Il y a 150 ans, le chemin de fer prend naissance en Belgique.

        Au moment de l’inauguration de la nouvelle gare des Guillemins, Liège 28 (cfr 21/09/2009) a écrit que dès avant la Révolution belge, dans le « Mathieu Laensberg », le Liégeois Charles Rogier fait campagne en faveur  du chemin de fer. Arrivé au pouvoir, Charles Rogier fait adopter, en 1834, la loi dotant la Belgique d’un réseau ferroviaire.

        Un de nos lecteurs a réagi de manière volontairement provocante de quoi réveiller le tigre qui sommeille en chaque journaliste. Aujourd’hui, le même lecteur, le sénateur honoraire François Roelants du Vivier nous précise dans un courriel personnel  « Le premier initiateur officiel du chemin de fer est sans conteste Rogier. Chronologiquement, Nothomb ne devient en effet ministre des Travaux Publics  et donc responsable de la politique des chemins de fer qu’en 1837, même s’il a largement contribué à faire adopter par la Chambre la loi de 1834.

        Cela étant dit,  je souhaite verser au dossier le témoignage de Philippe Bourson, le rédacteur en chef du Moniteur belge, qui à la mort de Nothomb en 1881, écrit dans un article qu’il lui consacre: « ministre des Travaux Publics en 1837, il a mérité néanmoins par son activité d’être rangé au nombre des créateurs du railway national ; son énergique initiative sur ce terrain a montré que dès cette époque il avait acquis la puissance et entrevu l’avenir du puissant instrument économique qu’il eut à manier à ses débuts ».

        Il suffit à cet égard de rappeler  que lorsque JB Nothomb quitte le ministère le 18 avril 1840, le réseau atteint plus de 300km de voies, soit 230 km réalisés au cours de son mandat. Le travail du jeune ministre des Travaux Publics (il a 32 ans à son arrivée à la tête du département) en matière de chemins de fer est particulièrement bien illustré dans  « JB NOTHOMB, Travaux publics en Belgique: Chemins de fer et routes ordinaires, 1830-1839, rapport présenté aux Chambres législatives le 12 novembre 1839« .

        Comme le souligne l’historien des Travaux publics Marcel Watelet, « ce travail, véritablement une histoire de l’établissement des chemins de fer en Belgique, fut diffusé dans toute l’Europe  et fut considéré comme un modèle du genre pour les constructions ultérieures. (…) Cet ouvrage a considérablement influencé les projets de construction en Prusse, notamment les nouvelles idées émises sur le développement du transport des voyageurs ».

        En tout cas Nothomb est sans conteste l’artisan du chemin de fer vers l’Allemagne; ainsi, la liaison du chemin de fer belge  au chemin de fer rhénan, véritable casse-tête financier, a été résolu par Nothomb en faisant participer l’Etat belge, directement, au capital de la Rheinische-Eisenbahn Gesellschaft par un achat d’actions pour 6 millions de francs, approuvé par la loi du 1er mai 1840 ».

        La Biographie nationale publiée par l’Académie royale de Belgique rapporte que sitôt en charge du nouveau ministère des Travaux afin de s’instruire plus à fond dans la matière ferroviaire, « Nothomb avait parcouru l’Angleterre avec des ingénieurs. Il avait reconnu qu’il n’y avait que l’initiative de l’Etat qui pût créer rapidement et correctement un réseau ferré, et qu’il serait dangereux pour un petit Etat de se mettre dans la dépendance des grandes sociétés.

        L’amélioration des moyens de communication réconcilia avec le nouvel état des choses le commerce et l’industrie qui, par suite de la séparation d’avec la Hollande, avaient perdu leurs débouchés dans les colonies néerlandaises.

        Au point de vue des intérêts matériels, la réunion de la Belgique et de la Hollande avait été une combinaison heureuse, car si la Belgique était un pays très cultivé, très industriel et très riche eu minéraux, la marine, le commerce et les colonies de la Hollande offraient des débouchés certains à l’initiative privée.

        La perte de l’embouchure de l’Escaut et la fermeture de la Hollande et de ses colonies paraissaient devoir entraîner la perte de ces débouchés, mais alors le grand réseau qui devait relier Anvers à la Meuse et au Rhin, et qui, par l’embranchement construit en 1839, le rattachait au chemin de fer prusso-rhénan, était destiné à faciliter les échanges du commerce de transit belge avec l’union douanière allemande, en compensation du trafic par mer qui était presque perdu.

        Lorsque Nothomb quitta le ministère en 1840, la Belgique avait 309 kilomètres en exploitation, c’est-à-dire le premier réseau de chemins de fer en Europe, conçu d’après un plan pratique et uniforme ».

        2010 marque le 150ème anniversaire de la première liaison Bruxelles-Malines, le 5 mai 1835 avec les locomotives anglaises  La Flèche, l’Éléphant et le Stephenson sur des rails fabriqués à Seraing, dans les Ateliers John Cockerill. La même année 1835 – le 30 décembre – la première locomotive d’origine nationale sort des mêmes Ateliers John Cockerill. Son nom ? « Le Belge » évidemment !