Ce dimanche 29, aux alentours de 22h45, sur la Deux, Edmond Blattchen reçoit Armand Veilleux (né en 1937), membre de l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance, en abrégé OCSO). Armand Veilleux a la double nationalité canadienne et américaine. Il est présentement le Père Abbé de Notre-Dame de Scourmont.
Il faut savoir qu’à l’automne 1850, Joseph de Riquet, Comte de Caraman, Prince de Chimay a fait don de 48 ha de friches sises dans la commune de Forges (fusionnée en 1977 avec Chimay) à charge pour les donataires – des Trappistes venus de de l’abbaye de Saint-Sixte de Westvleteren – de défricher entièrement et à leurs frais le terrain donné et à le faire cultiver constamment par des religieux de l’Ordre des Trappistes au nombre de vingt au moins ; ils y construiront une ferme et une chapelle. Les moines ont construit davantage puisqu’ils ont édifié une abbaye. Abbaye qui, à son tour, a été à l’origine de deux abbayes, l’une à Caldey, au Pays de Galles, l’autre à une centaine de kilomètres au Nord de Goma, près des lacs Mokoto,
Armand Veilleux a été, de 1990 à 1998, Procureur Général de l’Ordre des Cisterciens. En cette qualité, il a rendu visite aux moines de Tibhirine (en arabe, ce mot signifie jardin). Leur abbaye – fondée en 1938 – était une grande bâtisse un peu austère mais chaleureuse et accueillante, construite en face d’un des plus beaux paysages du monde : les palmiers, les mandariniers, les rosiers se dessinaient devant les montagnes enneigées de l’Atlas. Des sources, une eau claire, irriguaient le potager. Il y avait aussi des oiseaux, des poules, des ânes, la vie. Des hommes avaient choisi de s’installer dans ce lieu loin de tout mais proche de l’essentiel, de la beauté, du ciel, des nuages dira, en décembre 2001, l’académicien Jean-Marie Rouart.
La visite d’Armand Veilleux date de début 1996. Il est le dernier Trappiste à avoir partagé l’inquiétude de ses frères, les moines savaient qu’ils couraient un grand risque. Souvent ils avaient peur. Ils ne souhaitaient pas mourir. Ils n’avaient pas l’ambition de devenir des martyrs. Les vertiges d’un suicide collectif ne les attiraient pas. Ils voulaient vivre en continuant à être ce qu’ils étaient, sans abdiquer devant la force et devant la violence. Le 26 mars 1996, une vingtaine d’hommes en armes emmènent le prieur et six moines qui sont exécutés quelques mois plus tard. Ont-ils été victimes des frères de la montagne ou des frères de la plaine ? Nul ne sait, c’est un secret d’État, pire un secret de deux États, l’Algérie et la France. Armand Veilleux et la famille du prieur cherchent depuis des années à connaître la vérité.
Ce noms de dieux comme la plupart des deux cents émissions labellisés de cette référence de service public a été réalisé par Jacques Dochamps. Jacques Dochamps qui a notamment à son actif un film qui sort pour le moment en salle, Le chant de la fleur. Ce documentaire tourné en Amazonie équatorienne relate comment menacé par l’industrie pétrolière, le peuple amazonien de Sarayaku mène une lutte sans répit pour sa survie. Inspiré par un chant chamanique ancestral, il s’engage dans un défi inouï à portée universelle: la Frontière de Vie. Des images fortes et belles, un film qui ne laisse pas indifférent. Co-produit notamment par la RTBFbe, Le chant de la fleur a également reçu l’aide du service public fédéral Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au développement. Ce dernier a tenu à préciser les points de vue exprimés dans ce document ne représentent pas nécessairement le point de vue de l’État belge. Réserve qui équivaut pratiquement à souligner l’objectivité du chant de la fleur !