« Ton parfum sur le tarmac » un voyage entre Amérique et Afrique du Nord.

       Un malheur n’arrive jamais seul, la loi des séries. Bernard, le héros de Ton parfum sur le tarmac, le nouveau  roman de notre confrère Charly Dodet (1) connait, coup sur coup, des ennuis professionnels et la perte de sa femme et de ses deux enfants, dans un accident de la route. Bernard est désespéré.

       Afin de lui changer les idées, un ami voyagiste lui demande d’être le chauffeur d’un groupe de touristes au Québec. C’est fou comme le Québec a ce don particulier d’enthousiasmer les Européens. À Tadoussac, pendant que ses touristes naviguent dans l’espoir d’apercevoir des baleines, Bernard  se repose à la  terrasse du Gibard, savourant une Maudite. Une jeune femme brune, Sarah, qui n’a rien d’une agasse-pissette engage la conversation. Ils sympathisent, se revoient à Québec tout en se promettant de garder le contact.

       De retour en Wallonie, Bernard  trouve, dans son courrier, une lettre lui proposant de travailler un an à Tunis. Perplexité mais Bernard accepte. Envol vers Tunis. Le taxi l’amène au 14 avenue Habib Bourguiba, à l’hôtel El-Bahy offrant un très bon rapport qualité-prix. Le temps de déposer ses bagages, Bernard décide d’aller faire un tour de chien. À son retour, il aperçoit un individu sortant de sa chambre. Il prévient la réception qui alerte la police. Les deux policiers visitent la chambre, découvrent de la drogue et emmènent Bernard au poste et le jettent dans une cellule où se trouvent déjà Youssef. Comparution le lendemain devant un juge. Bernard n’y comprend goutte et grâce à Youssef parvient à s’évader.

        Il est libre mais dans quelle Tunisie. Celle d’avant le 14 janvier 2011, la Révolution du Jasmin  – on peut le croire car dans le bureau du juge Abdelwahed il y a un portrait, sans doute le buste du président de la République. Celle de maintenant – on peut le croire car comme lui explique Mouammar  tout paraît peut-être bien huilé en Tunisie à présent, pour un étranger qui débarque (…) Aujourd’hui, c’est vrai, la Tunisie a changé, beaucoup changé. En apparence, car les réseaux sont heureusement toujours là.

       Le romancier Charly Dodet n’oublie pas qu’il a été journaliste. Ton parfum sur le tarmac est davantage qu’un roman, il est un roman-reportage. L’exfiltration de Bernard est un récit qui traverse tout le Magreb et les pays voisins tel le Mali et le Niger. Son histoire, ses injustices à l’égard des Berbères – nous sommes des Berbères, des hommes et fiers de l’être -, à l’égard des Touareg  – les Arabes, les nouveaux seigneurs, ont coupés les vivres aux Touareg et les ont réduit en esclavage (…) quoi qu’il nous arrive, demain, nous serons toujours la nation du désert, les maîtres du Sahara -, à l’égard des Sahraouis – il parle des arrestations sommaires, des tortures, des Sahraouies défigurées (…) parler de l’attitude de la France, qui continue à soutenir inconditionnellement le Maroc.   

       Ce roman-reportage  fourmille d’informations qui collent à la réalité, à l’actualité. Grâce à Charly Dodet, un éclairage est apporté à bien des titres ou textes des quotidiens. Titres et textes tels l’appel à l’aide des Sahraouis entendu à l’ONU Ban Ki-moon épingle le Maroc, ou Sahara occidental : L’UA appelle à mettre fin à l’occupation du Sahara occidental par le Maroc ou bien encore Kidal reste la seule ville que l’armée malienne n’a pu reprendre, en vertu d’un accord tacite avec les forces françaises et tchadiennes installées dans ce que le MNLA considère comme sa place forte. Français et Tchadiens sous-traitent la sécurité dans cette ville au MNLA ; Mais le roman-reportage demeure avant tout un roman dont la dernière phrase relate les retrouvailles de Sarah et de Bernard ; ils tombèrent langoureusement dans les bras l’un de l’autre.

 

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(1) Ton parfum sur le tarmac – Roman de Charly Dodet – 258 pages – Éditions Persée  Aix-en-Provence – 20 € 80 – Charly Dodet dédicace à la FNAC-Liège, rue Joffre, le samedi 22 juin, de 15 à 17h.