Septante-trois ans et déjà obsolète …

        « Tu garderas tes bas pour mourir », « Stars et Vedettes », « Paris-Délire », « Amours brûlantes », « Paris-Hollywood », « Love magazine », « Neue Wiener Melange », « Minuit Pigalle », « Régal », « Paris Tabou », « Sensations », « Péchés de jeunesse », « Quand elles s’y mettent », « La Cage aux vices », autant de « chefs d’oeuvre d’obscénité » produits à l’étranger dont l’importation, la vente, l’exposition à la vente et la distribution sont interdites en Belgique depuis la loi du 11 avril 1936. La violation de cette loi qui touche 444 « chefs d’oeuvre d’obscénité » est susceptible d’entraîner un emprisonnement de huit jours à six mois.

        Sur proposition de la sénatrice cooptée libérale, la Flamande Martine Taelman, le législateur fédéral a décidé, début de ce mois, d’abroger la loi de 1936 dont il n’est plus fait application depuis les années 70. Tous les parlementaires en séance – à l’exception de deux qui se sont abstenus, le socialiste Hans Bonte et le N-VA Jan Jambon – ont trouvé totalement obsolète  la loi de 1936 que les puritains considèrent « anti-cochonne ».

        « Complétement tombée en désuétude, comme l’atteste la présence systématique, dans les rayons de la plupart des librairies ou supermarchés, d’un assortiment de ces ‘publications obscènes' » écrit Martine Taelman dans la présentation de sa proposition de loi. « Paris-Las vegas » belge le dispute, en fait d’obscénité, au mythique « Paris-Hollywood » français.

        Qui plus est, précise Martine Taelman, la loi de 1936 « est contraire à la libre circulation des biens au sein de l’Union européenne. L’exception à la libre circulation des biens pour des raisons de bonnes moeurs (art. 30 du Traité CE) ne se justifie en effet que si l’on respecte le principe de non-discrimination entre les biens nationaux et les autres biens de l’UE ». Et de citer un arrêt de la Cour européenne de Justice déclarant « l’interdiction britannique d’importer des poupées gonflables allemandes ne pouvait se justifier sur la base des ‘bonnes moeurs’ étant donné que la législation britannique n’interdisait pas la production de poupées gonflables britanniques ».