Hubert Grooteclaes, l’autodidacte d’Aubel, créateur de l’école liégeoise de la photographie universellement reconnue !

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        Deuxième rétrospective à Liège de l’œuvre  du photographe Hubert Grooteclaes (1). La première a eu lieu, il y a plus d’un quart de siècle, en 1987, en la salle Saint-Georges. À l’époque,  Grooteclaes a déclaré : Rétrospective ? Une façon agréable de sentir que l’on devient vieux. Aujourd’hui, sa voix d’outre-tombe dit : Rétrospective ? Une façon agréable de sentir que l’on reste jeune !

        Outre ses deux rétrospectives liégeoises, l’artiste a, à son actif, 102 expositions. Je ne tiens déjà pas compte des expositions de groupe. C’est ridicule. Je ne tiens compte que de mes expositions personnelles (…) Je suis un orgueilleux, ça sûrement …c’est pas un défaut.

        102 expositions, un peu partout dans le monde, notamment à Paris, Londres, Turin, Washington, Tokyo, Hiroshima, Lille (Festival anarchiste).  Une morale de l’anarchie ne peut se concevoir que dans le refus. C’est en refusant que nous créons. Je vous parlerai plus volontiers de beauté que de technique. C’est pour moi l’essentiel. Elle me permet de sublimer l’ordinaire en marge des conneries quotidiennes. Je m’efforce toujours d’asseoir la photographie comme une fête de l’intelligence.

        Pour ses vingt ans, sa maman offre à son fils, orphelin de père dès l’âge de six ans, un Zeiss Ikon. Depuis la fin de sa poésie au collège Saint-Hadelin, à Visé, Hubert Grooteclaes assiste sa maman, fromagère à Aubel. Il continue d’exercer ce métier jusqu’à ses vingt-sept ans. La photo est son hobby.  Il en fait son boulot, son art.

        Le 14juillet 1963, son ami Léo Ferré  (2) le qualifie l’homme avant le déclic, pour être le vol avant l’oiseau qui doit sortir forcément de vos boîtes amicales.Vingt ans plus tard, le Liégeois Joseph Orban écrit : quand Grooteclaes déclenche son obturateur, ce n’est pas une machine qui bâille, c’est un cœur qui impressionne la lumière. Des mots qui font mouche auprès d’Hubert Grooteclaes ; Je crois qu’un artiste demande à être aimé. C’est tout (…) déjà de rencontrer des gens qui aiment bien ce que vous faites, c’est agréable.

       Le paradoxe de Grooteclaes, l’autodidacte, c’est d’être à l’origine de l’école liégeoise de la photographie en enseignant à l’École Supérieure des Arts Saint-Luc de Liège. La prise de vue, c’est vite fait (…) C’est alors que c’est difficile. Après, c’est tout noir, tout seul dans le noir. Recommencer, ne jamais être content. De ses étudiants, Grootclaes demande qu’ils soient passionnés (…) J’essaie qu’ils aient un jugement juste pour la photo. Et ça, c’est déjà difficile. Il faut savoir ce qui se fait un peu partout. Il faut s’être trompé très souvent et se remettre en question, toujours. Ne jamais être sûr de soi…  j’essaie que mes élèves puissent montrer leurs photos à Amsterdam, à Milan, à New-York sans qu’on leur rie au nez. C’est difficile, mais c’est comme ça. Autrement, si vous voulez plaire à Amay, ou à Houtsiplout, c’est facile: il ne faut pas surprendre.

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(1)  Rétrospective Hubert Grooteclaes – Grand Curtius, Féronstrée 136 – Jusqu’au 8 février 2015 – fermé le mardi

(2)  Apéro littéraire musical, le 16 janvier 2015, 18h – Grand Curtius – Erno le Mentholé face à Léo Ferré

      Hommage à Léo Ferré, le 18 janvier 2015, 20h30 – Théâtre de Liège – Relecture d’œuvres de Ferré en jazz par Gianmaria Testa, Paolo Fresu, Roberto Cipelli, Attilio Zanchi, Philippe Garci – Réservation Aquilone 0496 21 50 46 et Théâtre de Liège 04 342 00 00 – PAF 25 €