Le cinquante-neuvième Festival de Théâtre de Spa n’aura pas lieu.
Nous avions soutenu Armand Delcampe et le Bourgmestre de Spa Joseph Houssa dans leur lutte contre la suppression de ce Festival voulue par la Ministre bruxelloise Joëlle Milquet qui semblait l’avoir emporté quand Armand Delcampe dut démissionner.
Un double hasard vint renverser le cours de choses. Tout d’abord la mise en cause judiciaire de la gestion de son cabinet entraina la démission de cette ministre.
Ensuite son remplacement fut dans le domaine culturel confié à Alda Greoli d’origine spadoise. Cela valut au Festival de Théâtre de Spa qui recevait en 2016, 204.600 euros de subventions, d’obtenir un contrat programme de cinq ans (de 2018 à 2022) d’un montant de 300.000 euros par an (soit 1,5 millions pour le quinquennat).
Certes, c’est vraiment peu de chose à côté des 35 millions quinquennaux d’un Théâtre national qui ne décentralise plus. Et la Ministre Greoli continue injustement à accorder à Bruxelles dans ce domaine 70 % des subventions localisables alors que cela devrait être la proportion à attribuer à la Wallonie.
Le nouveau directeur du festival de théâtre de Spa (dont la présidence est assurée depuis 42 ans par le bourgmestre Houssa qui termine cette année son ultime mandature), Axel de Booseré a pu cette année redémarrer avec des moyens moins indécents que ses prédécesseurs.
Il a présenté non sans brio ce 23 mai ce qu’il appelle un grand bazar, à savoir un programme exposé dans une petite brochure de 48 pages où les références à Jacques Huisman, André Debaar et Billy Fasbinder ainsi qu’à Armand Delampe dès 1999 n’apparaissent plus et où le mot théâtre disparaît lui-même du titre de l’institution. On nous annonce du Cabaret, du Cirque, de la Danse, de l’Opéra, de la Magie, de l’Humour, des Marionnettes, etc. Et du théâtre ?
En douze jours, à quarante et une représentations de vingt-deux spectacles principaux dans une demi-douzaine de lieux s’ajoutent une bonne vingtaine d’autres initiatives : trois spectacles pour enfants, quatre stages, un atelier et un théâtre gestuel, une référence aux sports, deux lectures, six concerts et after musicales et quatre rencontres. Et du théâtre ?
Certes, mais bien peu. Axel de Booseré écrit avoir vu pour préparer sa programmation plus de 150 spectacles. Combien de grands textes dramatiques a-t-il lu cette année ? En Avignon de Jean Vilar à Gérard Philippe en passant par Maria Casarès ou Geneviève Page, le mot d’ordre était être d’humbles serviteurs de grands textes. Les servir ne pas s’en servir. De Molière à Shakespeare, d’Anouilh à Brecht, les auteurs les plus marquants semblent oubliés comme si, en musique classique, nos ensembles philharmoniques ignoraient Mozart ou Beethoven. Un Feydeau, des imprécations d’Hugo Claus en fin de vie et un rappel de Louis Jouvet ou une mise en cause de l’orthographe, n’est-ce pas trop peu pour les amateurs de théâtre. En principe les arts de la scène en Fédération Wallonie Bruxelles subventionnent du théâtre adulte, pas nécessairement des spectacles de variétés.
Page suivante, vous trouverez de l’intérêt à toutes les choses géniales un one-man show de François-Michel van der Rest qui interprétera l’auteur britannique Duncan MacMillan. Consultez le programme, allez voir ce qui risque de vous plaire. Consultez le site http://www.royalfestival.be même si, comme nous, vous regretterez que le désir de faire du neuf à tout prix élimine de cette adresse deux mots que nous continuons à préférer à Royal Festival. Ce sont Théâtre et Spa qui sont ceux qui, depuis 59 ans, assurent la fidélité d’un public républicain ou monarchiste qui vient en août au théâtre à Spa.
Jean-Marie Roberti