A Spa, le soixantième Festival (cinquante-huit fois de théâtre et deux fois royal) a débuté ce mercredi 7 août 2019 à 18 heures 30’ par une agréable surprise.
A l’affiche Une vie sur mesure de Frédéric Chapuis dans une mise en scène de Stéphane Battle. En réalité un spectacle souvent drôle et parfois émouvant. On ne peut pas parler d’ouverture en fanfare puisque celle-ci est habituellement composée d’un ensemble de cuivres mais on n’en est pas loin car les instruments à percussion que sont deux batteries sophistiquées permettent des interprétations qui valent bien – pour ouvrir un festival – les moyens que donnent tambour et trompettes.
Il était une fois un étudiant lillois à Bruxelles, bachelier en batterie jazz au Conservatoire Royal de Musique et aussi élève en classe de déclamation de l’Académie d’Ixelles. Nous avons pensé que le spectacle qui conte une passion absolue (celle pour la batterie) avait été écrit pour lui. Ce n’était pas le cas mais l’adéquation du texte et de sa mise en scène avec les remarquables qualités du très talentueux musicien et comédien qu’est Pierre Martin (photo d’en- tête) s’avère tout-à-fait exemplaire. Seul en scène pendant une heure quart, cet artiste qui possède un splendide sens du rythme et s’avère d’une dextérité exceptionnelle, émeut ou amuse sans jamais lasser. Qu’il apparaisse comme différent (dérangeant pour celles et ceux qui croient ne pas l’être) ou bien enthousiaste (follement pour les sages), il joue juste. Cette prestation a enchanté une salle comble et enthousiaste et a suscité une ovation amplement méritée. Ce spectacle pourra être vu ou revu dans notre pays de septembre à décembre au Théâtre Le Public de Bruxelles puis à l’Atelier Théâtre Jean Vilar à Louvain-la- Neuve.
Un choix raté.
Après Une vie sur mesure, nous pouvions choisir entre trois spectacles pour terminer la soirée. Nos amis Monsieur et Madame André Bisschops délégués liégeois du Festival de Spa depuis des décennies, nous ont dit combien ils ont été ce mercredi positivement impressionnés par les Évidences absolues présentées par la compagnie flamande Rode Boom qui invitait le public spadois à découvrir comme par magie l’art du mentalisme.
Rencontré en fin de soirée, le directeur du Festival Axel De Booseré nous a dit avoir été étonné du fait qu’amateur d’un théâtre où de grands textes sont à servir par d’humbles comédiens (ainsi que le préconisait Gérard Philippe au milieu des années cinquante en Avignon lors des rencontres internationales des jeunes organisées dans le cadre du Festival du Théâtre National Populaire dirigé par Jean Vilar), nous ne sommes pas allés voir et écouter la comédie de Joshua Sobol.
À posteriori c’est effectivement bizarre (Vous avez dit bizarre ? … Comme c’est bizarre !) mais cela s’explique cependant par la place qu’a prise dans mon existence la solidarité avec les démocrates chiliens et aussi par l’attrait que j’ai toujours ressenti à l’égard des artistes professionnels du théâtre des marionnettes pour adultes. Nous étions bien placés et nous cherchions à entendre mais nous n’avons rien compris à cette adaptation de La mouette d’Anton Tchékhov. Dans ces conditions nous suivrons l’adage du Liégeois Georges Simenon Comprendre ne pas juger. À fortiori quand on ne comprend pas.
La représentation plus tardive que celle des autres spectacles de cette pièce intitulée Tchaïka, nous aura permis de déguster la promotion d’un restaurant voisin : pour notre couple, deux casseroles de moules marinières accompagnées d’une bouteille de Muscadet. Malgré un long détournement pour cause de travaux dans le sens du retour de Spa à Liège, le bilan de cette première soirée du Festival de Spa laisse espérer d’intéressantes découvertes.
Jean-Marie Roberti