Depuis le 13 mars 1997 existe une convention entre le Collège communal de Liège et les Éditions Noir Dessin à charge pour elles de publier un nouveau dictionnaire des rues de Liège. En l’an 2000 paraît Le Livre des Rues de Liège qui, de la rue de l’Abarin à la rue Zabay, répertorie tout ce que Liège compte en avenue, boulevards, rues, impasses, chemins, allées et autres lieux et en narre l’histoire.
Ainsi Rue de l’ABARIN. Rue en cul-de-sac donnant rue des Prés. L’abarin était le signal sonore, venant du fond de la mine, qui avertissait la surface que les mineurs cessaient le travail et allait remonter. L’expression « sonner l’abarin » était une altération du cri « n’abar’in », lancé aux abatteurs de charbon pour les prévenir que le travail de la journée se terminait. Anciennement, cette rue portait le nom de ‘rue de la Résistance »
Mais, comme l’a dit Michelet, Liège est une ville qui se défait, se refait sans jamais se lasser, dix ans plus tard, en 2010, Le Nouveau Livre des Rues de Liège avec l’ajout de dénominations neuves. La présentation change, chaque appellation est située à l’endroit antérieur à la fusion de commune. Une décennie plus tard, nouvel ouvrage comprenant notamment les 124 rues créées depuis 2010, Le Livre officiel des Rues de Liège.
Les Éditions Noir Dessin suivent la voie tracée par le fils d’un armurier analphabète, Théodore Gobert né en 1853. La Biographie nationale note à son propos : ses études primaires achevées, entre à douze ans, en 1865, au service du quotidien la Gazette de Liège. Il y gravit rapidement les échelons de la hiérarchie, jusqu’au poste de secrétaire de rédaction. Très tôt, il prend intérêt au passé de sa ville natale. Il commence à préparer des notices consacrées à chacune des rues de Liège et destinées à paraître dans la Gazette sous forme de feuilletons hebdomadaires. La première d’entre elles est publiée au cours de l’année 1884 ; les suivantes se succèdent plus ou moins régulièrement jusqu’en juin 1902. Au fur et à mesure de leur composition, ces notices sont tirées en fascicules qui, réunis, forment Les rues de Liége. Cet ouvrage en quatre volumes paraît en 1902 des presses de l’imprimerie Demarteau.
Le journalisme menant à tout, Théodore Gobert le quitte fin 1889, direction la Province. Il est archiviste provincial de1895 à 1920 – âge de la retraite. Le dimanche 30 mars 1930, la ville de Liège qui a financé la réédition des Rues de Liège sous le titre de Liège à travers les âges rend hommage à Théodore Gobert à l’occasion de la sortie de presse de cet ouvrage publié en six volumes par l’imprimeur Georges Thone.
Sauf erreur ou omission, Le Livre officiel des Rues de Liège comporte 1993 notices consacrées à l’ensemble des lieux liégeois. Ces 1993 notices se répartissent en 33 pour l’ancienne commune de Glain, 65 pour Rocourt, 69 pour Wandre, 88 pour Sclessin, portion de l’ancienne commune d’Ougrée, 90 pour Bressoux, 104 pour Chênée, 169 pour Jupille, 193 pour Grivegnée, 1000 pour Liège.
Ce chiffre symbolique de 1000 est obtenu par un subterfuge subtil. L’artère qui relie la rue Gérardrie à la place Saint-Denis, la rue Saint-Étienne se dédouble en rue Lambert Lombard, modification de la dénomination rue Saint-Étienne comprise entre la rue Gérardrie et la place Saint-Denis !
Outre un chapitre relatif aux ponts, un autre est voué aux femmes et métiers « féminins » auxquels un nom de rue a été attribué. Pour savoir si une dénomination de rue est féminine ou masculine, rien ne vaut une indication de prénom dans l’intitulé. Ainsi, la rue Léopold se range incontestablement dans les dénominations masculines et de même, la rue de la Madeleine dans les dénominations féminines.
En 2010, Liège comptait 332 rues comportant un prénom masculin et 22 comportant un prénom féminin. L’écart était de 310. En 2021, Liège compte 353 rues comportant un prénom masculin et 40 comportant un prénom féminin. L’écart est de 313.
Liège n’est pas la seule ville à se doter d’un ouvrage tel Le Livre officiel des Rues de Liège et comme elle veut se métamorphoser en « smart city », n’y-a-t’ il pas lieu de s’inspirer de l’exemple de La Marsa, ville tunisienne qui a été, durant un siècle et demi, la résidence d’été des beys de Tunis. Son maire, Moez Bouraoui, en s’appuyant sur une start-up tunisienne, a installé des plaques de rue intelligentes. Le journal La Presse explique comment les passants curieux et intéressés par l’histoire des noms de ses rues, inscrits sur ces plaques, peuvent scanner le code QR qui va leur permettre d’accéder à toutes les informations historiques sur les personnages qui ont été choisis pour baptiser ces rues.
En innovant de la sorte, Le Livre officiel des Rues de Liège passerait d’une version papier de 504 pages (30 €) à une version numérique qui permettrait à la population de la Cité ardente et aux touristes de connaître Liège à travers les siècles.