La position géographique de Gravelines et de Dunkerque a suscité, tout au long du second millénaire bien de tentations pour les pays proches. D’où une histoire complexe faite de batailles, de traités, d’occupations dans lesquelles nous n’entendons point entrer. En bref, appartenant au comté de Flandre, lui-même tombé dans l’escarcelle des Bourguignons, des Espagnols quant ce n’est sous la coupe des Anglais voire des Hollandais, ces villes sont devenues Françaises au temps de la monarchie.
Française, Gravelines l’a été, en 1659, par le Traité des Pyrénées. Française, Dunkerque l’est devenue, en 1662, en suite de son achat aux Anglais pour compte de Louis XIV, par le maréchal Godefroi d’Estrades.
La dernière grande bataille à Dunkerque – connue sous le nom d’Opération Dynamo – s’est déroulée du 25 mai au 3 juin 1940. Bataille décisive car elle a permis de rapatrier plus de trois-cent mille soldats en Grande-Bretagne. Les armées allemandes en ont conçu un vif ressentiment.Quand bien même le maréchal Jodl ait signé, à Reims, le 7 mai, la reddition sans conditions de l’Allemagne, Dunkerque demeure encore occupée. Aujourd’hui, elle dispute à Royan, Lorient, Saint-Nazaire le titre de dernière ville libérée sur le front occidental.
La position géographique de Gravelines, Dunkerque et autres petites communes les tournent vers la mer. « La mer est un lieu de beauté, que sa pollution te soit intolérable. Savoure l’harmonie et la splendeur du jour changeant des ciels et de la mer. Tu habites le plus beau domaine » a écrit le poète.
Mais la mer est aussi danger. Ministre de la marine, l’amiral Charles Rigault de Genouilly lance, sous le Second Empire, la Société de Sauvetage en mer faisant appel des sauveteurs bénévoles volontaires. Cette Société s’appelle aujourd’hui Société Nationale de Sauvetage en mer dont un musée se trouve à Grand-Fort-Philippe.
Situé au bord de l’Aa – un fleuve connu de tous les cruciverbistes – Grand-Fort-Philippe est une commune depuis 1884. Cette année-là, Grand-Fort-Philippe s’est séparée de Gravelines. Toutefois, les Grand-Fort-Philippois – à l’image des irréductibles Gaulois – ont refusé d’être intégrés dans le département du Pas-de-Calais. Nordistes, ils ont été, Nordistes, ils ont entendu le demeurer. Grand-Fort-Philippois et Gravelinois s’entendent à merveille au point qu’un service gratuit de « cannotte » fonctionne l’été, reliant les deux rives de l’estuaire de l’Aa.
(Prochains épisodes : dans les jours à venir)