THEÂTRE A SPA A L’HEURE DU ONE MAN SHOW : DECEVANT PARFOIS MAIS MAGISTRAL GRACE A ASCANIO CELESTINI ET DAVID MURCIA !

 

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THEÂTRE A SPA A L’HEURE DU ONE MAN SHOW : DECEVANT PARFOIS MAIS MAGISTRAL GRACE A ASCANIO CELESTINI ET DAVID MURCIA !

Huitième des onze jours du 55ème Festival Royal de Théâtre de Spa, ce mardi 12 Août 2014, deux des cinq lieux de représentation n’étaient pas utilisés : le Salon gris (où trois pièces étaient programmées trois fois soit neuf soirs sur onze à 18h30’) et la Salle des Fêtes (où les après-midis à 15h30’ des goûters étaient offerts lors de cinq rencontres et de trois lectures auxquelles on ajoutera deux concerts de fins de soirée).
 
Mardi dernier le choix des festivaliers était réduit à un spectacle à l’Hôtel Radisson à 19 heures et à une des deux représentations plus tardives à 20h30’ au Théâtre Jacques Huisman ou bien à 21 heures au Salon bleu.

Sans compter techniciens ni personnel de salle, combien de comédiennes et de comédiens pouvions nous voir dans ces trois spectacles ?

Le total est aisé à calculer : trois acteurs, un par représentation.

La programmation d’une telle soirée constitue un bon exemple de ce à quoi la co-direction du Festival est contrainte faute de moyens qui ne cessent de décliner puisque leur stagnation s’est aggravée en fonction de l’évolution des coûts du secteur pendant les dix
années  d’indifférence de la ministre anderlechtoise aujourd’hui compétente pour la propreté publique à Bruxelles.

Répétons donc comme Cécile Van Snick a demandé que cela soit fait avant chaque représentation : « LE FESTIVAL EST EN SURSIS ». . .

Mardi après « La danse du fumiste » de Paul Emond nous avons choisi « Discours à la Nation » d’Ascanio Celestini  plutôt que « L’Ami des belges » de Jean-Marie Piemme.

A l’issue de la représentation du premier de ces trois « one man show », mon épouse a eu ce commentaire (juste comme toujours de sa part) : « C’était quand même une belle performance d’acteur ».

Certes !

Et que grâces en soient rendues  à Gilles-Vincent Kapps.

Mais cette performance conduit dans une impasse, une fumisterie pour nous sans intérêt.

Nous avons par contre heureusement fait le bon choix pour notre seconde représentation de cette soirée (nous n’écrivons pas le meilleur car nous ne connaissons pas la pièce de Piemme et parce que lors de ce Festival il nous a été dit que nous aurions le week-end
raté un chef d’œuvre « Mangez le si vous voulez » de Jean Teulé mis en scène et interprété par Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève).

Ascanio Celestini (adapté en français par Patrick Bebi) est le digne continuateur de Dario Fo.

Cette fois ce n’est pas pour lui mais pour le grand acteur David Murgia qu’il a écrit et mis en scène un décapant « Discours à la Nation ».

Et c’est à un représentant de la classe dominante qu’il donne la parole pour se gausser en termes caustiques, parfois simplement ironiques mais souvent féroces et cyniques, de ces pauvres types de la classe des dominés dont les vieux engagements idéologiques peuvent être avec jubilation retournés contre eux.

La docilité des exploités, la démission des politiques et des syndicalistes, les exigences d’un marché mondialisé ultralibéral conduisent à supprimer toute résistance et à se moquer sans remord de celles et ceux grâce auxquels une petite minorité s’enrichit en
creusant le fossé d’une société duale entre Continents, Etats et Régions comme entre puissants et misérables, riches et pauvres.

 

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David Murgia (accompagné rythmiquement à la guitare par le compositeur Carmelo Prestigiacomo) incarne avec une parfaite décontraction apparente le personnage cruel et souriant concocté par Celestini.

Il a abaissé le masque des gens bien élevés, il retourne les couteaux dans les plaies et simultanément il est vraiment très drôle et nous a permis d’inscrire ce « Discours à la Nation » au firmament du Festival avec le magistral retour de Karl Marx.

Nous nous réjouirions enfin du fait qu’il s’agit d’une production liégeoise trop rare à Spa mais à vrai dire les réalisations du « Festival de Liège » sont plus bruxelloises que liégeoises car elles émanent du Théâtre National dit de la Communauté française et non
encore de la Fédération Wallonie Bruxelles (sans doute parce que prononcer Wallonie avant Bruxelles est dérangeant pour qui le rééquilibrage régional des budgets rabougris consacrés à « l’art dramatique » serait imbuvable).

Mais c’est au lendemain du 15 Août que nous ferons le bilan d’une organisation culturelle « en sursis ».

Jean-Marie ROBERTI