En Tunisie, un(e) citoyen(ne) sur mille est candidat(e) à l’élection de l’Assemblée nationale constituante, le 23 octobre.

        Dès lundi, à Tunis, avenue Mohammed V, affluence de journalistes étrangers et tunisiens venus se faire accréditer au Palais des Congrès en vue de suivre les premières élections libres du pays, ce dimanche 23 octobre. Au lendemain de la Révolution du Jasmin du 14 janvier 2011 – révolution qui marque le début du Printemps arabe – la Tunisie s’est préparée à cet événement fixé initialement au 24 juillet.

       Sur sept millions d’électeurs potentiels, 4.100.812 se sont inscrits sur les listes électorales auxquels s’ajoutent 300.000 d’expatriés. Toutefois, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) prévoit que le nombre d’électeurs n’excédera pas les trois millions et demi accueillis dans 7692 bureaux de vote dont 479 à l’extérieur du pays. En Belgique, huit bureaux de votes sont prévus – chiffre éventuellement porté à treize si l’ISIE marque son accord. Un bureau de vote est fixé à Liège.

        Il n’y pas moins de 11.686 candidats à briguer les 217 sièges de l’Assemblée nationale constituante (199 élus par les Tunisien(ne)s résident(e)s au pays et 18 par les expatrié(e)s). À la grosse louche, il est exact de dire qu’une Tunisienne ou un Tunisien sur mille est candidat(e) ! Plus d’une centaine de partis sont en lice. Un sondage réalisé, en arabe, via le téléphone, par Opinion WayTunisia, en partenariat notamment avec la chaîne privée Nessma TV – marge d’erreur 2 à 3 points – place en première position Ennahda (25% des votes) suivi à 16 %  par le Parti Démocratique Populaire (PDP) et à 14% par le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL). Ce dernier parti, membre consultatif de l’Internationale socialiste, est également connu sous le nom de Ettakatol.

       Une stricte parité femme/homme est imposée sous forme d’alternance. C’est le système fermeture éclair. Toutefois, le nombre de femmes têtes de liste est moindre que celui d’hommes occupant la même position. A peine 6 %. .. Le contraire semble encore être loin à venir ! La campagne électorale s’est déroulée à peu près normalement jusqu’au vendredi 14 octobre. Envoyé spécial du quotidien El Watan, notre confrère Ali Benyahia écrit : La Tunisie a connu, hier, un événement politique majeur qui risque d’affecter largement le sort de sa première élection démocratique du 23 octobre, née de la Révolution du jasmin du 14 janvier qui a chassé Ben Ali du pouvoir. Une marée humaine a en effet déferlé sur les rues de la capitale pour éructer sa bourrasque de colère sur Nessma TV, qui fait l’objet d’une polémique et de menaces sans pareilles depuis qu’elle a eu l’outrecuidance de montrer un film jugé par les salafistes tunisiens comme une atteinte à la foi des musulmans (…) il s’agit du fait politique le plus significatif depuis le lancement du processus électoral.

       Suspecté d’être à l’origine de ce mouvement, Rached Ghannouchi,  président d’Ennahda le parti islamiste le mieux organisé, s’est défendu en déclarant :  les Tunisiens descendus aujourd’hui par dizaines de milliers dans la rue pour protester contre les provocations lancées par certains médias demeurent les seuls défenseurs de l’Islam et n’ont aucun besoin de tuteurs (…) Notre parti défend la liberté d’expression et respecte les libertés individuelles. Il est à noter que dans la circonscription de Tunis 2, la tête de liste d’Ennahda est une femme non voilée mais c’est une femme militante et honorable.

       Il est prématuré d’imaginer que la Tunisie soit sur le chemin de l’Iran. Toutefois, il est significatif que le projet du gazoduc Galsi reliant l’Algérie à l’Italie via la Sardaigne va recevoir prochainement l’approbation du gouvernement italien bien décidé à en accélérer la réalisation. Pour l’instant, l’Italie reçoit annuellement ses huit milliards de mètres cube de gaz algérien via le gazoduc Transmed allant de l’Algérie à la Sicile en passant par la Tunisie sur 370 km. Ce tracé tunisien a fait l’objet d’un sabotage en juillet dernier à hauteur de Zaghouan.


Ajout au 20 octobre 2011

Alors que le premier Tunisien expatrié a déposé son bulletin de vote le 20 octobre à 7 heures du matin en Australie, le résultat définitif des premières élections ne sera connu que le samedi 29 octobre. Des résultats partiels seront disponibles dès le lundi 24 octobre.