Changer d’opérateur

En janvier de cette année, nous avons quitté l’opérateur historique en télécommunications au profit d’une entreprise liégeoise en passe de devenir américaine. Le premier contact en boutique a été excellent. Rien à redire, tout en sourire, la perfection au niveau commercial. La carte SIM mise dans le GSM.

Le jour prévu et confirmé pas SMS, le technicien installe, avec surabondance de câble abandonné dans un recoin, Internet, TV et téléphone fixe. L’emplacement de ce dernier est aux antipodes de celui qu’il occupe précédemment. Devant nos protestations, le technicien consent à le ramener à sa place d’origine en laissant traîner un câble disgracieux à travers le salon.

Peu de temps plus tard, coup de fil du service à la clientèle visant à connaître notre niveau de satisfaction. Comme celle-ci est mitigée, en excellent commercial, notre interlocuteur nous promet l’accès gratuit à de nouvelles chaînes et la visite gratuite d’un technicien qui sera chargé d’obvier aux lacunes de son collègue. Dans la demi-heure, nous avons accès notamment à la chaîne dont les vedettes s’appellent Pascal Praud, Jean-Marc Morandini ou Éric Zemmour. Et un technicien charmant et compétent libère le téléphone fixe de son fil à la patte.

 Début septembre nouveau coup de fil du service à la clientèle. Dès que nous signalons un problème entre un amplificateur de son et la tv, aussitôt proposition nous est faite de l’envoi gratuit d’un technicien. Peu amène, celui-ci estime que le problème n’est pas de son ressort et donc ne le résout pas. Laissé en plan, nous avons opté pour un autre opérateur et là, miracle l’amplificateur de son et la tv fonctionne sans aucun problème !

Si la restitution du matériel à l’opérateur historique est ultra simple, la poste s’en charge gratuitement, l’entreprise liégeoise procède autrement. Elle vous adresse une lettre intitulée « On est triste de vous voir partir » dans laquelle elle promet le veau d’or en cas de changement de décision. Si celle-ci est maintenue et que vous confiez la restitution en boutique à une autre personne, « celle-ci devra présenter, en plus de ce courrier, une procuration ainsi qu’une photocopie de votre carte d’identité ». C’est beau, la bureaucratie !

Tour autour du Tour

En 1914, le douzième Tour de France prend son départ de Saint-Cloud le dimanche 28 juin tandis qu’à Sarajevo, l’archiduc François-Ferdinand est assassiné par Gavrilo Princip. Il se termine à Paris, le lundi 26 juillet, 2 jours avant la déclaration de guerre à la Serbie par l’empereur François-Joseph. Le Belge Philippe Thys l’emporte ayant été en tête du Tour tout au long des quinze étapes sans jamais porter le maillot jaune qui n’existe pas à l’époque.

Au deux-cent trentième jour de la fin de la Grande Guerre, en 1919, le treizième Tour de France renaît sur un parcours de 5 560 kms en quinze étapes dont deux en Alsace-Lorraine, territoires rendus à la France. Strasbourg et Metz accueillent le Tour dominé par Eugène Christophe, premier porteur du maillot jaune aux couleurs des pages de « L’Auto », journal organisateur de l’épreuve. Il l’a reçu le 19 juillet au départ de la onzième étape Grenoble-Genève et l’a perdu par suite d’un ennui mécanique le 25 juillet à l’issue de la quatorzième étape Metz-Dunkerque. Le Wallon Firmin Lambot remporte l’étape et le Tour. Firmin Lambot est également vainqueur du Tour en 1922 à l’âge de 36 ans, 4 mois et 9 jours, le plus âgé de tous les vainqueurs. Un des deux Wallons à avoir remporté la grande boucle – l’autre est Léon Scieur, natif de Florennes également – Firmin Lambot est, de l’avis de Théo Mathy, « prudent comme un Sioux, calme, réfléchi, parfaitement organisé, il boit du thé, suce des pastilles de menthe pour lutter contre la soif et il cache dans une poche de son maillot six billets de cent francs, pour acheter un vélo en cas d’accident. »

En 1939, trente-deux jours avant le début de la seconde guerre mondiale, se termine la trente-troisième édition du Tour de France organisé par « L’Auto », unique quotidien sportif de France. Sous la direction de Jacques Goddet, cette trente-troisième édition remportée par le Belge Sylvère Maes est la dernière à l’actif du journal fondé en 1900 par le marquis de Dion qui en a confié, à l’époque, la direction à Henri Desgranges.

Jacques Goddet est le fils de Victor Goddet, un des plus fidèles collaborateurs de Henri Desgranges. Ils se sont connus en 1893 au Vélodrome de l’Est où le coureur cycliste Henri Desgranges s’entraine et Victor Goddet contrôle les abonnements. Ensemble, ils lancent le premier « salon des cycles et de l’automobile ». Ensuite, Victor assure la gestion financière de « L’Auto ».

En 1939, « L’Auto » est en pleine déconfiture. Une des raisons est que « Paris-Soir » – tirage un million huit cent mille – publie les résultats le jour même de l’étape du Tour alors que « L’Auto » les publie le lendemain. Propriété du député de gauche, Raymond Patenôtre, personnage influent de la IIIème République, « L’Omnium républicain de la presse » rachète « L’Auto ».

Le 10 juillet 1940, le député Patenôtre ne participe pas, dans la salle de théâtre du Grand Casino de Vichy, au vote des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain, maréchal de France. Antinazi, le député Patenôtre gagne les États-Unis après avoir confié la responsabilité de l’ensemble du groupe de presse « Omnium républicain de la presse » à Albert Lejeune. Obtenant mandat de la Propaganda Abteilung in Frankreich qui prévoit une direction allemande, Albert Lejeune parvient à la publication de tous les journaux du groupe dont « L’Auto » sous l’Occupation. Le 17 août 1944, trois jours avant le soulèvement populaire de Paris, « L’Auto » sort son dernier numéro. Parallèlement à son activité de presse, Albert Lejeune participe à l’aryanisation des sociétés juives en acquérant des parts des éditions Nathan et Calmann-Levy. À la Libération, il est condamné à mort en octobre 1944 par la Cour d’Assises de Marseille et exécuté le 3 janvier 1945. Il est le seul patron de presse maréchaliste condamné à la peine capitale, sort connu par nombre de journalistes ayant écrit dans la presse de Vichy.

À son arrivée, en 1939, à la tête de « L’Auto », Albert Lejeune écarte Henri Desgranges et Jacques Goddet. Toutefois, ce dernier est rapidement réintégré. Durant l’Occupation, Jacques Goddet met sous le boisseau l’organisation du Tour de France dont il est directeur depuis 1936 alors que les Allemands la souhaitent. Il refuse l’utilisation de la dénomination « Tour de France » pour la course à étapes organisée en 1942 par le journal « La France socialiste ». Cette course porte le nom de « Circuit de France » dont le vainqueur est le Liégeois François Neuville qui remporte également la quatrième étape Clermond-Ferrand –Saint-Étienne. Jacques Goddet fait partie d’un réseau de résistance, le réseau Alibi rattaché à l’Intelligence Service. Ceci n’empêche pas qu’à la Libération, « L’Auto » connaisse comme l’ensemble de la presse ayant paru sous l’Occupation confiscation et mise sous séquestre de tous ses actifs, aussi bien ses locaux que ses diverses activités.  

Jacques Goddet parvient à créer un nouveau journal sportif « L’Équipe » le 28 février 1946 avec l’appui d’Émilien Amaury, président de la fédération de la presse résistante. Deux autres titres de journaux sportifs apparaissent : l’éphémère « Élan » et « Sport », organe proche du parti communiste. La concurrence est grande entre « L’Équipe » et « Sport ».  À défaut du Tour de France, toujours sous séquestre, chacun met sur pied une épreuve à étapes, cinq au maximum.

Avec l’appui du généraliste communiste « Ce Soir », « Sport » lance l’unique « La Ronde de France » du 10 au 14 juillet 1946 entre Bordeaux et Grenoble. Sylvère Maes est de la partie. L’italien Giulio Bresci est le vainqueur final. Le 23 juillet, « L’Équipe » avec l’appui du « Parisien Libéré » d’Émilien Amaury fait démarrer de Monaco en direction du vélodrome du Parc des Princes à Paris une course sous-titrée « La course du Tour de France ». Les coureurs sont répartis en équipes nationales et régionales, le capitaine de l’équipe de France est René Vietto. Le vainqueur est un jeune coureur Apo Lazaridès. La veille du départ, « L’Équipe » écrit : « Le Tour de France d’Henri Desgrange, cette épreuve qui réussissait le miracle annuel d’effacer pendant un mois durant les préoccupations du pays et de tenir le peuple en liesse, renaît, plus vigoureux, plus aimé que jamais ».

Ce n’est que le 8 juin 1947 que le commissaire du gouvernement Pierre Bourdan lève le séquestre du Tour de France et en restitue la propriété à son directeur Jacques Goddet dont la presse communiste rappelle le passé maréchaliste. Le 25 juin, le trente-quatrième Tour commence. Le maillot jaune est porté durant dix-sept étapes par René Vietto, la victoire finale échoit à Jean Robic. Raymond Impanis et Albéric Schotte remportent une victoire d’étape. En 1948, le vendredi 23 juillet, le Tour fait halte à Liège pour la première fois. Gino Bartali gagne l’étape Metz-Liège et emporte son deuxième Tour le 25 juillet au Parc des Princes à Paris.  

À SPA, UN « ROYAL FESTIVAL » TRÈS SPÉCIAL

Le soixante-et-unième Festival de théâtre de Spa, n’est pas seulement devenu une troisième fois le « Royal Festival » sous la direction d’Axel De Booseré mais en outre la pandémie actuelle fait que ce Festival s’avère cette année très spécial.  Les deux spectacles auxquels nous avons assisté ont en effet revêtu des caractéristiques très particulières. « La promesse de l’aube » a dû, en « milieu fermé », se limiter à accueillir une centaine de spectateurs pour respecter les exigences sanitaires. Dans une salle comme celle qui perpétue le souvenir de Jacques Huisman qui fonda en 1959 ce rendez-vous estival de l’art dramatique en Wallonie, chaque couple de spectateurs disposait de neuf sièges….  Cela curieusement ne facilite pas l’acoustique et, malgré la température, ne réchauffe pas l’atmosphère.

Ceci dit l’adaptation théâtrale et la mise en scène par le dramaturge et comédien Itsik Elbas de l’œuvre en partie biographique de Romain Kacew dit Gary, ne manque pas d’intérêt car l’existence de 1914 à 1980 de ce romancier français d’origine juive fut tout-à-fait exceptionnelle. Mais le roman « La promesse de l’aube » (titre qui nous éclaire sur le sens et le ton de la pièce lorsque ces mots sont replacés dans leur contexte : « Avec l’amour maternel, la vie nous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais ») mélange non seulement les faits mais aussi la tendresse, une nostalgie parfois dépressive – voire mystique – et un humour dont l’auteur dit lui-même qu’il « est une déclaration de dignité ». Tout est certes dominé par cet amour maternel, possessif, idéaliste, poignant, excessif, bref infini d’une mère pour son fils. Mais quel fils dont la vie rencontra et parfois dépassa les rêves les plus fous de celle – prénommée Mina – qui l’éleva seule entre la Lituanie où ils furent russes de 1914 à 1921 et la Pologne où ils devinrent polonais de 1921 à 1928 avant de connaître luxe et pauvreté à Nice.

Devenu français Romain obtint une licence en droit à Paris et en 1941 perdit sa mère victime d’un cancer. Devenu français en 1935, Romain avait été incorporé dans la force aérienne où il fut breveté mitrailleur mais il fut le seul parmi ses trois cents condisciples à ne pas devenir officier en raison de ses origines étrangères. En juin 1940, le sergent Kacew s’illustra de multiples manières. Sous le nom de Gary (ce qui en russe signifie feu …) il réussit de très nombreux exploits en étant victime du typhus puis blessé au combat. Promu adjudant, sous-lieutenant, lieutenant, capitaine, il fut fait en 1944 Compagnon de la libération, reçut la Croix de guerre avec deux citations, fut promu commandeur de la Légion d’honneur, etc … Fin 1945 il fut incorporé dans la diplomatie française et travailla en Bulgarie, en Suisse, à New-York et à Los Angeles où il devint Consul Général de France en 1956 année où il reçut le Prix Goncourt pour les Racines du Ciel.  

Ses quatre derniers romans furent publiés sous le pseudonyme d’Emile Ajar (ce qui en russe signifie cendre…) et cela lui permit de mystifier le jury du Prix Goncourt qui couronna en 1975 « La Vie devant soi » alors que ce prix ne pouvait pas être attribué deux fois au même auteur. Romain Gary se maria plusieurs fois et en particulier avec l’actrice Jean Seberg (l’héroïne d’A bout de souffle de Jean Luc Godard avec Belmondo) qui le quitta pour Clint Eastwood avant de se suicider en 1979. Ce que Romain Gary fit lui aussi l’année suivante en se tirant une balle dans la bouche avant d’être enterré avec les honneurs militaires en l’église de Saint-Louis des Invalides. Et ce trop long rappel d’une vie où la réalité a sans cesse dépassé la fiction ne reflète qu’une très petite partie d’une telle existence.

Son hymne à l’amour maternel de « La promesse de l’aube » a été servi avec justesse, intelligence et conviction par le grand professionnel qui dirige depuis vingt-cinq ans à Bruxelles le théâtre « Le Public » Michel Kacenelenbogen. Il a été le conteur sobre d’une histoire dominée – a-t-il d’emblée précisé – par l’amour des femmes et celui irremplaçable de la mère. Cette prestation seul sur scène requiert beaucoup de talent. Ce comédien y ajoute de l’humilité. Il a arrêté les applaudissements en fin de spectacle pour dire avec simplicité et sincérité à la centaine de spectateurs toute la satisfaction qu’il éprouvait comme ses collègues à remonter sur les planches dans de telles conditions particulières et pour rappeler que comme acteur amateur c’est à Spa qu’il avait entamé sa carrière …

SOLO

C’est en plein air, sur les gradins du Parc des sept-heures aménagé en 1758 pour favoriser les promenades au centre de la Ville de Spa alors baptisée « Café de l’Europe » que la plupart des représentations du Royal Festival ont eu lieu cette année.

Nous y étions 200, masqués, dans le respect des distances imposées par les exigences sanitaires quand le dimanche 9 août grondait le tonnerre. Le directeur Axel De Booseré vint nous dire qu’en cas de pluie nous pourrions nous réfugier un moment sous les arcades de la Galerie Léopold II avant que le spectacle ne puisse reprendre. Mais le ciel fut clément et ne nous tomba pas sur la tête.

Nous y avons apprécié l’œuvre d’une grande écrivaine de Wallonie : Nicole Malincoli qui naquit en 1946 à Dinant, retourna de 1952 à 1958 en Toscane (où son père fut agriculteur avant de devenir garçon de café) puis qui   revint en Wallonie où elle fut notamment la collaboratrice du Docteur communiste namurois Willy Peers, pionnier de la lutte pour la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse.  Après le décès de celui-ci en 1984, Nicole Malincoli s’orienta vers la littérature et son texte « Solo » adapté et interprété par Angelo Bison s’inspire de l’histoire bouleversante de son père, un immigré qui seul à la fin de son existence évoque avec nostalgie et tendresse le long voyage de celles et ceux que la vie conduit à s’exiler.

Angela Bison se reconnaît dans ce trajet de la jeunesse à la vieillesse et donne toute sa crédibilité à ce spectacle de qualité.

Nous aurions aimé pouvoir assister à d’autres représentations mais une chute sans gravité nous froissa néanmoins les côtes et nous a enlevé la mobilité nécessaire pour poursuivre notre découverte d’un Royal Festival qui non seulement fut spécial mais qui en outre a témoigné du courage et de lucidité de ses artisans.

Jean-Marie ROBERTI

Le Royal Festival de Spa adopte courageusement la devise du Royaume des Pays-Bas : « JE MAINTIENDRAI ! »

Suite à la dernière allocution de Sophie Wilmès, nous avons, ce lundi 27 juillet peu avant 19 heures, reçu un communiqué urgent dont voici le texte intégral :

« Pour rappel, les jauges maximales autorisées pour les événements tels que le nôtre passent de 200 à 100 personnes en intérieur et de 400 à 200 en extérieur.

Nous étions partis sur une jauge de 180-200 maximum en extérieur pour pouvoir rapatrier notre public en salle en cas de pluie.

Certains spectacles affichent déjà complets. D’autres presque. 

En tenant compte de ces nouvelles contraintes :

Le Royal Festival de Spa, édition spéciale, n’est pas annulé.

La solution de repli n’est plus possible car les réservations en extérieur dépassent le nombre de places autorisées en intérieur.

En cas de pluie, le spectacle sera postposé dans la mesure des possibilités : une nouvelle date sera proposée aux spectateurs concernés.

Concernant les spectacles prévus en intérieur, des représentations seront ajoutées de façon à pouvoir accueillir tous les spectateurs et spectatrices ayant déjà réservé.

Le Royal Festival compte plus que jamais sur la solidarité des spectateurs et spectatrices.

Nous suivrons quoi qu’il arrive scrupuleusement le protocole sanitaire en vigueur. »

Nous pensons que cette réaction ferme et rapide montre que Spa grâce à sa Bourgmestre Sophie Delettre et aux Président et Directeur de son Royal Festival Adrien Undorf et Axel de Booseré démontrent que les Wallons ne doivent pas nécessairement danser comme les Flamands. 

Jean-Marie ROBERTI

SPA 31 juillet au 16 août … le spectacle continue …

Le coronavirus allait-il interdire les festivités estivales spadoises ?  C’est ce que l’on pouvait craindre en apprenant que les Francofolies devenaient virtuelles.

UN PEU D’HISTOIRE

Depuis sa fondation en 1959 au lendemain de l’Expo 58, dans le cadre de la décentralisation recherchée par le Théâtre National de Jacques Huisman (1910-2001), le Festival de Spa a connu des difficultés qu’il a toujours surmontées. 

Premier échec : en 1960 quand le nouveau Bourgmestre Jean Discry remplaçant Jean Barzin, et le responsable de l’office spadois du tourisme Jacques Houyon décidèrent d’organiser eux-mêmes des soirées théâtrales, sans le Théâtre national qui avait l’année précédente obtenu in extremis un réel succès. Il n’en alla pas de même lors de cette initiative municipale et la Ville dut refaire appel au Théâtre national dont le deuxième Festival eut lieu en 1961 et qui organisa cette manifestation culturelle majeure chaque été jusqu’en 1985. 

En 1986, Jacques Huisman céda le relais à Jean-Claude Drouot qui, hautain, voulut rompre avec les traditions établies ce qui provoqua une chute vertigineuse de la fréquentation et mit en cause l’existence même du Festival. 

Joseph Houssa (1930 -2019)  entamait la première de ses six législatures communales spadoises (1982-2018) en tant  que Bourgmestre : il sauva le Festival en en confiant la direction à  deux de plus appréciés collaborateurs de Jacques Huisman  : l’organisateur Billy Fasbender et le comédien André Debaar qui ne disposant pas des moyens humains et techniques de la première des compagnies dramatiques  francophones belges durent faire appel aux troupes existantes pour présenter une vitrine des réalisations dramatiques en Wallonie et à Bruxelles. 

À l’issue de cette décennie, André Debaar d’abord puis Billy Fasbender voulurent à leur tour passer le relais sous l’œil attentif de Joseph Houssa. Un quatuor fut mis en place en 1999 mais celui qui devint le patron du Festival fut le fondateur de l’Atelier-théâtre Jean Vilar de Louvain-la-Neuve, Armand Delcampe qui avec le concours de sa collaboratrice Cécile Van Snick, le dirigea pendant près de 20 ans.

Le Festival devint alors un haut-lieu de la création dramatique francophone et internationale. Armand Delcampe et Joseph Houssa parvinrent non sans mal (menace de démission d’Armand Delcampe à l’appui) à obtenir en octobre 2002 du ministre libéral wallon de la culture Richard Miller un contrat-programme lui assurant cinq ans de subventions (2002-2006).
En 2006 et 2011, la ministre socialiste bruxelloise Fadila Laanan refusa de négocier tout nouveau contrat-programme quinquennal et en 2016-2017 la ministre démocrate humaniste bruxelloise Joelle Milquet devint à ce point négative qu’elle alla jusqu’à suggérer la suppression pure et simple du Festival, conduisant à la démission anticipée d’Armand Delcampe . Mais en raison de poursuites judiciaires contre ses agissements au sein même de son cabinet, Joëlle Milquet fut remplacée comme ministre par une spadoise d’origine Alda Gréoli qui, malgré les réticences bruxelloises, signa avec Joseph Houssa et Cécile Van Snick un nouveau contrat programme.

Cécile Van Snick qui n’avait accepté qu’un intérim à Spa en s’orientant prioritairement vers la direction de l’Atelier Théâtre Jean Vilar de Louvain-la-Neuve céda le relais en 2018 à Axel de Booseré dont les qualités sont justement reconnues mais qui ne bénéficie pas comme Jacques Huisman et Armand Delcampe de l’assise d’une grande compagnie théâtrale. Si fin 2018 après trente-six ans de mayorat Joseph Houssa céda son fauteuil de Bourgmestre à une collaboratrice municipale de longue date Sophie Delettre, il ne démissionna pas de la présidence du conseil d’administration du Festival de théâtre de Spa avant son décès en février dernier.  En août 2018, Joseph Houssa écrivait : « Le Festival Royal de Théâtre de Spa est inscrit dans l’histoire du théâtre belge depuis 59 ans. Historiquement il en est même l’un des piliers principaux. Né d’une politique de décentralisation qui voulait porter en dehors de Bruxelles les créations phares du Théâtre National, il a su au fil des années et des directions successives, s’adapter aux transformations du paysage théâtral (…) ».

Nous osons espérer qu’un hommage chaleureux lui sera réservé lors du Festival. en y  invitant le duo  Delcampe Van Snick qui l’anima depuis 1999

LES INNOVATIONS DE 2020.

Cette année 2020 est marquée non seulement par l’élaboration d’une édition spéciale imposée par la situation sanitaire mais aussi par deux nouveautés :

1°) la ministre de la Culture est, pour la première fois, une écologiste wallonne ;   

2°) la présidence du conseil d’administration passe de feu un mandataire de 89 ans à un agent municipal de 27 ans.

Une Ecolo wallonne, ministre de la Culture

À priori – après l’intérim Gréoli – le fait qu’une écologiste wallonne succède à treize années de désintérêt voire d’hostilité de la part des Bruxelloises Laanan et Milquet, qui poursuivirent l’œuvre de recentralisation de feu Philîppe Moureaux (à deux reprises), de Charles Piqué surtout et d’Eric Thomas, notamment, avait tendance à  réjouir l’ami que je fus de feu Jacky Morael, vice-président de l’Institut Jules Destrée et du Premier Echevin écolo  liégeois de 1982 à 1988, Raymond Yans, un des rapporteurs du premier Congrès du mouvement Wallonie, Région d’Europe.

Mais les compétences et le parcours de Madame Linard ne nous rassurent guère. Tout d’abord parce qu’en particulier dans le contexte actuel, la Vice-Présidente du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a trop de compétences extérieures à la Culture : la Santé face à Maggy De Bock, les médias, les droits des femmes, la petite enfance…

Nous ne connaissons pas son équipe où la culture est gérée par des collaboratrices et collaborateurs conduits par Mesdames Manon Letouche et Maîté Bodart. Nous ignorons aussi si certains des sept conseillers communaux spadois d’Ecolo sont motivés pour promouvoir auprès de la ministre les intérêts culturels de leur ville qui fut jadis « le café de l’Europe. 

Née à Ottignies le 22 août 1976, Bénédicte Linard fut la vice-présidente de la Fédération des Etudiants francophones où elle représentait ses condisciples des Facultés catholiques bruxelloises Saint-Louis.  Elle avait passé toute son enfance et toute son adolescence à Anderlecht dont elle semble ainsi aussi originaire que ne le sont Eric Thomas et Fadila Laanan.

Après un long stage professionnel à Montréal, elle enseigna dans l’enseignement secondaire à Anderlecht. Après un bref passage au Parlement wallon, elle fut dans l’arrondissement de Soignies défaite en 2014 comme alors les quatre autres parlementaires wallons écologistes du Hainaut.  Devenue pendant trois ans une collaboratrice du cabinet de l’actuel co-président d’Ecolo, Nollet, elle fut élue sur le plan communal en 2012 et 2018 et choisie comme Échevine principalement des Finances auprès d’Olivier Saint-Amand, Bourgmestre Ecolo d’Enghien, cette commune à facilités pour les néerlandophones située à la limite du Hainaut et du Vlaamse Brabant.

En 2019, tête de liste et avec un score modeste en votes nominatifs seule élue écolo au Parlement wallon de l’arrondissement de Tournai, Ath, Mouscron, elle fut choisie par Nollet comme Vice-Présidente du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Nous aimerions être démentis mais Bénédicte Linard nous semble ne pas être une régionaliste wallonne de choc résolue à imposer une répartition équitable des subventions culturelles localisables entre la Wallonie et Bruxelles. Puisse-t-elle lire les accords Persoons Dehousse de la fin des années 1970, et les faire respecter. Un premier témoignage de son intérêt ou de son désintérêt pour la culture en Wallonie sera sa présence ou son absence à Spa où il importe d’encourager Axel de Booseré qui a eu l’intelligence et le courage de maintenir une édition spéciale du Festival spadois cette première quinzaine d’août.

Un nouveau président du Conseil d’administration du Festival

La présidence du Conseil d’administration du Festival a depuis sa création très normalement été attribuée à la Ville de Spa. En l’occurrence aux Bourgmestres successifs et en tout premier lieu à Joseph Houssa pendant plus de trois douzaines d’années. Suite cette année au décès de celui-ci, celle qui après avoir très longtemps étroitement collaboré avec lui, était devenue la nouvelle Bourgmestre Sophie Delettre allait, pensait-on, assumer cette présidence. Il n’en sera rien.  

Ce ne nous semble cependant pas du désintérêt.  En effet nous constatons qu’aux côtés de ses obligations sécuritaires (police, pompiers) la Bourgmestre a tenu à ne garder dans ses compétences que deux domaines : la reconnaissance de Spa par l’Unesco et la Culture. Précisons en outre, que la dizaine de mandats qu’elle déclarait fin 2018 après sa prise de fonctions mayorales n’en comportait, à la seule exception de sa tâche de Bourgmestre, aucune qui soit rémunérée. À la surprise de beaucoup, elle a proposé et obtenu que la présidence du conseil d’administration du Festival soit confiée à un non mandataire, employé d’administration de la  ville de Spa s’occupant au sein des services généraux du secteur de la communication mais assumant aussi  le secrétariat direct de Madame la Bourgmestre dont l’adresse électronique officielle est celle de ce jeune collaborateur : adrien.undorf@villedespa.be.

Celui-ci, à 27 ans, n’est nullement un « énarque » doté d’un haut statut hiérarchique.  C’est de toute évidence une personne dans laquelle la Bourgmestre a pleine confiance et qui est passionnée de théâtre. De 5 à 11 ans, il multiplia des cours lui permettant de surmonter des difficultés initiales d’élocution.  Après avoir à la fin de ses humanités au Collège Saint-Remacle à Stavelot connut des hauts et des bas lors de deux expériences d’art dramatique, il renoua cinq ans plus tard au sein de deux compagnies (« Oxymore » et celle du « Pas’sage ») avec une bonne demi-douzaine de projets théâtraux allant des « Femmes savantes » de Molière en 2016 à d’autres d’auteurs beaucoup moins connus comme Claude Monteil (« La pensée traverse ») l’an dernier. Voici donc aux côtés d’Axel de Booseré, un très jeune président, disponible, dynamique, passionné. Que souhaiter de plus ?                 

Lors de premières déclarations publiques, Adrien Undorf (Photo du titre) affirme :« Le théâtre fait partie intégrante de ma vie ; C’est aussi vital pour moi que de manger ou de respirer ». Il souhaite que le Festival s’étende en dehors du Centre culturel de Spa, en disant « Il faudrait que le Festival parte davantage à la rencontre du citoyen comme par exemple avec les Baladins du Miroir qui installent leur chapiteau sur la place Royale. Ensuite nous aimerions véhiculer le programme d’une manière plus dynamique, plus sociale et plus humaine.  Nous allons organiser des rendez-vous, des événements pour parler de la programmation. » Fort bien pour autant que ce soit sous la houlette du Directeur de Booseré.

L’octogénaire que je viens de devenir et qui s’intéresse au théâtre depuis qu’à seize et dix-sept ans, il est parti en auto-stop (il n’y avait pas d’autoroutes) participer aux semaines de Rencontres internationales des Jeunes aux Festivals 1956 et 1957 du Théâtre National Populaire de Jean Vilar. J’y ai appris que le théâtre devrait d’abord consister à servir avec humilité de grands textes et non à se servir de textes médiocres que metteurs en scène et comédiens considèrent comme des faire-valoir.       

Un président de conseil d’administration c’est celui qui étudie comment développer les moyens nécessaires au développement de la qualité des prestations livrées aux publics les plus larges. Les meilleures œuvres classiques de Shakespeare à Brecht en passant par Molière et bien d’autres réclament ces moyens. Il importe donc de connaître quelles sont les potentialités budgétaires et veiller à ce que les 20 à 25 % de francophones que compte Bruxelles en Belgique ne se réservent pas comme à présent 75 à 80 % de ces moyens publics disponibles. Il importe dès lors de bien connaître les modalités d’octroi des subventions avec l’aide de personnes compétentes et motivées pour que cabinet ministériel et administration soient orientées vers plus d’équité.  La province ne suscite trop souvent que le mépris de gouvernants centralisateurs. Par exemple un Jean-François Viot n’est pas seulement l’auteur de pièces intéressantes représentées au Festival comme sur « La Route de Montalcino » en 2009 (voir les 120 pages consacrées aux cinquante premières années du Festival de Théâtre de Spa par le journaliste Philip Tirard) mais qui pourrait aussi devenir un très fin analyste de ce qu’il convient de faire pour que Spa reste un haut-lieu wallon de l’art dramatique. Que le nouveau Président n’hésite pas à s’entourer de telles compétences.

Jean-Marie ROBERTI

Programme en bref du Royal Festival

En dépit des graves difficultés d’organisation auxquelles est confronté pour des raisons sanitaires, le Royal Festival qu’il dirige depuis trois ans, Axel de Booseré et son équipe sont parvenus à proposer aux Spadois et à leurs visiteurs plus d’une douzaine de spectacles dont une dizaine seront représentés deux fois.

Plus de la moitié de la programmation sera accueillie sur une scène et face à des gradins qui seront installés en plein air au Parc de Sept heures avec possibilité de repli vers le Centre culturel en cas d’intempéries.

Le festival s’ouvrira par une création revisitée d’un spectacle clownesque et musical animé notamment par le duo Xavier Bouvier et Benoît Devos qui, avouons-le, ne nous avait pas convaincu dans « Slips inside » l’an dernier Au Parc les 31/7 ET 1/8 à 21 h.  « OKIDOK CABARET SOCIAL CLUB »

Les 2 et 3/8, mêmes heures, même lieu : le nouveau spectacle de Bruno Coppens : « ANDROPAUSE » 

Les 4 et 5/8, idem, « RAGE DEDANS » de et avec Jean-Luc Piraux 

Le 6/8 même heure même endroit, une soirée de reprise de « LA MONTAGNE » par la Compagnie Les Vieux Majors 

Le 7/8 mais à 20 H 30 cette fois au Théâtre Jacques Huisman du Centre culturel, le directeur du théâtre bruxellois « Le Public » Michel Kacenelenbogen dans une interprétation de l’œuvre autobiographique de Romain Gary, célèbre lauréat du Prix Goncourt : « LA PROMESSE DE L’AUBE »

Les 8 et 9/8 retour au Parc à 21 h. création mondiale de « DA SOLO (JOIES #1) par Angelo Bison

Le 8/8 à 14 h.30 & 16 h.30 Théâtre d’objets pour enfants sous les arbres derrière la fontaine du Parc « ET LES SEPT NAINS … » (35 minutes)

Les 10 et 11/8, même heure, même lieu six comédiens créent collectivement « Boys Boys Boys »  

Les 12 et 13/8 à « La Glacière » à 18h.30 la pièce LES ORHELINS de Dennis Kelly 

Les 13 et 14/8 au Théâtre Jacques Huisman  à 20 h.30 SABORDAGE

Les deux mêmes soirs les repas spectacles musicaux BIG GIRLS DON’CRY sont complets à la Brasserie des Bobelines 

Le 14/8 à 18 h. dans la Galerie Léopold du Parc un voyage sonore « LE CREPUSCULE DES RICHARDS »

Le 15/8 au Parc à 21 h. « LAïKA » avec David Murgia

Le 16/8 au Parc à 21 h. « HISTOIRES PROVISOIRES D’UN JOUR DE PLUIE « 

Les 15 et 16 Août « OUVERTURES » au Parc des Sept heures par le Théâtre National (activités gratuites)

Au Parc aussi du 31/7 au 16/8 une expo Maggy Jacot

Et trois lectures : « SAUVEZ HERBERT » de Jean Marie Piemme au salon bleu du centre culturel le 8/8 à 16 h. « L’HOMME QUI A MASSE CATHERINE DENEUVE » de Christian Crahay à la Glacière le 9/8 à 15 h. et « LES LUNDIS EN COULISSES » LE 10/8 à 18 h. aussi à La Glacière 14 Rue Deleau  

POUR DAVANTAGE DE DETAILS VOIR  royalfestival.be et facebook.

Jean-Marie Roberti

Bordeaux, Ferney-Voltaire, Carmaux … trois communes ayant vécu un second tour.

 Ce dimanche 28 juin, le taux de participation au scrutin des élections municipales a été de 41% 60. Le taux d’abstention est donc de 58% 40 pour l’ensemble de pays. Localement, ces taux varient.

Ainsi, à Bordeaux (Gironde) sur 151 324 personnes inscrites sur les listes électorales, 93 322 (61% 67) se sont abstenues et 58 002 (38% 33) ont participé au scrutin. 545 (0% 36) ont voté blanc, 428 (0% 28) ont remis un bulletin nul et 57 029 (37% 69) ont exprimé leurs choix entre les trois listes en lice.

Ainsi, à Ferney-Voltaire (Ain) sur 3 798 personnes inscrites sur les listes électorales, 2 280 (60% 03) se sont abstenues et 1 518 (39% 97) ont participé au scrutin. 22 (0%58) ont voté blanc, 14 (0% 37) ont remis un bulletin nul et 1 482 (39% 02) ont exprimé leurs choix entre les trois listes en lice.

À Bordeaux, 65 sièges sont à pourvoir, trois listes se les disputent ; Union pour Bordeaux emmenée par le maire sortant, Nicolas Florian, Bordeaux respire conduite par l’écolo Pierre Humic et Bordeaux en luttes entraînée par l’ancien candidat à la présidentielle de 2017, Philippe Poitou. La liste Bordeaux respire obtient 26 509 suffrages (46% 48), la liste Union pour Bordeaux obtient 25 163 suffrages (44% 12) – soit un écart de 1 346 voix – et Bordeaux en luttes obtient 5 357 suffrages (9% 39). La dévolution des 65 sièges en accorde 48 (73% 85) à Bordeaux respire, 14 (21% 54) à Union pour Bordeaux et 3 (4% 61) Bordeaux en lutte.

 À Ferney-Voltaire, 29 sièges sont à pourvoir, trois listes se les disputent ; Ferney-Voltaire Valeurs communes emmenée par le maire sortant, Daniel Raphoz, la Force de l’Union conduite par François Meylan et FERNEY EN GRAND entraînée par Jean-Loup Kastler. La liste Ferney-Voltaire Valeurs communes obtient 747 suffrages (50% 40), la liste FERNEY EN GRAND obtient 369 suffrages (24% 89) et la Force de l’Union obtient 366 suffrages (24% 69). La dévolution des 29 sièges en accorde 23 (79% 31) à Ferney-Voltaire Valeurs communes, 3 (10% 34) à FERNEY EN GRAND et 3 également à la Force par l’Union.

Si à Bordeaux, la droite qui depuis 1947 détenait le pouvoir dès le premier tour a perdu ce bastion le 28 juin 2020, un sort identique est survenu à Carmaux (Tarn) à la gauche socialiste. Depuis le 15 mai 1892 jour ou le mineur Jean-Baptiste Calvignac devient maire socialiste de cette ville, le mayorat a toujours été confié à un élu socialiste.

À Carmaux, 29 sièges sont à pourvoir, quatre listes se les disputent ; la liste Union de la gauche Pour Carmaux la Gauche rassemblée, sociale, écologique et solidaire emmenée par le maire socialiste sortant, Alain Espié, la liste Divers gauche Convergences citoyennes Un nouveau souffle pour Carmaux conduite par Jean-Louis Bousquet, la liste Rassemblement national Rassemblement pour Carmaux entraînée par Christian Legris et la liste Divers centre pilotée par Christian Feuillade.

À Carmaux (Tarn), sur 6 894 personnes inscrites sur les listes électorales, 3 738 (54% 22) se sont abstenues et 3 156 (45% 78) ont participé au scrutin. 51 (0% 74) ont voté blanc, 81 (1% 17) ont remis un bulletin nul et 3 024 (43% 86) ont exprimé leurs choix entre les quatre listes en lice.

La liste Convergences citoyennes Un nouveau souffle pour Carmaux obtient 1 483 suffrages (49% 04), la liste Union de la gauche Pour Carmaux la Gauche rassemblée, sociale, écologique et solidaire obtient 1 031suffrages (34% 09), la liste Rassemblement national Rassemblement pour Carmaux obtient 327 suffrages (10% 81) et la liste Divers centre obtient 183 suffrages (6% 05). La dévolution des 29 sièges en accorde 23 (79% 31) à Convergences citoyennes Un nouveau souffle pour Carmaux, 5 (17% 24) à Union de la gauche Pour Carmaux la Gauche rassemblée, sociale, écologique et solidaire, 1 à Rassemblement national Rassemblement pour Carmaux.

Enfin, dernier élément à retenir du second tour des municipales françaises, si Louis Aliot, un homme du premier cercle de Marine Le Pen, devient maire de Perpignan, une ville de plus de 100 000 habitants sans jamais afficher le logo du Rassemblement national, cette formation politique sort très amoindrie de ce scrutin. 1 438 sièges dans 463 communes en 2014 pour 840 sièges dans 258 communes en 2020. 205 communes perdues par le Rassemblement national soit une perte de 44% ! Et comme l’écrit Libération : « Symbole de ce gadin, la région lyonnaise où le RN ne compte aucun élu, ni à Lyon ni à la Métropole ».

Un second tour en retard de quatorze semaines !

Le dimanche 28 juin, second tour des élections municipales dans 4820 villes ou municipalités de France. Le chiffre initial était de 4827 mais la recrudescence de l’épidémie de la Covid-19 en Guyane a fait reporter à une date ultérieure les sept communes restant en lice. Sept communes qui vont de la plus petite Saül (122 personnes) à la seconde ville du département Matoury (31 956 personnes).

Seize millions et demi de personnes – soit 39% du corps électoral – sont invités à participer à ces élections. Au second tour des élections de 2014, la participation a été de 63%7 (1er tour 63%5) mais il semble exclu d’obtenir ce chiffre le 28 juin au vu du taux d’abstention du 15 mars 2020, 55%4. Dans le souci de diminuer ce taux, le mandataire peut être porteur de deux procurations au lieu d’une. Mais tant en France qu’en Belgique, le vote par procuration fournit des tentations de fraude.

Dans la majorité des municipalités, les élections prennent la forme d’un duel. Toutefois, 781 communes connaissent l’affrontement de trois listes, 155 la lutte de quatre listes et 12 le choc de 5 listes.

  Depuis octobre 1947, date à laquelle Jacques Chaban-Delmas (32 ans) devint maire en battant le socialiste Fernand Audeguil, Bordeaux n’a plus connu de second tour.  Mais, cette année, elle voit s’affronter, en triangulaire, le successeur d’Alain Juppé, le Républicain Nicolas Florian allié au Marcheur Thomas Cazenave (Union pour Bordeaux 47%24), l’écolo Pierre Humic allié au PS et aux communistes (Bordeaux respire 34%38), le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste à la présidentielle Philippe Poitou allié à la France insoumise (Bordeaux en luttes 11%77).

Comme les mesures sanitaires empêchent de mener une campagne électorale traditionnelle, le Ministère de l’Intérieur a porté à deux semaines la durée de la campagne et a dédié un site qui accepte les professions de foi de chaque liste en lice. Chaque liste est libre de recourir à ce site https://programme-candidats.interieur.gouv.fr/index.html.

Ainsi dans le département de l’Ain, le dimanche 21 juin, des trois listes déposées à Ferney-Voltaire, une seule « La Force de l’Union » y présente son programme. « Ferney-Voltaire Valeurs communes » et « FERNEY EN GRAND » gardent de Conrart le silence numérique prudent.

Au premier tour, le 15 mars, 40%86 de l’électorat a participé au scrutin plaçant en tête la liste « Divers droite » (40%86) emmenée par le candidat Raphoz. Puis, dans l’ordre, la liste « Divers gauche » (20%92) de François Meylan, la liste du candidat Kaster (19%11), la liste du Marcheur Dorian Lacombe (10%23 et celle de Christian Landreau (8%78) au score insuffisant pour être présent au 2ème tour mais lui permettant de s’allier avec une autre liste.

Landreau, Lacombe et Meylan ont créé, au second tour, une nouvelle formation « La Force de l’Union » qui, à l’addition de leurs scores respectifs, soit 39%93, fait pratiquement jeu égal avec la liste Raphoz. En cas de succès de « La Force de l’Union », Ferney-Voltaire connaitra, tous les deux ans, un maire différent.

Quatre communes ne présentent aucune liste à leur électorat. Trois sont situées dans le département de l’Ain et une en Eure-et-Loir. Certes, des candidats acceptent bien de figurer sur une liste mais refusent énergiquement la première place, celle qui mène au mayorat en cas de victoire.

Sans liste, point d’élection. Dans la semaine qui suit le second tour, le préfet, installe une délégation spéciale chargée des affaires courantes et d’organiser dans les trois mois une consultation électorale. Arme secrète du préfet, la menace d’une fusion avec une commune voisine.

L’arme est efficace. Ainsi, dans la commune de Gironde-sur-Dropt qui, en 2014, était la seule commune française à ne présenter aucune liste, il y a eu, en 2020, trois listes pour assurer la succession de Thierry Bos, devenu maire lors de l’élection issue de la délégation spéciale. En 2020, la liste « Agissons pour l’avenir » emmené par Philippe Moutier l’a emporté au premier tour avec 50%52 des suffrages.

Les élections municipales en France

Près de 48 millions de Français.e.s et ressortissant.e.s de l’Union européenne résidant en France sont appelé.e.s à voter aux élections municipales le 15 mars suivi éventuellement d’un second tour le 22. Le scrutin est complexe et varie selon que les communes aient moins ou plus de 1000 habitants exception faite de Paris, Lyon et Marseille.

Dans les communes de moins de 1000 habitants, l’élection se fait au scrutin majoritaire, plurinominal, à deux tours. Les candidat.e.s se présentent individuellement ou par liste. Les listes ne sont pas soumises à l’obligation de respecter la parité. Le panachage est permis. Le nombre de conseiller.e.s élu.e.s varient en fonction de la population entre 7 et 15. Les communes de moins de 1000 habitants représentent plus de 70% des communes françaises. Dans ces communes, le maire perçoit, chaque mois, une indemnité de 661€ 20 si la commune à moins de 500 habitants. Indemnité portée à 1205€ 71 si la commune est peuplée de 500 à 999 personnes.

Dans les communes de plus de 1000 habitants, l’élection se fait au scrutin de liste à deux tours avec prime majoritaire à la liste arrivée en tête. Toutefois, une liste obtenant, au premier tour, la majorité des suffrages exprimés soit 50% +1 voix, celle obtient automatiquement la moitié des sièges. L’autre moitié est répartie à la proportionnelle à la plus forte moyenne entre les listes y compris la majoritaire ayant obtenus plus de 5% des suffrages exprimés.

Si aucune liste n’obtient la majorité absolue au premier tour, le second tour n’est accessible qu’aux listes ayant obtenu 10% au premier tour. Les listes peuvent être modifiées dans l’entretour notamment en reprenant des candidatures figurant sur des listes ayant obtenu 5% au premier tour. Les diverses listes doivent être complètes, respecter l’alternance dans la parité. Le nombre de membre du conseil municipal des communes de plus de mille habitants varie entre 15 et 69. Si Liège était une ville française, son conseil municipal comprendrait 59 membres.

Parmi les communes de plus 1000 habitants, on compte 36 villes – en ce compris Paris, Lyon, Marseille – de plus de cent mille habitants totalisant une population de 8 906 300 personnes. La charge de maire de ces villes leur vaut, chaque mois, une indemnité de 5636€ 63.

Les villes de Paris, Lyon, Marseille sont soumises aux mêmes règles que les communes de plus de 1000 habitants tout en étant astreintes à des dispositions spécifiques. Leurs maires perçoivent respectivement 9207€, 8400€, 8372€. Leurs conseils municipaux rassemblent respectivement 163 membres, 73 et 101.

Le 15 mars, en France métropolitaine et outremarine, le premier tour des élections municipales aura lieu en principe dans les 34 968 communes. En principe car réalité, dans 106 communes, il n’y aura pas de premier tour. La raison ? Il n’y a pas de candidat.e.s ! Dans  les 34 862 autres, il y a 902 465 personnes qui aspirent à devenir maires.

Par rapport aux élections municipales de 2014, le nombre de communes en défaut de candidatures a augmenté : 102 communes de moins de 1000 habitants ces élections contre 61 aux précédentes et 4 communes de plus de 1000 contre 1 – Gironde-sur-Dropt – en 2014. Si les communes de moins de 1000 peuvent présenter des candidatures individuelles ou par liste au second tour. « Cette disposition dérogatoire, prévue pour les communes de moins de 1.000 habitants, offre une souplesse bienvenue en cas de candidatures insuffisamment nombreuses » a précisé Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur au Journal Officiel. En revanche, cette disposition dérogatoire est exclue pour les communes de plus de 1000.

 L’élection du maire à bulletin secret à la majorité absolue par le conseil municipal a lieu au plus tôt le vendredi 27 mars et au plus tard le dimanche 29.

Sur la scène du Gai-Savoir, YALTA de Vladimir Volkoff.

C’est au Palais de Livadia, ancienne résidence d’été du tsar Nicolas II, à Yalta en Crimée que le maréchal Staline a convié du 4 au 11 février 1945 le président des États-Unis, Franklin D. Roosevelt et le Premier Ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill pour déterminer l’après-guerre. Le Palais de Livadia a perdu toute sa magnificence au point que Churchill refuse d’y loger préférant résider dans une base anglaise à des dizaines de kilomètre de Yalta tandis que Roosevelt, impotent, s’en contente.

La déclaration commune, publiée simultanément à Moscou, Londres et Washington, précise notamment : « Les plans adoptés prévoient que chacune des trois puissances occupera avec ses forces armées une zone séparée en Allemagne. Il a été en outre convenu que la France serait invitée par les trois grandes puissances, si elle le désire, à occuper une zone et à faire partie de la commission de contrôle comme quatrième membre (…) Nous sommes résolus à créer avec nos alliés aussitôt que possible une organisation internationale générale pour la sauvegarde de la paix et la sécurité (…) Nous avons convenu de convoquer le 25 avril 1945, à San Francisco, une conférence des Nations  unies qui établira (…) la charte de l’organisation (…) Nous avons rédigé et signé une déclaration commune sur l’Europe libérée. Elle a la teneur suivante : « (…) Le rétablissement de l’ordre en Europe et la reconstruction de la vie économique nationale devront être réalisés par des méthodes qui permettront aux peuples libérés d’effacer les derniers vestiges du nazisme et du fascisme et de se donner les institutions démocratiques de leur propre choix… »

Les travaux de cette Conférence à Trois, présidée par Roosevelt mais dominée par Staline, ont été l’objet de discussions âpres et de retournements spectaculaires. Ainsi, le dépeçage de la Pologne au profit de l’URSS et la reconnaissance du Gouvernement polonais de Lublin au détriment du Gouvernement polonais en exil à Londres. Ainsi la rupture du Pacte de neutralité URSS-Japon de 1941 par la promesse de Staline à Roosevelt d’entrer en guerre contre le Japon nonante jours après la défaite de l’Allemagne.

En 1983, d’origine russe – son grand-père a été général du tsar et il est l’arrière-petit-neveu de Tchaïkovski – l’écrivain français Vladimir Volkoff publie Yalta.  Ce licencié de lettres classiques à la Sorbonne se fait historien. « Dans Yalta, les dialogues sont presque uniquement composés de citations, et c’est quand ils peuvent paraître les plus invraisemblables qu’ils sont le mieux authentifiés » déclare Vladimir Volkoff qui n’hésite pas à emprunter des citations d’autres Conférences internationales dont celle de Téhéran en 1943. Effectivement au Palais de Livadia à Yalta, Staline à insinué que la Manche n’était pas un obstacle pour l’Armée rouge, Roosevelt à envisagé de faire fusiller près de cinquante mille officiers allemands et Churchill s’est perdu dans des comptes d’apothicaire lors des partages d’influence.

Fin 1983, Vladimir Volkoff passe accord avec une troupe liégeoise, le Théâtre de l’Art dont le directeur est le comédien Charles Martigue pour créer Yalta à Bruxelles, en 1984. L’auteur assure la mise en scène tandis que Charles Martigue, personne à la constitution imposante est tout désigné pour le rôle de Churchill. Si le spectacle a lieu à Bruxelles, sa mise au point se déroule à Liège, une ville que Vladimir Volkoff connaît bien. En effet, il y a acquis le titre de docteur de philosophie à l’Université de Liège en soutenant une thèse d’esthétique « vers une métrique française »

La pièce Yalta est à l’affiche d’un théâtre liégeois. Trois directeurs de théâtre endossent les rôles de Staline (Roland Langevin), de Roosevelt (Serge Swysen), de Churchill (Daniel Hackier) au Théâtre du Gai-Savoir pour cinq représentations à partir du 13 mars (1).

  • Théâtre du Gai-Savoir rue de Bassenge 12 à Liège – Représentation de Yalta : 13/3 (20h30), 15/3 (15h), 20/3 (20h30), 21/3 (20h30), 22/3 (15h) – Tarif : 16€ (retraités & étudiants 14€) – Réservations : tél. 04 342 58 32, courriel gai.savoir@skynet.be