De passage à Liège, le duc de Richelieu s’intéresse à la Binamêye revolucion.

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        Petit-neveu du Cardinal de Richelieu, Armand-Emmanuel du Plessis, duc du Richelieu sollicite en 1790, des autorités françaises issues de la Révolution un passeport pour remplir ses engagements. En effet, quoique Français, le duc s’est mis au service de la Russie. Potemkine a besoin  de ce jeune Français – né le jeudi 25 septembre 1766  – pour mener à bien la guerre contre l’Empire ottoman, conflit entamé en 1787 dans le but de permettre à la Russie d’accéder aux mers du Sud.

        Le passeport est octroyé. Le duc n’est pas considéré tel un émigré dont les biens sont saisis. En revanche, il promet de revenir  aussitôt la guerre finie et désire que les connaissances qu’il acquerra le mettent  à la portée de concourir un jour à la gloire de la patrie.

        Le duc se met en route. Le jeudi 2 septembre 1790, celle-ci l’amène à Liège une grande ville sur la Meuse : elle peut contenir trente mille habitants ; on ne peut pas dire qu’elle soit belle, mais elle est peuplée et vivante, ce qui fait qu’elle paraît assez agréable.

        Ce diplomate,  bon enfant des Lumières, tendance Fénélon et Montesqieu, est au courant de la Binamêye revolucion  du 18 août 1789. Cette révolution, qui, à juste titre, a attiré l’attention de l’Europe, est une des singularités de l’époque dans laquelle nous vivons.

        Le duc fait remonter les causes de cette Binamêye revolucion  à la position prise par le Prince-Évêque  Maximilien-Henri de Bavière. La source des différends des États et de l’Évêque est l’élection des magistrats. Jusqu’en 1684 le peuple a joui du droit de les élire. À cette époque un évêque qui était de la Maison de Bavière, et sûr par conséquent d’être soutenu dans ses entreprises, prétextant les troubles que ces élections occasionnaient, s’empara du droit de les nommer, et depuis ce moment les évêques ont toujours joui de cette prérogative.

        L’année dernière, la révolution de France ayant donné le branle à tous les esprits, la suite est connue.  La Chambre impériale de Wetzlaer s’en mêle et ordonne au roi de Prusse, en sa qualité de duc de Clèves, de faire marcher un corps de troupes contre les révolutionnaires principautaires. Mais surprise, ceux-ci reçoivent ses troupes en libérateurs. En effet, ils étaient à peine dans Liége que le Roi de Prusse fit faire à l’Évêque des propositions tendant à remettre les choses sur le pied où elles étaient avant 1684, ce qui était précisément le point de la contestation.

        Le Prince-Évêque Constantin-François de Hoensbroeck s’entête, dit non. La Chambre impériale de Wetzlaer s’obstine et envoie de nouvelles troupes. Telle est la situation au moment où le duc de Richelieu reprend  la route le samedi 4 septembre 1790.  De dessus cette hauteur, on a encore une très vue de la ville de Liége et de toute la vallée où elle est située. Le pays que l’on traverse est superbe et très peuplé, il est surtout fertile en pâturages et la quantité des bestiaux est énorme.

        Le duc de Richelieu arrive à temps en Russie pour participer  le mercredi 12 décembre 1790 à la bataille victorieuse d’Ismaël. La tzarine Catherine II lui remet une épée en or et le décore de l’ordre de Saint-Georges. En 1792, le traité de Iassy accorde la Crimée à la Russie.

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