« Réinventer Liège » … avec une vieille recette

 

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 À juste titre, Liège est très fière du musée de la Boverie, lieu d’expositions temporaires prestigieuses. Ce musée possède également des collections permanentes de grande qualité. Sont-elles mises en valeur ?

   Non répond, dans Consoloisirs, Bernard Hennebert, auteur du livre  Les musées aiment-ils le public ?. Il raconte : Le vendredi 27 octobre 2017, on a visité à deux son fond permanent, de 16H30 à 17H30. Nous n’y croiserons aucun autre visiteur. Ce fait indiqué sur mon facebook attire les réflexions suivantes: «Ce musée a été conçu au détriment des collections permanentes tant pour le nombre et la sélection des œuvres que pour leur mise en scène…»; «Les gardiens sont sympas;-) et bien conscients de cette triste réalité ! La mise en place est pathétique»;(…) La Boverie symbolise l’évolution de la prédominance des expositions temporaires sur la présentation du fond permanent. Certaines institutions seraient même prêtes à ranger leur patrimoine dans leurs réserves loin des regards du public pour favoriser les grandes expositions qui attirent plus souvent le public, les rentrées financières, les sponsors et les médias. Ainsi, dans le musée liégeois, la majorité des locaux spacieux du rez-de-chaussée deviennent les écrins spectaculaires de ces expositions événementielles tandis que la collection doit trouver refuge essentiellement au sous-sol, dans des locaux étroits, bas de plafonds, souvent mal éclairés. La situation est d’autant plus problématique que des chefs d’œuvres naguère exposés avec fastes dans d’autres musées liégeois ont été rapatriés ici.

   À sa prochaine visite, Bernard Hennebert est assuré de rencontrer davantage de monde. En effet, à partir du 1er décembre, tous les musées liégeois, à l’initiative de l’Échevin de la Culture, Jean-Pierre Hupkens, permettent l’accès gratuit de leurs collections permanentes aux jeunes – Liégeois ou non – de moins de vingt-six ans.

   Ce retour en arrière constitue incontestablement un progrès d’autant qu’il est accompagné d’une approche pédagogique renforcée.  Placée sous le signe de Réinventons Liège, cette décision scabinale me fait souvenir que, dans les années cinquante du siècle dernier, adolescent, lors de mon périple dominical à la Batte, j’ai toujours poussé – gratuitement – la porte du Curtius – pas encore grand – ou du musée d’armes. Et le goût des musées m’est venu !  

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Illustrations : Bonaparte, premier Consul (Ingres) – Le vieux jardinier (Claus) 

Capitale de la Résistance, Liège a attendu 70 ans « LE SILENCE DE LA MER’ de Vercors !

 

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     Chacun connait (ou devrait connaître) le thème du Silence de la mer. L’action se déroule en France occupée. Des Français, un oncle et sa nièce, doivent accueillir un officier allemand, Werner von Ebrennac. Ils se posent la question comment le supporter. La réponse est simple et claire  comme si cet officier n’existait pas. Comme s’il était muet et transparent. Tu verras, personne ne peut supporter longtemps d’être ignoré aussi longtemps. Tout au long de son séjour, Werner von Ebrennac soliloque : Il sortira de cette guerre de grandes choses pour l’Allemagne et pour la France. Je pense avec mon père que le soleil va briller sur l’Europe. Retour de permission, il réalise combien ses supérieurs l’ont berné d’où sa demande à être affecté au front. L’oncle lui cite Anatole France : Il est grand pour un soldat de désobéir à des ordres criminels. Werner s’en va au front. C’est une manière élégante de se suicider dans l’honneur pour un von Ebrennac.

     Chacun connaît (ou devrait connaître) la Compagnie Royale Théâtre Arlequin. Septante ans après la création parisienne, dans une mise en scène de Jean Mercure, de la pièce inspirée de la nouvelle Le Silence de la mer, Liège a, enfin, connu, des représentations (1), dans une mise en scène d’Alexandre Tirelier, de ce spectacle. Liège en a été privé pour deux raisons : les Galas Karsenty ne l’ont jamais programmé et feu le Gymnase a fait de même, en dépit de ses 36 pièces montés annuellement !

     Le rôle de Werner von Ebrennac est incarné par Fabian Nicolaï, un artiste qui vient de rejoindre talentueusement la troupe de l’Arlequin. José Brouwers et Camille Fernandez assument les rôles d’oncle et de nièce. Leur lecture et leur silence confèrent l’esprit de résistance qui rend muet l’amour de la musique que partagent au moins Werner et la jeune Française. Un spectacle remarquable à l’émotion intense.

     Mais qui est ce Vercors auquel le porte-parole du général De Gaulle, Maurice Schumann, en 1942, à la BBC s’adresse vous, Vercors, encore inconnu et déjà célèbre … ? Pour en savoir davantage, nous avons consulté le Maitron (2). Nathalie Gilbert, auteure de la notice de Jean Bruller dit Vercors précise qu’il effectue sa scolarité à l’Ecole alsacienne qui prolongeait les principes éducatifs des parents : soucieuse de donner à ses élèves une solide culture des sciences et des humanités, privilégiant les méthodes éducatives douces, cette école, de tradition protestante, entendait également former des hommes et des citoyens guidés par une morale intérieure rigoureuse. Cette conscience personnelle, qui doit au besoin se réformer par elle-même, incarne particulièrement l’homme que fut Jean Bruller.

     Diplôme d’ingénieur, service militaire à Tunis,  A son retour en 1926, il entreprit officiellement sa carrière de dessinateur. (…) il publia son premier album alliant texte et dessins, 21 Recettes de mort violente à l’usage des personnes découragées ou dégoûtées de la vie pour des raisons qui, en somme, ne nous regardent pas. Parallèlement, il continua à fournir des dessins pour divers journaux (Le Rire, Fantasio), il devint l’un des illustrateurs des Editions Nathan : la trilogie Pif et Paf.

     Dans les années trente le dessinateur fut donc en contact avec notamment André Gide, Romain Rolland, Roger Martin du Gard, Georges Duhamel, Jean Guéhenno, Charles Vildrac. Ce milieu de gauche, famille intellectuelle de Jean Bruller par héritage paternel, lui dessilla les yeux sur les méfaits du colonialisme (…) A partir de 1932, Jean Bruller entama son œuvre de la maturité préfacée par Jules Romains, La Danse des vivants. Cet album à la philosophie intemporelle inspirée des moralistes du Grand Siècle (…) La philosophie pessimiste du moraliste sur la nature humaine, dégagée des contingences du réel, fut ébranlée par l’Histoire. Elle proposa alors (…) les prémisses de l’évolution d’une pensée intégrant des éléments marxistes, toutefois dominée jusqu’à la fin de sa carrière par l’idéalisme.

     À l’armistice, décidé à ne rien publier sous le joug ennemi, il réside, au 31bis de la rue du Touarte, à Villiers-sur-Morin, petit village en Brie (600 habitants à l’époque) et travaille chez le menuisier. En 1941, il intégra le réseau de l’Intelligence Service, bientôt démantelé. Il entra alors en Résistance intellectuelle (…) Lescure et Bruller créèrent donc leur propre maison d’édition clandestine, Les Editions de Minuit, entreprise viable grâce au réseau des imprimeurs avec lequel le dessinateur avait travaillé dans l’entre-deux-guerres. Celui-ci publia son célèbre récit Le Silence de la mer le 20 février 1942 sous le pseudonyme de Vercors, du nom de cette montagne qui l’avait impressionné en 1939. Si la plume remplaça le crayon, il serait erroné de croire que l’écrivain ne serait pas né sans les contingences historiques. Jean Bruller aimait en effet à compléter ses albums de textes.

     Au lendemain de la guerre, symbole de la Résistance intellectuelle, auréolé d’une soudaine notoriété, Vercors fut nommé à la commission d’épuration de l’édition qu’il quitta dès janvier 1945, jugeant inacceptable les complaisances accordées aux éditeurs. Membre actif du Comité National des Ecrivains (CNE) chargé d’établir la « liste noire » des écrivains compromis, il se montra le plus intransigeant sur le sujet.

     Compagnon de route du Parti communiste, il rendit compte de ses rapports conflictuels avec le PCF dans Pour Prendre congé (PPC, 1957). Désormais, il se montra plus ou moins proche du Parti en fonction des événements et n’hésita plus à se rapprocher des gauches dissidentes pour certains combats comme la guerre d’Algérie. La torture pratiquée par la France dans ce conflit, lui fait refuser la Légion d’honneur en 1960. 

     Inventeur des callichromies, un dérivé de la sérigraphie, reproduction de tableaux à l’huile, il conserve son nom Jean Bruller pour ses œuvres d’artiste et adopte le nom de Vercors en tant qu’écrivain. Vercors s’impliqua pour certaines avancées sociétales. Ainsi il se prononça contre la peine de mort. Il soutint la loi d’autorisation de l’IVG dans Ce que je crois (1975). Dans ses lettres privées, il défendit le droit à mourir dans la dignité.

    Né le 26 avril 1902, jour anniversaire du centenaire de la naissance de Victor Hugo, il décède à 89 ans, à son domicile Quai des Orfèvres à Paris.

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(1)Compagnie Royale Théâtre Arlequin – vendredi 17, 31 mars et samedi 18, 25 mars, 1 avril à 20h 30 – rue Rutxhiel 3 Liège – tél. 04/222.15.43  info@theatrearlequin.be – réservation : billetterie du Forum & du Théâtre Arlequin, rue du Pont d’ Avroy 12 , tél. 04/223.18.18 et par internet www.theatrearlequin.be

(2) http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article178469, notice VERCORS [BRULLER Jean, dit] par Nathalie Gibert, version mise en ligne le 8 février 2016, dernière modification le 8 février 2016. Le printemps du Maitron – 22 mars 2017 une journée consacrée au Maitron se déroulera dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, de 14h à 22h, en présence de nombreux intervenants – pour assister à cette journée, merci de vous inscrire en envoyant vos Nom et Prénom par mail à l’adresse info@maitron.org

L’Académie française décerne le Prix Eugène Carrière au Liégeois Pierre-Yves Kairis.

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Autoportrait de Bertholet Flémal – Ville de Liège

        Histoire de Liège (1) a inscrit à son programme 2017 une conférence le 18 mai de Pierre-Yves Kairis sur le thème de Lambert Lombard à Léonard Defrance : la peinture à Liège du XVIe au XVIIIe siècle. Nul doute que la conférence connaisse un beau succès d’autant que Pierre-Yves Kairis a reçu, le 1er décembre, au Quai Conti, le Prix Eugène Carrière

      L’académicienne Mme Danièle Sallenave dans son discours sur les Prix littéraires de l’Académie française a déclaré : Prix Eugène Carrière M. Pierre-Yves Kairis, pour Bertholet Flémal (1614-1675). Le « Raphaël des Pays-Bas » au carrefour de Liège et de Paris. Bertholet Flémal, le plus grand peintre de Liège au xviie siècle, méritait une réhabilitation. Pierre-Yves Kairis s’y livre dans cet ouvrage, après avoir été l’auteur d’une découverte, celle d’un tableau de Poussin, La Mort de la Vierge, miraculeusement retrouvé dans l’église Saint-Pancrace de Sterrebeek en Belgique.

        Le Liégeois est le cent-vingt-cinquième récipiendaire du Prix Eugène Carrière. En 2016, il est l’unique lauréat, par contre en 1956, il y a pas moins de douze !  Parmi les récipiendaires, deux sont devenus membres de l’Académie française : René Huyghe, élu en 1960 au fauteuil n° 5, lauréat en 1953 pour son ouvrage Le Carnet de Gauguin. Le culte Mahorie et René de Castries, élu en 1972 au fauteuil n° 2, lauréat en 1956  pour son ouvrage Le Maréchal de Castries.

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©musée Eugène Carrière, Gournay sur Marne

        Qui est Eugène Carrière ? Réponse : peintre, lithographe, penseur né en 1849 à Gournay sur Marne où il a son musée, mort à Paris en 1906, trois ans après avoir fondé le Salon d’Automne.

       Peintre : Art de suggestion par excellence, l’œuvre (…) évolue vers une monochromie de terre et d’ocre, inspiratrice de Picasso, qui ne retient que les jeux d’ombre et de lumière.  Son art est salué par Gauguin et Maurice Denis mais reste incompris du grand public.

    Lithographe : en 1898, il crée l’affiche de lancement de L’Aurore, un journal où toutes les opinions libérales, progressistes, humanitaires, si avancées qu’elles fussent, puissent être librement exposées. Ami de Rodin dont il partage l’amitié et les conceptions esthétiques; le sculpteur lui confie l’affiche et la préface du catalogue de son exposition de 1900, au Pavillon de l’Alma.

     Penseur : il participe aux mouvements des idées : défense de Dreyfus au côté de Clémenceau et de Zola, émancipation féminine, réflexion sur la peine de mort, l’art de la démocratie, etc … Jamais dogmatique, il défend un humanisme qui place les droits de l’homme au premier plan.

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Autoportrait © collection particulière

(1) Histoire de Liège programme 2017 sur le site histoiredeliege.be – informations info@histoiredeliege.be

04 221 93 67 ou 04 221 93 75

21 rue La Boétie

 

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        Si le cinéma emprunte souvent des thèmes à la littérature, il est plus rare qu’une expo s’inspire d’un livre. C’est le cas pourtant de l’expo 21 rue La Boétie (1) qui n’a vu le jour que grâce à la parution, en 2012, de l’ouvrage éponyme d’Anne Sinclair. De nationalité américaine, Anne Sinclair née à New-York a été bouleversée d’entendre un fonctionnaire français lui demander vos quatre grands parents sont-ils français ? Le fonctionnaire a demandé ce qu’autorise une loi française de 2009 en matière de nationalité. La phrase lui rappelle la Shoah et le destin de ceux qui, recherchés par les nazis, avaient choisi de partir et qui furent ensuite dépossédés, pillés, déchus de leur nationalitéPaul Rosenberg quitte la galerie d’art du 21 rue La Boétie pour New-York. Un gentil grand-père qui l’a toujours traitée, gamine comme une grande fille.

        J’ai eu soudain envie de revisiter ma légende familiale. Je me suis plongée dans les archives. J’ai retrouvé des correspondances entre Paul Rosenberg et ses peintres, exhumé des « papiers de famille », interrogé des proches et retourné sur les traces de sa famille  J’ai voulu comprendre l’itinéraire de ce grand-père lumineux, intime de Picasso, de Braque, de Matisse, de Léger, devenu paria sous Vichy. Ce grand-père fut un grand marchand. A Paris jusqu’en 1940, puis exilé à New York pendant la guerre. Il était français, juif et amoureux des arts. Ce livre raconte son histoire qui, indirectement, est aussi la mienne.

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        De la conception à la réalisation, l’exposition 21 rue La Boétie est l’œuvre de Tempora, une société fondée, en 1998, par le Liégeois Benoît Remiche. Après avoir fait les beaux jours de la Boverie, 21rue La Boétie s’en va à Paris, au musée Maillol, du 2 mars au 27 juillet 2017. Anne Sinclair est la marraine de l’exposition. Elle s’en explique au  Quotidien de l’Art (27/10/2017) : au début, j’étais à la fois émue et très dubitative, me demandant si cela était faisable, puis très enthousiaste bien évidemment. Je les ai accompagnés puisque mon livre a servi de guide aux commissaires (Elie Barnavi, Isabelle Benoit, Vincent Delvaux, François Henrard et Benoît Remiche)  qui ont effectué un gros travail de recherche pour retrouver les œuvres. J’ai donné mon avis et impulsé les recherches dans certaines directions, particulièrement du point de vue historique.

        Ça a de la gueule. Mon grand-père aurait adoré.  C’est une exposition à la croisée de l’art et de l’histoire. Elle retrace ce qu’a été le marché de l’art avant qu’il soit justement un marché. Mon grand-père était un marchand certes, mais surtout un admirateur forcené de ses artistes. Il disait « Je suis un passeur, mais je ne suis que ça ». Articulée en six chapitres,  l’expo présente notamment soixante-quatre tableaux qui sont passés à une époque ou l’autre à la galerie Paul Rosenberg. Deux de ceux-ci représentent  l’un, Marguerite, l’épouse de Paul, et sa fille Micheline vues par Pablo Picasso en 1918 et l’autre, de Marie Laurencin, Anne Sinclair à l’âge de quatre ans. J’ignorais qu’elle peignait toutes les femmes avec les yeux noirs en amande, mais j’ai dû le pressentir car c’est effrontément que je lui précisai : « Attention, hein, j’ai les yeux bleus ! » Je me rappelle son rire, sa promesse de ne pas les trahir, et elle me gratifia, de fait, de deux billes bleu lavande.

        21 rue La Boétie se révèle un grand succès. Une moyenne de plus de mille visiteurs par jour le premier mois. En marge de l’expo, d’autres activités sont prévues à la Boverie. Ainsi, ce 17 novembre, l’auteur de L’Homme de l’art. Daniel-Henry Kahnweiler, 1884-1979, Pierre Assouline va venir parler de marchands et collectionneurs d’art :Paul Rosenberg, Daniel-Henry Kahnweiler et les autres suivi d’une session de questions-réponses.       

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(1) 21 rue La Boétie – La Boverie, parc de la Boverie, 4020 Liège – 32 (0) 2/ 549 60 49 info@21ruelaboétie.com – tarifs de 1,25 € (art. 27) à 17 € (adulte), senior (+65) 14€, groupe 12  €, groupe scolaire 6 €, famille (2 adultes, 2 enfants) 48 € (6 € par enfant supplémentaire) – l’expo se termine le 29 janvier 2017 – heures d’ouverture : du mardi au vendredi  de 9.30 à 18.00, week-end 10.00 à 18.00, ouvert jours fériés sauf 25/12 et 01/01/2017, fermé le lundi sauf 26/12 et 02/01/2017. Visite guidée 85 €/guide pour 1h30 de visite, maximum 20 personnes, disponible en français, anglais, allemand, néerlandais. 

Ce qui est bon à prendre est bon à garder …

         Ce qui est bon à prendre est bon à garder dit un proverbe anglais dont les Français ont fait une règle en proclamant le principe d’inaliénabilité du domaine public qui s’applique en particulier aux collections des musées publics. Les biens constituant les collections des musées de France appartenant à une personne publique font partie de leur domaine public et sont, à ce titre, inaliénables. Par rapport à d’autres pays européens, la France est celui où le principe d’inaliénabilité est le plus strict (1).

        L’idée du surintendant des bâtiments de France, le comte de La Billarderie d’Angiviller  est reprise, en mai 1791, par un élu de la sénéchaussée de Bigorre, Bertrand Barère. Celui-ci  souhaite que la galerie du Louvre… devienne un Muséum célèbre et précise même  qu’on y déploie les nombreux tableaux de Rubens et d’autres peintres illustres. Dans les années à venir, ce projet culturel se réalise tandis que la Révolution poursuit son cours.

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La Descente de croix – PP Rubens – photo IRPA-KIK

        En 1792, après la bataille de Jemappes, les troupes de Dumouriez se contentent de prélever le nécessaire  à leurs besoins dans les pays conquis – la Principauté de Liège et les Pays-Bas autrichiens. Mieux, en Principauté de Liège, les patriotes votent au suffrage universel masculin le rattachement à la France (2).

        En revanche, en 1794, après la bataille de Fleurus, les troupes de Jourdan  vivent sur le dos des pays conquis – les Pays-Bas autrichiens et la Principauté de Liège. Mieux, le Comité de Salut public a désigné des agents extracteurs d’œuvres d’arts. Ceux-ci font notamment le plein de Rubens et autres chefs d’œuvre de la peinture flamande destinés au Muséum central des Arts. En Principauté, les Français ne trouvent guère d’œuvres à leur goût, à peine une dizaine, mais les patriotes locaux dont le peintre Léonard Defrance, estiment que leurs grands peintres doivent figurer dans les collections du Muséum central des Arts, ancêtre du Louvre.

        Ces tableaux connaissent des sorts multiples. Par le décret Chaptal de 1801, les uns sont attribués aux quinze musées départementaux au rang desquels figure celui de la Dyle. Autrement dit, celui de Bruxelles, ancêtre des Musées royaux, dont le conservateur est Guillaume Bosschaert qui, sous l’Ancien Régime, a été choisi en qualité d’expert par le comte de La Billarderie d’Angiviller. Certains autres ont été récupérés au lendemain de Waterloo par les troupes des coalisés qui occupent la France jusqu’en 1818.

        Par après, il n’est plus guère question de restitution ou récupération des œuvres acquises par les Conquêtes artistiques françaises. Mais comme l’écrit Pierre-Yves Kairis dans un rapport  remis en octobre dernier à la secrétaire d’État à la Politique scientifique, Elke Sleurs : la question est revenue dans l’actualité car, depuis la décolonisation et les nombreuses recommandations de l’UNESCO soutenant le retour vers les pays sources du patrimoine culturel spolié, les demandes de restitutions de toutes sortes se sont multipliées. Elke Sleurs envisage, à l’IRPA (3), un colloque international début 2018 sur base du rapport Kairis publié par La Tribune de l’Art (http://www.latribunedelart.com/note-sur-les-tableaux-enleves-a-la-belgique-en-1794-et-restitues-ou-non-en-1815).

        Dans ce rapport, il est fait mention de deux candidats PS aux communales de Liège tentant, en 1988, d’obtenir de Mitterand ce que la Commission des Hospices civils de Liège a réclamé, en 1864, à Napoléon III à savoir un tableau attribué à Rubens qui se trouve encore au Musée de Marseille alors qu’auparavant,  sa place initiale a été la chapelle de l’Hospice des Incurables et des filles repenties de Liège.

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Autoportrait de Bertholet Flémal – Ville de Liège

        Autre aspect liégeois du rapport Kairis, les aventures de la Conversion de Saint-Paul, une toile de Bertholet Flémal, peintre-chanoine de la collégiale Saint-Paul. À l’initiative du dernier consul-général de France à Liège, Zaïr Kedadouche, le Musée des Augustins de Toulouse prête, en 2011, pour six mois la Conversion à l’église à laquelle son auteur l’a destinée. Le ministre Jean-Claude Marcourt qui a eu le Patrimoine dans ses compétences s’efforce de prolonger la durée du prêt tout comme le conservateur du Trésor de la cathédrale, Philippe Georges qui  propose en échange plusieurs toiles de Frans Francken le jeune. Tout cela en vain. En 2014, le jour où jamais tant de chefs d’État et de gouvernements ne sont venus à Liège, obstinées les autorités ont remis une lettre au Président de la République, François Hollande. Toujours, en vain.

        Le salut réside peut-être dans le ciel. En conclusion, le rapport Kairis mentionne : le précédent des manuscrits coréens permet de considérer que c’est par le biais de pressions économiques que des démarches diplomatiques pourraient aboutir à quelques restitutions ponctuelles, conformément à une nouvelle doctrine hexagonale qui ne dit pas son nom. En clair, l’achat habilement négocié par la Belgique de quelques avions Rafales français permettrait peut-être le retour de quelques-uns des tableaux saisis en 1794…  

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Conversion de Saint-Paul Photo Daniel Martin

  • (1) Cfr Documents de travail du Sénat français – Série Législation comparée – L’aliénation des collections publiques – Décembre 2008 – LC 191.
  • (2) Cfr Liège 28 du 30/7/2015.
  • (3) IRPA Institut royal du Patrimoine artistique.

Dix concitoyennes et concitoyens recoivent le titre de Citoyenne et Citoyen d’honneur de la Ville de Liège.

      

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         Al bone franquète al Violète, cinq mots pour résumer l’ambiance régnant en la salle des pas perdus de l’Hôtel de Ville à l’occasion de la remise de la distinction Citoyenne et Citoyen d’honneur de la Ville de Liège. La barre des cent récipiendaires a été franchie depuis la date – 2009 – à laquelle cette nouvelle appellation vu le jour. Auparavant, le Collège décernait la médaille de reconnaissance de la Ville de Liège à celles et à ceux qui – comme les Citoye(ne)s d’honneur aujourd’hui – ont contribué, amplifié ou redynamisé la réputation de la cité ardente, à la force de leur talent et de leur travail. Aujourd’hui le site officiel de Liège place dans la même rubrique Les citoyens d’honneur celles ou ceux d’avant ou d’après 2009. Parmi ceux-ci, David Goffin (2012),  Nafissatou Thiam Charline, Van Snick (2013). Innovation cette année dans l’attribution de ces récompenses, cette cérémonie de distinction sera désormais paritaire homme-femme. Le bourgmestre Willy Demeyer de mentionner, sans les hiérarchiser, les mérites des divers(e)s récipiendaires de la promotion 2016.  

        Une promotion qui fait la part belle aux consœur et confrères. Trois journalistes – Mamine Pirotte, Charles Ledent et Edmond Blattchen – reçoivent le titre de Citoyen(ne)s d’honneur. Jusqu’à présent, une seule journaliste Hadja Lahbib a été sacrée citoyenne d’honneur en 2011 tandis qu’en 2002 Jean-Marie Peterken a reçu la médaille de reconnaissance de la Ville de Liège. 

        Le bourgmestre de déclarer : Femme de caractère, femme jusqu’au bout des ongles et des convictions, Mamine Pirotte incarne une part de la renommée médiatique de Liège. L’édile qui souhaite voir débarquer dans sa ville Dimitri Boizot pour y mener une enquête racontée par Patrick Philippart, nom de romancier de Charles Ledent, constate que l’obstination et la passion sont les 2 qualités qui ont permis à Charles Ledent d’écrire plus d’une dizaine de romans en 15 ans tandis que les vertus d’Edmond Blattchen sont : Expliquer, décoder, transmettre, le monde et ses enjeux, représentent pour lui, une mission qui va bien au-delà de la mission de service public, c’est une œuvre personnelle. Pour ce faire, il a toujours préparé ses émissions avec minutie, curiosité et exhaustivité et cela va sans dire, probablement une certaine dose d’angoisse.

        Les sept autres récipiendaires ont eu droit également à une présentation maïorale personnalisée. À l’octogénaire Annie Massay qui s’initie dès son adolescence à l’athéisme, au socialisme et au féminisme. Trois valeurs qui marqueront profondément sa future carrière le bourgmestre évoque les luttes syndicales dont la grève des femmes de la FN en 1966 auxquelles elle a participé.

        Au quintuple papa – il contribue à lui seul à accroître la population liégeoiseGaëtan Servais qui avec Fabrice Lamproye a lancé Les Ardentes en 2006, Willy Demeyer souligne que celles-ci ont amené, de manière cumulative près de 700.000 personnes à Coronmeuse (…) situer Liège surla carte des festivals d’été. C’est aujourd’hui chose faite ! Pour les jeunes liégeoises et les jeunes liégeois, nés après  1990,  on  peut  même  parler  de  « génération Ardentes ».

        Ancienne élève du Lycée Léonie de Waha, Caroline Pholien exerce en tant qu’indépendante les métiers de peintre en décor du patrimoine et de doreur. Le maïeur cite quelques restaurations pour illustrer le talent de cette liégeoise : le Grand Foyer de l’Opéra Royal de Wallonie, les dorures du Palais du Gouverneur de Liège ou encore la restauration au Château de Versailles (dorures de la salle à manger de chasse et de l’antichambre des chiens) sans oublier que femme passionnée et passionnante, en 2011, elle ouvre une galerie d’arts « la Galerie Isabeau » où elle présente ses créations contemporaines.

        Chantal Van Laer est la troisième génération à la tête d’un magasin bien connu de nombre de Liégeois puisqu’il existe depuis 93 ans ! Installée au cœur du quartier d’Outremeuse depuis 1923, la Maison Van Laer, fut tout d’abord, sous l’égide de Florence, une confiserie. Avant que son mari, Henri Van Laer, n’y ajoute aussi du vin. Rapidement, l’enseigne s’est spécialisée dans le vin. Son fils José y ajoute une expertise du rhum et du whisky tandis que sa fille Chantal Van Laer va peu à peu, apprendre et partager la passion familiale avec cet objectif, retrouver le meilleur du terroir, la finesse des tanins.(…) Sa passion, elle la partage aujourd’hui avec ses clients au travers notamment des dégustations tant de vin que d’alcool. Goûter et conseiller avec la convivialité liégeoise représentent une belle manière de convaincre ceux-ci d’étoffer leur cave.

        Spécialiste du droit du travail, l’avocat Jean-Paul Lacomble est à la tête du Royal Football Club Liégeois – matricule 4 créé en 1892 – en 5 ans à peine, avec d’autres administrateurs liégeois autour de lui, Jean-Paul a réussi à assurer la viabilité financière du Club, accroître le nombre de ses spectateurs, recréer un esprit « Rouge et Bleu », progresser d’un échelon au niveau sportif et faire revenir, après 20 ans d’attente, le RFCL à Rocourt. Excusez du peu ! En un mot, le club a retrouvé sa crédibilité et ses racines. Et Jean-Paul Lacomble a voulu donner un sens à cet investissement dans le foot en assignant au club un projet social qui a pour objectif, au-delà de former des footballeurs, de « fabriquer » des citoyens. Cet engagement se matérialise notamment par la création d’une école de devoirs.

        Gaëtane Leroy est une amoureuse du cœur historique de Liège et ce, depuis ses études en Histoire de l’art à l’Université de Liège. (…) Cet embellissement de l’ancienne imprimerie Bassompierre, active au 18eme siècle, a été effectué avec respect afin de conserver l’âme du lieu. (…) Outre le caractère liégeois du bâtiment qui a été conservé, sa gérante propose des produits issus de la production et des commerces locaux ainsi que des séjours thématiques en collaboration avec ses nombreux voisins. Lorsqu’ils font le choix de séjourner dans cet hôtel, les touristes reçoivent ainsi un accueil personnalisé et effectuent une escale au plus près du cœur de la Ville.

           En 1992, Guy Stockis a repris l’établissement créé quai sur Meuse par Julien Lequet. Y manger son premier boulet constitue une sorte de rituel de passage incontournable pour le néo-liégeois. Un rite savamment perpétué par les principautaires, un sourire de connivence aux lèvres, avec un plaisir encore accru si l’initié du jour ne présage rien de l’accueil à la liégeoise… Car le lieu doit beaucoup à la personnalité de son patron. Cabochard, grande gueule, il met autant de générosité dans ses apostrophes que dans sa cuisine. Bref, en prélude aux festivités mariales du 15 août, une sympathique cérémonie al bone franquète al Violète

la photo, premier rang, de gauche à droite : Guy Stockis, Chantal Van Laer, Jean-Paul Lacomble, Mamine Pirotte, Gaëtan Servais,      deuxième rang, de gauche à droite : Edmond Blattchen, Annie Massay, Caroline Pholien, Gaëtane Leroy, Charles Ledent.

 

« Petite prolongation » – jusqu’au 21 août – de l’expo SEMPÉ au Centre culturel de Marchin.

 

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      Par une délicate attention, le Centre culturel de Marchin (www.centreculturelmarchin.be) a décidé une petite prolongation de l’exposition consacrée à Jean-Jacques SEMPÉ en collaboration avec l’édition galerie Martine Gossieaux de Paris. La petite prolongation jusqu’au 21 août – de 14 à 18h – permet de célébrer le 17 août l’anniversaire de SEMPÉ, né, il y a 84 ans, à Pessac, commune limitrophe de Bordeaux.

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      On ne peut dire que son enfance a été une enfance heureuse. Son père a davantage d’amour pour l’AOC pessac-léognan que pour son épouse d’où de perpétuelles scènes de ménage. Jean-Jacques connait l’envoi dans les colonies de vacances, les jolies colonies de vacances de l’avis de Pierre Perret ! SEMPÉ ne parait pas trop traumatisé par cette enfance qui l’a vu quitter l’école primaire à 14 ans, une scolarité amputée de deux ans pour faits de guerre. Dans le film Sempé, dessinateur d’humour  – diffusé en boucle à Marchin – il raconte ces épisodes parmi d’autres. Mes parents ont fait ce qu’ils ont pu les pauvres, vraiment. Je ne leur en veux pas une seconde, ils se sont débrouillés comme ils ont pu.

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       En 1951, dans le journal du septième jour comme se définit Sud Ouest Dimanche (SOD) – supplément magazine du quotidien régional Sud Ouest dirigé par Jacques Lemoine – le jeune SEMPÉ publie ses premiers dessins empreints déjà de cet humour jamais méchant qui le caractérise. C’est dans SOD qu’apparait le personnage de Nicolas, un prénom bien connu depuis 1822 grâce au caviste Louis Nicolas. Lorsqu’il est demandé à SEMPÉ d’insérer son personnage Nicolas dans une BD, il fait appel au scénariste Goscinny qu’il a connu au Moustique, un hebdomadaire publié par les éditions Dupuis de Marcinelle. Le 16 septembre 1956, dans Sud Ouest Dimanche, première apparition des aventures du Petit Nicolas de SEMPÉ et Goscinny. Aventures faites de souvenirs et de l’imagination du Bordelais échangés avec le Parisien. Ensuite le succès est là, va au-delà jusqu’aux couvertures du New Yorker.

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      Si SEMPÉ a fait sourire et rire des millions de personnes, il a également transmis son sens de l’humour à sa fille Inga, designer. À un journaliste qui lui dit Vous avez un air de l’actrice Isabelle Carré, elle rétorque  Ah bon ? Mais est-elle seulement aussi antipathique que moi ?

Liège … belle à croquer !

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©C. Raes

        Jusqu’à la fin du XIXème siècle, il n’est pas exagéré de dire que parmi les voyageurs qui arpentent le monde, nombre de ceux-ci tiennent un carnet de notes agrémenté de l’un ou l’autre croquis. Siècle de l’image et de la vitesse, le XXème met à mal cette tradition qui curieusement a tendance à renaitre en ce début de troisième millénaire.

        Le mérite en revient à Gabriel Campanario, un émigré barcelonais, dessinateur au Seattle Times qui, en 2007, a l’idée de fonder une association dont le but est de promouvoir le dessin d’observation in  situ. En compagnie d’une centaine de dessinateurs répartis dans le monde Campaniero fonde en 2008 Urban Sketchers ou les Croqueurs urbains. Parmi ces Croqueurs, un Liégeois, Gérard Michel, architecte, féru de croquis comme d’autres font de la confiture !

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        Adeptes d’Internet, les fondateurs d’Urban Sketchers établissent, en huit points, un Manifeste définissant  l’esprit du mouvement : Nous dessinons in situ, en intérieur ou en extérieur et croquons sur le vif. Nos dessins sont les témoins de notre quotidien et de nos voyages. Ou encore Nous nous soutenons, aidons, et encourageons les uns les autres et dessinons en groupe. Nous partageons nos dessins en ligne. Nous montrons le monde de dessin en dessin.

        Gérard Michel propose à la vénérable institution liégeoise la Société libre d’Émulation dont la devise est Utile dulci d’inviter quelques Croqueurs à visiter Liège. Fidèle à son protecteur François-Charles de Velbrück et à sa vocation d’origine, l’Académie a aussitôt embarqué. Reçus en résidence à Liège durant une semaine, treize Croqueurs venus d’horizons divers – Flandres, Pays-Bas, Allemagne, France, Espagne, Italie et Liège – munis chacun d’un carnet-accordéon de cinq mètres de long ont déambulés dans la cité ardente à charge pour eux de ramener des esquisses urbaines, matières à exposition de soixante mètres de dessins… qui ont été présentés pendant trois semaines au Théâtre de Liège.

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        Le succès rencontré lors de cet évènement a incité la Société libre d’Émulation à publier un livre d’un poids de 600 grammes, Liège des Urban Sketchers (1) reprenant 150 dessins sur 200 pages.

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        Cet ouvrage prend place à côté des Carnets de voyage de Gabriel Campanario qui entend dessiner le monde, de ville en ville en offrant cinquante villes de trente pays croqués par de multiples Urban Ske.tchers. Le livre Liège des Urban Sketchers sera en vedette lors du prochain symposium mondial des Croqueurs urbains qui se tiendra à Manchester du 27 au 30 juillet, réunissant plusieurs centaines de dessinateurs. Au premier symposium, en 2010, à Portland, ils étaient 80 et l’an dernier, à Singapour 390. Décidément, les Urban Sketchers croquent la ville à belles dents

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Liège des Urban Sketcheurs – N°ISBN : 978-2-9601788-0-7 – Croquis de Florian Afflerbach (Siegen), Simonetta Capecchi (Naples),  Fabien Denoël (Liège), René Fijten (Maastricht), Miguel Herranz (Barcelone), Lapin (Barcelone), David Magli (Grenoble), Gérard Michel (Liège), Antoine Michel (Liège), Corinne Raes (Haacht),  Luis Ruiz Padron (Malaga), Rolf Schroeter (Berlin), Inma Serrano (Séville) – Coordinateur Gérard Michel – 150 dessins – 200 pages – Impression : Raymond Vervinckt & fils sprl. – Diffusion : Société libre d’Émulation asbl. – 20,7 x18.6 x 2.6 cm – 29 €

Liège aide Haïti : un concert exceptionnel le 17 janvier à l’ORW.

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        La terre s’est mise à onduler comme une feuille de papier que le vent emporte. Bruits sourds des immeubles en train de s’agenouiller. Ils n’explosent pas. Ils implosent, emprisonnant les gens dans leur ventre. Soudain, on voit s’élever dans le ciel d’après-midi un nuage de poussière. Comme si un dynamiteur professionnel avait reçu la commande expresse de détruire une ville entière sans encombrer les rues afin que les grues puissent circuler. Témoignage de Dany Lafferière – devenu Immortel en mai 2015 en occupant le fauteuil n° 2 à l’Académie française – évoquant un court instant se déroulant à Port-au-Prince le mardi 12 janvier 2010 à 16h53.

        Un court instant suivi de répliques qui, au total, a fait deux à trois-cent mille morts, autant, si pas davantage, de blessés sans compter le nombre de sans-abris vu les immeubles détruits. L’aide internationale s’est aussitôt manifestée – et des Liégeois(e)s n’ont pas été les derniers à s’y joindre au point qu’afin de pérenniser cette action en faveur de Haïti, il a été fondée le lundi 17 janvier 2011, à l’Hôtel de Ville de Liège, une asbl Liège aide Haïti. Le président d’honneur est Willy Demeyer, le parrain Pierre Kroll. L’objectif de l’asbl est d’améliorer les conditions de vie de la jeunesse haïtienne et au sein de celle-ci les personnes défavorisées, par le biais de l’éducation, de l’enseignement général, technique ou professionnel, de la culture et de la santé.

        Un objectif qui atteint s’inscrit dans le droit fil de la déclaration de Jean-Max Bellerive, Premier Ministre de Haïti, au lendemain du séisme, le 18 février 2010 : Nous partageons un rêve : celui de voir Haïti comme un pays émergeant d’ici 2030, société de la simplicité, équitable, juste et solidaire, vivant en harmonie avec son environnement, sa culture et une modernité maîtrisée où l’État de droit, la liberté d’association et d’expression et l’aménagement du territoire sont établis; dotée d’une économie moderne, forte, dynamique, compétitive, ouverte et à large base territoriale, où l’ensemble des besoins de base de la population sont satisfaits et gérés par un État unitaire, fort, garant de l’intérêt général, fortement déconcentré et décentralisé.

        Sur le site de Liège aide Haïti www.liegeaidehaiti.org, chacun peut trouver le détail des moyens déployés que ce soit en formation hôtelière, pédagogique ou scolaire. Si le taux net de scolarisation avoisine les 90% répartis entre 8400 écoles (6262 privées, 2138 publiques), il n’en reste pas moins de 400 000 enfants d’âge scolaire ne fréquentant pas les salles de classe. Le Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO) n’est pas encore atteint à cent pour cent. Haïti est un pays jeune, sur une population de dix millions cent mille, 34% ont moins de quinze ans. Liège et Port-au-Prince vont officialiser des accords de partenariat portant principalement sur le renforcement de la formation professionnelle des jeunes Haïtien(ne)s.

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        L’occasion de la signature en est donnée au concert exceptionnel organisé le 17 janvier à l’Opéra royal de Wallonie. Un concert que le musicien-compositeur Sweet Micky (Michel Martelly) – élu président de la République d’Haïti en 2011 et dont le mandat s’achève, en principe, le 7 février 2016 – aurait à coup sûr apprécié. Liège aide Haïti a eu l’idée de réunir la soprano Jodie Devos, son pianiste Jean-Philippe Collard-Neven et les géants du jazz belge Steve Houben et Jean-Louis Rassinfosse et leur demander de mettre à l’honneur les airs de la Belle Epoque et des grandes comédies musicales. Insouciance et joie de vivre au programme… Poulenc, Gershwin, Bernstein, Legrand, Cosma, Nina Simone (1).

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  • De la Belle Époque à West side story – Opéra royal de Wallonie – dim. 17 janvier à 20h – infos et réservation : 04 221 47 22 operaliege.be

« JARDINS AU PAYS DE LIEGE », finale de la saison 2015 à Neupré dans le jardin de Gaby et Michel Hansenne.

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         À l’instar des Journées du Patrimoine qui permettent au grand public de découvrir des lieux inconnus, alors que ce siècle avait deux ans, des jardiniers décident de présenter leurs jardins privés. Trois raisons motivent la création de Jardins en Pays de Liège : offrir le plaisir d’admirer la nature dans son épanouissement,  contribuer à pérenniser une œuvre s’occupant de l’accueil d’enfants handicapés Enfant d’un même père (1), partager la passion du jardinage.

        La saison 2015 a commencé, fin avril,  par la visite de deux jardins l’un à Louveigné, l’autre à Embourg. Elle se termine en beauté, ce week-end des 17 et 18 octobre,  à Neupré (2) dans le jardin entourant une vieille ferme du Condroz. Jardin aménagé pour être agréable  à vivre et utile  en toutes saisons même l’hiver ou les baies et graines font la joie des oiseaux .

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        L’hôtesse – Gaby Hansenne – décrit ce que verront les visiteurs en cette saison : des teintes d’automne allant de l’orange (viburnum)  au fuchsia (euonymus) et au rose (acer)   en passant par le doré (parrotia). LIEGE Parrotia.JPG

Des fleurs encore, des hydrangeas qui prennent de nouvelles couleurs, une dernière floraison des rosiers au milieu des asters, des sedums  et des graminées qui sont au top.  Des hostas  qui s’endorment et leur feuillage qui devient presque transparent. Sous les châtaigniers un épais tapis  doux et piquant à la fois.

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Des myriades de petites pommes sur les malus et pour ceux qui font des projets pour le printemps prochain, une table/potager.

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        Que du bonheur et ce n’est pas tout. Vincent Botta dont on se souvient qu’il est le photographe de Jardins et coins secrets de Liège et des Coteaux de la Citadelle de Liège présente son nouvel ouvrage Jardins en Pays de Liège, 15 ans de passion partagée. Des photos inédites. Le dimanche, les guides composteurs de Neupré sont à la disposition de tout qui se sent une âme de jardinier qu’il soit du Pays de Liège ou d’ailleurs …

 

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(1)  Enfants d’un même père – asbl 76 Petit Seny à Seny-Tinlot – Tél. 085.51 22 59 – emp.asbl@swing.be

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(2)  Gaby et Michel Hansenne – 28 rue des Deux-Églises – Neupré – Accès : Au croisement de la N63 (Liège-Marche) et de la N639 (Engis-Esneux) prendre la direction de Esneux, ensuite la 2ème à droite – Jardin ouvert les 17 et 18 oct. de 10 à 18h – droit d’entrée 3€, gratuit enfants en dessous de 12 ans. Site Jardins en Pays de Liège www.jardinsenpaysdeliege.be