Depuis quelques jours, Liège est le siège de 8ème Biennale internationale de gravure contemporaine (1). Le maître d’œuvre est le Cabinet des Estampes et des Dessins de la Ville de Liège installé au Parc de la Boverie, dans le bâtiment érigé en vue d’abriter le Palais des Beaux-Arts lors de l’Exposition Universelle de 1905.
La Commissaire de la Biennale, Régine Rémon, par ailleurs Conservatrice du Cabinet des Estampes et des Dessins (CED), note dès la première incursion dans l’univers particulier de l’estampe, nous voici interpellés, séduits par la magie de son alchimie et impatients d’en connaître davantage. Elle insiste, avec fierté – on le serait à moins -, pour cette 8e édition, parmi les 600 dossiers réceptionnés, 58 candidats ont été retenus : ils exposent au MAMAC des œuvres originales et récentes. 24 pays sont représentés, dont certains sont devenus des partenaires fidèles de l’évènement ( Japon, Colombie, Canada, Brésil …) mais d’autres nous rejoignent pour la première fois : l’Afrique du Sud, le Paraguay, le Kosovo, répondant à notre volonté d’ouverture sur d’autres cultures.
Au Cabinet des Estampes et des Dessins dont le soixantième anniversaire sera célébré en 2012, se trouve une des personnalités majeures de l’art allemand et européen de ce siècle : Georg Baselitz. Xylographies, pointes-sèches, linogravures, eaux-fortes, aquatintes, vernis mou, le peintre-sculpteur-dessinateur décline ces différentes techniques depuis 1963. ( …) Exécutés la tête en bas, ses sujets familiers -nus, enfants, chiens, cerfs… – illustrent le propos de l’artiste : « Je représente le monde à l’envers, tel qu’il est ». L’exposition Baselitz propose 40 gravures – toutes techniques confondues -, constitue une première en Belgique.
La 8ème biennale internationale de gravure contemporaine ne se limite pas aux MAMAC et Cabinet des Estampes et des Dessins. Une vingtaine de manifestations se déroulent en d’autres lieux de Liège. Le public est invité à découvrir des dizaines d’artistes contemporains aux sensibilités différentes tandis qu’il lui est loisible d’admirer les chefs-d’œuvre gravés d’Albrecht Dürer, les gravures d’Armand Rassenfosse et les vues de l’étranger de Jean Donnay. Ce chantre de la Basse-Meuse est présenté au Musée régional d’Archéologie et d’Histoire de Visé. C’est l’exposition la plus excentrique de la 8ème Biennale.
En revanche, l’exposition la plus au centre de Liège se tient à deux pas du Perron, rue des Mineurs, Au Placard à balais. Le graphiste David Cauwe y propose Gloomy Sunday qu’il présente ainsi : La nature n’existe pas. Elle n’est que dans la relation que nous établissons avec elle. Ici et là, des indices, des fragments, témoignent comme ironiquement de l’artifice de vivre. Fleurs artificielles déposées sur les tombes ou végétaux emprisonnés dans les serres d’un jardin botanique. Reflets de soi ou de tout, petites choses dérisoires et touchantes mais où s’exalte l’idée même de voir et de sentir. Déposées sur la feuille, elles acquièrent une vie nouvelle – accompagnement graphique, impression, empreintes, mise en page, photo-graphies.
(1) Programme détaillé http://www.cabinetdesestampes.be/spip.php?article152