En octobre 1976, lors de la séance de rentrée du Conseil Provincial, le Gouverneur de la Province de Liège Gilbert Mottard exhorte les Liégeois(e)s à conserver un témoin majeur de l’activité charbonnière. Une industrie qui a pris racine –si on ose ce mot – chez nous dans tous les sens du terme dès le 11ème -12ème siècle. Lors de la découverte du charbon de terre, celui-ci est appelé houille, un mot qui vient du wallon hoye. Jean d’Outremeuse attribue la découverte de charbon de terre au forgeron de Plainevaux, Hullos. Les maîtres charbonniers et leurs ouvriers sont connus. La dynastie des Planchar a régné des siècles à Montegnée. Il y a eu l’Édit d’Ernest de Bavière sur les areines. Il y a eu la loi Mirabeau. Le bassin minier de Liège tout comme sa prestigieuse École des Mines est réputé à l’international. La bataille du charbon est gagnée chez nous. Puis à partir des années 60, au 20ème siècle le déclin de nos charbonnages commence.
L’appel du gouverneur Mottard est entendu. Deux projets sont en lice : Cheratte et Trembleur à Blegny. Il appartient au Ministre de la Culture, Jean-Maurice Dehousse, de trancher. Dehousse descend dans le fond de chaque charbonnage et décide de retenir le projet de Trembleur. Ce choix a été opéré fin 1978, seize mois avant la fermeture du site, ce qui a permis d’intégrer son réaménagement dans les travaux liés à la fermeture et d’éviter la vandalisation des infrastructures a rappelé le Président de Blegny-Mine, Abel Desmit, lors de l’inauguration de l’exposition de photos Trente-cinq ans déjà ! trois regards sur une métamorphose (1).
La mine de Trembleur a été la dernière mine de la province de Liège à être fermée, le lundi 31 mars 1980. En juillet de la même année, le dimanche 6, dans le cadre des 150 ans de l’indépendance de la Belgique, le Roi Baudouin a inauguré le site de Blegny-Mine. Un des pionniers d’une discipline encore naissante, l’archéologie industrielle, et être le premier charbonnage du continent européen à s’ouvrir à la visite touristique via le puits d’origine.
En juillet 2012, Blegny-Mine a été inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce titre prestigieux a également été attribué aux sites miniers majeurs de Wallonie , Le Bois du Cazier, Bois-du-Luc et Grand-Hornu.
L’exposition Trente-cinq ans déjà ! trois regards sur une métamorphose est en quelque sorte une ode à la mine et aux hommes, femmes et enfants qui, durant huit siècles, ont consacré leur vie à l’exploitation des entrailles de la terre liégeoise. Des photos d’art, d’amour, de tendresse réalisées par trois photographes qui ont des attaches avec la mine. Alfred Janssen-Reul est un ancien mineur qui a arraché la houille au charbonnage du Trembleur. Paul Donnay est un des fondateurs de la Confrèrie des Maîsses Houyeûs dè Payis d’Lîdje et Théo Bellefroid, passionné de mines dès son enfance à Saint-Nicolas a légué à Blégny-Mine, sa très belle et riche collection de photos. Fait exceptionnel de cette exposition, pratiquement chaque visage de mineur porte un nom. En effet, le Gouverneur honoraire de Liège, Paul Bolland a mis son œil de lynx pour identifier des têtes qu’il a jadis bien connues !
(1) Trente-cinq ans déjà ! trois regards sur une métamorphose – salles d’exposition de Blegny-Mine – Rue Lambert Marlet 23 Blegny – jusqu’au 31 août 2015 – 13h à 18h – Infos : 32 (0)4 387 43 33 www.blegnymine.be