « THE MULE » d’Angus Sampson et Tony Mahony
  • PRIX DU MEILLEUR SCENARIO : « ELEPHANT SONG » de Charles Binamé
  • PRIX DU MEILLEUR COMÉDIEN : Angus Sampson pour le film « THE MULE » d’Angus Sampson et Tony Mahony
  • PRIX DE LA MEILLEURE COMÉDIENNE : Leven Rambin pour le film « 7 MINUTES »
  • PRIX DU JURY JEUNES : « DE BEHANDELING » de Hans Herbots
  • PRIX DU JURY JEUNE EUROPE : « ELEPHANT SONG » de Charles Binamé
  • PRIX DU PUBLIC ( Prix exceptionnellement attribué cette année à un documentaire ) : « JE SUIS FEMEN » d’Alain Margot
  • PRIX DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE : « LA NEF DES FOUS » d’ Eric D’agostino et Patrick Lemy
  • PRIX DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE : « VOS VIOLENCES » d’Antoine Raimbault
  • PRIX DE LA CRITIQUE – MEILLEUR COURT MÉTRAGE : « LES ECLAIREURS » De Benjamin Nuel
  • PRIX DU PUBLIC – MEILLEUR COURT MÉTRAGE: « VOS VIOLENCES » d’Antoine Raimbault
  • PRIX LITTÉRAIRE DE LA PLUME DE CRISTAL : « IMAGINE LE RESTE » de Hervé Commère
  • LE GAGNANT DU CARREFOUR DES COMÉDIENS : « Clément DEBOEUR »

Feuilleton : UN CASTING PAS ORDINAIRE par Oncle Bob 4/4

        À la pointe de l’aube toute l’équipe se retrouve sur la plage et notre danseuse Nilavali ( Lumière de lune“) est parfaite dès la deuxième prise .

        Vêtue d’une tunique rouge, d’un voile porté sur les épaules, d’un pantalon resserré au niveau des chevilles, Nilavali dompte la caméra. Le regard souriant, les cheveux ceints d‘une couronne dorée, une ceinture de bijoux éclatants ainsi que la point rouge (le Tikka) situé au milieu du front, nous transportent dans un univers presqu‘irréel. Seul le son du ressac de la mer ramène à la réalité.

        La séquence tournée entre chien et loup sera encore plus magique dans la mesure où Nilavali manipulera le flambeau comme un lingam confié par quelque divinité du panthéon hindou.

        Bogdan et moi étions certains que ces deux séquences et notre rencontre avec la famille des pêcheurs tamouls serait un gage de succès pour le court-métrage.

        Ceylan, le Sri Lanka nous a apporté à la fois de merveilleux souvenirs mais aussi le cauchemar persistant des misères de la nuit.

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Ainsi prend fin le feuilleton où l’Oncle Bob – Robert Lombaerts (cfr Liège 28 du 5 juillet 2014) – a raconté ses aventures vécues aux Philippines et au Sri Lanka.  

Feuilleton : UN CASTING PAS ORDINAIRE par Oncle Bob 3/4

        Sous le choc nous sommes prêts à oublier l’idée de la séquence de danse. Aucun de nous n’a cependant envie d’abandonner.

        Le réceptionniste de l‘hôtel nous indique qu’une danseuse Tamoul va se produire dans les jardins de l’hôtel et que nous pouvons peut-être la contacter. Nous assistons au spectacle installés confortablement en dégustant des patties, ces croquettes épicées fourrées de légumes ou de lentilles accompagnées par des bières locales, une Mandalay pour moi et une Three coins pour Bogdan. La danseuse de petite taille est cependant gracieuse, souriante .Elle évolue comme un oiseau dans l’espace ; son corps flexible décrit des arabesques.

        Bogdan demande à notre serveur très stylé de bien vouloir inviter la jeune femme à notre table. Je lui apprends le but de notre rencontre et mon souhait de la voir danser sur la plage à l’aube et au coucher du soleil. L’idée de jouer avec un flambeau tout en dansant la séduit. Professionnelle, elle veut poser ses conditions financières; ce que je comprends parfaitement. C’est là que Bogdan intervient avec ses finesses, ses astuces pour préserver un budget toujours trop étriqué. Après quelques tractations, la jeune danseuse accepte les conditions après avoir exigé le payement d’une journée entière ; ce que Bogdan, tombé sous le charme de l’actrice d’un jour a fini par accepter.

                (à suivre)

Feuilleton : UN CASTING PAS ORDINAIRE par Oncle Bob 2/4

        Le chauffeur empeste l’alcool, à l’air bougon et semble comprendre notre désir de trouver une danseuse tamoul pour figurer dans une séquence de début et de fin d’un court-métrage.

        Il acquiesce et nous nous retrouvons dans un véhicule préhistorique avec un plancher troué par la rouille qui rend le sol visible. Nous nous rendons compte que les freins de la voiture sont hors d’usage et qu’il utilise le frein à main pour s’arrêter. Une conduite follement dangereuse nous transporte en dehors de la ville. L’inquiétude nous gagne car nous nous souvenons de la tentative de vol vécue la veille au marché.

        Cet homme nous guide vers un bâtiment isolé, faiblement éclairé par une lanterne rouge. Nous pénétrons dans un lieu glauque, sordide, sinistre. Je pense au roman de Maupassant‘‘ La Maison Tellier‘‘ en pire. Nous sommes assis sur une banquette verdâtre au plastique déchiré. Là aussi une lumière rouge. Pareil à un feu de signalisation, elle passe du rouge au vert et notre chauffeur nous fait signe de le suivre. Jamais je ne pourrai oublier cette vision horrible. Une sorte de grande chambre sur un sol en terre battue. Des vieilles femmes décharnées, édentées, au dos courbé, tentent un vague sourire.

        Un seul désir, quitter au plus vite cette zone d’abattage, d’esclavage, oublier ce chauffeur qui nous a fait découvrir les misères de la nuit plus terribles que celles du jour.

Feuilleton : UN CASTING PAS ORDINAIRE par Oncle Bob 1/4

         Lors de la réalisation d’un film il importe d’attirer l’attention du spectateur dès les premières images et les premiers sons. Accrocher en surprenant, par exemple, par un pré-générique dynamique et une action inédite sont des éléments que le scénariste, le réalisateur; voire le producteur peuvent apporter à tout type de film qu’il s’agisse de fictions ou de documentaires; de longs ou de court métrages.

        En ce qui me concerne, j’aime le principe d’une boucle qui débute et termine le sujet abord. Je déteste les prises de vues conventionnelles même dans ces courts-métrages touristiques à caractère promotionnel. Il est possible de faire des choix où les individus et leurs actions sont aussi présents que les paysages ou les édifices .

        J’ai suggéré à mon ami Bogdan de débuter le film par une vingtaine de secondes où l‘on découvrirait une danseuse indienne exécutant quelques pas à la pointe de l’aube, sur la plage au bord de la mer. Le court-métrage se terminerait par la même danseuse filmée entre chien et loup; cette lumière particulière que j’affectionne avant la tombée brutale et rapide de la nuit. Je la voyais danser au milieu d’un cercle de feu.

        Elle même utiliserait un flambeau qu’elle inclurait dans la danse en l’apprivoisant. Sur une image arrêtée se déroulerait le générique. Nous avons souvent partagé des goûts identiques et mon ami n’a fait aucune objection à ma proposition.

        Ses seuls soucis où je retrouve le producteur ; le prix de la danseuse et où la trouver. Notre première décision, s’adresser à un chauffeur de taxi, a été mauvaise.

Feuilleton : RENCONTRE AVEC LES TAMOULS DU LITTORAL par Oncle Bob 3/3

        En attendant de nous revoir pour partir en mer, Arvalan nous donne quelques conseils si nous fréquentons les plages de cocotiers.

        On peut parfois y trouver des serpents venimeux et il y a intérêt à faire attention où l’on pose les pieds.

        Généralement ces animaux ne sont pas agressifs sauf s’ils se sentent menacés.

        Nous quittons nos hôtes pour passer quelques heures à la plage attentifs aux serpents mais aussi aux crabes aux pinces tranchantes.

        Le lendemain après avoir suivi Arvalan et Arivâli dans une partie de pêche fructueuse; alors que la nuit tombe rapidement, nos hôtes nous guident vers un petit temple caché par une épaisse frondaison d’arbres.

        Nous pénétrons dans ces lieux sacrés où le chef de famille va diriger la cérémonie.

        C’est au son d’une clochette censée appeler les divinités peintes ou sculptées à s’insérer dans leur image que débute la célébration du culte.

        Cette cérémonie du ‘‘puja‘‘ est commune aux tamouls du Sri Lanka et aux Hindous du Continent Indien.  Après l’appel aux divinités la famille allume des bougies et fait brûler de l’encens. L’épouse d’Arvalan et sa fille disposent des guirlandes de fleurs odoriférantes, déposent des fruits, du riz et remplissent des coupes d’eau tout en invoquant les divinités. J’en reconnais une, Ganesh, ce dieu à tête d’éléphant, porte bonheur dans ce panthéon hindouiste où l’homme n’est pas au centre de l’univers mais constitue l’un des éléments du cosmos. Après ce moment à la fois familial et rituélique nous regagnons la maison communautaire. Un repas nous y attend. Au menu, les crevettes grillées accompagnées du riz traditionnel. Une surprise de dimension pour Patrice et Eduardo.

        Ils ont des couverts et leurs portions de crevettes sont décortiquées. Bogdan et moi partageons le plat de nos hôtes qui sourient aux regards ébahis de nos collègues.

        Quelle leçon d’écoute, d’observation et de respect de la part de cette famille Tamoul pour ces étrangers, voyageurs éphémères accueillis dans la plus grande dignité !

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Feuilleton :RENCONTRE AVEC LES TAMOULS DU LITTORAL par Oncle Bob 2/3

        Chaleureux il nous invite à partager son repas composé de crevettes fraîchement pêchées accompagnées du riz, nourriture de base.

        Arvalan nous explique que la famille Tamoul est constituée comme un véritable clan avec un système social strict où le communautaire prime sur l’indépendance.

        Hindouistes sur le plan religieux, les Tamouls ont mal perçu la suprématie du bouddhisme comme religion d’État. Les trois millions de Tamouls, toutes religions confondues ont été défavorisés par rapport à une bourgeoisie locale cingalaise et un pouvoir asocial, privilégiant une économie ultra libérale tout en menant le pays d’une main de fer.

        Le fils aîné Arvâli poursuit des études secondaires et rêve de rejoindre les Tamouls de France ou de la Réunion. Pour lui, il n’y a ucun d’espoir d’obtenir une fonction intéressante dans son propre pays.

        L’épouse d’Arvalan et l’une de ses filles apportent deux énormes plats, l’un de riz, l’autre de crevettes parfaitement grillées dont les épices flattent les narines.

        Ici on se sert de la main droite pour prendre la nourriture. J’observe que Bogdan ce vieux complice baroudeur, comme moi, est tout à fait à l’aise mais nos équipiers manifestent des difficultés à adopter les coutumes locales.

        Je prends conscience que la famille Tamoul mange les crevettes dans leur entièreté, têtes comprises. Je suis évidemment leur exemple comme Bogdan qui a toujours respecté les traditions même s’il avait des difficultés à les assimiler.

        Par contre Patrice et Eduardo ne parviennent pas à se conformer aux usages. Arvalan et Arvâli observent nos comportements en silence.

        Nous nous accordons sur le fait de suivre une partie de pêche en mer et Bogdan s’arrange sur le plan financier avec le chef de famille pour le défrayer.

        Comme nous avons gagné sa sympathie il nous suggère de filmer une cérémonie d’offrandes qu’il pratique avec sa famille dans un petit temple hindou à l’abri de tous les regards. C’est avec plaisir que nous accueillons cette proposition.

 

Feuilleton :RENCONTRE AVEC LES TAMOULS DU LITTORAL par Oncle Bob 1/3

        Bogdan et moi avons toujours apprécié ce qu’on appelle en termes de métier: les repérages. Ces premiers contacts sans caméra et autres outils techniques sont primordiaux pour établir une relation de confiance avec ceux qui sont les sujets d’un film et non des objets.

        Aujourd’hui seule la rentabilité compte et les télévisions privées ou publiques vont à l’essentiel, ramener des images et des sons sans avoir été à l’écoute et sans avoir partagé avec les autres.

        La culture des Tamouls de la côte nous intéressait dans la mesure où cette société est implantée dans l’île depuis des millénaires. Pêcheurs ou commerçants, ils possèdent leur propre langue, leur religion, leurs règles sociales. On les appelle les Tamouls de Jaffna installés au nord, à l’est et le long du littoral par rapport aux Tamouls des Hautes Terres ; immigrés de castes inférieures, intouchables utilisés comme main d’œuvre dans les plantations de thé, installés au centre, au sud, de l’île, importés par les colons britanniques.

        Ce sont les Tamouls du littoral qui ont suscité notre intérêt. Nous sommes entrés en relations avec une famille de pêcheurs qui nous a permis de découvrir leur univers. Nous les avons rencontrés à deux reprises avant de tourner le moindre mètre de pellicule.

        Leur village, Negombo, se situe à quarante kilomètres de la capitale. Une lagune, la mer, d’immenses plages entourées de cocotiers; des catamarans locaux et de petits bateaux de pêche, taches sombres naviguant au gré des vents sur une mer étincelante argentée, dont les reflets éblouissent la vision.

        Arvalan, le chef de famille (dont le prénom signifie‘‘ homme d’amour et d’affection‘‘) et son fils aîné Arivâli (‘‘Intelligent ‘‘) nous accueillent dans leur demeure , sorte de grande maison communautaire.

        Arvalan n’a pas d’âge déterminé. Son visage sec, émacié est souriant; une légère barbe grisonnante, le cou décharné, le menton volontaire et les yeux vifs complètent une stature moyenne composée de muscles à fleur de peau et de mains noueuses marquées par le sel marin et les travaux quotidiens.

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Feuilleton :La Feuille du Temps par Oncle Bob 1/1

       Difficile de retrouver la réalité après la nuit inoubliable passée en compagnie de Nérupama (l’incomparable). En état d’apesanteur tout en étant épanoui je pensais à ce polythéisme hindou en me demandant si j’avais rencontré une déesse femme.

      Était-ce Shakti, la puissance féminine créative partagée entre le Kâma (le désir) et le Dharma (le devoir)? Mon envie de me balader dans un endroit calme et serein pour préserver cet état second, guide mes pas vers un sanctuaire bouddhiste.

          À Ceylan l’opposition entre hindouistes et bouddhistes date de l’occupation anglaise. Comme tous les peuples colonisateurs les Anglais n’ont pas dérogé à la règle du ‘‘diviser pour régner ‘‘. Les bouddhistes sont majoritaires suivis des hindouistes et d’une minorité de musulmans et de chrétiens. En 1972, Ceylan change d’appellation pour devenir le Sri Lanka.

        Mes pensées me conduisent dans une vaste étendue verte en légère déclivité. Je me dirige lentement vers un arbre qui se dresse solitaire, à côté du sanctuaire.

        J’aime les arbres symboles de la vie mais aussi de la force, de la flexibilité, de la connaissance, de la droiture. Dans tous les pays, sur tous les continents, les arbres m’ont fasciné : les baobabs africains et malgaches, les pins parasols et les platanes méditerranéens, les chênes et les saules pleureurs du Nord.

        Je contemple le figuier des pagodes dont la cime se dresse à trente mètres du sol. Mon regard descend le long du tronc et accroche la silhouette d’un moine qui se dirige vers moi.

‘‘Vous aimez les arbres? Je lui réponds affirmativement.

        Ce figuier porte sur ses branches des feuilles en forme de cœur. Il est toujours planté près d’un temple et nous lui accordons un grand respect. Il est sacré et avec ses feuilles aux pointes effilées il frémit aux caresses du vent.

        Permettez-moi de vous offrir l’une de ses feuilles. Elle porte en elle l’éveil et la mesure du temps. En vieillissant vous serez au-delà de l’attachement, de l’aversion et des illusions.

        Continuez à donner, à recevoir, à écouter, à chercher. Vos actes de bonté et d’amour envers les autres; votre détachement vous mèneront à l’éveil.

        Gardez précieusement cette feuille; conservez-la, à l’abri de la lumière. De temps à autre, regardez-la; elle se modifiera comme vous, au fil du temps.

        Elle se détruira progressivement et vous constaterez qu’en fait, vous êtes en parfaite symbiose dans sa durée de vie et à l’approche de sa décomposition votre temps sera compté. Bonne route voyageur.

       Cette rencontre et la précédente : deux métaphysiques qui interrogent mes certitudes…