Dans son livre Ministre en fin, publié en 1992 aux Éditions du Perron, Gilbert Mottard a écrit je suis convaincu que, que dans un avenir très proche, un bilinguisme complet s’imposera dans le chef de tous ceux qui ambitionneront de jouer un rôle de premier plan sur la scène nationale (…) il sera indispensable demain d’être en mesure de s’adresser au travers des médias à l’ensemble de nos concitoyens (…) c’est une leçon qui, depuis longtemps déjà, a été parfaitement reçue avec un rare bonheur par bon nombre de sportifs de premier niveau malgré parfois leurs faibles moyens intellectuels.
Faut-il ranger parmi ceux qui ambitionnent de jour un rôle de premier plan sur la scène nationale, l’un des trois vice-présidents du Sénat déclarant à La Gazette de Liége : j’envisage en effet de parfaire mon néerlandais, en fait, je vais le raviver. L’avenir, proche ou lointain, nous apprendra si la réalité rejoint l’ambition.
La réalité frappe parfois sans prévenir. Ainsi, en 1994, Elio Di Rupo ministre de l’Éducation et de l’Audiovisuel dans le Gouvernement de la Communauté française est appelé, ex abrupto, à remplacer Guy Coëme au Gouvernement fédéral dont il devient Vice-Premier ministre en charge des Communications et des Entreprises publiques.
Investi de nouvelles compétences, il se met en devoir d’apprendre le néerlandais, une langue qui jusqu’alors ne lui a pas été de première nécessité. Son professeur est un native speaker, un jeune Limbourgeois d’origine grecque qui lui enseigne la grammaire et le vocabulaire. C’est l’époque où les photos représentent Di Rupo le Standaard à la main comme autrefois, les Liégeois ont pu voir se promener leur Bourgmestre libéral Maurice Destenay, La Libre Belgique en poche. Mais guère plus que La Libre n’a pu modifier les convictions politiques de Destenay, la lecture du Standaard n’a sensiblement amélioré la pratique orale du néerlandais de Di Rupo.
Fin juin 2010, Elio Di Rupo confie aux lecteurs du Laastse Nieuws qu’il souffre depuis une dizaine d’années de problèmes auditifs, conséquence due à l’explosion d’un airbag. D’où, sans doute, son inimitable accent flamand qui a frappé notre confrère de La Libre, Francis Van de Woestyne, présent, hier, à la conférence de presse entamée, en néerlandais, par le pré-formateur.