DEGAGEEEEEEEEE !!!!!!!!!!! le mot d’ordre de la Tunisie au bénalisme.

 

     En réalisant le 7 novembre 1987 son coup d’État blanc, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali (ZBA) s’est inscrit dans le droit fil d’Habib Bourguiba dont la sénilité est évidente. Déjà,  au lendemain du jeudi noir du 26 janvier 1978, celui-ci avoue je n’ai pas vu la vieillesse venir…Au temps de sa jeunesse, il a participé aux luttes dont celle du 9 avril 1938 en faveur de l’autonomie et de l’indépendance acquise le 20 mars 1956. La Tunisie glisse vers la politique du maître d’école armé de sa règle selon l’euphémisme du Premier Ministre Mohamed Mzali. Euphémisme car on ne compte plus les emprisonnements arbitraires et tortures de syndicalistes, d’intellectuels, d’islamistes… Bourguiba évincé, le benalisme s’installe. A peine créé, Liège 28 dénonce des excès tunisiens les 29 et 31 octobre ainsi que le 24 novembre 2005

     Ce 13 janvier 2011, devant les télévisions et radio publiques et privées, au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux Ben Ali s’adresse dans la langue de tous les tunisiens et tunisiennes. Je m’adresse à vous parce que la situation impose un changement profond, un changement profond et intégral. Parmi ces changements, le Président annonce nous avons décidé: * La pleine et entière liberté pour la presse, tous médias confondus. Libre accès aux sites Internet qui ne seront soumis à aucune forme de censure, tout en veillant au respect de la déontologie et des principes de la profession journalistique. * Pour ce qui est de la commission (…) avec mission d’examiner les phénomènes de prévarication, de corruption et d’abus des responsables, elle sera indépendante, je dis bien indépendante, et nous veillerons à son impartialité et à son intégrité. * A compter de ce jour, la liberté d’expression politique sera de mise, y compris la manifestation pacifique, la manifestation pacifique encadrée et organisée, la manifestation civilisée.

     Ce 14 janvier 2011,  Raouf Khalsi  raouf.khalsi@letemps.com.tn,  éditorialiste au quotidien tunisien Le Temps – sous-titré comme à l’accoutumée Quotidien indépendant –  clame : L’heure de LA LIBERTE D’EXPRESSION. Une constatation : La désaffection des Tunisiens vis-à-vis de la presse nationale s’explique. Elle se justifie même. Nous avions reconnu, ici, même, sur cet espace éditorial nos «distractions» au moment où le feu était mis aux poudrières. Depuis longtemps l’information en Tunisie était  prédestinée à un rôle d’avant-garde. Elle devait être responsable et lorsqu’on dit  responsable cela veut dire une information libre mais pas libertine; courageuse mais pas négative ; citoyenne et donc pas cacique.(…) Aujourd’hui, néanmoins, nous pouvons nous faire l’écho de l’appel présidentiel à «LA LIBERTE D’EXPRESSION». Forts de notre croyance en la noblesse de notre métier, nous oeuvrons et œuvrerons encore plus  et dans l’intensité lucide à abattre les tabous, ces derniers remparts, empêcheurs de tourner en rond, ces forces de rétention qui  cherchaient à asservir l’information. Si ces remparts tombent aujourd’hui c’est aussi parce que nous leur avons résisté et aussi parce que vous continuez de croire en nous. VIVE LA LIBERTE D’EXPRESSSION ! Splendide profession de foi que commente un lecteur, Hedi Mekkihed : Monsieur, Merci pour la bonne nouvelle et pour ces mesures encourageantes. Afin de les concrétiser et de les matérialiser il me semble cruciale que vous arrêtiez d’écrire et d’intervenir dans n’importe quel média, il est indispensable que vous soyez juger personnellement pour les crimes suivant : Manipulation des masse, propagande active, tromperie, embrigadement, volonté de division et de confusion, campagnes de diabolisations, manipulation de l’opinion publique, effet moutonnier, etc M. Khalsi vous pensez bien qu’on ne peut pas du jour au lendemain passer de Joseph Goebbels à Emile Zola. DEGAGEEEEEEEEE !!!!!!!!!!!

 

     Ce 15 janvier 2011, après le départ précipité de Ben Ali, dans le même journal Le Temps – toujours sous-titré Quotidien indépendant – le même Raoul Khalsi écrit : La mouvance intégriste, matée avec férocité mirent effectivement la Tunisie à l’abri d’un dangereux basculement. Cela a fortement impressionné l’Europe qui fermait ainsi les yeux sur le reste : la gouvernance. Bonne sur le plan économique et social, il faut le reconnaître et nous l’avons toujours dit. Trop entachée d’interdits sur le plan des droits et des libertés… Et là, nous devons aussi faire nous autres journalistes, notre mea culpa. Mais que faire lorsque les messages ne lui parviennent pas ? Que faire lorsque les congélateurs idéologiques au Palais autour de lui clochardisent les ministres, les faisant vivre dans l’équilibre de la terreur ? Que faire lorsqu’une femme omnipotente donne à ses frères et ses neveux un blanc seing « délapideur » ? Et du coup, c’est l’histoire qui commence à se répéter : Ben Ali est pris en otage, comme Bourguiba ; et comme Bourguiba, il était parti pour une présidence à vie ! Nous étions donc tous dans la simulation et l’imposture (…) Nous imaginons la réaction légitime de nos lecteurs : pourquoi ne dire cela que maintenant ? Non, les écrits sont là : nous y faisions allusion, mais nous positivions. Nous craignions et croyions finalement en cette histoire – réelle quand même mais exagérée – d’une connexion gaucho intégriste ! … Jusqu’à ce que Mohamed Bouazizi qui n’est ni Poct ni intégrise ne s’immole par le feu… Oui on a sous-estimé le courage des Tunisiens.(…) En tous les cas , c’est la première fois dans le monde qu’un puissant Chef d’Etat est poussé à la sortie par les grondements de la rue… Or, ceux qui connaissent bien le Maghreb vous diront que Marocains, Algériens et Libyens craignent terriblement les embrasements en Tunisie. Et cela depuis le 9 Avril 1939. C’est toujours chez nous que se déclenche le feu.