L’aéroport civil de Liége-Bierset – appelé aujourd’hui Liège-Airport – entre dans sa cinquante-cinquième année. Le samedi 8 octobre 1955 marque, en effet, l’inauguration de « l’aérogare, premier service dont est doté l’aérodrome ». L’association « Le Grand Liége » – présidée, en ce temps-là, par Georges Thone, aujourd’hui par Jean-Maurice Dehousse – n’est pas étrangère à cet événement.
Au lendemain de la guerre, l’association fondée en 1936 entend obtenir de l’Etat les moyens indispensables pour la reconstruction de Liège, victime de la guerre. Dans le programme en troisième et dernier point figure le « développement de la puissance industrielle du bassin liégeois et lui assurer une fonction privilégiée au sein de l’Europe occidentale ».
« Le Grand Liège » veut moderniser l’infrastructure régionale en ayant des revendications tant en matière d’autoroutes qu’en adaptant la Meuse aux exigences de grande navigation internationale en supprimant par exemple le « bouchon de Lanaye ». La modernisation passe également par l’électrification des voies ferrées et par « la création d’un aérodrome civil à Bierset et de lignes d’hélicoptères à destination des villes étrangères voisines ». Ce dernier point a été rapidement abandonné.
En revanche, la « Commission de l’aérodrome du Grand Liège » – présidée par le bourgmestre Paul Gruselin – a « déterminé l’emplacement idéal d’un grand aérodrome desservant la région liégeoise ». Dans la suite, l’Administration militaire de la Force aérienne relevant de l’OTAN « a utilisé à son profit les plans élaborés par la Commission. Celle-ci a pu obtenir que la piste soit également utilisé par les avions civils » comme le mentionne un rapport rédigé en 1965 par le Secrétaire général du « Grand Liège », à l’époque Fernand Pierot.
L’utilisation de la piste par les avions civils n’a guère été favorisée par les militaires pendant les trente cinq premières années de l’existence de l’aérodrome civil. C’est le moins que l’on puisse dire. En sorte que son envol a été plutôt entravé. Il faut attendre la quasi-simultanéité de la fin de la guerre froide et la création de la s.a. SAB (Société de développement et de promotion de l’aéroport de Liège-Bierset) pour qu’enfin Liège-Airport déploie ses ailes.
Avec le départ annoncé des militaires – départ entraînant pour certains d’entre eux, des drames particuliers -, Liège-Airport devient enfin « le grand aérodrome desservant la région liégeoise ».
Mieux encore cet aérodrome vise d’importantes innovations telles Euro-Carex dont Jean-Pierre Grafé est administrateur et Vincent Gernay est directeur-général adjoint. Euro-Carex – Euro-Cargo rail express – va allier l’air au fer pour constituer un nouveau mode de transport en réunissant les activités d’aéroports de villes reliées entre elles par lignes à grande vitesse (LGV). Ces aéroports sont Paris-Charles de Gaulle, Lyon, Amsterdam-Schipol, Francfort et Liège.
Utilisant des containeurs communs aux avions et aux trains-fret à grande vitesse, Euro-Carex entend réduire les coûts énergétiques et l’émission de CO2 tout en augmentant la mobilité et la sécurité du transport de biens. Le jour où Euro-Carex est opérationnel, Liège de quadrimodal devient pentamodal et peut légitimement ambitionner une place importante dans la logistique de l’Europe occidentale.