À Spa, la plus grande Dame au service de l’Art dramatique en Belgique.

Une longue standing ovation a couronné mercredi soir au Royal Festival à Spa l’interprétation par Jacqueline Bir de la pièce A German Life.

Ce monologue d’une heure et demi a été joué avec une maîtrise exceptionnelle. Ce témoignage a été rendu avec une authenticité naturelle qui paraissait simple mais qui en réalité nécessitait une grande compétence professionnelle.

Une telle prestation requiert une parfaite mémoire et une performance physique non négligeable même si c’est le plus souvent assise que cette artiste nous conte cette vie d’une allemande qui vécut plus d’un siècle et se laissa séduire par le régime nazi. Après une telle interprétation qui pose la question troublante nous qu’aurions nous fait ?, il nous semble intéressant de rappeler qui est Jacqueline Bir et que fut Brunhilde Pomsel. 

Madame Jacqueline Bir est née le 23 novembre 1934 en Algérie de parents français, cultivateurs cultivés. Elle réussit brillamment ses études d’art dramatique aux Conservatoires d’Oran puis de Paris où elle rencontra et épousa Claude Volter (décédé en 2002). Avec celui-ci qui y fonda une Compagnie qui porta son nom, elle s’installa en 1957 en Belgique et interpréta une multitude de rôles importants.

Par exemple, il y a une trentaine d’années, elle vint à deux reprises au Festival de Théâtre de Spa à l’invitation d’André Debaar et de Billy Fasbinder. Elle interpréta avec grand succès les rôles-titres de La vie brève de Paul Willems en 1991 et de Charlotte ou la nuit mexicaine de Liliane Wouters en 1993.

Cette plus grande dame au service de l’art dramatique en Belgique qui en septante ans incarna plus de 200 rôles a accepté de s’engager dans une aventure scénique que constitue un monologue retraçant la vie d’une femme allemande Brunhilde Pomsel, née à Berlin le 11 janvier 1911 et décédée à Munich le 27 janvier 2017 à l’âge de 106 ans. En 2016, à partir de trente heures d’entretien avec cette centenaire, un documentaire intitulé Ein deutsches Leben a été présenté au festival international du film à Munich par Christian Krönes, Olaf Müller, Roland Schrotthofer et Florian Weigensamer.

Brunhide Pomsel a d’abord travaillé comme sténographe pour un avocat juif et pendant un moment simultanément comme dactylo pour l’extrême-droite nationaliste. Ayant, à vingt-deux ans, adhéré au parti national-socialiste, elle a été engagée comme secrétaire dans le service d’information de la radio du troisième Reich. Transférée en 1942 au ministère de l’éducation du peuple et de la propagande, elle fut choisie pour faire partie de l’équipe restreinte des secrétaires et sténographes au service de Joseph Goebbels. Elle était chargée de revoir à la baisse les statistiques des soldats allemands tombés au combat et à la hausse les viols des femmes allemande par l’armée soviétique.

Internée sur ordre du NKVD (la police politique stalinienne) dans les camps spéciaux instaurés dans la zone d’occupation soviétique à Buchenwald, Hohenschönhausen et Sachsenhausen elle y resta cinq ans. Libérée en 1950 elle retrouva pendant une vingtaine d’année (jusqu’à sa mise à la retraite en 1971) du travail comme secrétaire pour des radios SWF (Südwestfunk) à Baden-Baden puis à la direction des programmes de la télévision allemande à Munich. À la fin de sa vie elle s’exprima publiquement contre Goebbels qu’elle définissait comme un excellent acteur.

A German Life, la pièce publiée en 2019 par Christopher Hampton, a été adaptée par Dominique Hollier et mise en scène pour Jacqueline Bir par Simon Paco (assisté par Diana David dans une dramaturgie de Sarah Cuny) est une œuvre troublante qui pose la question de la responsabilité qui est la nôtre quant aux options qui déterminent notre existence. La docilité de la masse des exécutants avait elle pour beaucoup l’alternative de la résistance ? La misère de la crise, les horreurs de la guerre, les mirages de la croissance constituent un siècle tragique de la vie allemande qui fut celle de Brunhilde Pomsel interprétée avec l’authenticité qui caractérise le service exceptionnel que Madame Jacqueline Bir rend à l’art dramatique.

Du Music-Hall burlesque.

Ce mercredi soir en guise d’apéritif nous avons eu droit à un double spectacle sans parole agréablement distrayant. Tout d’abord nous avons apprécié une prestation musicale et comique intitulée De Concerto interprétée par Gaêl Michaux et Maxime Dautremont dans une mise en scène de Christophe Thélier. Les deux acteurs sont des mimes qui présentent des séquences musicales avec un humour porteur de dérision. Ce duo suscite l’amusement des spectateurs qui manifestèrent chaleureusement leur satisfaction.

La deuxième partie de cet apéritif musical nous a permis de découvrir le talent du magicien et marionnettiste français Etienne Saglo. Celui-ci incarne le grand magicien Kosmao et son assistante est la marionnette Goupil. Cet autre duo nous offre une prestation qui nous laisse souvent surpris car nous ne pouvons comprendre comment Goupil et son maître réussissent leurs sketchs burlesques. En bref une prestation digne d’un professionnel de grande qualité. Et un début de soirée meilleur que prévu.

Jean Marie Roberti

UN CONSEIL 

Profitez de la promotion relative aux dernières places accessibles au tarif réduit de huit euros pour les deux spectacles suivants : L’Amour vainqueur (le 20/8 à 21 h. et le 21/8 à 19 h.) et Carabistouille (le 21/8 à 18 h.30 et 21 h.).

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