Blattchen reçoit dans noms de dieux du 31 janvier Lucien François, créateur du « jurème »

 

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        Diffusée ce samedi 31 janvier, l’émission noms de dieux a été enregistrée le mardi 2 décembre 2014 soit avant les événements de janvier. Plongés dans un actualité bouleversante, les propos tenus par l’invité d’Edmond Blattchen, Lucien François (1) n’en sont que davantage percutants.

        Dès le titre qu’il écrit noms de dieux :noms de ?, au choix de l’image, une pièce monnaie du IIIème Reich avec la phrase Du bist nichts, dein volk ist alles (traduction : tu n’es rien, ton peuple est tout) ou la phrase il faut respecter les opinions de tous, Lucien François avec des mots simples dénonce les confusions et en appelle à la rigueur et à la responsabilité.

         Né à Chênée, juriste, Lucien François enseigne, à l’ULg, le droit social, le droit pénal et l’évolution de la philosophie du droit à l’époque contemporaine. Magistrat, il siége au Conseil d’État et à la Cour  constitutionnelle tout en conservant sa chaire de philosophie du droit.  Dans une chronique parue en juin 1992 , le Journal des Tribunaux décrit ce cours où après avoir exposé scrupuleusement les idées de quelques grands penseurs, Lucien François joint les siennes, par souci d’honnêteté, pour que les étudiants soient au courant de ses préférences. Il les a consignées dans un volume relativement mince : « Le problème de la définition du droit » qui est et, heureusement, reste souvent dans les mains de tous les étudiants liégeois, même après qu’ils ont passé un examen redouté. Qui veut connaître Lucien François doit le lire …

        Effectivement Lucien François a écrit mais pas à la-va-vite. Ainsi, il a consacré quinze ans à rédiger Le Cap des Tempêtes, essai de microscopie du droit (2). Considéré comme une œuvre de démystification du droit par le droit , cet ouvrage a enrichi la langue française d’un néologisme le jurème, qui se définit le plus petit élément spécifique du droit, sa particule élémentaire. Autre vertu du Cap des Tempêtes relevée par le professeur à l’École  de droit de la Sorbonne, Pierre Mayer : , une œuvre d’une très grande qualité littéraire, où l’élégance du style, la rigueur de la pensée et un humour d’autant plus délectable qu’il ne se donne jamais pour tel se combinent harmonieusement.

        Tout au long de ce noms de dieux, Lucien François se montre rationaliste rigoureux, agnostique sceptique, libre penseur pour qui le doute et l’esprit critique constituent les armes les plus sûres contre les dérives majeures qui menacent notre époque, et notamment le grégarisme et le fanatisme. Bref, tel son portait tracé par Edouard Delruelle : un perceur de masque qui dissout les fictions, démontre les artifices, afin d’atteindre le sous-sol des rapports de force véritables.

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(1)    Diffusion  le samedi 31 janvier 2015 sur « la deux » vers 22h40. Rediffusion dans la boucle de nuit  sur « la deux » du 3 février dès 01h40. Sans oublier, la possibilité de voir l’émission durant une semaine sur le Net, en cliquant sur www.ladeux.be/revoir

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(2) Le cap des Tempêtes – Lucien François – Préface Pierre Mayer – Éditions Bruylant (Bruxelles) et LGDG (Paris) – 2ème édition – Paru en août 2012 – 334 pages – 58€