26 mai, jour d’élection pour près de huit millions d’électeurs – 3.870.047 hommes et 4.119.755 femmes – âgés de 18 ans ou davantage. Selon leur lieu de résidence, le choix de scrutin varie. Si ces personnes habitent la Région wallonne ou flamande, elles émettent trois suffrages, un pour le Parlement wallon ou flamand, un pour la Chambre des représentants et le troisième pour le Parlement européen. Pour les personnes qui habitent les neuf communes de la Province de Liège constituant la Communauté germanophone du Royaume, à ces scrutins s’ajoutent l’élection des vingt-cinq membres du Parlement de la Communauté germanophone.
Enfin, pour les personnes habitant la Région de Bruxelles-Capitale, c’est un peu plus complexe. Si elles optent – peu importe leur langue d’usage – pour le rôle linguistique néerlandais ou français, le nombre d’élus diffère. Le choix du rôle linguistique néerlandais permet d’élire les dix-sept membres au Parlement bruxellois, les six membres au Parlement flamand, les douze membres du Collège électoral néerlandais au Parlement européen. Le choix du rôle linguistique français permet d’élire les septante-deux membres au Parlement bruxellois, les huit membres du Collège électoral français au Parlement européen. Le corps électoral bruxellois procède à l’élection des quinze membres bruxellois à la Chambre des représentants.
Le 26 mai 2019, les personnes habitant la Région de Bruxelles-Capitale – 588.203 inscrits sur les listes électorales – auront à la Chambre, le choix entre douze listes. Le 25 mai 2014, le choix était beaucoup plus large. À l’époque, vingt-deux listes briguaient les suffrages bruxellois. Une formation politique qui compte actuellement treize parlementaires à la Chambre, le S.PA (Socialistische partij anders) ne figure pas parmi les douze listes de 2019. Il est vrai qu’en 2014, le S.PA n’avait recueilli que 9.613 suffrages. L’électorat socialiste flamand de la Région de Bruxelles-Capitale est orphelin de son parti. Le PS emmené par l’enfant de Beyne-Heusay, Ahmed Laaouej a néanmoins sur ses listes un candidat S.PA, Mohamed Adahchour, de manière à ce que l’électorat socialiste flamand ne s’égare point vers une des cinq listes flamandes adversaires des socialistes.
La Constitution belge prescrit ; le vote est obligatoire et secret. Il est interdit de voter hors l’isoloir. L’isoloir est un passage obligé. Qui refuse d’y entrer est noté comme absent. Cette personne rejoint le camp des abstentionnistes qui, en dépit de l’obligation constitutionnelle, excède les dix pour cent du corps électoral. Ce camp était inférieur à sept pour cent en 1985. Dix pour cent, le chiffre paraît minime, il représente une population avoisinant les sept cent mille personnes. Il est étonnant que les formations politiques héritières des partis qui ont entamé, au dix-neuvième siècle, le combat en faveur du suffrage universel – le SU comme on disait à l’époque – ne mène pas durant leur campagne électorale, en même temps, une lutte contre l’absentéisme, fléau social.
En principe, huit jours après la proclamation des élu.e.s, il appartient au procureur du Roi d’établir la liste des électeurs qui n’ont pas pris part au vote. Ceux-ci sont appelés par simple avertissement devant le tribunal de police qui statue sans appel. Une première absence est punie d’une réprimande ou d’une amende de cinq à dix euros ce qui oblige l’abstentionniste à payer, compte tenu des décimes additionnels, quarante à quatre-vingts euros. En cas de récidive, l’amende est de dix à vingt-cinq euros. Le multirécidiviste est rayé des listes électorales pour dix ans et pendant ce laps de temps, il ne peut recevoir aucune nomination, ni promotion, ni distinction, d’une autorité publique.
Les électrices et électeurs ayant un empêchement légitime à leur devoir d’aller voter ont la possibilité de donner procuration à une autre personne pour aller voter à leur place dans son bureau électoral. Le fait notamment d’être malade, infirme, prisonnier, étudiant, en voyage à l’étranger constituent des empêchements légitimes qui doivent être attestés de diverses manières.
Le bulletin de vote prend la forme papier dans trois-cent nonante-six communes du Royaume et la forme du vote électronique avec preuve papier dans cent quatre-vingt-cinq communes réparties pour cent cinquante-sept en Région flamande, dix-neuf en Région de Bruxelles-Capitale et neuf en Communauté germanophone. Sur papier ou en vote électronique avec preuve papier, le vote est valable émis en case de tête de la liste ou en vote préférentiel pour un ou plusieurs candidats effectifs et/ou suppléants. Sur un bulletin portant vote de liste et vote préférentiel, il n’est pas tenu compte du vote de liste.
Hormis le Parlement européen qui exige de ses candidat.e.s d’avoir l’âge de vingt et un ans, tous les autres scrutins du 26 mai sont ouvert à la candidature dès l’âge de dix-huit ans. Chacune des élections du 26 mai a sa propre législation. Ainsi, le Parlement wallon connaît l’apparentement dans les provinces de Hainaut, de Namur et de Liège. Ainsi, le Parlement de la Communauté germanophone et le Parlement bruxellois n’ont point de candidat.e.s suppléant.e.s.
PARLEMENT EUROPÉEN.
Sur trois des sept listes du Collège électoral français du Parlement européen figurent des anciens présidents de parti, Benoît Lutgen au CdH, Olivier Chastel au MR, Paul Magnette au PS.
À la différence des anciens présidents qui se sont mis en première place de leur liste, l’actuel président du DéFI, Olivier Maingain, a choisi de pousser la liste emmenée par Benoît Cassart, éleveur bovin à Porcheresse, secrétaire général de la Fédération du commerce de bétail et viande, licencié en sciences économiques de l’UCLouvain.
Quant à l’épouse du président du Parti Populaire (PP), Mischaël Modrikamen, la secrétaire-générale Yasmine Dehaene, est tête de liste de ce parti.
Confondant quelque peu les élections européennes avec la course cycliste Bordeaux-Paris, Paul Magnette a signalé qu’élu il ne siègerait pas. En quelque sorte, installé sur son derny, Magnette entraîne dans son sillage Marc Tarabella, parlementaire européen depuis 2004 !
Les neuf communes germanophones situées en province de Liège forment le Collège électoral germanophone. Outre les six partis représentés au Parlement de la Communauté – CSP, ProDG, SP, PFF, Vivant, Ecolo -, un septième parti, Dier Animal, est candidat aux élections. En l’absence d’une présentation de liste par les parlementaires, la formalité prévoyant le recours aux électeurs pour le faire nécessite deux cents signatures à récolter parmi les 49.441 électeurs du Collège électoral germanophone tandis qu’il en faut cinq mille dans les deux autres Collèges.
À l’exception de deux candidats ayant réalisé le plus mauvais score en 2014, le Christlich Soziale Partei (CSP) présente aux élections du 26 mai 2019 une liste identique à celle du 25 mai 2014 qui valut à Pascal Arsimont le siège de l’unique député européen germanophone de Belgique.
L’électorat de langue allemande a dû attendre les élections du 12 juin 1994 et l’instauration du Collège électoral germanophone pour obtenir un élu germanophone. Ce premier élu a été le CSP Martin Grosch qui a siégé durant vingt ans.
Au contraire des autres scrutins qui nécessitent la nationalité belge pour se porter candidat.e., les élections européennes sont ouvertes à chacun.e de nationalité d’un pays de l’Union européenne âgé.e de 21 ans. Trois partis – Ecolo, MR, DéFI – jouent la carte de liste transnationale. Directrice associée du Lisbon Council, un groupe de réflexion spécialisé dans les politiques européennes d’innovation, Stéphanie Lepczynski, française d’origine polonaise, est candidate Écolo. Candidat MR à une place de combat, Nicolas Barnier, fils du négociateur du Brexit, est l’assistant parlementaire à l’Assemblée nationale de Grégory Besson-Moreau, député LREM de l’Aube. Chez DéFI, la candidate Véronique Lederman, directrice générale du Service social juif est française, docteur en sciences de gestion.
Si dans tous les pays de l’Union européenne, la représentation proportionnelle est de mise tout comme l’exigence de cinq pour cent des suffrages exprimés pour participer à la répartition des élus, chaque pays est libre de choisir le système de vote. La plupart dont la Belgique ont choisi la liberté de voter pour un ou plusieurs candidats d’une liste, cinq pays – Allemagne, Espagne, France, Hongrie, Roumanie – pratiquent le système des listes closes c’est-à-dire que les électeurs ne peuvent pas changer l’ordre des candidats sur les listes.
PARLEMENT WALLON.
Pour l’élection du Parlement wallon, le nombre de circonscriptions électorales est passé de treize à onze par la fusion de Charleroi et Thuin ainsi que celle des deux circonscriptions du Luxembourg. Il y a le même nombre de candidatures à la suppléance qu’il y a de candidat.e.s titulaires. En province de Liège, il y a trois circonscriptions électorales, Liège, Verviers et Huy-Waremme qui élisent respectivement treize parlementaires, six et quatre soit un total de vingt-trois personnes dans un Parlement de septante-cinq membres.
Treize listes sont en lice dans la circonscription de Liège. Trois nouvelles listes présentent des candidat.e.s ayant concouru sous d’autres casaques en 2014. La liste 24, Wallonie Insoumise a, en troisième place effective un ancien candidat de MG. La liste 26, Demain a trois ancien.ne.s candidat.e.s de VEGA. La liste 13, Listes Destexhe a un ancien élu du PP, Pierre-André Puget. Les trois autres listes nouvelles – liste 20, Dier Animal, liste 23, Nation, liste 25, Collectif citoyen – présentent des candidat.e.s parlementaires pour la première fois. Seule parmi les listes nouvelles, la liste 26, Demain présente une liste complète de vingt-six candidat.e.s titulaires et suppléant.e.s.
Parmi les sept listes ayant participé au scrutin du 25 mai 2014, toutes présentent des listes complètes et l’une a changé de nom. La liste 11, DéFI, la nouvelle appellation du parti d’Olivier Maingain, est emmenée par Camille Périlleux. Pas moins de sept femmes – Véronica Crémasco (Écolo), Alda Greoli (CdH), Vanessa Cibour (PP), Camille Périlleux (DéFI), Alice Bernard (PTB), Leticia Knevels (Nation), Abigael Lechanteur (CC) – sont en tête de liste à Liège. Aucune circonscription ne fait mieux. La circonscription la plus machiste est celle de Charleroi-Thuin où seule une femme emmène une des treize listes.
Toutes les candidatures de DéFI sont nouvelles. Sur Listes Destexhe, vingt-cinq têtes sont nouvelles. Au PP, vingt-quatre nouvelles têtes, deux anciennes candidates. Au PTB, vingt-deux nouvelles têtes, quatre anciennes. L’élu PTB en 2014, le Blégnytois Frédéric Gillot est laissé sur la touche. Deuxième titulaire au PTB en 2014, Sophie Lecron est candidate aux européennes. Au CdH, vingt nouvelles têtes, six anciennes. L’actuelle cheffe de groupe CdH au Parlement wallon, Marie-Dominique Simonet est candidate aux européennes. Écolo aligne également vingt nouvelles têtes et six anciennes. Le PS présente dix-neuf nouvelles têtes et sept anciennes. Hassan Bousetta est candidat aux européennes. Venant de la onzième place où elle avait été élue suppléante, Zoé Istaz-Slangen est devenue, le dix décembre 2018, la plus jeune députée wallonne. Classée en 2014 sixième suppléante, elle obtient en 2019 la deuxième place en suppléance. Le MR aligne dix-huit nouvelles têtes et huit anciennes.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
Les dix provinces et la Région de Bruxelles-Capitale constituent les circonscriptions électorales fédérales. L’élément neuf de la campagne est la présence dans les cinq provinces wallonnes d’une liste du parti flamand d’extrême-droite, le Vlaams Belang. Liste incomplète au niveau des candidats effectifs – un seul candidat – mais complète au niveau des candidat.e.s suppléant.e.s – six – le nombre requis. Quel est le but poursuivi par le VB ? Il tient du symbole. Sa présence en Wallonie est incongrue mais le VB considère incongrue la présence en Flandre d’une liste DéFI. En ajoutant le financement des voix recueillies en Wallonie à sa dotation obtenue en Flandre, le VB réalise un transfert Sud Nord alors qu’il demeure adversaire des transferts du Nord vers le Sud. Un sou est un sou se dit le VB. C’est toujours bon à prendre !
Quinze listes sont en lice pour recueillir les suffrages des sept cent septante sept mille quatre cent dix-huit personnes appelées à voter en province de Liège. Sur les deux cent soixante-cinq candidat.e.s de la cuvée 2019, il n’y en a que vingt-sept qui étaient déjà présents à l’un des trois scrutins de 2014. Le renouveau politique ou le dégagisme des anciens a très largement joué lors de l’élaboration des listes.
Chez Écolo, cinq rescapés : Sarah Schlitz, Khalid Hamdaoui, Nicolas Parent, Matthieu Content, Muriel Gerkens. Cinq rescapés également au CdH : Vanessa Matz, Jean-Paul Bastin, Thierry Ancion, Christine Servaes, Benoît Drèze. Le MR est davantage conservateur : Daniel Bacquelaine, Kattrin Jadin, Philippe Goffin, Mélissa Trevisan, Françoise de Laminne de Bex, Katty Firquet, Magali Dock, Jean-Claude Meurens, Laura Iker, Gilles Foret. Le PP conserve son unique élu à la Chambre Aldo Carcaci auquel il adjoint Sabine Snyders. Deux rescapés également au PTB : Raoul Heudebouw, Rafik Rassaa. Au PS, trois rescapé.e.s placé.e.s aux trois premières places de la liste : Frédéric Daerden, Julie Fernandez-Fernandez, Christophe Lacroix.