S’il ne fait nul doute que Charlemagne soit mort, à Aix-la-Chapelle, le 28 janvier 814, d’une méchante pleurésie, le lieu de sa naissance reste indéterminé. Rien que dans la région liégeoise, Herstal et Jupille se disputent cet honneur. À l’inauguration de l’exposition Charlemagne et Liège (1), il s’est raconté que récemment, la ville d’Herstal a été très surprise d’entendre un participant à un colloque savant lui assurer que le concitoyen qu’elle revendique est né … aux abord de Paris ! Il vrai qu’en le présentant tel un homme d’État français, un autre biographe prétend qu’il est né au château de Saltzbourg dans la haute Bavière…
Retour à l’exposition Charlemagne et Liège organisée à l’initiative des Disciples de Charlemagne, une confrérie jupilloise philanthropique fondée à la Libération. Confrérie septuagénaire, sa devise : s’amuser pour faire plaisir aux autres. Michel Faway la préside.
La présentation de la dynastie carolingienne ne fait pas mention qu’avant d’être sacré empereur d’Occident à Rome par le pape Léon III, le jour de Noël 800, Charlemagne a été, en 768, sacré Roi de France, à Noyon. Évêché inauguré par Médard, un saint peu apprécié par les Disciples de Charlemagne vu ses rapports avec la pluie. Après Charlemagne, tous les Monarques de France (à l’exception de Napoléon 1er et Louis XVIII) jusqu’à Charles X ont choisi Reims pour y être sacrés.
Autres pièces exposées : des carolus susceptibles d’intéresser les numismates et autres vestiges carolingiens.
Signalons également la part généreuse faite à la statue équestre de Charlemagne. Dans l’esprit du sculpteur Louis Jehotte, seule la place Saint-Lambert dégagée de tout débris de la Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert est digne d’accueillir son chef d’œuvre. Incontestablement, Liège conteste. Finalement, le chef d’œuvre est relégué à un endroit qui, à l’époque, se situe quasi à la campagne. Une citation latine accompagne les niches abritant les ancêtres de l’Empereur dont Pépin de Herstal : grand dans la guerre, plus grand encore dans la paix. Une paix qu’il n’a connu réellement qu’éternelle ! Charlemagne, un sacré gaillard qui aime les batailles, les femmes (cinq épouses, quatre concubines – aucune Liégeoise -, moult maîtresses), les arts, la vie quoi !
Le jour de l’inauguration de la statue équestre, le chanteur de rue Joseph Mousset dit Hasserz, surnommé le Béranger liégeois y va d’une pasquèye célébrant l’Empereur qui tend la main, pour voir s’il pleut. Le personnage à la Daumier (2) du Béranger liégeois ajoute du comique à cet événement majeur du 19ème siècle. Rond come on tonê, frèzé come ine catche, avou ‘ne lêdenarène qui lî pindéve inte lès massales fî parèy qu’ine èssègne so l’ façåde d’ine gargote (rond comme un tonneau, grêlé comme un fruit au four, avec un laid nez qui lui pendait entre les joues tout juste à la manière d’une enseigne sur la façade d’une gargote).
(1) Charlemagne et Liège – du 4 au 12/05 – salle polyvalente du Grand Curtius -10/18 h sauf le mardi accès gratuit
(2) Extrait d’un texte de Daniel Droixhe (ULB et ULg) publié sur le site orbi.ulg.ac.be