Feuilleton : Colombo, du marché à la nuit la plus longue par l’oncle Bob 1/3

 

 

        Mon ami Bogdan m’avait proposé de réaliser un court-métrage consacré à l’île de Ceylan – devenue depuis l’État du Sri Lanka -, axé sur la capitale, Colombo,la fête de la Perahera à Kandy ainsi qu‘une rencontre avec des pêcheurs Tamouls établis sur l’île depuis des millénaires. J’avais accepté car ce serait un avant-goût de l’Inde que je parcourerai plus tard sans caméra. Cette fois l’équipe se composait de quatre personnes dont un étudiant,  Patrice, de la section ‘‘Image‘‘ de l’Insas et un professionnel chilien polyvalent, Eduardo, qui s’occuperait du son.

        Je n’ai pas caché à Bogdan que j’aurais préféré filmer moi-même sans l’intermédiaire d’un caméraman car notre duo performant avait reçu un label de qualité pour notre court-métrage MABUHAY aux Philippines.

        Mon attrait pour la découverte étant plus fort que mes réticences, notre quatuor débarque à Ceylan et s‘installe dans le plus bel hôtel de la capitale, Colombo. Bogdan Leszniak avait l’art de choisir les hôtels les plus raffinés. Ces goûts de luxe relevaient de sa généalogie princière. Le Mount Lavinia hôtel, cet édifice remarquable date de la colonisation anglaise. Situé en front de mer, il a gardé les boiseries et les parquets de l’époque coloniale. On a la sensation de se plonger dans l’histoire de l’Empire Britanique et du tout-puissant gouverneur général aux ordres de Sa Majesté

        J’ai décidé de partir en repérages avec Bogdan et de laisser nos deux équipiers récupérer des fatigues du voyage.

        Nous suivons des arcades pour pénétrer dans le quartier commerçant et au marché de Pettah. De nombreux portefaix attendent les clients. Une foule dense et bigarrée circule en tous sens. J’achète une montre dans une boutique, me l’attache au poignet et insère le billet de cinq roupies remis par le commerçant dans la poche avant de ma chemise. Sortis du magasin, nous déambulons dans la foule. Un personnage revêtu d’une sorte de djellaba blanche tente à plusieurs reprises de prendre mon poignet gauche pour y passer un chiffon destiné à nettoyer la montre; sans doute pour la voler. Je le repousse légèrement et, en revenant vers moi, il saisit le billet de cinq roupies qui se trouvait dans la poche de la chemise. Je parviens à lui coincer le bras en lui disant de remettre ce qu’il vient de prendre. Il commence alors à m’invectiver et à appelle les portefaix à l’aide. Nous sommes rapidement entourés d’une foule menaçante qui se presse et nous incite à libérer le voleur. Je décide de lui lâcher le poignet et il disparaît dans la foule qui peu à peu reprend ses activités.

        Cette première prise de contact avec les réalités cinghalaises est désagréable mais une telle situation pourrait se dérouler dans n’importe quel pays et nous nous réconfortons au bar de l’hôtel avec un thé de Ceylan.

        Nous décidons de ne pas parler de cette mésaventure à nos équipiers tout en les incitants à la prudence s’ils envisageaient une sortie nocturne.

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(à suivre)