Face à cet événement qui a bouleversé le monde entier – la guerre 14-18 – la Province de Liège a vu se dérouler sur son territoire des évènements historiques.
Le 4 août 1914 – jour de la déclaration de guerre de l’Empire allemand au Royaume de Belgique – à 10h du matin, Antoine Fonck est abattu, d’une balle dans la nuque tirée par un soldat du 53ème régiment de Uhlans à Thimister, au lieu-dit la croix Polinard. Antoine Fonck est un Verviétois engagé volontaire à ses dix-huit ans au 2ème régiment de Lanciers, caserné à Liège, boulevard de la Constitution. Moins de deux mois après être rendu à la vie civile, il est mobilisé le 28 juillet 1914. Le 4 août, il effectue sur son cheval, une mission de reconnaissance. Près de la ferme Bolsée, à Thimister, il aperçoit un petit groupe de cavaliers allemands. Paisiblement, il met pied à terre, attache son cheval et vise le groupe. Un des soldats s’écroule et le groupe se disperse. Le cavalier Antoine Fonck en selle poursuit sa mission de reconnaissance. Les Allemands se ressaisissent, Échange de tirs, le cheval de Fonck est tué, son maître se dégage et cherche à sauver va vie. Il est le premier soldat belge victime de la Grande guerre.
Le 6 août, la population thimistérienne procède aux obsèques d’Antoine Fonck, le drapeau belge sur son cercueil. L’écolier Jean Habay prononce ces quelques mots : Nous demandons d’aimer la Belgique, notre mère, comme Fonck l’aima (…) Soldat Fonck, aujourd’hui sur ta tombe, les jeunes garçons de Thimister, des soldats de l’avenir, te saluent et te prendront pour modèle. Vive le Roi ! Vive la Belgique !
Le 7 août, Gaston Doumergues, ministre français des Affaires étrangères soumet au Président de la République Raymond Poincaré, un projet de décret visant à attribuer à Liège la Légion d’Honneur. Au moment où l’Allemagne, violant délibérément la neutralité de la Belgique, reconnue par les traités, n’a pas hésité à envahir le territoire belge, la ville de Liège, appelée, la première, à subir le contact des troupes allemandes, vient de réussir, dans une lutte aussi inégale qu’héroïque, à tenir en échec l’armée de l’envahisseur. Poincaré signe le décret publié au journal officiel le 8 août.
Ce même 7 août, le général de brigade allemand Erich Ludendorff parade sur la place Saint-Lambert à Liège. Il se croit vainqueur mais les 12 forts de Liège tiennent l’envahisseur en échec.12 forts alors que le général Henri-Alexis Brialmont, concepteur de la cuirasse de Liège, en a voulu un treizième – le fort de Lixhe – mais, fin du 19ème siècle, le parti catholique majoritaire au Parlement belge lui a refusé les crédits nécessaires. Il faut savoir qu’entre le vote du 1er juin 1887 prévoyant un budget de 24 millions de francs-or et le montant des dépenses réalisées en1892, 71 millions six cent mille francs-or. Échaudé, le Parlement refuse les crédits nécessaires à la construction du fort de Lixhe. Le général Brialmont déçu adresse aux parlementaires cette phrase prémonitoire : un jour, on pleurera des larmes de sang pour n’avoir pas construit le fort de Lixhe. Effectivement, par la trouée de Visé, 15.000 soldats allemands se sont engouffrés pour franchir la Meuse et atteindre Liège
La Province de Liège a placé Antoine Fonck dans le logo – imaginé par son service de communication – qui accompagne toutes les manifestations de commémoration de la guerre 14-18. Le programme intégral se trouve sur le site de la Province – www.provincedeliege.be/fr/evenement – et commence en août 2014. Nombre de chefs d’État et de gouvernement vont faire le déplacement à Liège. Sa Majesté la Reine Mathilde accompagné de son mari les accueillera à Liège.
Si Antoine Fonck est le premier soldat belge, le premier soldat tombé sur le front occidental de la Grande guerre a été un Français, le caporal Jules-André Peugeot qui a eu le temps de tuer le sous-lieutenant allemand Albert Mayer qui, auparavant, l’a blessé mortellement. C’est en quelque sorte une confirmation des propos du général Henri-Alexis Brialmont : à la guerre, on tue non pour tuer, mais pour ne pas être tué. L’épisode Peugeot et Mayer rappelle la bataille dans les plaines d’Abraham, à Québec – le 13 septembre 1759 – où ont péri le Britannique James Wolfe et le Français Louis-Joseph de Montcalm à la tête de leurs troupes.
La Flandre commémore également la Grande guerre. Mais à cette expression, elle préfère le Grand centenaire ou mieux encore Flanders Fields ( champs – de bataille – de Flandres). Flanders Fields est synonyme d’incommensurables souffrances humaines et dégâts matériels comme l’a écrit Kris Peeters, Ministre-Président du Gouvernement flamand.
Sur une idée de Piet Blanckaert – architecte paysager brugeois – la Flandre va tout au long de la commémoration du Grand centenaire installer des Flanders Field Memorial Garden dans les divers pays ayant participé au conflit. Dans ces jardins rien que de la terre flamande envoyés par des milliers de sac. Je considère ces jardins comme une forme de cadeau aux pays qui ont combattu à nos côtés. Leurs soldats y ont laissé la vie par milliers déclare le concepteur de ces jardins. Le premier Flanders Field Memorial Garden sera installé à Londres à proximité de Buckingham Palace. La date de l’inauguration ? Le 11 novembre 2014 en présence des familles royales britanniques et belges. À Paris, le mémorial flamand sera installé près du Dôme des Invalides.
Le ministre du gouvernement flamand en charge de la coordination des manifestations commémoratives est le N-VA, Geert Bourgeois. Nous souhaitons émouvoir et libérer l’émotion. Nous voulons que les gens voient et qu’ils comprennent. Nous voulons honorer la mémoire des soldats morts au combat, pour que personne n’oublie et que tout le monde apprenne.
Dès les premières ligne de la brochure du Grand centenanire – préfacé par Kris Peeters et Geert Bourgeois –il est précisé que la programmation de la commémoration doit permettre à la Flandre d’obtenir une visibilité internationale et de voir son nom durablement associé au thème de la paix.