Au 19ème siècle, à quelques mètres de l’actuel Musée de la Vie wallonne, derrière l’ancien palais des princes-évêques, est installée une entreprise de meunerie. Le gestionnaire s’appelle Édouard Remouchamps, petit-fils et fils de meuniers. À 22 ans, il termine sa première pièce Li sav’tî (Le savetier). Six ans plus tard, elle est jouée à Mont, un hameau de Dison. Édouard Remouchamps connaît la gloire avec sa troisième œuvre Tâtî l’pèriquî créée le 11 octobre 1885 par la compagnie Le Cercle d’Agrément. La pièce est même à l’affiche à Paris où, en 1887, est fondée La Wallonne. Comme l’écrit le professeur Maurice Piron son succès arrivait à point nommé pour promouvoir le régionalisme wallon tout entier et encourager la prise de conscience des Wallons au moment où les revendications flamandes, jugées excessives voire agressives, provoquaient les premières réactions dans la partie française du pays.
Édouard Remouchamps meurt le 1er novembre 1900 tandis que son fils Joseph-Maurice termine brillamment ses études de droit. En 1901, celui-ci s’inscrit au barreau de Liège. Il le quitte en 1911. La fortune reçue en héritage de son père lui permet de ne plus plaider. Il peut se livrer à ses deux passions, la politique et le Musée de la vie wallonne. Avec Jules Destrée, il est un des fondateurs de l’Assemblée Wallonne en 1912. La même année, il s’emploie à créer, avec quelques amis tels Jean Haust ou Henri Simon, le Musée de la Vie wallonne. Il avait conçu l’idée d’une institution capable de refléter la vie complète — matérielle, intellectuelle et sociale — des Wallons d’hier et d’aujourd’hui comme l’écrit le professeur Piron. Plus qu’un musée de folklore, puisque les métiers et les techniques y avaient leur place, et pas un musée local, puisqu’il s’agissait de donner, de la vie wallonne, une représentation synthétique par le groupement sélectif des pièces replacées dans une perspective à la fois historique et comparative : telle était l’ambition, tel fut le résultat.
Peu avant le centenaire du Royaume, le musée s’installe dans les dépendances du Curtius. Reconnu Établissement d’Utilité publique en 1958, le Musée de la Vie wallonne publie, la même année, un Guide du visiteur. Fin des années 60, il s’installe dans l’ancien couvent des Frères Mineurs de Liège, bâtiment de style Renaissance mosane. Petite révolution en 1989, la Province de Liège signe, avec la Ville et l’Établissement d’Utilité Publique du Musée, les documents qui lui confèrent pouvoirs et devoirs de gestion de ce patrimoine. Vingt ans plus tard, une rénovation totale a fait du Musée de la Vie Wallonne un endroit à voir (1)
Présentée par le député provincial Paul-Émile Mottard, en charge de la Culture, une nouvelle édition du Guide du visiteur (2) permet de mieux saisir la scénographie du musée. Parmi les nombreuses illustrations, une pipe rodje narène (nez rouge) utilisée par les ouvriers désireux de manifester tacitement leur appartenance syndicale en ce 19ème siècle qui interdit, jusqu’en 1866, le droit de coalition.
Situé au centre historique de la Cité ardente, le Musée de la Vie wallonne est aussi le point de départ vers d’autres manifestations culturelles temporaires. Ainsi Open airs, un ensemble de sculptures monumentales dans un matériau tous à fait inattendu ; le gonflable. Cet ensemble, de l’avis de Paul-Émile Mottard, offre aux badauds une rencontre avec l’art, imprévisible, spontanée, loin des codes induits par les institutions muséales.
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(1) Cour des Mineurs – de 9h30 à 18h30 du mardi au dimanche.- Gratuité, le premier dimanche du mois. Gratuité, le 18 mai, journée internationale des musées et le 19 mai, le Musée participe à La Nuit Européenne des Musées, ouvert jusque 21h30
(2) Guide du visiteur – Coordination scientifique Martine Willems, Marie-Claude Thurion, Cécile Quoilin – Contributions ; Alain Colignon, René Leboutte, Jean-Pierre Ducastelle, Sébastien Pierre, Baudouin Goessens, Jacques Toussaint – Édition Province de Liège Culture et FUP-MVW – 366 pages – Nombreuses illustrations – 10 €