La chronique de Marcatchou : UNE PLACE AU SOLEIL (2)

UNE PLACE AU SOLEIL (2)

Les avatars de la place de l’Yser La maison de campagne de Bernardin Porquin était alors la plus belle demeure de la rive droite, sinon de toute la cité. Devenu capitaine de la Garde bourgeoise d’Outre-Meuse, notre banquier y jouira des agréments que procurent une résidence champêtre et l’estime générale de ses concitoyens. La vie s’écoulera, douce, de 1568 à 1579, année de sa mort. Cinq ans plus tard, ses filles vendront le domaine au prince-évêque Ernest de Bavière devenu chef de l’Etat liégeois en 1580. Ce prélat a la magnificence des Habsbourg et les curiosités d’un prince renaissant. Dans son palais d’Outre-Meuse où il résidera parfois avec sa cour, il s’adonne à l’astronomie et à la chimie,admiré par ses gens et quelques invités de marque.

Cette appréciation est moins élogieuse sous la plume du docteur Fremder, pseudonyme d’A. Morel, émigré français qui n’aimait ni les prélats,ni les princes, et publia chez nous, dans la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs guides à l’usage des voyageurs. Je vous laisse juge : « L’évêque, infatué des promesses du grand œuvre, s’en allait là souffler des fourneaux, chauffer des cornues et quintessencier des substances quelconques avec l’espoir d’en faire de l’or. N’ayant réussi qu’à évaporer beaucoup de florins sous forme de fumée, il s’arrêta et résolut de métamorphoser ses laboratoires en hôpital. »

Comprenons qu’Ernest de Bavière vieillissant, se faisant rare dans sa principauté, céda en 1603 sa maison d’Outre-Meuse à la jeune Compagnie de la Miséricorde chrétienne dont il venait d’approuver les statuts, à charge pour elle d’y soigner les indigents malades. Des mauvaises langues colportèrent qu’il croyait sauver ainsi son âme d’alchimiste et de bon vivant. Quoiqu’il en soit, l’hôpital de Bavière était né.

Sautons deux siècles et écoutons le témoignage du professeur Ernest Malvoz égrenant ses « Souvenirs estudiantins » pour la revue « Le carabin » : «  Du palais d’Ernest de Bavière, je ne puis m’imaginer qu’il restait des vestiges dans le vieil hôpital où j’ai fait mes études en « 1883-1886 ». Il est vrai qu’on y avait annexé à l’époque moderne quelques constructions sans aucun style pour les services de chirurgie .» Dans ces installations rudimentaires enseignèrent et opérèrent des savants de renommée internationale… Vous me suivez toujours ? La semaine prochaine, si plêst-à Diu, je vous embrigaderai dans la croisade pour la sauvegarde de la maison Porquin.

MARCATCHOU  

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