Tout le monde descend ! Cette expression de wattman annonçant le terminus permet à Edmond Blattchen de signaler que noms de dieux mis sur rail en janvier 1992 en compagnie du philosophe Bernard-Henri Lévy est arrivé à terme en décembre 2015 avec le numéro 200 consacré à Latifa Ibn Ziaten, une mère courage (1).
Elle est la maman du parachutiste Imad, la première victime – le 11 mars 2012 du terroriste Mohammed Merah. Depuis, je suis une mère blessée, déchirée. Je reste debout pour défendre les valeurs de la République. Il nous faut absolument tendre la main à ces jeunes, ces enfants de la République. Il faut leur faire aimer la France comme je l’aime. L’ampleur du travail qui est à faire est énorme : c’est un travail de fourmi, de terrain, dans les écoles, les maisons d’arrêt, les mosquées, avec les parents… Le président Hollande lui remettant à titre de co-lauréate le prix 2015 pour la Prévention des conflits de la Fondation Jacques Chirac a dit d’elle vous incarnez aux yeux de tous nos compatriotes de quelque confession, de quelque origine, de quelque parcours, l’amour maternel dans ce qu’il a de plus fort et de plus poignant : la souffrance du deuil mais aussi la possibilité de puiser dans le chagrin les ressources pour aller vers la dignité.
À l’instar des cent nonante neuf invité(e)s qui l’ont précédé(e)s, Latifa Ibn Ziaten a suivi les cinq chapitres de noms de dieux. Le symbole : le béret rouge de parachutiste de son fils. Sans modifier quoique ce soit au concept, ni au décor – en ce compris la table, empruntée puis achetée auprès de la firme liégeoise Georgette Ballegeer -, Edmond Blattchen et le réalisateur Jacques Dochamps ont accompli durant plus de dix mille minutes une émission que seul le service public peut offrir.
La deux centième émission se prolonge par la rediffusion de huit noms de dieux tout au long de la nuit (2). Un événement de plus dans la vie de noms de dieux qui en compte déjà quelques-uns dont sa longévité, vingt-trois ans à l’antenne d’une télévision publique née il y a soixante-deux ans. Pour ses vingt ans, en 2012, noms de dieux a eu droit à une tranche horaire quotidienne durant toute la saison d’été tandis que la chaîne québécoise Canal Savoir l’a fait découvrir au public francophone américain.
Par ailleurs, un certain nombre d’émissions ont fait l’objet d’édition intégrale en livres. Edmond Blattchen – récipiendaire notamment, en 1982, du Prix Jeunes Talents de la Province de Liège – a amené sur le plateau de noms de dieux philosophes, théologiens, écrivains, sociologues, hommes et femmes politiques, scientifiques ou encore artistes dont les réflexions clarifient le monde. La deux centième ne marque pas la fin de noms de dieux car dans ce vivier, la RTBF ne va pas manquer, un jour ou l’autre, d’aller puiser comme elle l’a fait en rediffusant l’entretien d’Edmond Blattchen avec Henry Bauchau ou André Glucksmann et, déjà, bien d’autres.
- (1) Diffusion le jeudi 10 décembre 2015 vers 21h20 sur « la trois ». Rediffusion sur « la trois » le samedi 12 décembre vers 23h15. Sans oublier, la possibilité de voir l’émission durant une semaine sur le Net, en cliquant sur latrois.be/revoir
- (2) 22h20 Sa Sainteté le Dalaï Lama (1994), 23h15 Stéphane Hessel (2009), 00h15 L’abbé Pierre (1993), 01h10 Élie Wiesel (1995), 02h00 Sœur Emmanuelle (1993), 03h00 Albert Jacquard (1994), 03h55 Amélie Nothomb (2009), 04h45 Edgar Morin (1992).