… tous les mots se laissent écrire !

        Au XVIIIe siècle, d’Alembert assurait que l’on n’apprenait rien dans les journaux si ce n’est de savoir que le journaliste est l’ami ou l’ennemi de celui dont il a parlé dans son article. En dépit de ce constat dont la véracité ne peut être entièrement niée en dépit des efforts en vue d’atteindre l’objectivité, les journaux ont continué d’exister. Et c’est tant mieux au fond.

        Les journalistes pour leur part n’ont jamais cessé de chercher à établir un contact avec leur lectorat. Le traditionnel courrier des lecteurs a fait place aux commentaires ou réactions des lecteurs que permettent les nouvelles technologies. Dans les rédactions, la valeur d’un article est d’autant estimée qu’il a suscité de réactions. Le rêve est de faire le buzz qui fait booster l’audience, le tirage.

       Théoriquement, les réactions sont modérées avant d’être rendues publiques. À Sud-Presse, la modération est, pour le moins, modérée. Au point que face au sabbat que faisait la majorité des lecteurs à l’annonce de l’accident de santé d’Anne-Marie Lizin, un lecteur écœuré écrit : Quelle triste mentalité dénotent ces commentaires ! Et ce sont souvent ceux qui lui doivent le plus qui crachent maintenant sur sa personne. Comme les hommes sont petits ! Un véritable festival de faux culs. Autre fait, autre commentaire modéré : Pour prendre son pied mieux vaut une top biche qu’un boudin mais s’il s’agit des qualités humaines de la personne ce n’est évidemment pas lié au physique, ce que je disais d’ailleurs dans un autre post qui vous est sans doute passé au dessus de la tête…Quant à moi je ne suis ni très beau ni très musclé et ne pense pas qu’avec mes deux licences universitaires et mon doctorat je n’ai rien dans la tête mais c’est justement pour celà que je suis capable de faire la part des choses ce qui n’est manifestement pas votre cas comme d’autres bas de plafond qui s’indignent de mes avis…Encore un exemple, modéré par Liège 28 : j espere que est une plaisenterie. vous nous saoulez avec votre racisme, conchitanisme,homophobies et autres ! A force de l employer a toute les sauces comme de vraies imbeciles lobomotisés, vous allez le rellancer pour de bon !

        Devant un tel déferlement – et c’est pire dans la réalité vécue par Sud-Presse  – les milieux de presse se doivent de réfléchir. Confronté à semblable problème,  El watan, quotidien algérien a décidé de suspendre momentanément la publication de ces réactions. Tout en maintenant sous le titre d’un article, l’invitation Réagissez, depuis quelques jours, en dessous du texte du journaliste, il est écrit : El watan a décidé de suspendre provisoirement l’espace réservé aux réactions des lecteurs, en raison de la multiplication de commentaires extrémistes, racistes et insultants.

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        Notre confrère El watan est férocement attaché à la liberté d’expression.  Le directeur de ce journal de référence, Omar Belhouchet, a été condamné plusieurs fois à la prison par le régime en place pour s’être montré critique envers les autorités. Il connaît mieux que personne la valeur de la liberté d’expression mais il sait également que ne peuvent se revendiquer de cette liberté les  commentaires extrémistes, racistes et insultants.