Suppressions, délocalisations d’emplois de journalistes, dégradation de leurs conditions de travail, réduction des effectifs des bureaux régionaux en province de Liège, autant d’éléments qui ont incité notre confrère MarcGérardy, président de la Maison de la Presse de Liège-Luxembourg d’organiser, le 14 décembre, un colloque sur l’avenir de la presse régionale en collaboration avec la Haute École de la Province de Liège (1). Lors de la conférence de presse de présentation du colloque, André Gilles, député-président du Collège provincial a exposé les trois raisons qui l’incitent à s’intéresser au sort de la presse régionale.
Premièrement, en tant que Député en charge de l’Enseignement de la Province de Liège. Deux institutions organisent une formation en journalisme en Province de Liège : l’Université et notre Haute École (…) Selon l’Association des Journalistes Professionnels, plus de 400 étudiants sont diplômés en journalisme, chaque année, en Communauté française. Mais dix fois moins de postes sont disponibles dans les rédactions, qu’il s’agisse d’emplois salariés ou freelance. Il serait irresponsable de notre part de former de futurs journalistes sans se soucier des débouchés sur le marché du travail. (…) Deuxièmement, en tant que Député en charge de la communication de la Province de Liège. Une bonne communication entre le pouvoir et le citoyen est essentielle dans toute société. (…) Notre région, surtout en cette phase de redéploiement, a besoin de relais médiatiques forts. Troisièmement, en tant qu’élu et démocrate. Parce qu’une démocratie ne peut exister sans une presse libre et indépendante. (…) Le droit à l’information fait partie des droits fondamentaux.
Ayant eu, le 1er octobre 1968 à 8h30, l’honneur de présenter la première émission d’informations régionales Liège-Matin en décrochage d’un programme musical diffusé depuis Mons, sur le second programme radio de la RTB, nous avons toujours eu un faible pour la presse régionale. En effet, toute information a une origine régionale. Son importance lui confère une portée régionale, nationale ou internationale. Dans tous les cas, l’information mérite la même rigueur dans son traitement.
Nous avons souvenir d’une intervention de Gérald Godin lors d’un colloque qui s’est tenu à l’Assemblée nationale du Québec en avril 1980 sur le thème Presse et Parlement. Député du Parti Québécois depuis 1976, Gérald Godin a évoqué ses débuts dans la profession de journaliste, profession exercée durant une vingtaine d’années. Il a entamé sa carrière au Nouvelliste, le régional de sa ville natale, Trois-Rivières.
Dans une même journée, on couvrait à 9h30 la Cour municipale, à 10 heures, la conférence du maire de Trois-Rivières et à 12h30, le dîner du Kiwanis avec le discours de M. Daniel Johnson, politicien naissant à l’époque. À 14h30, on avait une autre conférence de presse, le couronnement de la reine de la laitue dans la région de Trois-Rivières. Ne riez pas. C’est la pure vérité. À 16 heures, on avait à couvrir une autre conférence de presse. Je me souviens entre autres, de l’inauguration d’une usine de filtration par l’évêque de Trois-Rivières, Mgr Pelletier, qui avait dit : L’Église est une usine de filtration. On s’était dit : Heureusement qu’il n’a pas ouvert un dépotoir. Alors, de 18 heures à minuit, on tapait nos textes.
Gérald Godin de souhaiter que les gens qui détiennent les cordons de la bourse dans les salles de rédaction – parce qu’au fond, c’est peut-être là que se situe le problème – soient assez généreux et laissent du temps aux journalistes. Les Américains ont inventé un mot qui relève de la science des ordinateurs, qui s’appelle la logique « eroteric ». Cela n’a rien à voir avec l’érotisme, remarquez bien. (…) Il y a très peu de journalistes (…) qui pratiquent la logique « eroteric » c’est-à-dire qui se sont préparés suffisamment en profondeur avant de rencontrer un politicien qui aborde une question ou dossier et qui peuvent, par conséquent, le coincer et le forcer à dire la vérité. Le jeu du chat et de la souris, par conséquent – la souris étant le politicien, malheureusement, ça tourne souvent à l’envers – est très mal joué par les chats que sont les journalistes parce qu’ils n’ont peut-être pas le temps, ils n’ont peut-être pas les moyens ni le temps de consacrer suffisamment d’efforts à la préparation d’un dossier.
(1) Haute École de la Province de Liège, rue du Gosson à Jemeppe-sur-Meuse www.hepl.be
Colloque : la Presse régionale, enjeux et perspectives – Début des travaux 9h accueil dès 8h30