La chronique de Marcatchou : UNE PLACE AU SOLEIL.

UNE PLACE AU SOLEIL (1).

        Sur la place de l’Yser, l’entrepreneur de démolition Castagnetti castagne ferme contre les structures de l’ancien « Nouveau Gymnase », devenu Théâtre de la Place, et dans un ultime avatar le Théâtre à la place… scène ouverte, « autogérée » où se succédèrent le meilleur et le pire du répertoire engagé, créations, happenings, etc. Cette place avec sa couronne d’arbres, qui devait être un poumon vert au cœur du Djus-d’là, en aura vu de toutes les couleurs, depuis son revêtement de cendrée rouge sur lequel se disputait le championnat provincial de pelote. Il nous faudra cependant remonter haut dans l’histoire –la grande et la petite- pour comprendre l’importance de cet endroit, l’intérêt que lui portent les habitants de la rive droite, et les enjeux des futurs aménagements. Êtes-vous disposés à me suivre au long de deux ou trois chroniques ? En ce début d’automne, je veillerai à ce que les pages du livre d’histoire(s) que nous tournerons ensemble ne soient pas des feuilles mortes. Pour y mettre de la vie et du bruit, retrouvons Castagnetti  aux prises avec ce théâtre préfabriqué, copie conforme d’une maison de la Culture, de Nice.

        Elle fut importée dans l’urgence, pour pallier la disparition du Gymnase, tombé au champs d’horreur du chantier de la place Saint-Lambert, avec les Degrés-Saint-Pierre, le square Notger et son magnolia qui fleurit encore dans nos souvenirs. Ce théâtre de comédie « ad intérim » était prévu pour une durée de vingt ans. Il eut largement le temps de s’enraciner, si l’on se souvient des tergiversations du pouvoir communal avant de décider sa démolition. Si l’on en croit aussi les moyens techniques mobilisés par Castagnetti.

        Mais laissons-là conteneurs et charroi, grues et bulldozers pour remonter dans le temps et retrouver ces lieux à l’époque des biefs et des moulins, dans un Outre-Meuse demeuré champêtre, quand il faisait partie de l’archipel que dessinaient alors les nombreux bras de l’Ourthe. Au milieu du XVIIe siècle, Bernardin Porquin, un banquier d’origine lombarde, fit bâtir sa maison de campagne sur cette île idyllique, baignée par les eaux du Barbou. Construite pour l’essentiel en pierre calcaire, elle impressionna les bonnes gens de l’endroit qui l’appelaient « li mohone di marbe ». On ne prête qu’aux riches, n’est-ce pas ? Les armoiries de Bernardin Porquin se remarquent dans un vitrail de la chapelle de Bavière : elles montrent un porc, du plus beau noir. Oui, un cochon, comme son nom francisé vous le laissait (peut-être) supposé… (à suivre)

    

Marcatchou

Jean Denys.jpg