En 1973, le professeur de Philologie et de Littérature française Maurice Piron a entrepris en quelque sorte le retour à Liège de Georges Simenon. Un retour qui passe par des cours à l’Université dont la vedette est l’enfant d’Outremeuse au cursus scolaire arrêté à l’aube de ses seize ans. Entre les deux hommes dont l’un a mis un terme l’année précédente à sa carrière de romancier, s’établissent des contacts exclusivement épistolaires d’où est née une profonde et sincère amitié. Au point qu’en 1976, Georges Simenon fait don à l’Université de Liège de l’ensemble de ses archives. À l’époque, c’est ce qu’on nomme le Centre d’Études Georges Simenon.
En 1986, pour les dix ans du Centre d’Études Georges Simenon a lieu un Festival Simenon et un Festival Polar (un terme qu’abhorre l’écrivain). En outre, le Ministère de la Communauté française de Belgique, la RTBF, la section belge de l’UIJPLF et l’Échevinat de la Culture de la Ville de Liège organisent un concours international intitulé Simenon d’après Simenon doté d’un quart de million de francs pour le premier prix.
Avant d’écrire un roman, Simenon en fixe le plan, à savoir lieux et personnages, sur une enveloppe jaune. Victor devait être le cent nonante quatrième roman signé Georges Simenon. Ce roman n’a jamais été écrit. C’est mon dernier plan et, le lendemain je décidai de prendre ma retraite. À partir de cette enveloppe jaune, les candidats doivent écrire en français soit un roman, soit une nouvelle. Beaucoup d’écrivains ont débuté par des contes et des nouvelles. Je vous signale cependant, ayant passé par cette école, que la nouvelle est un des genres littéraires les plus difficiles sinon le plus difficile. Je ne doute pas que ce concours révèle de nouveau talent. Le lauréat a été un jeune auteur bruxellois, Patrick Delperdange qui s’entend dire par Simenon félicitations vous avez réussi ce que je n’ai pu faire lors de l’émission Café liégeois d’Edmond Blattchen. À ce jour, le lauréat du Prix Simenon a déjà publié trente-six romans. La prédiction simenonienne est avérée !
En 2003, le centième anniversaire de la naissance de Georges Simenon a été célébré superbement à Liège d’autant que John Simenon, deuxième des quatre enfants de l’écrivain, s’est associé à la Ville et à l’Université tout comme il l’est en 2023 pour le printemps Simenon. Un printemps prolongé jusqu’à la fin de l’été par l’exposition au Curtius de cent cinquante photos illustrant les reportages de Simenon réalisés de 1931 à 1935. Un printemps Simenon se déroulant à Liège où le romancier a passé près d’un quart de sa vie. Je suis toujours surpris de voir avec quel sympathie les Liégeois se souviennent du petit garçon que j’ai été et qu’au fond je suis resté malgré mon âge.