Le Corps consulaire de la Province de Liège (CCPLg) a célébré le centenaire de son existence en 2014 (cfr Liège 28 du 14/11/2014). Dès lors, il est permis de dire qu’il vient d’organiser, ce week-end d’Ascension, le premier voyage de son deuxième siècle. Destination Rome vu que sur les trente-cinq ambassadeurs choisis, depuis 1832, pour représenter la Belgique auprès du Saint-Siège, le poste, depuis novembre 2014, est dévolu à un Liégeois, Bruno Nève de Mévergnies. Pour la petite histoire, précisons que les relations diplomatiques entre les deux États ont été rompues par la Belgique de 1880 à 1885 à l’initiative du Chef de Cabinet et ministre des Affaires étrangères, le Liégeois Walthère Frère-Orban.
Outre des séances de travail au Ministère italien des Affaires étrangères, la Farnesina et à l’ambassade belge où le CCPLg a fait connaissance des consuls honoraires belges en Italie, le programme a inscrit la Fondation Lambert Darchis réservée depuis 1696 aux artistes liégeois. C’est à ce collège que la ville de Liège doit presque tous les bons artistes, qu’elle a possédés et possède encore a estimé André-Modeste Grétry qui a été l’hôte en 1759 de la maison sise Via Monte d’Oro, acquise par les exécuteurs testamentaires de Lambert Darchis.
Né à Milmort en 1625, Lambert Darchis se fixe très tôt à Rome où il amassa une fortune assez considérable en sa qualité d’agent de la cour selon la Biographie nationale. Celle-ci précise qu’il aimait les arts et appréciait ses compatriotes. Lambert Darchis, nature généreuse, par son testament du lundi 22 octobre 1696 crée un collège à Rome pour accueillir gratuitement, durant cinq ans maximum, les jeunes liégeois, signalés pour leur aptitude pour les sciences et les beaux-arts.
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Au 18ème siècle, les fonds ont permis d’héberger en permanence dix-huit personnes dont Jean-Noël Hamal, son neveu Henri Hamal, Léonard Defrance, André-Modeste Grétry, Joseph Dreppe. À la Révolution française, le collège est fermé mais des aides sont encore accordées. En 1823, le gouvernement des Pays-Bas reconnaît à la députation permanente du conseil provincial de Liège le droit de désigner les pensionnaires dont le nombre est de douze. En 1842, la députation permanente se plaint que les bourses Darchis soient administrées par des ecclésiastiques sous la surveillance de la cour romaine. Elle exige des administrateurs liégeois et refuse que des bourses soient accordées à des étudiants en droit ou en théologie. Rome fait le gros dos et conteste le droit de nomination à la députation permanente, lui concédant, tout au plus, celui de faire des propositions. À la mi 19ème siècle, un accord est trouvé, les administrateurs sont liégeois et les bourses partagées entre artistes et ecclésiastiques. Parmi les boursiers du 19ème, l’abbé Antoine Pottier, Louis Simonis, Adrien de Witte, Léon Mignon. Parmi ceux du 20ème, l’abbé Guillaume van Zuylen, l’abbé Éric de Beukelaer, Richard Heintz, Jean-Pierre Ransonnet, Maurice Musin.
Actuellement, au 21ème siècle, le siège de la Fondation Lambert Darchis est à Rome, 40 Via del Sudario, I – 00186 Roma, dans les bâtiments de la Fondation Saint-Julien des Flamands. Le conseil d’administration est présidé par un Liégeois, l’abbé Alphonse Borras, Vicaire général du diocèse de Liège. La Fondation Lambert Darchis est reconnue juridiquement par un acte authentique du 15 avril 2004. Cet acte précise l’objet social : la Fondation a pour fin d’offrir, selon ses facultés, par le moyen de bourses d’étude, la possibilité de bénéficier de tout ce que Rome représente en fait de richesse chrétienne et artistique, à de jeunes Liégeois désireux de compléter leur formation dans le domaine des sciences ecclésiastiques et des beaux-arts. Aucune bourse ne peut être octroyée cette année académique 2014-2015 par la Fondation, en raison des circonstances économiques actuelles et de travaux coûteux de rénovation de l’immeuble Via Monte d’Oro dont une façade arbore le perron liégeois.
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Photos : ambassade belge auprès du Saint-Siège, testament de Lambert Darchis, fondation Saint-Julien des Flamands.