En 1947, recommandé par le poète René Char, Jean Vilar crée le Festival d’Avignon dont le succès va le conduire à lui octroyer le Palais de Chaillot où il fait naître le T.N.P. : Théâtre National Populaire.
En 1945, au départ de comédiens routiers les frères Huisman se voient confier la fondation d’un Théâtre National par le Ministre Auguste Buisseret qui devint en fin de carrière Bourgmestre de Liège. Bénéficiant de subventions publiques à justifier (c’était une autre époque) par des décentralisations, Jacques Huisman, ingénieur devenu homme de théâtre, retient l’idée d’implanter à Spa une fête estivale : un Festival entouré d’autres initiatives festives.
Ce Festival en 1959 ne peut que s’inspirer de l’expérience enthousiasmante de Vilar. Adolescent, je suis parti en auto-stop deux années de suite (en 1955 et 1956) participer aux rencontres internationales des jeunes qu’y organise le T.N.P.. Un autre jeune, hennuyer – à peine sept mois et demi plus âgé que moi – s’intéresse davantage à la Cour d’honneur du Palais des Papes et aux jardins d’Urbain V qu’à son doctorat en droit. Malgré sa réussite, c’est une perte sèche pour le Barreau : Armand Delcampe travaille huit ans avec Puaux au Festival d’Avignon, joue et souvent met en scène une centaine de pièces de théâtre en quarante ans et dirige à présent l’Atelier théâtral Jean Vilar à Louvain la Neuve. De plus, depuis douze ans, il est à la tête du Festival de Spa que Jacques Huisman et le National ont animé jusqu’en 1987 et les regrettés Billy Fasbender et André Debaar réunissant des troupes surtout bruxelloises de 1988 à 1998.
Mais de manières différentes, tous se réclament de Jean Vilar. Celui-ci a écrit : Le théâtre est une nourriture aussi indispensable à la vie que le pain et le vin… Le théâtre est donc, au premier chef, un service public. Tout comme le gaz, l’eau, l’électricité. Heureusement Vilar n’a pas vécu la privatisation du gaz, de l’eau et de l’électricité. Il manquait d’imagination pour les concevoir.
A Spa, après les subventions justifiées par la décentralisation et la vitrine théâtrale de feu le duo précité, Armand Delcampe s’habitue à la participation de Cécile Van Snick non seulement comme comédienne de grand talent mais aussi comme co-directrice au point de lui avoir laissé exposer seule – sous son regard bienveillant quoiqu’un rien goguenard – le programme détaillé du 52ème Festival théâtral de Spa lors d’une récente conférence de presse décentralisée avec succès à Liège en notre Maison de la Presse.
Si le Festival théâtral de Spa a pu obtenir fin 2002 du Ministre MR montois Richard Miller un contrat programme correct et de la Ville de Spa une profonde rénovation des infrastructures nécessaires à une grande partie des représentations, par contre depuis de longues années la ministre socialiste anderlechtoise Fadila Laanan refuse un renouvellement du contrat précédent et annonce que budgétairement la visse (ou la vice) reste hermétiquement fermée, oui aussi pour 2012 et encore pour 2013.
Que le KunstenFestivaldesArts van Frie Leysen initiative bruxello-flamande subventionnée par la Flandre, Bruxelles et désormais de manière importante par l’Union européenne reçoive en outre de la Communauté française une somme double de celle octroyée à Spa, semble normal à celles et ceux qui ne comprennent pas que nous voulions la régionalisation deS (S majuscule signé Destrée : pas Jules mais Urbain) compétences communautaires.
Armand Delcampe et Cécile Van Snick ne commentent pas ces réalités. Ils travaillent et offrent malgré tout deux mille places en plus que l’an dernier pour permettre à plus de 10.000 spectateurs (voire à 15.000 selon d’autres affirmations) de découvrir en 12 jours et en 6 lieux, 60 représentations de 28 spectacles dont 5 créations. Nous ne détaillerons pas, vous renvoyant au site très complet http://www.festivaldespa.be, aux délégués du festival (à Liège Françoise et André Bisschops 125 rue Fraichamps à 4030 Grivegnée Tél. : 04 3433191 et courriel andre.bisschops@skynet.be) et au numéro gratuit pour les réservations : 0800/24140.
Enfin, nos deux coups de cœur : – les 5 et 6 août Les Femmes savantes de Molière, interprétées par douze comédiens dans une mise en scène d’Armand Delcampe ;
– les 11 et 12 août, le style, la causticité et la profonde humanité de l’auteur et adaptateur de La seconde vie d’Abram Potz , Foulek Ringelheim, brillant magistrat après avoir été étudiant à Liège où il a gardé une partie importante de ses racines multiples.
Jean-Marie Roberti.