L’accent liégeois, aigu ou grave ?

        Le Moniteur en date de fin septembre 1946 publie un arrêté du Régent, pris le mardi 17 septembre 1946,  stipulant : le nom de ville de Liége s’écrira désormais « Liège ».

        Cet arrêté répond au vœu d’une délibération du Conseil communal  du lundi 3 juin 1946 qui a notamment  revu une autre – datant du vendredi  9 juillet 1880 – approuvant l’orthographe « Liége » mise en évidence par une liste officielle du Ministère de l’Intérieur, poste occupé par l’éminent Gustave Rolin-Jacquemyns.

        Les conseillers communaux de l’époque choisissent Bruxelles de préférence à Paris. En 1878, dans la septième édition de son dictionnaire, l’Académie française a estimé, en effet, qu’un certain  nombre de mots se prononcent depuis longtemps avec un accent grave alors qu’ils continuent de s’orthographier avec un accent aigu. Selon l’Académie, il  convient d’harmoniser prononciation et orthographe. D’où, la profusion d’accent  grave.

        Notre consœur La Gazette de Liége s’est toujours refusé de se soumettre à la décision prise en 1946 sous le mayorat du socialiste Paul Gruselin.  Il y a quarante ans, dans la revue Si Liège m’était conté, le chroniqueur Jean Brose a relevé un détail amusant, le siège de ce journal est pourvu d’une annonce lumineuse ou Liège est indiqué avec un accent grave. Ce temps est révolu où le quotidien possède sa rédaction et son imprimerie rue des Guillemins.  Révolu aussi le temps où le quotidien liégeois se targue d’être le plus fort tirage de la Wallonie. Révolu aussi le temps où Liege s’est écrit sans accent. Ce dernier temps s’est arrêté vers 1790.