Paul Libens, un personnage attachant au coeur d’or.

 

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       Personnage attachant difficile à cerner écrit Luc Dardenne, président du Dernier Carré (amicale des pensionnés de la RTBF) dans un éloge funèbre (1) de Paul Libens qui avait un cœur d’or.

      Né le 17 janvier 1924, Paul Libens vit sa petite enfance à Ayeneux. 1924 est classée dans les années folles – le Liégeois Simenon s’installe place des Vosges à Paris – qui seront suivies de la grande crise, prélude à la seconde guerre mondiale entamée le 1er septembre 1939. En 1940,  au début des hostilités du 10 mai, comme des milliers de jeunes Belges, Paul Libens reçoit du général Denis, ministre de la Défense l’ordre de rejoindre par ses propres moyens un des Centres de Recrutement de l’Armée Belge (CRAB).  Envoyés en France pour se former à l’art militaire, ces jeunes ne le seront pas car l’armée belge capitule le 28 mai. Beaucoup rentrent en Belgique, d’autres choisissent de demeurer en France. C’est le cas de Libens qui rejoint les maquis du Sud-Ouest. Au cours d’un accrochage, il est blessé à la cuisse. Il en garde cicatrice toute sa vie. Il termine la guerre en qualité de membre des Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

       De retour à Liège, il participe à la création du Théâtre de l’Étuve. Il en devient un des comédiens attitrés. Il écrit des chansons. Il défend son Marchand de Parapluie à l’une des premières émissions Musicorama lancées par la radio Europe 1. Ceux qui ont entendu Paul chanter dans mon pays, les marchands de parapluie ont toujours le sourire en regardant tomber la pluie ne peuvent l’oublier. À Paris, il se fait ami(e)s (et un carnet d’adresses) en se produisant dans des boîtes à chansons  dont La Colombe, véritable pépinière de talents avec Barbara, Guy Béart, Anne Sylvestre, Romain Bataille, Pia Colombo, Jean Ferrat, Pauline Julien, Paul Louka, Georges Moustaki, Pierre Perret et d’autres. Leurs amitiés résistent au temps. 

       En 1960, Paul Libens tourne dans Le Cercle Romain, un film à  l’atmosphère tendue de Raymond Haine. Le Cercle Romain a fait l’objet en janvier 2008 d’une sortie en DVD où le spectateur retrouve quelques scènes d’une audace extraordinaire (qui) en font un film déconcertant et digne d’intérêt. Autre facette cinématographique de Paul Libens, sa participation dans Jeudi, on chantera comme dimanche de Luc de Heusch. Sur un scénario partiellement écrit par Hugo Claus, ce film produit en 1967 par Henri Storck raconte l’histoire d’un jeune couple qui essaie d’accomplir leur rêve de bonheur dans la société de consommation que l’on surnomme à l’époque la société des loisirs.

       Le Centre de production de la RTBF-Liège permet à Paul Libens d’extérioriser ses divers talents. De Choses vues et entendues au Podium orange, sa vie est faite de bonheurs qu’il offre à quantité de vedettes invitées aux multiples émissions. Paul Libens  est leur mentor de Liège. Il fait découvrir à certaines les nuits de Liège, dolce vita wallonne. De ces rencontres, en sort un livre Ah, les beaux monstres réédités sous le titre Stars et vedettes.

       En 1972, à l’occasion du Mois de la Francité, associé à quelques amis, Paul Libens lance Agendascope, numéro zéro de ScopLiège qui durant une douzaine d’années sera le mensuel liégeois par excellence. Paul Libens demeure attaché à la poésie et à la chanson. Le millénaire de la Principauté de Liège lui inspire Le Peuplier wallon dont le refrain reste d’actualité ; Wallons, Wallons / Accordons nos violons / Wallons, Wallons / Chantons tous la même chanson / Wallons, Wallons / Réveillons nos carillons / Wallons, Wallons / Le bonheur est à l’horizon !

(1) Visites Centre funéraire de Robermont  21 et 22/2 de 16 à 18h30. Funérailles le 23 février à 14h.