Ce dimanche 24 janvier 2010, à 6h35 du matin, heure de Liège c’est-à-dire minuit 35 à Montréal, il y a eu un an que Pierre Karl Peladeau, président de Quebecor – le plus grand éditeur de journaux au Canada – a lock-outé 253 personnes du « Journal de Montréal ». Parmi ces 253 personnes des journalistes, des photographes, des infographes ou encore des préposées aux petites annonces.
Pierre Karl Peladeau n’en est pas à son coup d’essai en matière de lock-out. Déjà, le 22 avril 2007, il a procédé au lock-out de l’essentiel du personnel du « Journal de Québec ». Ce conflit a duré 436 jours ! Il semble que la pratique du lock-out procure une jouissance extraordinaire. En effet, le 3 mars, c’est au tour du personnel de l’hebdomadaire « Le Réveil » de Saguenay de connaître le plaisir d’être jeté à la rue par leur patron.
Motif de la dissension, un problème de convergence à propos de laquelle Paul Cauchon du Devoir a écrit : « Le citoyen ne gagne pas grand-chose si cette convergence sert plutôt à répéter ad nauseam les mêmes informations sur de nouveaux supports, et si cette information est superficielle et peu fouillée parce que l’on aura privilégié la vitesse de livraison à la réflexion ». (« Liège 28 » 27/01/2009).
La rupture entre la direction et le personnel est profonde, certains assurent que des « années lumières » séparent les positions patronales et syndicales. Les 253 lock-outés, en plus d’assurer un piquetage constant rue Frontenac, face aux locaux du « Journal de Montréal » publient, depuis le 28 janvier 2009, un cyber-journal « Rue Frontenac.com » www.ruefrontenac.com. Ce cyber-journal est en bénéfice et sert à alimenter les moyens de survie des 253 lock-outés. La qualité de « Rue Frontenac.com » est telle que « Le Journal de Montréal » en plus de son édition papier a décidé, le 16 janvier 2010, de présenter une version électronique !
Les lock-outés du Journal de Montréal ont défilé, pancartes à la main, devant l’édifice de leur employeur sur la rue Frontenac.
Photo Benoît Pelosse publiée, le 20 janvier 2010, par Rue Frontenac.com
En ce temps de mondialisation, les 253 lock-outés peuvent logiquement attendre un soutien (moral) de leurs confrères étrangers dont les Belges. Curieusement – même le bulletin mensuel de l’association des journalistes professionnels francophones belges « Journalistes » – la presse européenne ne s’intéresse guère à ce lock-out. C’est d’autant plus étonnant qu’il y a, dans ce conflit, un petit côté « people » dont la presse généraliste se montre d’ordinaire si friande. En effet, Pierre Karl Peladeau est le conjoint d’une vedette TV, Julie Snyder, maman de Thomas (né en mai 2005) et de Romy (née en octobre 2008). Julie Snyder a fait les belles avant-soirées de France 2, en début du 21ème siècle avant de retourner au Québec, produire la Star Ac’ et animer différentes émissions populaires.
Julie Snyder a accepté un tract des mains du photographe Pierre-Paul Poulin.
Photo Martin Bouffard publiée, le 10 mars 2009, par Rue Frontenac.com